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Des boucles brunes chutant en une cascade massive sur ses épaules frêles et dans son dos. Quelques bouts de tissu recouvrant son corps gracile. Une peau pâle, des yeux clairs, des lèvres aussi pleines que rouges. Aodren l’avait déjà croisée par hasard par-ci par-là sur l’île de Neverland. L’homme aurait menti s’il avait prétendu ne pas être interpellé par sa beauté teintée d’une sorte de timidité, ou peut-être était-ce un manque d’expérience humaine ? Cette demoiselle restait plutôt jeune, elle ne devait pas avoir dépassé la vingtaine. Le triton s’était souvent surpris à la regarder passer, lui décrocher un sourire qu’elle n’avait sans doute même jamais vu.
Son intérêt pour la jeune femme s’était vite transformé en attirance, en curiosité de la découvrir. Aodren ne se permettait aucune attache avec une quelconque autre personne mais cela ne l’empêcherait pas de profiter des libertés dont il jouissait. Cette fois, l’homme se décida à agir. La regarder simplement passer ne lui suffisait plus, désormais il voulait apprendre à la connaître et gagner ses chances d’enlacer son corps. Le triton avait donc suivi la belle brune qui s’était dirigée vers les camps indiens. Étrange, jamais Aodren n’aurait parié qu’une telle jeune femme faisait partie des peaux rouges. Et pour cause, elle n’avait rien d’une Unami ou d’une Piccaninny. Non, en dernière minute, la silhouette bifurqua.
Le triton la vit rentrer dans une humble maison en bordure d’eau. Aodren devait s’avouer surpris de la voir vivre seule au milieu de nulle part. Il se serait plutôt attendu à ce qu’elle habite en ville ou aux environs d’un village. Qu’importe, il ne la jugerait pas à son rang social cela ne l’avait jamais intéressé à vrai dire. Cependant, débarquer comme par magie sur le pas de sa porte et parvenir à se faire inviter à l’intérieur pour pouvoir discuter et flirter, cela lui paraissait difficilement faisable. Une demoiselle vivant seule ne devait pas ouvrir sa porte à n’importe qui, c’était tout du moins ce que la logique des choses voudrait. Aodren n’eut plus alors qu’à échafauder un plan de secours.
Se déchaussant et enlevant sa chemise, Aodren se dirigea vers la porte d’entrée. Il se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer et lui donner l’air plus sauvage. Le but était tout simplement de passer pour un pauvre nageur s’étant fait emporter par le courant, victime de sa naïveté. Le triton se savait charmant et physiquement loin d’être répugnant. Il lui suffirait de jouer la carte de l’attendrissement et avec un peu de chance, elle lui offrirait un aller tout droit vers le septième ciel. Le triton frappa donc du poing contre la porte. Il testa vite fait quelques sourires embarrassés avant que quelqu’un n’ouvre la porte. Sauf que ...
- Euh ... bonjour je me suis perdu et ... j’ai vu entrer une jeune demoiselle ici un peu plus tôt ...
Aodren fronça les sourcils. Sous ses yeux ne se dressait pas la même silhouette que celle qu’il avait vu entrer dans la demeure. Cette femme-ci qu’il avait sous les yeux ne manquait pas de charme, elle aussi. Mais son attitude paraissait bien différente. D’ailleurs, à bien la regarder, le triton lui trouva des ressemblances avec la jeune fille. Ces mêmes lèvres pleines, bien dessinées et rouge vif.
Combien de fois avait-il abusé de la naïveté des gens pour les tuer dès la première ouverture ? C’était son art, son fardeau habituel. Mais rien qu’au regard perçant de cette femme en face de lui, l’homme comprenait qu’elle ne serait pas si candide que d’autres ! Le triton risqua tout de même, un léger sourire aux lèvres :
- Rassurez-moi, je n’ai pas rêvé ! Il y a bien une autre demoiselle qui vit ici, non ?
Subtil ? Peut-être pas tant que ça ... Mais au pire, qu’avait-il à perdre ?
