Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie qu’aujourd’hui : affronter un chien gigantesque qui a voulu nous dévorer tout cru. Sans compter que je suis restée un très long moment toute seule, affronter ma pire crainte sans l’aide de quiconque ni même obtenir une parole réconfortante ou une étreinte chaleureuse. Je suis épuisée émotionnellement et physiquement, je rêve de m’effondrer dans ma couche. De me réveiller et de me rendre compte que tout ceci n’était qu’un rêve, que les ténèbres ne nous ont pas envahies et que les prochains jours ne seront pas sous le signe de la terreur. Dans ce malheur, j’ai retrouvé ce garçon d’une nuit qui m’a fait frémir, qui m’a fait rêvé et dont je suis, je pense, tombée amoureuse. Erim, le squatteur de mon atelier durant une tempête et a qui j’ai offert ma première nuit d’ivresse et d’amour : mais j’ai été aussi heureuse de retrouver Stuart, mon frère de cœur qui a partagé avec d’autres et moi, le cauchemar canidé. Je ne veux pas être seule pour rentrer, ni même pour le reste de la soirée et de la nuit : j’ai besoin de compagnie. Je me retourne vers Stuart et Erim, ne sachant pas à qui demander de rester avec moi. D’un côté, il y a ce garçon qui fait vaciller mon cœur mais qui a disparu avant le matin en me laissant un mot que j’ai été incapable de déchiffrer. De l’autre, il y a mon frère de cœur toujours là et qui ne m’a jamais laissé tomber. Je soupire en passant une main sur mon visage tandis que les autres présents avec nous se dispersent pour rentrer chez eux : que ce soit l’Arbre du Pendu ou l’océan pour la jolie sirène. Mes mirettes sombres croisent le regard d’Erim qui m’offre un sourire alors que je tourne sur Stuart. Les deux garçons se proposent de me raccompagner en même temps, une main tendue vers moi pour m’inciter à le suivre. Ils se regardent, comme surpris l’un comme l’autre et je fronce des sourcils. Ils se connaissent ? Apparemment oui, vu la façon dont il se parle.
Je sens une truffe humide venir se frotter contre ma paume et je baisse les yeux sur mon chien Pil qui vient de faire son apparition. Je me baisse pour encercler sa tête en déposant un baiser sur le haut de sa tête, oubliant un court instant les deux garçons qui se parlent. « Mon chien… » Je soupire, tellement heureuse de le retrouver. J’avais eu tellement peur qu’il soit perdu ou pire, manger par la créature qui nous a poursuivis et fait vivre un cauchemar dans les bois. Je lève les yeux vers Stuart et Erim en me raclant la gorge : « Quand vous aurez fini, est-ce que l’un de vous deux peut me raccompagner ? Je n’ai pas envie de rester seule… » Encore une fois, ils s’expriment en même temps et j’ai comme l’impression que rentrer chez moi ne sera pas aussi simple que je l’espérai. Je suis curieuse maintenant de savoir d’où ils se connaissent mais surtout, pourquoi est-ce que le destin place sur ma route mon frère de cœur mais aussi le garçon pour qui je craque secrètement. Un frisson me fait trembler doucement et je me redresse, resserrant ma cape déchirée autour de ma nuque. Il fait froid, très froid et ce n’est pas étonnant avec la nouvelle horreur qui nous accable tous sur Neverland.
Qu'est ce que c'était que ce cirque ? Ce cauchemar angoissant, cette horreur sans nom, cette instant de terreur que nous venons de traverser. Ce que j'ai vu, ce que nous avons vécu, était-ce réel ? Et le reste ? Est-ce vraiment l'avenir qui s'annonce ? Seul lumière au milieu de tout ceci, cette change infinie que j'ai eu de croiser leur chemin dans ce chaos, à ces deux êtres chers à mon cœur malgré les barrières que j'ai dressées autour de moi. Ces deux vies qui valent plus que la mienne. Celle sur qui je veille comme sur la sœur qu’elle n'est pas et comme j'aurais du veiller sur Lizzy, et celui que je n'abandonnerais plus car il est le frère que je n'ai jamais eu. Et c'est en leur compagnie que je me tiens à présent, là au milieu de nul part. Doit-on vraiment repartir chacun de son coté, après ce que nous venons de vivre, repartir seuls ? Non. Et surtout pas elle. Ainsi c'est tout naturellement que je propose. « Je te raccompagne jusque chez toi. Hors de question de te laisser rentrer.... » Je me suis arrêté net, tournant le regard vers Calico. Pourquoi s'est-il avancé à faire la même proposition que moi ? Par simple excès de zèle ? Parce qu'il s'en sens obligé maintenant que nous sommes là ? Qu'il ne se donne pas cette peine, je suis là et il a besoin de repos tout autant que nous. « Ne t'en fais pas pour elle, je suis là. Rentre donc, tu dois être épuisé. » Je le remercierais bien pour tout ce qui s’est passé mais nous en reparlerons plus tard, inutile de parler de cela devant elle. Mais voilà qu'il insiste, visiblement tout aussi surpris que moi de voir que nous nous connaissions. Et c'est sourcil arqué que je le fixe à présent.
