Depuis que la nuit reste à Neverland, je ne suis pas rassurée en prenant la route pour aller de ma petite masure jusqu’à la cité de Blindman’s Bluff. Il y a plusieurs heures de voyages avec ma charrette tirée par mon âne et traverser le territoire des bêtes sauvages en pleine nuit même si nous devrions être aux alentours de neuf heures n’est pas l’idéal. Mais il faut bien continuer à faire marcher mon commerce et je dois emmener la commande du Tavernier. Pil est avec moi, allongé sur les tonneaux à l’arrière et je l’entends ronfler : quel beau chien de garde il fait. J’arrive à la cité vers midi et je dirige ma charrette vers la taverne de l’Aigrefin sans attendre. J’étire un sourire quand la porte arrière s’ouvre sur le propriétaire des lieux que je considère comme un père plus qu’un client. Une étreinte plus tard, je contourne mon véhicule en lui parlant de ma marchandise : « J’espère que la nuit ne va pas rester, je n’ai plus beaucoup de stock chez moi et la végétation ne pousse pas aussi dense qu’habituellement. Elle manque de soleil ! » Il approuve d’un mouvement de tête : « Ma taverne tourne au ralenti, les gens restent chez eux. Je suis tout aussi inquiet que toi, Apolline. » Il m’invite à l’intérieur tandis qu’il décharge et je vais saluer les serveuses présentent. Je reste pour manger avec eux, il y a eu peu de clients ce qui est vraiment étrange. La taverne est célèbre à la cité et il y a toujours du mouvement. Je délaisse mes amis pour reprendre la route, il y a du chemin et je n’aime pas laisser ma maison sans surveillance trop longtemps. J’ai toujours la crainte que quelqu’un vienne me voler, démolir ma maison ou pire, prendre ma place. Je remonte dans ma charrette et je quitte la zone commerciale pour traverser le quartier des habitations en frottant la tête de mon chien. J’observe vaguement autour de moi sans y porter un quelconque intérêt, sauf lorsque mes mirettes tombent sur un groupe de garçons qui embêtent un homme.
La situation peut paraître cocasse comme ça, seulement pour qu’une bande de jeunes s’attaquent à un adulte : soit, c’est un pirate, soit un voleur… Je fronce des sourcils et change de direction par curiosité. Des brides de voix viennent jusqu’à moi : « Espèce de taré ! » « Malcolm le demeuré ! » … Puis en dessous de toutes ses insultes, une voix plus rauque qui supplie d’arrêter. Ma gorge se noue et je saute de ma charrette pour venir auprès d’eux seulement je ne suis qu’une fille et ils sont cinq. Je m’arrête avant de me tourner vers mon chien : « Pil ! » Il saute pour venir à côté de moi et je pointe les garçons : « Attaque ! » Tout de go, mon chien s’élance en grognant, babines retroussées et attrape une chemise en tirant sur le gamin qui se retourne en râlant. Quand il voit le chien, il pousse un cri et disparait rapidement. Les autres finissent par se disperser en laissant un homme qui semble effrayé. Je rappelle mon chien avant de m’approcher doucement vers lui : « Tout va bien ? » Je ne comprends pas pourquoi ils l’ont insulté ainsi, il n’a rien d’un fou. Je fronce des sourcils, me baissant en posant ma main sur son avant-bras délicatement. « Laissez-moi vous aider ?! » Je me penche un peu plus pour voir son visage, il saigne du nez. Je viens lui redresser doucement avec un sourire tout en croisant ses yeux. « Tout va bien. Je m’appelle Apolline et je ne veux pas vous faire de mal. Je veux juste vous aider, d’accord ? » Je sors un morceau de tissu de ma poitrine pour aller tamponner doucement son nez afin d’en essuyer le sang. « Pourquoi est-ce qu’ils vous ennuyaient comme ça ? »
J'ai toujours eu beaucoup de mal à m'entendre avec les gens. Soit parce qu'ils me trouvaient bizarre, soit parce que moi je les trouvais trop... je sais pas.. mauvais ? Méchants ? Désagréables ? Je sais pas quel serait le meilleur mot. Papa disait qu'il y a un mot pour chaque chose mais là.. je n'ai jamais réussi à en mettre un sur ce genre de comportement. Ils sont méchants tout simplement. Mais je voudrais comprendre pourquoi. Et c'est assis sur une caisse le long d'un mur que je regarde une bande de jeunes gens jouer entre eux en me demandant pourquoi j’ai jamais eu cette chance.