May-Lee ressemblait a une gamine qui venait tout juste de se réveiller le matin de noël et qui n’avait plus qu’une hâte : déchirer l’emballage de ses cadeaux. Là c’était un brin différent puisque les présents étaient les milles inventions de son grand protégé qui s’étalaient sous ses yeux brillants d’excitations. Tant de choses à voir, tant de choses à toucher en même temps, mais que deux simples mains pour réaliser ce travail. Quelle frustration ! Mais elle était sans problème étouffée sous l’émerveillement qui la galvanisait dans la vague du moment. Oui, son précieux
us again !
Le maître Jedi et son padawan ◈ Graeco sermone ad Tyrii textrini praepositum celerari speciem perurgebant quam autem non indicabant denique etiam idem ad usque discrimen vitae vexatus nihil fateri conpulsus est.
oiseau vivait dans toujours dans chacune des courbes, respirait ardemment dans les petits creux et travail de profondeurs dans le bois. Oui, il était bien et bel là, mais ce n’était qu’éphémère, un bref souffle, un souvenir du passé qui lui crevait le cœur. Un coup de poignard qui la faisait doucement redescendre sur terre, juste l’instant qu’elle se souvienne de la douleur toujours présente en elle par sa faute à lui. Dire que c’était oublié n’était pas simple. Ironique quand on connait le destin des enfants-perdus.
Cet instant de peine ne dura qu’une courte éternité qui ne sera connue d’elle et elle seule et fut brisée par le doux son d’un assemblage de rouages d’une petite horloge en piteux état. Mais elle fonctionnait encore assez pour produire ce doux bruit qui ravissait les oreilles de l’auburne. Plus rien n’importait à son esprit si ce n’était la quête de cet objet de merveilles. Alors dans sa fougue elle se jeta à tête la première dans ce bazzart pour fouiller sans aucune retenue. Dans l’adrénaline elle jeta même quelques objets par-dessus son épaule, sans véritablement se soucier de savoir si Raygon y tenait ou non. Elle voulait cet objet et par l’Arbre, elle l’aurait au dépend de sa vie ! Heureusement pour le pauvre garçon et son mobilier, elle le trouva rapidement et il reposa quelques secondes au creux de ses petites paumes qui servirent de promontoire pour qu’elle puisse mirer tous les détails. Cette beauté brillait doucement sous les quelques rayons de soleils et les aiguilles valsaient en une danse distrayante et strict, qui leur étaient tout à fait unique. L’enfant avait l’air de redécouvrir le sens de la vie avec ce simple outil et finalement, il revint en mémoire un détail relativement important : il ne lui appartenait pas. Aussi se retourna-t-elle vers son ancien élève et eu un rire gêné avant de replacer une mèche rebelle derrière son oreille. Lui demandant si elle pouvait garder ce trésor, elle fut forcée d’admettre de retrouver l’âme de son oiseau ici. Pas partout, mais il était là.
Elle accepta le marché sans sourciller, lui donnant l’horloge et prenant entre ses doigts le linge glacé et le posa sur son front en demandant « Un rinho-quoi ? ». Le premier contact lui arracha une grimace de douleur, mais le froid fit rapidement sont effet bénéfique et la soulagea de sa souffrance. May-Lee lâcha un soupir soulagé et vint s’installer à côté du jeune homme sur un espace un peu plus surélevé à cause livres qui traînaient. Curieuse de le voir travailler, elle cala son menton contre l’épaule, comme ils faisaient avant plus jeunes. Finalement il déclina sa nouvelle identité et plusieurs détails échappèrent à sa compréhension, aussi elle n’hésita pas à lui couper la parole.
« C’est quoi irlandais ? il lui répondit, oh… je connais rien de l’extérieur, désolé. »
Puis elle le laissa finalement parler sans l’interrompre, apprenant de nouveaux détails de sa vie. Pour la plupart elle n’y comprit pas l’intérêt, le sujet étant trop adulte pour son jeune esprit. Travailler… voilà une bien étrange notion pour elle qui vivait au jour le jour et ne se souciait pas de l’avenir.