Qu'est ce que j'ai loupé dans cette histoire ? Serait-ce autre chose ? Quel est le lien entre ces deux là ? « Vous vous êtes déjà rencontrés tous les deux ? » Question stupide puisque c’est visiblement le cas. Elle servait à la taverne, peut être a t-il été un client lui aussi. J'écoute ses explications avec attention mais quand je vais pour répliquer à mon tour, voilà qu'Apolline nous ramène au présent. Bien sur qu'elle n'a pas envie de rester seule, c'était pour cette raison précise que je tenais à la raccompagner. « Je viens » Une fois de plus il a pris la parole en même temps que moi. Allons bon, pour qu'il insiste ainsi c'est bien qu'il se passe quelque chose. Nous en reparlerons plus tard. Pour l'heure, il est évident que nous ne pouvons pas rester là. Elle a froid, il fait froid, et nous devrions nous mettre en route. Tous les trois s'il le faut. « Soit ! Dans ce cas, nous venons tous les deux. »
Et tout en marchant, je ne peux réprimer cette étrange sentiment qui m’envahit soudain. Quelque part à mi-chemin entre la jalousie et la crainte d'avoir loupé quelque chose d'important. « Et je peux savoir pourquoi tu insistais tellement à te porter volontaire pour la raccompagner ? » Mon ton s'est peut être fait un peu plus sec et cynique que je ne l'aurais voulu en m'adressant à mon vieil ami. Mais quand bien même il est celui en qui j'ai le plus confiance, il est des choses que je ne veux pas avoir à envisager. J'essaye de chasser ce que tout ceci m'inspire, l'idée qu'il puisse s'aventurer sur ce terrain là avec elle, ce dont nous parlions la dernière fois.. mais je ne peux m’empêcher d'imaginer qu'il puisse s’être mis l'idée en tête aussi. Pas elle. Il peut bien batifoler avec toutes les autres donzelles de l’île, je m'en moque, c'est sa vie et puisqu'il souhaite en profiter, grand bien lui en fasse. Mais pas elle. C'est ridicule.. je me fais forcement des idées.. il n'y a peut être rien de tout ça là dessous... pourquoi est-ce que je me mets sur la défensive de la sorte ?
Erim Moorehead
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ζ Localisation : A Blindman's Bluff dans une belle maison près de celle du Gouverneur
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ζ Âge : Vingt-trois ans
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ζ Signes distinctifs : cicatrice en dessous de l'épaule gauche causée par une balle
Je ne saurais dire où j’ai pu trouver le courage d’affronter mes peurs cette nuit. Voir mon pire cauchemar de mes yeux vus, car je sais à présent que tout ceci n’était pas un songe, mais bien une manipulation magique de cette île où nous habitons tous depuis plus ou moins longtemps. J’ai failli perdre la vie et mes amis avec moi. Que ce soit Feisty, Peter, Andy, Stuart et bien entendu, cette femme qui occupe mes pensées depuis des jours. Cette jeune personne qui fait battre mon cœur et m’a permis d’affronter ce colosse monstrueux. Si elle n’avait pas infiltré mon cœur, si la courage n’avait pas influé dans mes veines en la voyant en danger, jamais je n’aurais pu faire preuve de ce courage qui a été le mien. Je salue mes amis qui s’en repartent, non sans crainte dans leurs yeux, j’espère seulement qu’ils renteront tous sains et saufs. Mais pour l’heure, la vie d’une personne m’importe plus que tout autre chose. La sienne à elle. Je m’approche d’elle après son sourire dans ma direction, je me sens soulagé. Je lui tends une main pour la raccompagner et je m’aperçois, non dans cette jalousie qui prend la place à la surprise que Stue fait de même.
Stue : Ne t'en fais pas pour elle, je suis là. Rentre donc tu dois être épuisé.
Qu’il soit là, je m’en m’occupe, ami ou pas. Apolline est la meilleure qui me soit arrivée depuis des années. Que lui arrive-t-il ? A-t-il pris les choses de l’autre jour à la lettre ? Compte-t-il se rabattre sur elle ? Il y a des femmes partout sur Neverland et bien au-delà des mers à présent, il est hors de question que je lui laisse la mienne ! « Je vais bien merci de t’en inquiéter, mon A.M.I » J’insiste fortement sur le mot ami pour qu’il comprenne. « Mais je tiens à la raccompagner chez elle, tout autant que toi » Le regard de mon ami se fait interrogateur. Je comprends que lui aussi connait la demoiselle et bien que je sois perplexe, je dois me reprendre, mes sentiments parlent pour moi et il est mon ami avant tout, je ne peux concevoir de me montrer aussi colérique envers celui que j’ai promis de soutenir.
Stuart : Vous vous êtes déjà rencontrés tous les deux ?
Je souris, cette question me parait inutile, je ne m’amuse pas à ramener toutes les jeunes femmes de l’île chez elle ? « Oui…en effet… je lui ai déjà sauvé la vie et elle a eu la bonté de m’offrir de dormir chez elle… » Alors là, je vais trop loin. Me voilà en train de marquer mon territoire avec Stuart. Regard qui s’affronte gentiment, mais surement, je suis là à vouloir savoir qui la connait mieux que l’autre. Est-ce que je deviendrais ce coq qui défend sa basse cour ? Un raclement de gorge me fait redescendre la pression et je me tourne vers la belle brune qui semble s’impatienter après cet épisode dont je veux oublier jusqu’à l’existence, si cela est possible.
Apolline : Quand vous aurez fini, est-ce que l’un de vous deux peut me raccompagner ? Je n’ai pas envie de rester seule… Stuart : Je viens « Je viens » voila que cela recommence, décidément, il va finir par me rendre grognon. Je veux savoir ce qu’il a l’intention de faire et pourquoi veut il absolument la raccompagner. Stuart : Soit ! Dans ce cas, nous venons tous les deux.