Ce serait mentir que de prétendre que la vie dans les fonds marins ne me manquait pas. Je n’avais pas choisi par hasard cette vie isolée et loin de ceux que j’avais jadis nommée ma famille. Ce que j’avais vécu n’était peut-être que le destin, mais on m’avait arraché tant d’Êtres chers à mon cœur, je ne pouvais souffrir d’en perdre une nouvelle. La chair de ma chair, ma fille et la seule chose pour laquelle je pouvais me battre corps et âme. Je n’étais pas stupide au point de penser que surprotéger Emérya, étant une chose saine à faire. Seulement, je ne pouvais pas la laisser se mettre en danger, partir et me quitter, si elle décidait de le faire, je ne sais pas si j’en survivrais. Vous me direz, toutes les mères sont pareilles, elles ne peuvent se résoudre à voir leur enfant voler de leurs propres ailes. Ma fille m’avait été offerte, comme un cadeau du ciel, un enfant rien qu’à moi, sans époux pour me la dérober, sans famille pour la détourner de l’amour que je lui portais et surtout, sous ma protection, pour éviter qu’elle trouve la mort d’une quelconque manière.
Impatiente, j’attendais dans notre pièce principale qu’elle revienne de l’endroit où je l’avais autorisé à se rendre. Il était compliqué pour mon cœur de mère protectrice de la voir quitter la maison sans moi, mais je savais qu’elle avait besoin de son indépendance parfois. Je ne mentirai pas en disant qu’il m’arrivait de la suivre discrètement, surveillant ses actions et les gens qui se trouvaient près d’elle, au moindre signe de danger, j’étais prête à bondir et je remerciais l’île que cela ne soit jamais arrivé. La porte s’ouvrit et me tournais rapidement vers la cuisine pour prendre les assiettes et les disposer dans notre placard, faisant comme j’étais occupée avant qu’elle n’arrive. « Tu as trouvé ce que je t’ai demandé, ma chérie ? » Elle me confirme la chose, déposant avec délicatesse le sachet d’herbe confectionné par une marchande un peu plus à l’Est de notre demeure. J’esquisse un sourire chaleureux avant de la remercier et de venir embrasser son front encore frais. « Tu peux aller dans ta chambre, je te ferai savoir lorsque j’aurai fini de préparer le repas » Ses grands yeux azur me mirent un moment avant qu’elle n’obéisse. Je me dirige vers l’âtre de notre cheminée, lorsqu’on frappe à notre porte. Peu de personnes viennent à le faire et je les connais toutes sans exception. Il y a peut-être un jour, un ou deux forbans qui se sont aventurés ici, pensant dérober des objets précieux en plus de quelques douceurs entre mes cuisses et celles de ma fille, mais ils ont compris que trop tard leur erreur et leurs corps reposent à présent dans les profondeurs de la mer. Frottant mes mains sur mon torchon, je me dirige vers la porte et l’ouvre sans aucune crainte, un homme me fait face, l’air légèrement surpris, je le mire rapidement de bas en haut, il ne ressemble pas un pirate, mais il est un homme et je me méfis d’eux, comme d’une maladie contagieuse et purulente. Il se présente extrêmement maladroitement, prétextant avoir vu Emérya rentrer ici même…qu’espère-t-il ? Que lui veut-il ? Mon sang boue déjà rien qu’à l’idée de ce qu’il attendait d’elle ? Mais sans doute, je m’égare bien trop, il est peut-être un homme isolé et qui ne demande que de l’aide, d’ailleurs, il vient de me le confirmer. Et pourquoi elle ? Je suis là, elle n’est plus concernée, il pourrait tout simplement, dire qu’il a besoin d’aide, pas de SON aide à elle. Mes yeux se plissent, deviennent deux fentes prêtes à en découdre avec le misérable insecte, un prédateur qui pourrait faire du tort à mon enfant !
Aodren : Rassurez-moi, je n’ai pas rêvé ! Il y a bien une autre demoiselle qui vit ici, non ?