« Est-ce que c’est dur de… de travailler ? Pour avoir tes choses, c’est pas trop dur ? »
Une part de la Chicaneuse ne cesserait jamais de s’inquiéter pour son précieux petit colibri. Il resterait à jamais son élève favori et elle était tentée de demander à sa fée de l’aider dans cette tâche. Mais cela signifiait aussi de se souvenir des mauvaises choses…. Et ça, ça la tentait beaucoup moins.
Son flot de pensées fut interrompu par son étrange question qui lui arracha un froncement de sourcil et un « Hein !? » surpris. Revenir à One-Eyed Willy pour le plaisir ? Mais par la Reine, il voulait sa mort ou quoi !? Rapidement Raygon précisa sa pensée et pour le coup ça la laissa très pensive. Pendant plusieurs minutes elle soutint son regard, réfléchissant à la réponse qu’elle lui donnerait. Si elle était honnête, non. Non, tout n’était pas pardonné. Un seul après midi ne pouvait pas régler des dizaines d’années d’amertume et de colère refoulée. Mais elle ne lui voulait plus autant. Seul le temps pourrait sauver leur relation.
« Je… je crois que oui, tenta la gamine, hésitante, mais c’est dangereux ici Col-.. Raygon, les pirates ils aiment pas beaucoup les enfants-perdus, elle tournait sciemment autour du vrai sujet qui fâchait, Non, je t’ai pas tout pardonné. Mais je veux te revoir. »
La maîtresse des pièges força un maigre sourire sur ses lèvres. Elle était mal à l’aise avec ce genre de discussions qui demandait beaucoup trop de sa part et ses saphirs fuyaient ailleurs que sur les orbes de charbons de son vis-à-vis. Elle ne savait pas trop quoi dire de plus, il était clair qu’il ne pourrait pas avoir la même amitié qu’avant, mais elle ne savait pas laquelle les uniraient désormais. Elle ne connaissait pas Raygon et si elle y pensait bien, il ne connaissait pas spécialement grand-chose d’elle non plus. Cette pensée illumina une idée à ses méninges et elle se retourna vers l’adulte avec un vrai sourire ce coup-ci.
« Et si on recommençait tout ? Je veux dire, j’te dis un truc que j’ai presque jamais dit à personne et toi tu fais pareil. Comme ça, on aura quelque chose. Je vais commencer. »
Elle tapota sa poche où Ilavenil était toujours cachée. La petite fée sortit prudemment de son terrier et voleta un peu dans la pièce avant de se poser entre les deux géants. Son regard se posa sur Raygon et le tintement joyeux qu’était sa voix s’éleva alors qu’elle venait se poser sur le nez de ce dernier. Elle déposa un baiser minuscule sur son front et May-Lee ria en voyant cela.
« Elle est contente de te revoir, traduit-elle, Ila, j’ai besoin que tu me rappelles certains trucs, t’as entendu ce que j’ai dit avant ?, un tintement affirmatif puis elle approcha l’oreille de la gamine qui répéta ce qu’elle lui disait, moi je suis née sur l’île. Quand j’étais petite, j’ai fuit ma famille pour aller vivre avec les enfants-perdus. C’était mon choix. Je n’étais pas heureuse , dans un élan plus personnel elle confia, tu vois, j’ai toujours été une enfant-perdue…. Elle attendit la suite, j’ai plus de 800 ans. Voilà, je le dis pas à beaucoup de gens. À toi ! Qu’est-ce que je ne sais pas de Raygon et que personne sait ? »
Dernière édition par May-Lee le Ven 31 Mar 2017 - 6:24, édité 1 fois
Put to rest. What you thought of me. While I clean this slate. With the hands of uncertainty So let mercy come. And wash away. What I’ve done Linkin Park What I've done
La voir farfouiller son bric à brac envoya à Ray un flash back en pleine figure : celui d’un après-midi d’été que Colibri avait passé à réparer un délicat mécanisme d’horlogerie. Une pendule ayant mangé un coucou et qui trônait habituellement dans la grande pièce à vivre des perdus. Creusée dans un chêne millénaire, qui par la grâce de l’île continuait à pousser. C’est sur cette horloge que Rufio calait les réunions de guerre et les châtiments mérités, les repas gargantuesques et les histoires d’avant le coucher. Mais lors de leur dernière fête en l’honneur du printemps, l’un des perdus avait balancé son ours en p’luche dans un hourra criard et le totem de la forêt avait déglingué d’une tête le frêle oiseau. Il avait pourtant sonné les minuit aussi vite qu’il le pouvait, mais s’était brisé les ailes. Les enfants en étaient restés le bec dans l’eau et ce n’est que l’intervention éclairée de Colibri qui avait sauvé la vie du délinquant en chaussettes courtes. Alors qu’il recollait le volatile sur son perchoir, May Lee était entrée dans sa cahute, encore toute ensommeillée de sa sieste, les cheveux en nid de poule et les yeux aussi petits que des oeufs de mouette.