« J'ai envie de trouver des gens à qui parler, Paul. » « Pourquoi faire ? » Me souffle-t-il à l'oreille. « On est pas bien tous les deux ? Tu n'as besoin de personne. Il ne peut rien nous arriver tant que nous sommes ensemble. » Je le regarde en souriant. « Tu as raison. Mais.. regarde les. Je veux dire.. pourquoi est-ce tu as été le seul à bien vouloir t’intéresser à moi ? Est-ce que je suis si différent ? » Il hausse les épaules en s'adossant au mur avant de les designer d'un signe de la tête. « Tu es jaloux de ça ? Moi je suis revenu quand tu avais des soucis. Eux... en grandissant ils s’oublieront les uns les autres. Les vrais amis c'est rare et .. je pense pouvoir dire que j'en suis un pas vrai ? » « Oui. Tu as raison, et puis... » « A qui tu parles taré ? »
Cette interjection, je la connais trop bien. Et je ne suis même pas surpris de voir les adolescents se retourner vers moi pour commencer à se moquer. Je pensais ces choses loin derrière moi en arrivant ici, mais il faut croire que les gens sont partout pareils. « A Pa.. » un regard à mon ami et je comprends « .. à personne. » Il faut croire que ma réponse ne leur plaît pas puisque l'un d'eux ramasse un caillou pour me le lancer à la figure. « Hey ! » A côté de moi, Paul serre les points mais il ne bronche pas. Qu'est-ce que qu'on peut faire de toutes façons, les frapper pour me défendre ? Ils sont méchants mais ce ne sont que des gosses. Quelque chose coule sur ma lèvre, c'est chaud, ça a un sale goût. Du sang. Je saigne du nez. Les insultes continuent de pleuvoir, puis un premier coup comme ils se sont rapprochés. « Défend toi ! Défend toi bordel ! » « Non, non, je ne beux bas. » Ça les fait rire, moi j'ai plutôt envie de pleurer.
Puis j'entends ce chien. Il ne manquait plus que ça. Et au moment où je me recroqueville encore un peu, m'attendant à un coup de croc dans un mollet, c'est un des gosses qui pousse un cris et tous ses copains détalent comme des lapins. Il me faut un moment pour comprendre ce qu’il vient de se passer. Paul n’est plus là, il a eu peur probablement. J’aimerais pouvoir m’éclipser aussi facilement que lui parfois. Pourtant, il n’y avait pas à avoir peur. La femme à qui appartient le chien a l’air… gentille. Elle s’inquiète de mon état, elle me propose de l’aide. Il y a longtemps qu’on ne m’a plus proposé de l’aide comme ça. Alors je la laisse faire, lui adressant un timide petit signe de la tête pour la rassurer : oui tout va bien, j’ai connu pire, merci de vous arrêter pour moi. Je sais qu’une phrase aurait été plus polie, Papa aurait voulu que je fasse cet effort mais Paul… Paul dit souvent qu’un regard vaut mieux qu’un grand discours. Et puis Papa n’est plus là, alors je fais à la manière de Paul.
Je la laisse s’occuper de mon nez sans la lâcher des yeux. C’est le genre de chose que ferait une maman, ou une nourrice, quand son marmot tombe, pas une femme bien quand elle croise un inconnu. Quoi que justement, une femme bien ne devrait-elle pas se soucier des autres ? Je sais plus. J’en oublie même de répondre à sa question, obsédé par ses gestes et cette patience que je ne comprends pas. C’est Paul qui me ramène à la réalité, se raclant la gorge dans mon dos, me faisant sursauter et me retourner. Il désigne l’inconnue d’un signe de la tête avant de me regarder de nouveau en fronçant les sourcils. « Bah qu’est-ce que t’attends ? Répond lui. Pour une fois que quelqu’un te parle normalement dans ce patelin. » Il a raison bien sûr, comme toujours, et je m’excuse auprès de cette jeune femme qui joue les infirmières. « Bardon. Il faut dire que je n’ai bas l’habitude qu’on be vienne en aide. Je dois bous rebercier pour ça. » Je jette un regard en coin au chien en notant qu’il me faudra le remercier aussi plus tard. « Ils ne b’ennuyaient bas. Enfin je beux dire… Je jalousais leur jeu, Ils en ont beut-être eu barre que je les regarde. C’est juste qu’à leur âge… j’avais bien boins d’occasion de… Je be parlais à moi-même, pris de nostalgie, ils ont troubé ça débile. Les gens n’aibent bas ce qui est différent. » Je hausse les épaules pour ponctuer ma version des faits, Paul lève les yeux au ciel, dépité par ma réponse décousue, elle… et bien on verra si ça lui suffit. Mais je ne la connais pas, je ne parlerais pas de lui si facilement.