Mes traits se tirent, mon visage devient celui d’un prédateur qui ne tardera pas à bondir sur cette proie offerte et pourtant, je le sais…il n’est pas si perdu que cela, cet homme à demi nu devant ma porte qui cherche à tout prix à savoir et approcher ma fille, mon trésor, MA chair. Mon sourire s’étire tout de même, attendrir la créature pour la mener à la mort…je n’aurai aucun scrupule à le faire, s’il insiste après mes prochaines paroles. « Non, il n’y a que moi, ici. Je suis navrée…mais si vous avez besoin d’aide, peut-être puis je trouver une issue à celui qui vous contrarie ? » Je n’ai rien d’une naïve créature, je connais les ruses des hommes. Il me mire à son tour, comme il le fait d’ailleurs depuis que j’ai ouvert cette porte, je vois ses yeux tenter de voir dans la pièce une trace d’Emérya, s’il pense que je ne vois pas clair dans son petit jeu…Il tente en vain de trouver ses mots et je l’incite à me dire de quoi il retourne. Voilà, qu’il me sort un prétexte tout ce qu’il y a de plus absurde. Une baignade qui a mal tourné, il est perdu…Grotesque, lorsqu’on se rend compte qu’aucun de ses vêtements encore présents sur sa personne ne montre de signe d’humidité, encore moins ses cheveux, il ne sent même pas les embruns de l’océan. Je soupire et je m’avance vers lui, attirant la poignée de la porte dans mon dos pour refermer celle-ci et restée seule avec lui en dehors de chez moi. « Vous mentez mal, naufrageur !!! Vous n’avez pas été dans cette mer, mais je peux y remédier sur le champ ! Mais je peux vous assurer que cette fois, c’est votre corps qui y restera ! »
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Sa ruse ne le mènerait pas bien loin, il le savait. Les assassins, à force d’analyser les situations dans les moindres détails de façon à ne pas y laisser la peau, savait pressentir ce genre de choses. En effet, tout dans l’attitude corporelle de cette femme puait l’incrédulité. De cette jambe porteuse appuyée vers l’arrière à ses lèvres légèrement pincées sans oublier cette étincelle désabusée dans le fond du regard. Il lui apparaissait désormais clairement que la personne en face de lui s’interposerait sur son chemin. Aodren ne pouvait voir cela comme une mauvaise chose, au contraire, il était largement préférable pour une jeune demoiselle vivant au milieu de nulle part d’avoir une autre personne pour veiller sur elle. D’ailleurs, les intentions de l’homme avaient beau ne pas être innocentes, le triton ne comptait en rien s’imposer.
- Hmmm ... Je me baignais et ... je me suis perdu, j’ai été un peu déboussolé et le courant ne m’a pas aidé ...
Comment mentir à une créature qui ne vous croit pas une seule seconde ? Aodren le lisait sur son visage tout entier. Continuer dans ses mensonges aurait été aussi inutile que vain. Cette femme savait déjà qu’il lui contait des fables. L’assassin cessa donc de dire quoi que ce soit, évitant de ne tomber plus dans l’embarras qu’il ne l’était déjà. L’homme n’allait donc pas pouvoir se faire inviter bien chaleureusement. De plus, l’inconnue lui mentait tout autant que lui en prétendant être seule. Cela dit, Aodren ne la blâmerait pas pour ça. Si elle cherchait à protéger cette jeune personne qui semblait chère à ses yeux, qui aurait pu la blâmer ?
Elle passa très vite aux menaces. Peut-être trop vite. Une personne inquiète pour le sort d’une autre, il pouvait le concevoir. Une personne capable de se jeter au cou du premier venu simplement pour être entré dans son champ de vision ... Aodren fronça les sourcils. Il n’était pas un pauvre bougre emporté par les flots mais il n’avait rien d’une brute et ne méritait certainement pas d’être traité comme un scélérat de seconde zone. Le triton tenta de garder son calme, après tout, cette femme devait simplement craindre pour sa tranquillité et celle de son amie. Tâchant de rester digne, l’homme reprit :
- Je ne vous mentirai donc plus. J’ai bel et bien croisé votre amie sur mon chemin, je l’ai trouvée particulièrement envoûtante et j’aurais aimé passer quelques instants en sa charmante compagnie. N’y voyez là aucune pensée malsaine, je cherchais un bon prétexte pour faire connaissance.
Le triton fut soudain frappé par les paroles que la femme avait prononcées. Leur sens ne lui vint à l’esprit qu’après coup. Quel genre d’individu menacerait un inconnu de l’emmener dans l’eau pour que jamais on ne retrouve son corps ? Aucun humain n’aurait ce genre de réflexion. Aodren fronça les sourcils et secoua la tête. Il était tombé sur une sirène ! Cela expliquait naturellement le charme de ces deux demoiselles et à en juger par leurs points communs, elles devaient être de la même famille voire même mère et fille.
Il poussa un léger soupire, blasé de sa propre bêtise. Il venait d’avouer de but en blanc à une mère qu’il aurait aimé connaître sa fille plus intimement. Une amie en aurait gloussé, une mère en revanche ... Le triton baissa la tête une seconde puis la redressa et tenta de déceler une once de sympathie dans le regard de cette femme. S’il parvenait à la convaincre qu’il n’était pas un goujat n’en voulant qu’à la vertu de sa fille, peut-être accepterait-elle de ne pas le chasser ?
- Je m’excuse pour toute cette mise en scène. Votre fille vaut cependant la peine qu’on se donne du mal ! Elle est particulièrement belle et j’espérai qu’elle puisse apprécier ma compagnie ...
