« It'll take a lot more than words and guns. A whole lot more than riches and muscle. The hands of the many must join as one. »
Ceux qui le connaissent savent que Malech aime l'océan. On dit même qu'il lui ressemblerait ; impétueux et imprévisible. Il est en effet inattendu de le voir marcher sur les plages ouest de Neverland, non loin de la forêt des singes. Lui, qui déteste plus que tout l'espèce humaine et qui risquerait de croiser quelques uns de ces individus ici. Peut être est-ce ce qu'il recherche? Après tout le roi triton est aussi connu pour sa pugnacité, surtout quand il est contrarié et, aujourd'hui, il est contrarié - Depuis le retour de Rheïane, la sœur de sa bien aimée Zéa, le couple enchaîne les désaccords. En effet, Malech n'a aucune confiance en la sirène brune tandis que la reine semble la lui accorder naïvement. Peut-être est-il trop paranoïaque? Mais comment ne pas l'être après tout les événements récents?
Il soupire. Trop fière, le triton ne se remet jamais en question en publique. Il a tendance à imposer ses idées avant de penser avoir tort. Peut être a t-il tort pour le coup? Il ne peut en tout cas pas se donner le bénéfice du doute. Il en va de la vie de son épouse et de l'avenir de sa famille. Jamais il ne laisserait qui que ce soit leur faire du mal.
Perdu dans ses pensées, il commence à s’insérer involontairement dans l'épaisse forêt. Il s'en aperçoit bien vite mais continue tout de même son chemin, laissant son esprit voguer au grès de la brise et de la mélodie apaisante de cette nature si vaste. Il se souvient avoir emmené son fils aîné ici. Maëa a disparu depuis bien trop longtemps et, contrairement à ce qu'il a laissé paraître à sa famille et son peuple, Malech en souffre beaucoup. Il est d'ailleurs prit de nostalgie en repensant à de si bons moments ; Le rire de son garçon éclatant en écho alors qu'il lui courrait après. Son sérieux déroutant alors qu'il lui enseignait à combattre. Son regard aimant alors qu'il lui offrait de somptueux cadeaux. Maëa était simple et brave, ressemblant à son père. Zéa et lui l'aimaient énormément, et ils sont depuis son départ torturés par l'ignorance. Pourquoi est-il partit? Et est-il seulement encore en vie?
Tandis que le regard du triton s'attarde sur l'horizon boisé, il repense aux maintes fois où il a voulu partir à sa recherche. Mais Malech a dû faire face à d'autres problèmes - Le meurtre de ses souverains, la protection de Zéa et du reste de la famille puis, plus ressemant, son couronnement et les dangereux phénomènes. Il a eu d'autres responsabilités mais, de toute manière, il ne sait pas s’il sera capable de pardonner à son fils s’il le retrouve un jour. De lui pardonner de les avoir abandonné, de lui pardonner la douleur qu'il a ressentit et qu'il voit encore luire dans les yeux de la femme de sa vie...
Il s'arrête, décidant de se poser un peu au pied d'un arbre. Il s’assoit sur une imposante racine avant de retirer la bandoulière de sa besace qu'il portait autour de son cou. Il la dépose prêt de lui avant de souffler un bon coup et de lever les yeux. Ses lèvres s'étirent alors qu'il voit cette petite boule de poile l'observer un peu plus loin. Une queue ébouriffée et rayée de noir et de blanc, des oreilles touffues suivant le prolongement d'une tête ronde, et d'énormes yeux globuleux. Ça ne peut être qu'un lémurien. Ces bêtes sont vicieuses et joueuses, mais tellement mignonnes. Si mignonne que Malech ne voit pas le coup venir quand l'animal s'approche de lui, faisant en réalité diversion... En effet, un autre lémurien agrippe furtivement sa besace pour la soutirer au nez et à la barbe du triton.
« Saleté de... revient ici! » S'exclame t-il en tentant de l'attraper mais, trop tard, la créature s'enfuit déjà.
Malech se lance à sa poursuite, zigzagant entre les arbres en essayant de ne pas perdre de vu le petit singe. Cette besace ne lui a rien coûté mais, tôt ce matin et avant de rejoindre la terre ferme, le triton a trouvé dans les profondeurs une sublime boite à musique qu'il souhaitait offrir à sa fille. Hors de question qu'il perde une occasion de lui faire plaisir, et hors de question qu'il se fasse voler par un vulgaire animal.
Alors qu'il bondit sur le lémurien après l'avoir presque rattrapé, ce dernier s'élance afin de s'agripper au tronc d'un arbre. Le corps de Malech s'écrase alors dans un bruit sourd au sol, ratant de peu sa proie. Il se relève avant de porter ses yeux azurs vers les hauteurs. Le lémurien perd le sac dans sa course angoissée, le laissant tombé dans le vide jusqu'à ce que la bandoulière s'accroche à une branche. Pas de chance. Le triton fronce les sourcils en observant la besace... ce n'est pas la sienne. Elle est plus grosse et semble plus chargée. Mais où sont alors ses affaires?
Malech se retourne en entendant des branches craquées non loin derrière lui. C'est par réflexe que ses doigts vont s'enrouler autour du manche de son poignard, prêt à dégainer. La lame ne sort pourtant pas de son fourreau lorsqu'il aperçoit une jeune femme s'approcher de lui... sa besace à la main. Son regard glacial la transperce tandis que son visage reste impassible et ténébreux. Une humaine, il ne manquait plus que ça!
« C'est mon sac que vous avez là. » Lance t-il froidement.
Personne ne peut imaginer avoir affaire à un triton, et encore moins à celui qu'on appel l'Executeur. Malech est en effet vêtu comme un chasseur humain - une chemise beige et délavée, un gilet sans manche en cuir, un pantalon marron parait d'un ceinturon où sont accrochés un poignard d'un coté, ainsi que deux petites haches de l'autres, et enfin de hautes bottes. Le monarque conserve ces vêtements et ces armes dans un gros sac, qu'il cache dans une grotte étroite en contrebas d'une falaise. C'est bien connu que, une fois transformés, les tritons se retrouvent totalement nus. Pas que Malech n'ai quoi que ce soit contre la nudité, mais il ne se voit vraiment pas combattre les bourses à l'air.