Et comment, je ne lui aurais pas demandé la permission de toute manière ! Je suis la marche, juste derrière Apolline et son chien, observant sa cape dans un triste état, légèrement renfrogné. C’est bien la première fois que Ginger me voit ainsi. Où peut-être le jour où nous nous étions chamaillés pour un morceau de gâteau et que c’était Boule qui l’avait avalé avant qu’on ait le temps de se la battre. Je restais silencieux et boudeur, jusqu’à ce que mon ami reprenne son interrogatoire. Ce n’est pas vrai ! Il lui veut quoi ? En plus, son ton était parfaitement déplacé, comme si j’étais un voleur qui convoitait une chose précieuse. « Je te retourne la question ? Je connais très bien Apolline, de manière…intime et je suis son ami, il était donc normal que je veuille qu’elle soit en sécurité chez elle ! » Je le mire de côté, bombant le torse, rahhh revoilà le coq ! « Et toi ? Qu'est-ce qui te pousse à la raccompagner alors que, suis-je visiblement le plus qualifié, pour ça ? » Devant nous, j’entends Apolline qui soupire et je ne peux m’empêcher de penser que peut-être je me suis trompée, si elle a accepté que Stue la raccompagne, elle est peut-être liée à lui..après…je sais qu’elle était innocente et mon ami l’est tout autant, mais…peut-être qu’ils s’envisagent et que je me suis fourvoyé en imaginant qu’elle et moi…enfin…je…
Apolline Moorehead
Beware, I'm starving
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ζ Âge : Vingt-et-un ans
ζ Statut : Éperdument amoureuse et mariée à Erim, son âme soeur
ζ Signes distinctifs : Quelques cicatrices dans son dos
« Soit ! Dans ce cas, nous venons tous les deux. » Soit, faites donc cela. Au moins, je suis certaine que Stuart ne risque rien en rentrant seul et ça me permet de côtoyer à nouveau Erim qui a disparu bien trop rapidement en laissant un mystère complet sur ce fameux mot. Les deux hommes se mettent en route et je me retourne pour marcher devant eux, laissant Pil nous guider sur le meilleur chemin à prendre pour aller dans le territoire des bêtes sauvages, là où se trouve ma modeste masure. « Et je peux savoir pourquoi tu insistais tellement à te porter volontaire pour la raccompagner ? » J’étire un sourire, la curiosité protectrice de Stuart ne finira jamais de me toucher. Cela fait maintenant quatre ans que nous sommes amis, qu’il me surprotège dès que nous nous voyons. Oh, il a été presque insupportable quand il a su que je m’aventurai seule dans le territoire des bêtes sauvages pour reprendre un commerce de rhum. Les pirates, leurs sales pattes et j’en passe : je crois que Stuart à user de tous les stratagèmes possibles pour me convaincre de ne pas le faire. Mais je l’ai fait quand même. Est-ce une simple curiosité où un réel intérêt de protection envers Erim ? Parce qu’il ignore qu’il est… enfin que je me suis donnée à lui. « Je te retourne la question ? Je connais très bien Apolline, de manière…intime et je suis son ami, il était donc normal que je veuille qu’elle soit en sécurité chez elle ! » Mes joues s’embrasent. J’ai envie de me retourner pour qu’il ne dise rien de plus, je n’en ai pas encore parlé à Stuart et je suppose qu’il ne va pas beaucoup apprécier. Après, je suis une grande fille et libre de mes choix : mais je sais qu’il est souvent – trop souvent même – protecteur et qu’il ne veut que mon bien. « Et toi ? Qu'est-ce qui te pousse à la raccompagner alors que, suis-je visiblement le plus qualifié, pour ça ? » Je lâche un soupir. Comment ils se connaissent ces deux-là ? J’ai l’impression – de la manière dont ils se parlent – qu’ils sont plus que de simples connaissances. Erim a dit « ami » un peu plus tôt, seulement à quel point le sont-ils ? Je sais qu’Erim est un ancien enfant perdu et Stuart aussi, se peut-il qu’ils se soient connus durant cette période ?
La réponse de Stuart me fait sourire et je ralentis pour me glisser entre les deux hommes, attrapant leurs bras à chacun avec un sourire. « On a eu beaucoup de chances ce soir, n’est-ce pas ? » Un moyen de changer de sujet, même si celui-ci n’était finalement pas le meilleur. Cette manie d’afficher une mine joyeuse et insensible, pour éviter de montrer à quel point j’ai eu peur, à quel point j’ai été affecté par ce passage ténébreux. Je lève la tête vers le profil d’Erim, sentant mon cœur battre avec force dans mon thorax par sa simple proximité. Je tourne les yeux vers Stuart lorsque je sens son regard et j’étire un sourire, comme prise en faute. Il n’est pas idiot et il doit avoir deviné qu’il y a quelque chose… Il voudra savoir, je le sais. « Est-ce que vous allez rester avec moi, ce soir ? Tous les deux… » Je ne veux pas que de nouveau ils déterminent qui va rester avec moi. J’ai l’impression sinon d’être un bout de viande que les gens se battent sur le marché, à qui partira avec ce morceau de viande. Je sais qu’il me reste un potage dans le chaudron, de quoi nous réchauffer et nous sustenter après cette aventure périlleuse que nous avons vécue. J’ai juste besoin de chaleur, d’un bon repas et de compagnie, surtout de compagnie. Ils ignorent combien ça été difficile de me retrouver seule, sans aucun bruit et sans aucune vie alentour jusqu’à me faire surprendre par l’énorme chien, courir en hurlant dans l’espoir d’échapper à une créature qui te poursuit. J’ai vécu mon pire cauchemar, sans savoir que ç’a été le cas aussi pour Stuart et Erim.