Peut-être s’avançait-il trop ... mieux valait probablement rebrousser chemin et laisser ces sirènes en paix. Pourtant, Aodren avait cette ténacité qui l’empêchait de s’avouer vaincu.
Le mensonge et les hommes ne faisaient jamais bon ménage, je haïssais l’un et trouvais cela déplaisant lorsque les deux étaient réunis. Bien entendu, j’étais une sirène, une femme avant tout et je ne haïssais les hommes que pour vouloir m’arracher ma fille et lui…lui cela ne faisait aucun doute qu’il était un danger pour la vertu de mon enfant adorée. Aodren : Je ne vous mentirai donc plus. J’ai bel et bien croisé votre amie sur mon chemin, je l’ai trouvée particulièrement envoûtante et j’aurais aimé passer quelques instants en sa charmante compagnie. N’y voyez là aucune pensée malsaine, je cherchais un bon prétexte pour faire connaissance.
Et bien et bien et bien…mes yeux se voilent lentement, il ne manque pas d’air ce garçon qui ose venir jusqu’à chez moi, prétextant une mauvaise baignade et voulant passer du temps auprès de ma fille ! Dans son lit surtout ! Il ne manquait plus qu’il me demande de rester dehors pendant qu’il la carambolerait et ce serait, le bouquet ! Aucune pensée malsaine ? Je ne vois que cela dans ton discours mon jeune ami et si tu continues d’insister ainsi, je peux te promettre que c’est ton corps qui ne sera plus que paroles passées et ton récit de noyade deviendra une réalité. Mon visage se ferme de plus en plus, je cherche par tous les moyens d’éloigner cette vermine de chez moi, mais plus encore, je dois penser au futur. S’il repart, qui me dit qu’il ne reviendra pas ici lorsque je serai absente ? Qui peut me jurer qu’il ne la suivra pas un jour pour l’agresser ? Un homme qui est capable de jouer sur les sentiments d’une femme, prétextant être ce qu’il n’est pas, ne peut-être qu’un danger immédiat, un insecte à écraser avant qu’il ne prenne possession de la maison entière. Emerya est une très belle jeune femme, elle le devient de plus en plus, j’en suis consciente, mais je sais aussi qu’elle n’est pas encore prête pour ce monde. Et ma crainte de la perdre me pousse toujours plus loin dans les années. Je ne le devrais pas, elle a besoin de vivre, mais j’en suis incapable. La perdre serait me perdre moi-même. Personne ne peut comprendre ce que je ressens et pourquoi, je le fais…mais je le fais. Je croise les bras sur ma poitrine, le mirant toujours plus, je ravale ma colère qui ne fait que grimper depuis qu’il est devant cette demeure, mais il est évident que cela me coûte. Ma fille est bien trop naïve pour fréquenter des hommes, des individus comme lui, mal intentionnés et prêts à tout.
Aodren : Je m’excuse pour toute cette mise en scène. Votre fille vaut cependant la peine qu’on se donne du mal ! Elle est particulièrement belle et j’espérai qu’elle puisse apprécier ma compagnie ...
C’est plus fort que moi, mes lèvres s’étirent affichant un rictus amusé, puis je dévoile mes dents, laissant mon rire éclater devant ma demeure et au nez de cet inconnu déplaisant. Je fais un nouveau pas vers lui, menaçante et ne riant plus du tout. « Si tu tiens à la vie, je te conseille de ne plus J.A.M.A.I.S revenir ici, de ne JAMAIS tenter de t’approcher d’elle ! Tu n’es pas digne d’elle et tu ne le seras jamais, alors ravale tes fausses excuses, tes faux semblants et prends tes jambes pour courir avant qu’il ne me vienne l’envie de te tuer ici et maintenant ! Et si je te revois dans le coin, il n’y aura plus de gentillesse entre nous, c’est bien clair !? » S’il pensait pouvoir m’attendrir avec ses grands yeux verts et sa mine triste, il se fourvoyait grandement, je ne tolérais personne près d’elle à part moi et elle était encore bien trop naïve et jeune pour reconnaitre un prédateur, lorsqu’il arrivait devant notre porte comme cela venait de se produire.
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Étonnante rencontre ponctuée de petites catastrophes. Aodren savait que rester là, face à cette femme qui s’apparentait plus à un garde-du-corps qu’à une mère, n’était pas l’idée du siècle. Et puis de toute façon que pouvait-il bien faire à part argumenter ? Elle était là, à se demander quel genre d’individu il devait être. Rien qu’à son regard incrédule, le triton se faisait une idée de sa réponse. Mais il ne se doutait pas que la femme se montrerait à ce point hostile. Après avoir croisé les bras, dernier signe s’il en fallait un qu’Aodren n’avait aucune chance de dépasser cette frontière, elle s’approcha.