« J’ai entendu un tic tac, c’est toi qui fait tout ce raffut ? » A peine ses yeux s’étaient-ils posés sur l’horloge qu’elle avait accouru à ses côtés, posant sa tête contre son épaule, le laissant, fier comme un coq, lui prouver ses talents de Colibri.
Une équerre en bois lui passa sous le nez, brisant le flux de ses pensées et il eut à peine le temps de la rattraper que d’autres de ses affaires l’appelaient à l’aide. Heureusement, la fillette trouva bien vite l’objet de sa convoitise qu’elle troqua momentanément contre le linge salvateur.
« Rhinocéros, ça vient d’un bouquin que j’ai lu en cherchant des infos pour mes inventions. C’est un animal de l’autre monde, énorme avec une corne au bout du nez. Enfin si je mélange pas… » Et cherchant était un maigre mot pour illustrer l’avaleur de savoir qu’il avait été pendant quelques mois, à inspecter tous les livres qu’il pouvait trouver sur les êtres vivants de l’île ou non. Plus particulièrement sur les oiseaux, son fil d’Ariane et le maitre mot de ses pensées depuis son arrivée à Neverland. Comprendre leur vol, les mécanismes de leurs ailes, et l’exploiter sur ses machines, voilà tout le but de ses déchiffrages d’après minuit. Alors que ses doigts réglaient le mécanisme comme du papier à musique, le menton de la rouquine vint se caler contre son épaule, irradiant le long de son bras le souvenir de leur complicité ancienne. Leur tête ne s’entrechoquait plus comme à l’époque, la sienne devant bien la dépasser de plus de deux, mais l’habitude tenace les reliaient l’un à l’autre, trouvant d’autres repères.
Alors qu’il expliquait sa nouvelle identité, la fougue de May Lee l’interrompit sans le perturber, alors qu’il répondait de bon cœur, heureux de pouvoir partager avec elle les années de vie qui les avaient tenu à l’écart.
« Attends je vais te montrer quelque chose… » Se reculant légèrement pour tâtonner le dessous de son bureau, le bout de ses doigts rencontra l’arrête familière du faux fond et d’un habile point de pression, il attrapa le trésor qu’il cachait là depuis son arrivée à One-Eyed. C’était un petit livre à la couverture d’un vert olive, le tissu avait souffert et les bords jaunis par le temps, mais l’écriture en lettres d’or sur la tranche scintillait et invitait au voyage.
« Lorsque ma fée m’a emmené ici, j’avais ce livre dans ma poche, et je me rappelle qu’il a toujours signifié beaucoup pour moi. » Il entrouvrit la première page où s’étalait une fine écriture noire imprimée. De son doigt il suivit chaque lettre, traduisant.
« Les Voyages de Gulliver, par Jonathan Swift, irlandais né à Dublin le 30 novembre 1667. »
Il redressa les yeux vers May Lee. Le garçon n’avait jamais montré ce livre à personne. A l’Arbre, il avait eut une excellente raison. Ses talents de conteur bien que reconnus, n’auraient pas été les mêmes sans ce précieux livre dont il extrayait ses histoires. Tous les enfants perdus avaient déjà entendu l’histoire de cet homme ayant accosté une île où vivaient de petits hommes minuscules appelé lilliputiens. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’ils ne sortaient pas exactement de l’imagination de Colibri.