Comment devrais-je le prendre ? Autrement c’est certain mais comment ? Mais plus que cela, devrais-je vraiment ? Réagir autrement je veux dire. Elle est devenu une ancre à laquelle me raccrocher, comme une seconde chance de montrer que je peux veiller sur quelqu’un, comme un devoir auquel je n’ai pas le droit de déroger mais qui ne serait nullement une corvée, simplement parce que j’ai choisi de me l’imposer, parce que je veux veiller sur elle. Et lui.. qu’est-ce que j’en sais après tout. Je le connaissais, nous étions comme des frères mais depuis ? Il en a coulé de l’eau sous les ponts, il s’en est passé des choses, des aventures que nous n’avons pas partagées et de ce que j’en sais, lui il n’hésite pas devant un joli sourire. Et puisqu’il est lui aussi sur la défensive, j’ai comme l’impression que j’ai d’autant plus de raisons de me méfier. Il ne réagirait pas comme cela s’il n’avait rien à cacher ou à se reprocher.. ou les deux.
Il.. me retourne la question ? Pire encore, il admet plus ouvertement les choses. Il la connaît de manière.. intime qu’il dit. Cette fois je n’ai plus aucun doute, j’ai loupé quelque chose. Et si j’étais sur le point d’être en colère contre lui, c’est contre moi-même qu’elle se dirige à présent. Et ce dilemme aux pieds duquel me voilà placer n’arrange rien à mon état. Qu’est-ce que je sais de ces choses-là moi ? De quel droit pourrais-je juger leur histoire, si tant est qu’il y en ai une. Et je.. je m’arrête tout net, bouche bée devant son aplomb. « Plus qualifié ? Plus quali… de l’aveu de qui je te prie ? Voila des années à présent que je veille sur elle, qu’est ce qui te rendrait plus qualifié que moi pour reprendre ce rôle aussi soudainement ? » Quoi que si le quoi que ce soit entre eux a pu m’échapper, je ne suis probablement pas si bon chaperon que cela, d’où cette rage sourde contre moi-même qui me tord à présent les entrailles.
Et perdu que je suis à tenter de comprendre, de me mettre à leur place, j’en sursaute carrément quand elle vient interrompre ce qui aurait pu vite tourner à une situation plus houleuse encore et que j’aurais voulu éviter plus que tout. Apolline fait preuve de cette légèreté, de ce ton contrastant tellement avec les horreur que nous venons de traverser, de son entrain habituelle, de… de cette attitude même qui a fait que je me suis promis de veiller sur elle. Celle qui me rappelle tant de ces merveilleux souvenirs de Lizzy que j'avais trop longtemps mis de coté avant de la croiser. J'arque un sourcil à nouveau, surpris, comme elle choisit à son tour de trancher la poire en deux, nous proposant de rester tous les deux. Mais avant qu'Erim ne puisse surenchérir cette fois, je prends les devants. « Avec plaisir. Ce sera l’occasion d’éclaircir un peu tout ceci. Il me tarde d'entendre cette histoire, de savoir comment vous en êtes venus à.. vous connaître tous les deux. »
A nouveau, j’emploie un ton qui ne me ressemble pas, fusillant mon ami du regard, m'en voulant presque aussitôt mais ne changeant pas d’attitude pour autant. Je veux savoir. Je veux savoir pour me faire un avis précis sur la chose. Je le connais, il ne lui ferais pas de peine, pas volontairement. Mais tout novice que je puisse être en la matière, je sais à quel point les affaires de cœurs peuvent être douloureuses. Et ami ou non, je ne le laisserait pas lui faire le moindre mal. Et d'amour.. j'ai comme un doute sur la question puisque je sais qu'il lui arrive de batifoler sans attaches. Si jamais il compte faire la même chose avec elle....
Erim Moorehead
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Stuart : Plus qualifié ? Plus quali… de l’aveu de qui je te prie ? Voila des années à présent que je veille sur elle, qu'est-ce qui te rendrait plus qualifié que moi pour reprendre ce rôle aussi soudainement ?
Des années, j’avais bien entendu des années ?! Il a des vues sur Apolline, mais peut-être ne s’était il pas trouvé assez bien pour la belle et maintenant que je lui donnais mon aide pour surpasser sa crainte et aller vers les femmes, voilà qu’il choisissait celle que moi, j’avais choisi !? Ami de longue date, voilà que tu me mets dans une bien inconfortable situation. D’un côté, mon frère, mon pilier nouvellement retrouvé et cette jeune femme à laquelle je suis lié d’une manière qui m’est étrangère encore. Apolline, nous séparant légèrement, presque insouciante. Je n’oublie pas ce qu’il vient de se passer et j’ai encore des sueurs froides en pensant à ce chien tout droit sorti de mon pire cauchemar et qui a pris forme sous nos yeux à tous. En y repensant, je frissonne, repensant à ses têtes monstrueuses…oui, plusieurs…mais elle a été vaincue et nous sommes vivants, comment, par quelle magie ? Je m’en moque un peu pour tout dire. L’important est que tout le monde soit entier et en sécurité. Son regard châtain croise le mien et j’ai l’impensable pensée de venir lui ravir sa bouche, pour me sentir vivant. Mais avec Stue près de nous, ce serait…une trahison ? J’ai mal dans le ventre rien qu’à l’idée de devoir choisir entre eux deux.