légende : Paul Malcolm
Apolline Moorehead
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 19/10/2015
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ζ Avatar : Adelaide Kane
ζ Localisation : Blindman's Bluff, dans une immense maison avec un magasin annexe.
ζ Occupations : Fabricante & marchande de Rhum
ζ Âge : Vingt-et-un ans
ζ Statut : Éperdument amoureuse et mariée à Erim, son âme soeur
ζ Signes distinctifs : Quelques cicatrices dans son dos
Je fronce des sourcils en m’occupant de son nez qui saigne, attendant une réponse qui ne vient pas. L’homme en face de moi, Malcolm si je me souviens bien comment l’ont appelé ces enfants, reste immobile à me fixer avec des yeux ronds. Puis, il sursaute et se retourne comme si quelqu’un venait de l’interpeller, sauf qu’il n’y a que nous deux et quelques passants au loin, mais je n’ai rien entendu. Il revient dans ma direction : « Bardon. Il faut dire que je n’ai bas l’habitude qu’on be vienne en aide. Je dois bous rebercier pour ça. » J’étire un sourire, haussant des épaules. Pas besoin de remerciement, je trouve ça normal et logique. D’autres en auraient fait autant, mais je sais aussi, que certains auraient ignoré cette scène, voir même ricaner dans sa barbe. « Ils ne b’ennuyaient bas. Enfin je beux dire… Je jalousais leur jeu, Ils en ont beut-être eu barre que je les regarde. C’est juste qu’à leur âge… j’avais bien boins d’occasion de… Je be parlais à moi-même, pris de nostalgie, ils ont troubé ça débile. Les gens n’aibent bas ce qui est différent. » Je fronce des sourcils. Se parler à soi-même est donc une raison suffisante pour ces voyous de venir frapper un adulte ? Cela ne me semble pas logique, c’est un homme et eux, que des gamins. Il aurait pu… je sais pas… hausser le ton ou les menacer comme le ferait un adulte. Je me contente d’un hochement de tête, terminant d’essuyer le sang sur son visage. « Je n’ai pas beaucoup de connaissances dans la guérison, mais je pense que ça devrait se soigner seul. Vous devriez quand même, par précaution, allez consulter un guérisseur de la cité. On ne sait jamais… votre nez est peut-être cassé ?! » Je le mire en m’éloignant, froissant le morceau de tissu couvert de son sang dans ma paume. « Pardonnez-moi mais… pourquoi est-ce que vous vous êtes laissé faire ? Même si ce sont des enfants, vous êtes un homme. Enfin… je me mêle certainement de ce qui ne me regarde pas. » Mes pommettes prennent une couleur rosée et je pose ma main sur la tête de Pil, assis à côté de moi, observant notre échange. Je me plais à croire que mon chien, aussi imbécile qu’il puisse être parfois, me comprend parfois.
Une charrette passe non loin de nous et deux hommes, ivres, s’exclament bruyamment. Je tourne mon regard dans leur direction avant de revenir sur ce fameux Malcolm un peu étrange. « Que diriez-vous d’aller s’asseoir quelques instants devant un bon verre ? » Mes lèvres s’étirent dans un sourire. Loin de moi l’idée de me faire charmeuse, mais cet inconnu m’intrigue et j’ai cru décelé chez lui, quelque chose de similaire à mon tendre ami Billiot. « Vous n’aurez qu’à me l’offrir, comme ça, vous ne vous sentirez plus redevable envers moi. » Je lève la tête dans sa direction.