« Je pense que je connaissais cette personne, où en tout cas qu’elle devait faire parti de ma vie d’avant… donc que j’habitais là où Jonathan Swift est né, dans ce monde qui s’appelle Dublin et dont les habitants sont irlandais. »
Fier de sa déduction, Raygon enchaina suite aux interrogations de son maitre à penser, souhaitant la rassurer plus que tout.
« Non, j’ai trouvé des gens ici pour m’aider. Ce n’est pas comme à l’Arbre où on forme tous une grande famille sans se poser de questions… mais il y a à One Eyed des gens sur qui l’ont peut compter. » Le garçon se garda cependant bien d’évoquer le mot famille ici, sachant à quel point cela pourrait blesser la fillette. Il se garda bien aussi de lui dire ses débuts dans les rues sales et froides de la cité pirate, et le nombre de fois incalculable où cette journée n’aurait jamais pu avoir lieu.
Ce qu’il voulait avant tout, c’était regagner sa confiance, et son amitié. Retrouver l’étincelle amusée et provocatrice qu’il lisait autrefois dans ses yeux. Cette moue moqueuse qu’elle avait toujours eue sur ses frasques et maladresses. Mais son exclamation de surprise le fit se crisper jusqu’à la pointe de ses cheveux. Elle refusait. La mine du garçon se renfrogna. Bien sur qu’elle refuserait, ce ne pouvait être aussi simple. Son regard le jaugea, et Raygon ressentit de nouveau toute cette rancœur dirigée sur sa personne si bien qu’il lui fut plus que difficile de soutenir ce regard. Pourtant la chicaneuse se reprit, tempéra son jugement. Il eut un rictus lorsqu’elle souleva le danger que représentait la ville pour les perdus. Le garçon faillit lâcher un « je sais » avant de se reprendre, rempli d’un nouvel espoir alors qu’elle lâchait ses derniers mots.
« Bien sûr oui tu as raison. Merci… J’évalue même ton pardon à au moins dix mille nouveaux rendez-vous. » lança le garçon dans une tentative d’humour. Si une chose n’avait certainement pas changé, c’était bien la gestion de ses émotions qu’il avait toujours eu tendance à cacher derrière un humour façon sauce épicée, allant du doux au plus piquant. Un doux cliquetis redémarra alors même que May Lee faisait sa proposition. L’aguille commença à trotter sur son cadrant alors que Raygon refermait le délicat appareil, le poussant doucement vers son amie.
« On peut essayer, mais je me rappelle de plus de trucs que tu ne le crois sur toi. » Raygon n’était pas près à faire table rase du passé comme le souhaitait sans doute l’auburn. Mais il accepterait de jouer le jeu, pour elle. Savoir qu’il l’avait fait autant souffrir guidait aujourd’hui ses pas sur la pente dangereuse de la négation. Pour son bonheur actuel, il serait près à aller jusqu’au mensonge. Alors que ses yeux décidés se posaient sur la poche de l’enfant, sa minuscule fée en sortie et une intense émotion s’empara de lui.
Depuis son départ de l’Arbre il n’avait jamais revu une fée sous sa forme originelle. Ce doux scintillement qui entourait son petit corps de femme d’un halo flou lui fit irrémédiablement penser à sa propre marraine. Il s’obligea pourtant à refouler son souvenir jusqu’aux tréfonds de son âme et se concentra sur Ilavenil. La demoiselle lumière voleta jusqu’à son nez et déposa un pico de baiser sur le millième de son front. Il ne sut si de sa douce clarté, de sa joie de la revoir, ou de la nostalgie de cette connexion magique l’affecta, mais ses yeux s’embuèrent. « Je suis content de te revoir aussi Ilavenil. » D’un geste et prenant garde à ne pas déséquilibrer l’être magique, il repoussa aux frontières de son visage les larmes traitresses, écoutant son amie avec attention.