Apolline : Est-ce que vous allez rester avec moi, ce soir ? Tous les deux…
Je prends une grande inspiration, mais mon Ginger me devance et je suis désappointé, qui ne le serait pas.
Stuart : Avec plaisir. Ce sera l’occasion d’éclaircir un peu tout ceci. Il me tarde d'entendre cette histoire, de savoir comment vous en êtes venus à…vous connaître tous les deux.
Mes yeux s’arrondissent, je n’aime pas le ton qu’il prend, un brin condescendant. Nous nous sommes connus enfants…ce n’est pas parce qu’il a décidé de grandir avant moi, qu’il doit me prendre pour un gamin. Je suis contrarié, ennuyé et en colère à la fois. Pour dire vrai, je ne sais plus où sont mes sentiments, tout se bouscule, trop de chose pour une seule journée. Après plusieurs minutes de silence que je mets à profit pour réfléchir à toutes ces questions, nous arrivons à la maison d’Apolline qui ouvre et entre en premier. Pil va vers nous, saluant Stuart, donc, il est souvent venu ici, sensation désagréable qui me fait bouillir le sang, je l’observe, il connait bien cet endroit, cela me dérange. Le chien vient vers moi et bien que j’aie une dent contre les canidés, je lui appose ma main sur la tête. Regardant fixement Stuart, comme pour lui montrer que moi aussi, je connais les lieux. La belle brune va pour allumer le feu sous son chaudron et je me précipite avant que Stue ne le fasse. « Laisse moi faire…reposes toi, après ce que nous avons vécu…je pense que tu ferais mieux de t’assoir un peu » Je la gratifie d’un charmant sourire, effleurant sa main ave douceur. Mon ami semble perplexe et je sais qu’il meurt d’envie de me poser des questions, comme il l’a si bien dit, savoir comment nous nous sommes rencontrés avec Apolline. Seulement, dois-je me montrer agressif, non ? Oui ? Je ne sais plus. Il est mon ami et elle est…la fille à qui j’ai promis de revenir, parce que…elle est la première à me faire ressentir la douleur de mon cœur. Celui qui n’a pas eu à avoir mal depuis des années. « Stue ! Peux-tu me donner le bois derrière toi, s’il te plait ? Oui, derrière la porte sur ta gauche ! Je pensais que tu connaissais la maison, pourtant ? » Aie…c’est parti tout seul…Jalousie lorsque tu nous tiens…
Apolline Moorehead
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« Avec plaisir. Ce sera l’occasion d’éclaircir un peu tout ceci. Il me tarde d'entendre cette histoire, de savoir comment vous en êtes venus à.. vous connaître tous les deux. » Je suis bien heureuse de l’entendre, même si je doute sur son envie de véritablement connaître l’histoire entre Erim et moi. Je suis moi aussi dans le noir complet, est-ce vraiment une histoire ? Non, il est parti avant même que je me réveille en laissant un mot indéchiffrable puisque je ne sais pas lire. Il devait certainement avoir mis qu’il avait passé un bon moment, me remerciant simplement de l’avoir hébergé. C’est blessant, lorsqu’on ressent des choses aussi étranges dans son cœur pour la première fois envers un garçon, ce garçon même qui n’est plus là lorsqu’on vient de lui offrir sa virginité. Lorsqu’on arrive à ma maison, je suis bien heureuse de la revoir. J’ai vraiment cru –face à cet énorme chien- que ma vie ne tenait plus qu’à un fil, mais nous sommes tous vivants. La vie me parait bien plus belle excepté qu’il fasse nuit alors que normalement, le soleil doit encore éclairer le pays. J’ouvre la porte pour rentrer, laissant les deux hommes refermer derrière eux tandis que je vais près de mon chaudron pour réchauffer son contenu. Seulement Erim vient près de moi : « Laisse moi faire…reposes toi, après ce que nous avons vécu…je pense que tu ferais mieux de t’assoir un peu », je frissonne lorsque sa main frôle la mienne et je réponds par un sourire en me redressant pour aller changer de robe. Celle-ci est déchirée à divers endroits : j’entends au loin Stuart et Erim échangé sans trop m’y focaliser. Je reviens avec deux couvertures, une pour Stuart que je donne avec une main sur son épaule et un regard bienveillant. L’autre, je l’apporte à ce garçon qui me fait vibrer rien qu’à son regard. Je lui tends avec les joues rouges, me souvenant de la dernière fois où je lui ai donné une couverture. Il avait retiré tous ses vêtements pour qu’ensuite, on termine la nuit dans ma couche. J’ai presque envie que cela se reproduise seulement, il y a Stuart et je doute que ce soit de son goût.