Je ne la connais pas et pourtant elle m’est venue en aide sans poser la moindre question. Elle les a posés après. Elle a fait les choses dans un ordre étrange, enfin j’en ai pas l’habitude. La plupart des gens sont méfiants et n’accordent pas d’aide gratuite. Peut-être va elle me demander une compensation pour le tissu qu’elle vient de salir ? Et puisque son visage se ferme quand je lui explique pourquoi les choses ont dégénérées, j’ai peur qu’en effet, elle revienne sur ses premières actions. Mais pour le moment, la demoiselle se contente de me donner des instructions pour mon nez. Je hoche la tête, évidement qu’il faudra que j’aille voir quelqu’un qui sache quoi faire pour être sur d’aller bien. Les médecins me font peur mais ils sont importants. Paul ricane d’avance et je feins de l’ignorer. Mon infirmière improvisée ne comprendrait pas la grimace que je voudrais rendre à mon ami. Mais il ne paye rien pour attendre, promesse.
Elle en revanche, je ne peux pas l’ignorer. Ses questions non plus. Et je passe une main nerveuse à l’arrière de ma tête quand elle me demande pourquoi je n’ai pas cherché à me défendre. Ils n’étaient que des gamins, j’aurais bien pu m’en défaire. Mais ils n’étaient justement que des gamins. Alors j’essaye de faire un effort pour articuler ma réponse et ne pas laisser mon nez déformer mes propos. « Qu’êtes-vous en train de dire ? Que j’aurais dû rendre les coups qu’ils me donnaient ? Non, non. Je préfère laisser courir. Et puis ce n’est qu’un nez. Rien de grave. Je suis sûr que ce n’est rien de grave. » Je en fais pas attention aux hommes un peu trop saouls qui passent non loin, au lieu de ça, je fixe l’animal qui accompagne la demoiselle. Je l’aime bien ce chien. J’ai toujours bien aimé les bêtes, elles ont parfois l’air plus intelligentes et on le regard plein de tout cet amour que les hommes n’ont pas. « On ne caresse pas les animaux qu’on ne connait pas. » Me rappelle Paul, devinant probablement ce que j’allais faire. Moi je soupire. Il a raison. Mais ce chien et sa maitresse viennent de m’aider, pourquoi m’attaquerait-il maintenant. ?
Je penche un peu la tête de côté, surpris par sa proposition. Je n’ose pas regarder dans la direction de Paul, je crains qu’il ne prenne de travers cette invitation. Lui il n’aime pas ça les rares fois où les filles, enfin les femmes maintenant, sont gentilles avec moi. Il a peur qu’elles le chassent. Mais là il n’est pas question de ça, elle s’inquiète juste pour moi. Enfin je crois. Alors oui, pourquoi pas. « Ah non hein.. tu ne penses pas à accepter quand même … » « Oui pourquoi pas. Mais je ne bois pas d’alcool. Pas en pleine journée en tout cas. Enfin en pleine journée… à cette heure quoi… enfin vous m’avez compris… enfin… enfin oui je veux bien vous l’offrir, pour vous remercier. C’est moi qui aurais dû vous le proposer d’ailleurs, pas vous. » Et comme je me redresse pour réfléchir à l’endroit le plus approprié pour cela, j’entends Paul pester tant qu’il peut. Il m’énerve quand il se met à jouer le trouble fête de cette manière. Des fois j’ai l’impression qu’au final, c’est lui qui agit comme un enfant. « Je vous laisse choisir l’endroit, vous devez savoir vous, où une femme peut boire un verre accompagnée ou non sans risquer d’avoir des problèmes. »
Puis je la suis. Elle connait mieux la ville que moi sans aucun doute. Après tout, je ne suis pas ici depuis assez longtemps, ou bien je ne me suis pas assez penché sur la question, ou un peu des deux. Mais en marchant, voilà qu’il me revient l’envie de caresser ce chien que je ne connais pas. Je sais que Paul va finir par m’en vouloir pour de vrai si je continue à ignorer ses conseils et son avis, mais c’est plus fort que moi. Et puis Papa disait toujours qu’il faut profiter des petits plaisirs de la vie quand ils passent parce qu’ils sont.. c’était quoi déjà le mot… fugale ? fugace ?Oui je crois que c’était quelque chose comme ça. Enfin ils passent trop vite, voilà ce que j’ai retenu. Alors mince, j’ignore Paul à nouveau et je finis par tendre la main vers le mâtin qui m’a tout l’air d’être une adorable boule de poils. « Je peux ? Il ne me mordra pas si vous ne le lui demandez pas n’est-ce pas ? »
légende : Paul Malcolm
Apolline Moorehead
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ζ Signes distinctifs : Quelques cicatrices dans son dos