Son discourt, à mi-chemin entre la menace explicite et l’avertissement, fit sourire Aodren. Le triton ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte de malice par rapport à cette situation. Cette femme, il la connaissait depuis deux secondes et voilà déjà qu’elle se permettrait de le juger indigne de sa fille. Sans doute avait-elle raison dans le fond. Il était un assassin, un mercenaire, un mauvais gars. Mais qu’une parfaite inconnue se permette de lui jeter ça à la tronche, alors qu’il s’était efforcé à la courtoisie, ça le perturbait lourdement. Aodren n’avait pas l’habitude de se faire menacer et encore moins jeter de la sorte. L’homme croisa donc à son tour les bras sur le torse. Elle ne voulait plus de gentillesses, dans ce cas, il n’y en aurait plus.
- Du calme maman ours, je ne comptais pas faire de mal à qui que ce soit.
Aodren aurait pu tourner les talons et s’en aller. À vrai dire, il aurait dû. Mais cette femme se croyait un peu trop tout permis ! Qu’elle refuse à un inconnu de voir sa fille relevait de la logique. Qu’elle insulte, manque de respect et menace de mort n’importe qui sous prétexte que son cher bébé était menacé ... ça, c’était moins normal. Aodren, avec une pointe d’amusement dans le fond des pensées, se devait de lui apprendre ce genre de choses.
- Je n’apprécie pas du tout qu’on me menace de mort. D’ailleurs, les quelques idiots qui se sont risqués à le faire ... eh bien, j’ai exigé qu’ils s’exécutent. Parfois, avant de menacer bêtement n’importe qui, il faudrait tourner sa langue dans sa bouche et retenir son venin !
Il lui jeta un regard taquin. La tester n’était pas son but, il voulait carrément franchir la limite. Son égo avait été touché, se faire dégager comme un malpropre ne lui avait pas paru juste. Aodren prenait ça trop à cœur, tel un gamin qui trépignerait car un adulte l’a envoyé paître. Mais voilà, c’était comme ça. L’assassin n’allait pas lâcher le morceau avant que la sirène n’ait décidé de lui montrer sa fameuse technique pour se débarrasser des opportuns. Et si par malheur elle l’emmenait dans l’eau ... dans ce cas, elle aurait une sacrée surprise !
- Alors, c’était que du vent tes belles paroles ?
Aodren s’avança d’un pas vers elle, prêt à en découdre ...
Aodren : Du calme maman ours, je ne comptais pas faire de mal à qui que ce soit. Je n’apprécie pas du tout qu’on me menace de mort. D’ailleurs, les quelques idiots qui se sont risqués à le faire ... eh bien, j’ai exigé qu’ils s’exécutent. Parfois, avant de menacer bêtement n’importe qui, il faudrait tourner sa langue dans sa bouche et retenir son venin !
Mais pour qui il se prenait lui ?! Pas de mal à ma fille, cela est certain, mais ce genre de danse lascive à laquelle il pensait, il faudrait qu’il se lève tôt pour l’obtenir d’elle, j’y veillerais personnellement. Toutefois, il m’amuse, mon rictus s’agrandit au fur et à mesure que je repasse les paroles de cet individu nuisible dans mon esprit. Tu veux que nous en venions à plus que des menaces, tu ignores à qui tu as à faire petit ! Mes yeux deviennent deux fentes, le goût du sang est encore présent en moi, j’ai passé des siècles à tuer, à arracher des cœurs encore palpitants de la cage thoracique de leur propriétaire, ce n’est pas lui qui me fait peur. Bien sûr, j’ai eu moi aussi des blessures, je ne suis pas immortelle, je reste une femme face à un homme qui sait que bientôt je risque de mettre mes paroles à exécution. Adieu l’effet de surprise. Mais ce qui ne rendra le jeu que plus attrayant pour moi.
Aodren : Alors, c’était que du vent tes belles paroles ?