« Vous avez soif ? » Je vais chercher des verres que je pose sur la table avec une bouteille de rhum. Au moins, ça nous réchauffera et puis, sans me vanter, il est très bon. Pas besoin de s’abreuver jusqu’à ne plus tenir debout, mais un bon verre fait du bien. À peine installé que mon Stuart souhaite savoir comment on s’est rencontré, je réponds avant qu’Erim ne le fasse. Sa silhouette est à côté de la mienne et avoir leur présence dans ma maison fait du bien : « C’était pendant les tempêtes, il s’était abrité dans mon atelier et.. Pil l’a senti, je lui allée le mettre dehors avec ma fourche, mais il n’était pas armé et… j’ai eu confiance alors, je l’ai hébergé pour la nuit. » Je rougis, baissant les yeux sur mon verre. Je pense que ce n’est pas nécessaire de lui conter notre mésaventure pendant la tempête, le court passage emmuré derrière la terre et la fin de la nuit dans ma chambre. Pourtant, le regard de Stuart cherche des réponses, des informations supplémentaires que je ne dis pas. Il me connait, il sait quand je cache quelque chose ou quand je mens. Je suis tellement facile à déchiffrer parfois, suffit de voir la couleur de mes joues pour le deviner. Pourtant, il y a bien une chose que j’ai envie de dire, ou du moins, de savoir. Pourquoi il est parti ? Alors, tant pis si Stuart l’apprend : « On a passé la nuit ensemble et avant que je me réveille, il avait disparu. Il est parti, presque comme un voleur… Il a laissé un mot mais je ne sais pas lire... Il devait simplement me remercier pour le toit et... ce que je lui ai donné ! » Je lance un regard accusateur sur Erim avant de tourner les yeux vers mon ami, craignant un peu l’effet de cette révélation sur lui.
C'est étrange cette sensation. Moi, jubiler intérieurement de la sorte, cette fierté idiote quand Pil vient me faire la fête, quand Erim enrage en silence en le voyant faire... qui l'aurait cru. Je ne sais même pas pourquoi. Pourquoi suis je ravi que ça l'agace à ce point. Et sa façon de me narguer quand le chien s'en va vers lui ensuite. Ainsi nous allons passer la soirée à ça ? Nous défier l'un l'autre sur des détails ? Pathétique. Et voilà qu'il se met à jouer les charmants, les chevaliers servants. Là encore, la même question me trotte à l'esprit.. pourquoi ? Mais cette fois c'est parce que je ne comprends pas vraiment pourquoi ça me surprend. C'est quelqu'un de bien, Erim, je le sais, j'en suis intiment persuadé. Alors bon sang pourquoi je me mets dans des états pareils ? Ce crétin me fait presque aussitôt regretter cette pensée, me lançant une pique adroite sur le fait que je suis supposé connaître les lieux. Je me contente d'un vague « Je sais merci. » trop sec puis je serre les dents en silence et je m’exécute, lui ramenant le bois qu'il demande avec, soyons honnête, assez peu enthousiasme et une mauvaise volonté apparente. Il commence à m'agacer avec ses allures de coq de basse cours.
Et finalement, la seule personne censée ici, c'est elle, Apolline, c'est elle qui brise le silence, m'évitant probablement de continuer à ruminer ce qui n'aurait rien donné de bon à coup sur. « C'est très aimable à toi, merci. », simple et court remerciement pour ce verre qu'elle nous offre mais j'ai peur que quelques mots de plus suffisent à laisser transparaître la nervosité qui est la mienne. Cependant, une fois que nous sommes attablés, je romps le silence qui menaçait de s'installer à nouveau. Il y a cette question qui me taraude toujours et que finis par poser tout en jouant d'une main avec mon médaillon. « Vous ne m'avez pas raconté... » parce que oui, je leur en veux à tous les deux pour ne m'avoir rien dit avant que je ne le découvre de la sorte « .. qu'est ce qui a bien pu provoquer votre rencontre à tous les deux ? Je veux tout savoir. » Je pose un regard inquisiteur sur mon vieil ami en guise de ponctuation à ma phrase. Hisoire de bien lui faire comprendre que je veux savoir parce que j'en ai le droit qu'il le veuille ou non. Mince, c'est moi qui joue les jeunes coqs à présent...
J’écoute la jeune femme me raconter cette fameuse rencontre, passant mon regard de l'un à l'autre au fur et à mesure de son récit. La scène est plutôt aisée à imaginer. Elle a toujours eu du courage, Apolline, et je la vois presque comme si j'y étais, fourche en main, prête à se défendre face à un intrus sans avoir réfléchi à l'avance à ce qu'elle aurait pu faire réellement si elle était tombée sur quelqu'un d'autre. Mais ça, ce n'est qu'un début, ça ne me dit pas pourquoi ils semblent se connaître bien plus que s'ils s'étaient simplement croisés ainsi. Bien plus.... à la façon qu’elle a de rougir, je devine la suite. Erim... s'il compte jouer avec elle comme il avait dit le faire avec la serveuse, un soir à gauche un soir à droite, je.. je quoi au juste ? Comment suis je sensé réagir à ça. D'autant qu'elle le confirme.
J'ai lâché mon pendentif pour venir faire tourner le verre entre mes doigts, grinçant des mâchoires en silences, cherchant la réaction qui serait la plus appropriée tout en étant la moins dramatique. Dramatique, parfaitement. Parce que je suis à deux doigts de me lever pour sauter à la gorge de mon .. ami.. et lui faire regretter d'avoir pris Apolline pour une de ces filles avec lesquelles il peut s'amuser impunément. Seulement... seulement pourquoi réagirait-il comme il le fait depuis tout à l'heure si c’était le cas ? Il ne se comportait pas comme cela avec cette autre fille.. Ondine il me semble. Alors quoi ? Quelle peut être la différence à ses yeux ? « Pourquoi ? » Que je finis par siffler à mi voix avant de relever le regard vers lui. « Pourquoi tu t'es tiré comme ça ? Quoi que si c'est pour répondre que t'avais rendez vous avec Ondine, je t'annonce tout de suite que je vais mal le prendre, et je serais certainement pas le seul. » Je m'en veux presque aussitôt d'avoir prononcé ces mots... si son excuse... si jamais il la fait pleurer devant moi, c'est sur, vieux frère ou non, ça va mal finir.