« Tu dois bien être l’une des seules pures souches de l’Arbre. » commenta t-il avant de la laisser poursuivre. 800 ans. Si Raygon s’y connaissait un peu en chiffre, il n’y avait bien que l’Arbre lui-même pour pâlir la comparaison avec la jeune fille. Il se demandait s’il aurait pu rester tout ce temps à l’Arbre si son ami Sal’ ne s’était pas fait enlevé. Ou si, rattrapé par sa propre nature, il n’aurait pas tôt ou tard, grandit. On ne demande pas à un enfant s’il est satisfait de sa vie ou s’il veut en changer. Raygon se contenta donc de répondre avec sincérité.
« Je ne savais pas tout ça May Lee. Et t’as attendu 800 ans pour me le dire ! Maintenant avec cette horloge tu vas pouvoir compter les années supplémentaires. » Il lui sourit, de ce plissement de nez dont il avait le secret avant de réfléchir à ce que lui-même pouvait lui révéler. Son regard tomba naturellement sur le livre vert posé entre eux et il le retourna, l’ouvrant à la dernière page. Là sur le papier vieilli buvait depuis des années l’encre d’un autographe.
« Je crois que mon vrai nom c’est Tómas… Là l’auteur a écrit à Robert et son fils Tómas, que leur imagination n’ait d’égal que leur sens de l’observation et qu’ils scrutent pour des années et des années à venir. »
Posant ses mains à plat il les retourna et en observa les lignes asymétriques. « Tu vois, tu as vécu 800 ans dans la peau d’une enfant perdue, mais moi j’ai l’impression d’avoir déjà vécu 3 vies différentes en seulement 50 ans d’existence. »
Il répondit à ses questions avec une patiente infinie qui aurait profondément touché le coeur de May-Lee si elle avait eu la maturité nécessaire pour le remarquer. Au lieu de ça elle écouta ce qu’il disait en clignant simplement des yeux de temps à autre et penchant parfois la tête sur le côté. Certainement qu’elle allait tout oublier dans quelques jours, mais dans le pire des cas elle lui les reposerait ces questions et il répondrait à nouveau. Encore et encore jusqu’à ce que son esprit fabuleux trouve un moyen de lui fournir un aide-mémoire
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Le maître Jedi et son padawan ◈ Graeco sermone ad Tyrii textrini praepositum celerari speciem perurgebant quam autem non indicabant denique etiam idem ad usque discrimen vitae vexatus nihil fateri conpulsus est.
plus ou moins réussi dans sa tâche, connaissant son apprenti. Puis il se recula dans l’idée de lui montrer quelque chose qui ne manqua pas d’attiser sa curiosité insatiable. Alors qu’il tâtonnait sous son bureau, l’auburne ne put s’empêcher de se pencher pour voir plus rapidement cet objet secret qui accaparait l’ensemble de ses pensées. Finalement il lui dévoila un petit livre qui lui arracha un froncement de sourcils interrogatif. Il lui expliqua que cet ouvrage avait une place toute particulière dans son cœur et ne comprenant pas trop elle se contenta d’hocher la tête. May-Lee n’avait jamais eu un tel attachement pour un quelconque bien matériel. Inconsciemment avec tous ces oublis quotidiens, le souvenir d’un bref moment de sa vie lui paraissait plus précieux que quoi que ce soit d’autre. Puis elle ne savait pas lire, donc un livre lui servait surtout de distributeur de papier quand elle avait besoin d’alimenter un feu ou autre. Elle écouta le reste de ses confidences en silence et eu un soupir soulagé quand il la rassura sur le bon traitement qu’il recevait ici.
Puis vint ce moment où la Chicaneuse eut une frousse pas possible quand elle crut qu’il voulait la voir revenir dans la ville des pirates ou le cauchemar des enfants-perdus. Le fou, il tenait à elle ou pas !? Il voulait la tuer, c’était surement ça, il lui en voulait toujours en réalité. Les adultes n’étaient tous que des fourbes, elle avait été bête de croire qu’il voulait un quelconque bien. Mais la petite ne serait pas May-Lee si elle prenait le temps de réfléchir avant de s’emporter et fut soulagée de comprendre le malentendu. Ouf, elle aurait été capable de lui sauter à la gorge si elle s’était sentie encore plus menacée. Je vous le répète, aucune réflexion cette gamine, zéro.