Il s’avance vers moi et mon regard bifurque de travers, pointant son visage. Je ne me défais pas de ce sourire, laissant entrevoir mes dents de carnassier prêt à en découdre. Emérya sait qu’elle ne doit par sortir de la maison sous aucun prétexte, elle ne le fera pas, pas même si elle entend des bruits étranges de l’autre côté de cette porte. Nos regards s’affrontent, il me défit, il a l’air sûr de lui et cela me déstabilise un peu, mais je n’en montre aucun signe physique, je sais ce que je dois faire. D’un mouvement rapide, je tente de poser ma main sur son torse pour y enfoncer mes ongles, mais il est rapide, me bloque et je recule d’un pas, enchainant les attaques, bras, mains, ongles si je peux le faire. Il pare, il ne donne pas de coups…pourquoi ?! Je me baisse ramassant une poignée de sable que je lui lance au visage avant de lui sauter dessus. Il est fort, mais je peux l’être aussi. Il nous fait rouler sur le sable, je griffe son dos nu, il pousse un cri avant que je ne puisse me défaire de lui et me remettre sur mes jambes. Je ne m’en suis pas rendu compte, il m’a donné un coup à la mâchoire alors que je venais de lui infliger sa première blessure et pas la dernière. D’un revers de manche, je retire le filet de sang qui s’écoule de ma lèvre. « Bien joué…C’est tout ce que tu as dans le ventre ?! Laisse-moi rire, je n’en suis qu’à l’échauffement pour ma part ! » J’observe ses yeux encore rougis par le sable, je n’ai pas le dessus, pour le moment.
Il fond sur moi, je n’ai pas le temps de contre-attaquer et il me fait basculer en arrière, la seule chose que je peux faire pour le moment, s’est joué de mes jambes. J’encercle ses hanches avec mes cuisses pour l’immobiliser, alors que mes doigts et les ongles font pression sur son crâne, déformant un instant la beauté de ses traits. Je prends un coup, incapable de parer dans cette position, je relâche l’homme en lui donnant un coup à l’épicentre de ses cuisses. Il est à genoux et je suis pareille à lui, rampant pour reprendre ce souffle qu’il vient de me retirer avec son coup puissant. Je risque d’avoir plus de mal que je ne le pensais…c’est un adversaire de taille qui se trouve face à moi, un prédateur, je le savais !
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En tant qu’assassin, sous-estimer une cible faisait partie des nombreuses erreurs de débutant qui menait les jeunes mercenaires à ne jamais vieillir. Aodren savait donc qu’il fallait tenir à l’esprit que cette femme pouvait être pleine de surprises, de ressources et d’ingéniosité. Tout comme elle pouvait n’être qu’une flasque traînée de poudre qu’il massacrerait en deux secondes. La vérité, il la connaîtrait lorsque leurs regards auraient cessé de se toiser et que les actes débuteraient. Le triton n’eut pas à attendre bien longtemps car la main de la femme se dirigeait droit vers son torse, prête à entailler sa peau. La paume d’Aodren frappa celle de l’inconnue, l’empêchant de le toucher. Dans un premier temps, l’assassin désirait voir ce qu’elle avait dans le ventre c’est pourquoi, avant de chercher à faire quoi que ce soit, il la laissa envoyer les coups.
Tandis qu’elle enchaînait des coups de poings, de pieds et un jeu de jambe qui prouvait qu’elle n’en était pas à son premier affrontement, Aodren se dressait un rapide portrait mental de l’adversaire. Il venait de parer une série de coups qui, s’ils avaient atteint leur cible, auraient pu le sonner. Tout à coup, des grains de sable vinrent chatouiller les yeux du triton. Ça, il ne l’avait pas vu venir ! Aodren se rua presque à l’aveugle vers elle et la plaqua au sol, les faisant rouler dans le sable. Les ongles de la femme lacérèrent sa peau, lui arrachant un grognement de douleur. Presque instinctivement, son coude se redressa brutalement et heurta la mâchoire de l’inconnue, faisant couler un filet pourpre de sa bouche.
- Si tu veux mon avis, tu ferais mieux de passer la vitesse supérieure avant de finir étouffée dans le sable ...
À nouveau, Aodren fonça. Littéralement allongé sur le corps de la femme, le triton faisait pression de tout son poids sur elle. Les jambes de la naïade s’enroulèrent autour des hanches du mercenaire, tentant de trouver une position de force. Les doigts de l’inconnue s’enfonçaient dans la peau de son visage, il lui fallait répliquer. Son poing s’abattit violemment sur le flanc droit de l’assaillante, elle ne tarda à répliquer d’un coup bien placé. Aodren, à genoux serrait les dents et tâchait de laisser passer la douleur. Ils étaient dans la même position tous les deux, prêts à s’entretuer et à bout de souffle. Cependant, l’assassin avait une légère longueur d’avance ... ce genre de chose, c’était son lot quotidien. Chaque semaine, il exécutait, tabassait ou torturait des gens. Ce n’était clairement pas son coup d’essai.
- Maintenant, on va arrêter de rire ...