Erim Moorehead
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 18/08/2015
ζ Messages : 2801
ζ Avatar : Alexander Ludwig
ζ Localisation : A Blindman's Bluff dans une belle maison près de celle du Gouverneur
ζ Occupations : Ancien enfant perdu, ancien mineur...Bras droit du gouverneur
ζ Âge : Vingt-trois ans
ζ Statut : Marié à la plus délicieuse des vendeuses de Rhum de Blindman
ζ Signes distinctifs : cicatrice en dessous de l'épaule gauche causée par une balle
La douce voix d’Apolline a au moins le mérite de me faire sortir de mes sombres pensées et de me remettre les pieds sur terre. Elle s’approche et je la gratifie d’un large sourire, la remerciant du verre qu’elle me tend. Stue fait de même et malgré le fait que je sois tendu de ne pas savoir ce qu’il se passe entre eux, je ne veux rien en montrer. Il est nerveux, mon ami et je crains d’en deviner les raisons. Une chose qui ne me plait pas, je suis pris entre mon ami de toujours ou presque, je ne compte pas nos années l’un sans l’autre, et surtout avec cette fille qui semble avoir de l’importance pour nous deux. Il va sans dire que si le destin m’obligeait à choisir, je sais parfaitement que j’en souffrirai d’une manière ou d’une autre, parce que perdre l’un ou l’autre des personnes de cette pièce serait plus qu’intolérable au final. Ginger pose son verre après l’avoir fait tourner un peu entre ses larges mains, il aimerait connaitre notre histoire, savoir comment nous nous sommes connus et je crains la réponse que je vais lui faire. Seulement, Apolline me devance avec cette faiblesse dans la voix, comme si des choses ne devaient pas être dites et d’autres qu’elle aimerait pouvoir laisser sortir. Je ne pourrais pas me l’expliquer, mais je sens qu’il y a bien trop de tension dans cette conversation de part et d’autre. L’explosion est inévitable.
Apolline : … On a passé la nuit ensemble et avant que je me réveille, il avait disparu. Il est parti, presque comme un voleur… Il a laissé un mot mais je ne sais pas lire... Il devait simplement me remercier pour le toit et... ce que je lui ai donné !
Je tourne mon visage directement vers elle, comme si la révélation de son illettrisme faisait soudain écho à sa manière colérique de m’annoncer son incompréhension. Comment aurais-je pu le savoir ? Elle tient des comptes pour son commerce, la majorité des commerçants de cette île savent lire et écrire. J’ouvre la bouche pour me défendre, je veux m’expliquer, ce n’est pas ça. J’étais obligé de partir et tout s’est enchainé si vite que par la suite, je n’ai pas eu l’occasion de revenir la voir. Ce ne sont pas des balivernes, je suis innocent des crimes qu’on me reproche. Apolline regarde vers Stue, comme si elle lui demandait, sans le prononcer, de me faire payer ce que j’avais osé lui faire. S’il était amoureux d’elle secrètement, j’allais surement passer une sale moment, mais pour ma défense, je n’avais rien à me reprocher. L’agacement dans le regard du roux, de mon ami est présent, je le vois parce que je le connais depuis très longtemps. Pire encore, je retrouve de la colère et presque de la haine contre une chose que je n’ai pas faite, je le promets. « Laisse-moi… » Seulement, je vois bien qu’on ne m’autorisera pas la parole tant que les choses n’auront pas été dites.
Stuart : Pourquoi ? … Pourquoi tu t'es tiré comme ça ? Quoi que si c'est pour répondre que t'avais rendez-vous avec Ondine, je t'annonce tout de suite que je vais mal le prendre, et je serais certainement pas le seul.
Quoi ? Pourquoi, il me parle d’Ondine maintenant ? Je fronce des sourcils, c’est quoi la relation, je n’ai pas touché à Ondine depuis que j’ai passé la nuit avec Apolline….Mais…comment peut-il le savoir, après tout, je ne me suis pas penché sur le sujet en sa présence. Son cas était bien trop compliqué pour en ajouter le mien. La brune à mes côtés se lèvent furieuse et je clos mes paupières, respirant un grand coup, alors qu’elle claque la porte de sa chambre en prononçant quelques mots qui me touchent profondément. « Mais !!!! » Je me lève, mes bras montrant le plafond puis le sol, ma tête bascule de droite à gauche, je soupire, je peste entre mes dents. « Tu as encore bien des choses à apprendre sur les femmes, mon ami ! CE GENRE de chose ne se dit pas devant une femme avec qui on a passé la nuit et encore plus, lorsqu’elle était innocente avant mon passage ! Tu…. » Je fais le geste comme si je l’étranglais. « Tu te rends compte de ce que tu viens de faire !? Hein ?! Je ne suis pas un coureur de fille, comme tu sembles le penser, j’aime cette fille, là, derrière cette porte et visiblement toi aussi, ce qui fait que je suis assez perdu, je l’avoue…Tu es mon ami avant tout chose, mais elle…. » Je me tourne vers cette porte close qui me brise le cœur. « Pour elle, je suis parti le cœur lourd ce matin-là….mais je n’avais pas le choix, ma maison était en ruine et je voulais être certain qu’elle est résistée à la tempête…Ce n’était pas le cas…ensuite…tout est allé très vite, toi…notre soirée…Peter et les enfants perdus…Les pirates, le bateau de Barbe noire, le chien géant… ! Tout……CA ! » Je débite mes paroles très rapidement, comme si j’avais eu l’impression que tout c’était enchainé dans ma vie depuis quelques temps. Je lève une main vers lui. « Je sais ce que tu vas dire, si tu l’aimes…alors…je me retirerai, l’amitié avant tout…seulement, je ne t’avais pas revu lorsque je l’ai rencontré….et…elle m’a… » Je souris bêtement d’un coup, je ne trouve pas mes mots. «…elle m’a fait chavirer le cœur…je ne savais pas qu’elle ne savait pas lire, tu sais…tu peux m’en vouloir, tu peux me haïr aussi, mais je n’ai rien à me reprocher, je lui disais qu’elle était un ange, que je reviendrai et que mon cœur lui appartenait…J’aurai dû lui dire que j’étais également un crétin…non ? » Je souris bêtement avant de poser mon séant sur le banc. « Frappe moi, si cela te défoule, crie moi dessus d’être un crétin amoureux de la même fille que mon meilleur ami…qu’est-ce que je pourrai faire pour qu’elle ne pense pas qu’elle était comme les autres…autres qui ne sont pas si nombreuses d’ailleurs… »
Je n'aurais pas du parler de ça. Pas devant elle. J'aurais du attendre d'être seul avec Erim, lui en toucher deux mots entre quatre yeux. Il était évident qu’elle le prendrait mal. Imbécile. Je ne suis qu'un imbécile. Je voulais la protéger d'une histoire qui aurait pu lui faire du mal et ce sont mes mots à moi qui la blessent. Elle a claqué la porte derrière elle et moi j’ai fermé les yeux, me mordant la joue à m'en faire saigner. Imbécile.