« Oui pourquoi pas. Mais je ne bois pas d’alcool. Pas en pleine journée en tout cas. Enfin en pleine journée… à cette heure quoi… enfin vous m’avez compris… enfin… enfin oui je veux bien vous l’offrir, pour vous remercier. C’est moi qui aurais dû vous le proposer d’ailleurs, pas vous. » J’étire un sourire. Certainement que le juste retour de cette situation aurait mérité une invitation de sa part, or je ne suis pas persuadée qu’il y aurait pensé. Non pas que j’ai réellement envie de me faire remercier par un verre, c’est bien désuet et n’importe qui préférerait une compensation financière. Mais il y a quelque chose chez cet homme, qui me donne envie de le connaître, d’en savoir davantage. Une naïveté, une petite étincelle dans le regard. Comme Billiot. « Je vous laisse choisir l’endroit, vous devez savoir vous, où une femme peut boire un verre accompagnée ou non sans risquer d’avoir des problèmes. » La taverne de l’Aigrefin. Je n’y crains rien, j’y ai travaillé et en plus, le patron est un ami et client de mon commerce. Nous nous entendons plus que bien. Je ne risque donc aucun problème là-bas et nous y serons à notre aise. Sans plus attendre, je me mets en route pour retourner auprès de ma charrette. Si je la laisse ici, je risque de me la faire voler. Il n’y a rien de valeur, mais j’en ai besoin pour emmener mes tonneaux de rhum et il y a mon âne, j’y tiens à cette bête. Alors que nous arrivons près d’elle, je tourne la tête vers Malcolm lorsqu’il parle de mon chien. J’étire un sourire : « Oh non, vous ne risquez rien. Il est adorable, sauf lorsqu’il ressent une menace, ou qu’effectivement, je lui ordonne. » Mon gros chien sort la langue pour respirer quand il commence à se faire caresser et d’ici peu, il va certainement se rouler sur le sol, les quatre fers en l’air pour recevoir des gratouilles sur le ventre. Un vrai pépère. « Il n’est plus tout jeune, mais il a encore de l’énergie à revendre. Il se pense petit, alors qu’il est plus qu’imposant et il est encore très joueur. » Je souris. Pil est mon petit trésor, mon protecteur et ma compagnie depuis des années maintenant. Je vais avoir mal au cœur quand il ne sera plus là, mais c’est ainsi que va la vie. On nait, on vit puis on meurt de vieillesse, humain comme animal.
À bord de ma charrette, on retourne sur nos pas pour aller à la ville, empruntant les chemins pavés pour s’arrêter près de la taverne de l’Aigrefin. J’attache mon âne et nous entrons à l’intérieur avec un soupir. Le propriétaire est surpris de me revoir, il faut dire que je l’ai quitté il y a quelques instants. J’étire un sourire tandis qu’on s’installe à une table, Pil posant sa tête sur la cuisse de Malcolm : « Je crois qu’il vous aime bien. Un petit biscuit et il deviendra votre meilleur ami. » Je souris. Je fronce des sourcils en me souvenant que je ne connais même pas son prénom et je croise son regard : « Comment vous appelez vous ? » J’attends qu’il me réponde avant de donner ma commande au tavernier. Je laisse Malcolm faire de même et je soupire en croisant les bras devant moi. « D’où est-ce que vous venez ? De la cité ou d’ailleurs sur l’île ? » Je suis curieuse, comme bien souvent, mais on n’est pas ici pour simplement se regarder dans le blanc de l’œil et boire nos verres.
Je ne risque rien dit-elle, et j'ai bien envie de le répéter de manière insistante à Paul mais celui ci boude dans son coin, persuadé qu'il est d'avoir raison comme à son habitude. Il est vrai que c'est souvent le cas mais pas cette fois. Ainsi je pose ma main entre les deux oreilles de l'animal pour lui gratter la tête en le flattant. Histoire de le remercier lui aussi d'avoir participer à ce.. sauvetage quoi que je pense toujours que les jeunes s'en seraient lassé si on les avait laissé me taper dessus encore un peu. C’est pour ça aussi que Paul boude, il pense que je suis encore trop faible pour mon propre bien. Bah ça lui passera, je sais que j'ai raison en pensant que rendre les coups ne résout rien.Et bien qu'il ne dise plus rien en nous suivant de loin, je l'entends ricaner lorsque la jeune femme décrit son chien comme une vielle bête à l’âme de chiot. C'est que je devine ce qu'il pense mon vieil ami... j'en suis un aussi d'adulte avec une âme de gosse d’après lui. Là aussi trop pour mon propre bien, toujours d’après lui. Peut être qu'il a raison, peut être pas. J'en sais rien. Papa disait un peu la même chose quand j'y repense. C’est qu'il doit bien y avoir du vrai là dedans. Et après une dernière grattouille au mâtin qui semble après en effet de se faire papouiller de la sorte, je grimpe avec cette nouvelle connaissance sur sa charrette qui nous conduira là où elle m’emmène boire. Enfin l’âne nous y conduira, une charrette ça va nul par tout seul, c’est idiot.