Le triton se redressa quelque peu, ses deux genoux plantés dans le sable, il attrapa son adversaire par les épaules et la fixa un instant droit dans les yeux avant de lui administrer son front droit dans le nez. Il sentit une douleur cuisante au niveau du flanc, sans doute en avait-elle profité pour lui arracher un peu de peau du bout des ongles ! L’homme se releva lentement, il en avait tué des gens. Sans remords, sans pitié, sans questionnement. Pourtant, cette fois, c’était bien différent. Elle ne s’avouerait pas vaincue si facilement, d’ailleurs elle s’était déjà remise sur pied elle aussi.
Restait cependant un mystère, une question qu’Aodren ne laisserait pas sans réponse. L’homme s’avança à nouveau, sa garde haute et son corps prêt à riposter. Il bondit vers elle, cherchant à lui mettre son poing dans la figure mais les réflexes de la femme n’étaient pas du tout mauvais ! Elle l’atteignit au torse, lui laissant une petite ouverte pour qu’il puisse lui mettre un nouveau coup au visage. Les deux combattants se faisaient face, se dévisageant, leur buste se soulevant rapidement au rythme de leur respiration. Soudain, Aodren se précipita droit sur elle. Il l’attrapa par le bras et se jeta avec elle droit vers l’eau. Il lui fallait vérifier si ses doutes étaient fondés. Et à peine leurs corps eurent-ils touchés le liquide, s’enfonçant lentement dans les profondeurs aquatiques, que déjà leurs jambes disparaissaient. Un ricanement lui échappa.
- Je le savais !
Le triton jubilait. Non seulement il avait eu raison mais désormais, le combat risquait de devenir vraiment intéressant ...
C’est qu’il est coriace le rodeur, le coup que je lui ai infligé en dernier semble l’avoir un peu calmé dans ses ardeurs de joli cœur. Pourtant, il ne lâche pas la prise et m’attrape par les épaules. Sa tête rencontre la mienne avec violence. Sous le coup de cet assaut, je m’accroche au-dessus de ses hanches, enfonçant mes ongles dans sa chair sans aucun ménagement. Je le relâche assez rapidement, le nez douloureux et en sang. Je suis plus qu’en colère, je suis haineuse et je ne le laisserai plus repartir en vie, c’est totalement hors de question. Il redresse et bien qu’encore un peu étourdit, je fais de même, chancelant sur mes jambes. Je renifle pour tenter d’empêcher le liquide à l’odeur cuivrée de s’écouler. D’un revers de main, je finis par essuyer mes narines douloureuses. Mes yeux deviennent deux fentes, je me tiens prête à recevoir ces assauts, lui également, il attaque le premier, j’esquive, donnant du poing sur son abdomen encore meurtri par mes griffes un peu plus tôt. Mon visage se contracte de nouveau sous le choc reçu sur ma pommette. Je recule, mais je ne faiblie pas, je ne m’avouerai pas vaincu, j’en ai combattu des plus durs que ce gamin. Ma joue me brûle, mon nez n’est que douleur sourde, cependant, je ne me suis pas sentie aussi vivante qu’à cet instant. Nos regards se combattent pendant un instant, le bruit de nos respirations respectives fait écho aux vagues qui s’écrasent sur les petits rochers non loin. Lui et moi, nous sommes faits du même bois, je le crains, notre combat risque de durer plus que je ne le pensais. Je réfléchis à comment je pourrais le combattre, quelle attaque je vais utiliser contre lui dans les secondes qui vont venir. J’imagine la scène, crochet du droit, frappe au flanc gauche, genou en avant pour parer son avancée. Oui, je…Il fond sur moi, sans que j’aie le temps de préparer ma contre-attaque. Je sens le choc dans mon dos, l’eau sur ma chair. Le fou ! Mes jambes disparaissent pour laisser place à ma nageoire aux couleurs d’or. Un coup d’œil vers lui, pour remarquer avec stupeur qu’il est muni lui aussi d’une nageoire. Rageuse, je me décroche de son étreinte, me débarrassant de cette robe qui ne met plus d’aucune utilité dans les profondeurs des océans. Son rictus m’agace et je vais lui faire avaler rapidement. D’un coup de nageoire puissante, je m’éloigne de lui, allant de plus en plus profondément jusqu’à toucher le sable des profondeurs. J’aperçois sa silhouette à ma suite.