Et comble de tout, c'est lui qui me fait des reproches à présent. Je serre les poings, prés à bondir de ma chaise quand il a la bassesse d'utiliser les confidences que je lui avais faites pour me rappeler que je ne sais rien des femmes. De quel droit est-ce qu'il se permet ce genre de choses ? Mon ami ? Il se comporte en tout sauf en ami en cet instant. Et pourtant.. pourtant la suite de ses propos me stoppe dans tout élan qui aurait pu me venir. « j’aime cette fille, là, derrière cette porte » Il quoi ? C'est donc ça ? Il s'agit d'amour ? Et si les mots précédent me brisaient le cœur comme il se rabaissait à m'attaquer sur un terrain sensible, voilà que les suivants semblent égayer la pièce et mon âme avec. Il s’emballe dans une énumération des faits qui ont suivit sa nuit avec Apolline et moi, je ne peux retenir un petit sourire de pointer le bout de son nez sous le mien. Et plus il parle, plus ce sourire se dessine nettement tant et si bien que je m'efforce de garder la tête basse pour ne pas le lui laisser voir. Nul doute qu'il le prendrait mal, très mal, lancé comme il est dans son plaidoyer. Mais quand il en arrive à sa conclusion, la conclusion la plus stupide que je n'ai jamais entendue, j'ai franchement du mal à ne pas éclater simplement de rire.
Il me faut faire un effort surhumain pour ne pas me lever et le serrer entre mes bras dans une franche accolade. Un ange qu'il dit, Apolline est un ange à ses yeux, oh s'il savait.... Je le laisse finir, se rasseoir, débiter quelques conneries de plus, puis je cède à ce fou rire qui menaçait. Néanmoins je crains qu'il ne le prenne mal aussi je m'explique rapidement. Enfin du mieux comme j'en ai à présent les larmes aux yeux tant mon fous rire est incontrôlable. « Crétin tu dis ? Mais c'est bien pire que ça mon ami. De crétins, il y en a deux dans cette histoire. J'en suis aussi tu vois. » Non décidément, je ne parviens pas à retrouver mon calme et je lève les deux mains devant moi pour lui faire signe de me laisser finir avent de laisser libre cours à sa colère ou quoi que ce soit que ma réaction lui inspirerait. « Si je l'aime ? Évidement, mais certainement pas de la façon dont tu l'entends vieux frère. Ce qu'il y a entre elle et moi va bien au delà de ça. Tu la comparais à un ange, mais c'est justement ce qu’elle est vois tu. Un ange qui s'est placé sur ma route un soir il y a des années de ça. Un ange qui m'a rappelé quelqu'un que tu as bien connu toi aussi. Un ange en qui j'ai vu un peu d'elle.. de Lizzy... sa façon d'être, son caractère, quelques mots qu'elle a employés...» Mon rire s'est arrête net sur les dernières phrases et je me penche à présent vers lui avec un regard plus grave. « Et c'est justement pour cela, mon cher ami, que je n'aurais pas toléré que tu la prennes pour une de ces filles dont le cœur te sert d'auberge les soirs de solitude. Mais si tu me jures que chacune de ces paroles que tu as prononcées étaient sincères, que tu ne t’intéresseras plus aux autres, s'il est vrai que tu lui écrivais que ton cœur lui appartient et que tu en pensais chaque mot... alors Calico par pitié cessons cette mascarade et excusons nous tous les deux auprès d'elle de nous êtres comportés comme deux imbéciles tu veux bien ? »
J'ai ponctué ma phrase d'une tape sur son épaule. Simple geste pour mettre un terme à ce quiproquo ridicule qui aurait put nous coûter cher, à tous les trois. S'il l'aime, s'il l'aime vraiment.. bon sang, mais comment pourrais-je ne pas leur souhaiter tout le bonheur possible ! Encore faudrait-il qu’elle lui pardonne ce que j'ai vilement lâché dans la conversation. Je m'en voudrais trop d'avoir commis cette erreur si elle s'avérait être irréparable...