L'Aigrefin. Oui ça semble être un choix logique après tout. C'est propre, enfin je trouve, par rapport à d'autres endroits de la ville, et c'est plutôt calme la plupart du temps. Et puis le tavernier et la serveuse sont des gens biens. Il me semble. Mais c’est quoi des gens bien ? Des gens capable de sourire et d'être polis ? Moi ça me suffit quoi qu'en dise Paul. Je ricane un peu bêtement quand le chien vient me réclamer d'autres caresses et je les lui offre de bon cœur. Je ris de plus belle quand sa patronne m'annonce qu'il me suffirait de quelques biscuits pour acheter son amitié. C’est vrai que les choses sont simples avec les bêtes. Il suffit d'être gentil avec eux pour qu'ils vous aiment. Si seulement c'était pareil avec les gens... Mince, voilà qu'elle me rappelle combien j'ai été impoli. Je sais qu'elle s'appelle Apolline, elle me l'a dit. Mais je ne me suis pas présenté. « Pardonnez moi, j'aurais du le dire plus tôt, quand vous vous êtres présentée tout à l'heure. Malcolm. C’est mon nom. » Non, c'est mon prénom, mais mon nom, elle s'en fiche je pense. Ici être Monsieur Benthley ça sert à rien, personne n'a connu mon pere et l'influence qu'il avait quand nous étions encore .. ailleurs. Ici je suis juste Malcolm, l'homme qui porte des caisses sur les quais. Et je dois dire que ça me suffit. J'aime bien n'être personne, je n'ai pas à me soucier de faire honte à qui que ce soit. A par à Paul, mais lui il me pardonne toujours.
Je commande un verre d'eau fraîche et des biscuits. Le verre d'eau c'est pour moi, parce que je ne bois pas d'alcool. Paul pense que je devrais des fois, ça me ferait du bien d’après lui. Mais la dernière fois, j'en ai été tellement malade que je préfère éviter de recommencer. Les biscuits.. et bien c'est pour le chien. Un peu pour nous aussi. Paul reste debout à coté de nous. Je voudrais lui dire de prendre une chaise mais je sais qu'il n'aime pas se faire remarquer alors je le laisse faire. Et puis il a l'air d'avoir retrouvé un peu de bonne humeur. Attendri par le chien peut etre ou parce qu'il aime m'entendre rire. Il a bon cœur quoi qu'il veuille faire croire parfois. Il fronce un peu les sourcils à la question de la jeune femme amis je sais qu'il s’inquiète juste que je puisse dire quelque chose qui me ferait du tort. « D'où est ce que je viens ? De loin d'ici je crois. Mais aujourd'hui je vis ici, dans une petite chambre que je partage avec un autre docker près des quais. » Puis c'est à mon tour d'être curieux. « Mais ailleurs sur l'île c'est à dire ? Y a d'autre grandes villes ici ? Je ne me suis jamais aventuré bien loin. Plus depuis que je suis arrivé à Blindman's Bluff en tout cas. C'était y a un peu plus d'un an maintenant. Et vous ? » Je sais qu'il est malpoli de poser des questions mais puisqu'elle en pose aussi peut être qu'elle ne se vexera pas. Je devrais peut être lui dire d'où je viens ? « Non tu lui diras pas. A moins qu’elle te pose la question, tu vas pas te perdre dans une histoire qui l’ennuierait. » Tient voilà qu'il s’inquiète que je puisse la faire fuir. Je sais pourquoi. Il est content de me voir sourire. Alors tant que ça dure, il ne fera rien pour m’empêcher de passer du temps avec elle.