Je bifurque au dernier moment, soulevant un épais nuage qui me dissimule à sa vue. Rapidement, quelques coups de poussée et je fonce sur l’ombre que j’aperçois, le plaquant contre un rocher avec une grande puissance. Ses mains viennent à ma gorge, je tente de m’éloigner, mais il ressert la pression, jusqu’à ce que mes pouces viennent appuyer sur ses orbites. Ses paumes me relâchent et j’ai juste le temps de m’emparer d’une algue que j’entoure sur sa gorge, serrant de toutes mes forces, mon poids vers l’arrière pour lui ôter la vie.
Hello. I love you let me jump in your game. She's walking down the street, blind to every eye she meets . Do you think you'll be the guy to make the queen of the angels sigh?
Le combat est intense, telle une harpie, la mystérieuse maman poule lui plantent ses griffes acérées au plus profond de la chair. Aodren sait qu’il ne doit ni la sous-estimer ni se montrer indulgent alors il laisse sa colère parler pour lui. Les coups pleuvent, le sang coule. Ils ne sont pas gladiateurs mais à cet instant précis, ils auraient pu l’être. Deux combattants, dans une arène très restreinte. Trop pour eux, trop pour ces démons qui se déchaînaient de toute leur rage l’un sur l’autre. L’homme fonça droit sur son adversaire, l’attrapant au vol et la plaquant à l’eau. Ils fondèrent dans ce liquide frais. Leurs corps se métamorphosèrent alors, dans un même instant, leurs jambes devinrent un long élément aquatique. Aodren avait anticipé le fait d’avoir à la combattre sous l’eau.
La nageoire couleur or de la sirène percute le dos nu d’Aodren. Et la voilà qui se faufile, telle une anguille, jusqu’aux fonds marins. L’homme sait qu’ils n’en ont pas fini, qu’ils devront encore lutter jusqu’à ce que l’un des deux meure ou se rende. S’ils ne le font pas, ils seront des ennemis à vie. À chacune de leur rencontre, le sang coulera et l’assassin n’a ni la patience ni l’envie de laisser une ennemie de plus voguer de par les océans de Neverland. Il faut qu’il en termine.
Mais elle avait de la ressource, parvenant à le feinter et à le perdre dans un nuage de sable marin. Sans hésiter, elle fondit. Le dos d’Aodren percuta un rocher, lui arrachant une grimace de douleur. Les larges paumes du mercenaire étreignirent le cou de son ennemie mortelle, il ne la lâcherait pas. Tout du moins, c’est ce qu’il croyait. Car à nouveau, la perfide parvint à se dégager de son emprise en appuyant sur ses yeux. Cela lui fit gagner juste assez de temps pour attraper une algue et tenter à son tour d’étrangler Aodren. L’homme sentait la pression du végétal contre sa peau et la puissance que l’adversaire mettait dans son geste.
Il aurait réellement pu y rester. Mourir là, sous l’eau, et finir par être emporté par un prédateur marin qui en ferait son goûter. Mais Aodren avait encore des ambitions, encore plein de choses à accomplir. Une folle furieuse possessive envers sa fille ne mettrait pas un terme à sa vie, l’homme le refusait. D’une main libre, il attrapa une mèche des cheveux de son assaillante et tira violemment, attirant sa tête vers l’avant puis la frappa contre la roche. Aodren profita de cet instant d’étourdissement pour repousser ses bras et se défaire de son emprise. Une marque violacée trônait à présent sur son cou, signe du passage de l’inconnue.
- Tu te débrouilles bien pour une vieille !
Aodren se sentait obligé de la provoquer, il esquissa un sourire taquin. D’autre part, elle était tout de même presque parvenue à en finir avec lui. Cette adversaire était digne de toute la fougue dont elle faisait preuve depuis le début de leur rencontre. Elle l’avait impressionné, peu de gens avaient assez de folie brute en eux pour parvenir à lui tenir tête aussi longtemps. Aodren n’était ni un surhomme ni un colosse, il ressentait dans chaque parcelle de son corps les douleurs du combat. Le triton finit par pencher la tête et lancer à la sirène.
- Je crois que tu as eu ton compte pour aujourd’hui. Faudra qu’on remette ça une prochaine fois !
L’homme lui adressa un clin d’œil à nouveau provocateur avant de se détourner et de s’élancer vers l’horizon aquatique. Cette femme avait été une combattante bien plus féroce qu’il ne l’aurait cru. Une louve prête à tout donner jusqu’à son dernier souffle pour sauver son enfant. C’était peut-être pour ça qu’il préférait lâcher l’affaire. Autrefois, il avait perdu sa mère aux crocs d’un prédateur. Il ne désirait pas ôter une bonne mère de la carte de Neverland. La prochaine fois cependant, la donne serait forcément différente ...