«Bien sûr oui tu as raison. Merci… J’évalue même ton pardon à au moins dix mille nouveaux rendez-vous. Je sais, j’ai toujours raison t’as oublié ? »
Elle répondit à son humour avec le sien ne manquant pas d’avoir un sourire en coin à son égard. Cependant ce fut bref car le doux cliquetis vola toute l’attention de la fillette dont les saphirs brillèrent et que ses mains s’empressaient d’attraper ce trésor. Après quelque secondes de contemplation, elle fourra l’objet dans ses poches et fut plus que ravie de voir que son ancien élève adhérait à sa proposition de renouveau. Si pour lui ce n’était pas nécessairement la solution, pour la Chicaneuse ça signifiait beaucoup. Toute son existence était basée sur ce cycle qui recommençait toujours et encore. Alors elle ouvrit le bal, ne pouvant s’empêcher de sourire doucement juste avant aux retrouvailles de sa fée et Raygon. C’était émouvant, elle savait qu’Ilavenil appréciait beaucoup le brun. Elle lui révéla des choses qu’elle gardait en général pour elle ou pour les gens qui lui tenait vraiment à cœur. Elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel au commentaire de son Colibri.
«Je ne savais pas tout ça May Lee. Et t’as attendu 800 ans pour me le dire ! Maintenant avec cette horloge tu vas pouvoir compter les années supplémentaires. Bien sûr que tu ne le savait pas idiot, c’est l’intérêt du jeu rhalala, elle râla et roula ses prunelles dans un geste un peu énervé, et je pouvais pas te le dire, t’as pas 800 ans. Par la Reine, est-ce qu’en grandissant tu serais devenu plus bête ou quoi ? »
Un petit ricanement s’échappa d’entre ses lèvres, les mauvaises habitudes ne l’ayant pas du tout quitté. Ce qu’elle aimait se payer la tête de son élève favoris. Elle revint ver la réalité quand il commença à jouer son tour, lui révélant des choses sur ce fameux livre, lequel où elle posa ses yeux alors qu’il en parlait. Puis il posa ses mains à plat, les regardant, mais elle ne sut pas du tout ce qu’il y fixait. Raygon lui lança une idée très profonde, mais aussi très compliquée pour l’esprit de la petite qui fronça le nez, énervée de ne pas comprendre.
« Je suis pas sûre que je comprends, mais ok, conclut-elle, pour quoi t’as choisi Raygon comme nom ? pourquoi t’as pas repris Thomas ? »
Avant même qu’il ne puise lui répondre, un énorme bâillement échappa à la maîtresse des pièges, qui papillonna des paupières, surprise. Soudainement tout le stress, les coups et l’énergie dépensée dans ce début de journée retomba sur ses épaules. Son corps d’enfant ne supportait pas tant d’émotions, puisant dans ses réserves de carburant et la fatiguant rapidement. Dans un réflexe elle leva les mains et frotta ses yeux, sa fée voletant autour de sa tête et laissant le son de clochette tinter dans la pièce.
« Merci Ila, j’avais pas remarqué que j’était épuisée, railla-t-elle et pour toute réponse elle reçut un sermon que son voisin pourrait entendre en un bruit strident de cloche, ok ok ok pardon pardon, mais je, pardon Ray-Colibriu euuuh tomas-truc, je sais plus, elle bailla à nouveau, le sommeil commençant à l’assommer, dit, je peux dormir ici cette nuit ? J’pense pas que je pourrais rentrer toute seule, surtout avec l’autre dingo du coin. »
À nouveau elle n’attendit pas de réponse pour aller se lover de manière tout à fait inconsciente contre le jeune homme. May-Lee malgré ses airs distants se révélait très collante avec les gens en qui elle plaçait sa confiance, et il semblait que son esprit n’avait pas perdu cette manie avec l’ancien enfant. Se collant contre lui, elle posa sa tête sur ses cuisses et murmura quelques mots, toujours dans les vapes, mais pas encore assommer de sommeil.
« Tu te souviens, j’venais dormir avec toi parfois… j’aime pas ça être seule la nuit… Es-ce tu m’aimes, Colibri ? »
Sa question était toute innocente, elle était encore persuadée qu’il la détestait.