Ma main frappe avec force la pâte que je suis en train de préparer qui servira à soigner une douleur au niveau des dents. Elle ressemble à celle que préparent les boulangers à Blindman’s Bluff, sauf que ce ne sont pas du tout les mêmes ingrédients et qu’elle n’est pas comestible. Bien évidemment, on ne risque pas de mourir si on avale, mais simplement d’avoir de grosses douleurs abdominales. Donc, c’est à éviter. Une main se pose sur mon épaule et je tourne les yeux sur ma mère, un sourire sur son beau visage : « A qui penses-tu lorsque tu malaxes cette pâte Lila ? Parce que je pense qu’elle a été suffisamment mélangée, non ? » Je recule, essuyant mes mains sur le morceau de tissu enroulé autour de ma taille pour éviter de salir ma robe par les éclaboussures de mes concoctions. « Oui tu as raison.. » Je soupire, reformant une boule avec la préparation et je place un tissu dessus pour laisser reposer. Ensuite, j’y incorporerais de l’huile et des feuilles séchées. « Qu’est-ce qui se passe ? » Je lève des épaules : « Rien maman, tout va bien. » Elle lève un sourcil, pas convaincu, mais je fais un mouvement de la main. Je n’ai absolument pas envie d’en parler. Elle finit par me laisser et je m’installe sur un fauteuil, près de mon chaudron vide pendu au-dessus d’un reste de bois pas encore brûlés. Pourquoi suis-je aussi en colère ? Un nom : Set. Je l’ai vu, il y a environ trois jours tiré par la main une fille dans son habitation et je suis restée plus d’une heure à attendre qu’elle ressorte, ce qu’elle a fini par faire avec les cheveux emmêlés. Aucun doute sur ce qu’ils ont fait tous les deux. Voilà la raison de ma rage. Je déteste le prendre sur le fait : savoir qu’il côtoie d’autres filles que moi est suffisamment agaçant, mais le voir… J’ai autant envie de le frapper que cette catin qui s’offre aussi facilement.
Et dire que lui aussi n’aime pas lorsque je vais voir d’autres hommes, mais s’il veut que j’arrête, il n’a qu’à arrêter d’attirer toutes les donzelles qu’il croise. Je frappe mon chaudron du pied, sursautant au bruit qu’il fait en chutant sur le sol. Je soupire, me levant pour le remettre en place avant de crier lorsqu’on frappe : « Il n’y a personne ! » Je n’ai pas envie de compagnie, ni de faire semblant d’aller bien. Je ne cesse d’avoir des images dans ma tête, pire encore, j’ai toujours peur qu’il s’entiche d’une de ses conquêtes et finisse par me dire que nous deux, c’est fini. Pourtant, ça va arriver puisque mon père veut que je me marie. Mais je ne suis pas prête et il ne m’imposera pas un mari. Pas encore. Il m’a promis de me laisser jusqu’à l’hiver prochain. De me choisir moi-même un époux, sinon il le fera à ma place comme le font tous les pères Unami. Dans mon malheur, on va dire que j’ai de la chance. Ma porte s’ouvre et je me retourne pour incendier, pire encore, envoyer valser l’intrus, mais je m’arrête net dans mon venin lorsque je reconnais Set. Il étire un de ses sourires qui me font fondre bien souvent, ferme la porte pour s’approcher. A son regard, je devine ce qu’il veut. A sa façon de me regarder, de me toucher lorsqu’il est face à moi. Il veut que nous nous réchauffions : mais il n’a qu’à aller voir cette petite catin de l’autre jour parce que je ne suis pas réceptive aujourd’hui. Je le repousse, éloignant ses mains de mes hanches. « Ne me touche pas ! » Je m’éloigne, mettant de la distance entre son corps et le mien, nous sommes comme des aimants et je n’ai pas envie de lui céder. Je suis en colère. Je suis folle de rage même, débordant de jalousie.
Il ne comprend pas. Bien sûr qu’il ne comprend pas, parce que Monsieur va penser qu’il n’a rien à se reprocher. Mais si, il a tout à se reprocher. Le fait de m’attirer autant, de me rendre aussi folle quand il en regarde une autre, quand il en touche une autre. Le fait de me manquer quand je le ne vois pas, de me rendre dépendante de son odeur, de son sourire, de ses yeux sombres. Je le déteste, s’il savait combien je le déteste en cet instant. « Qu’est-ce que tu as fait hein… Oh, je ne sais pas…réfléchi un peu, à moins que tu ais perdu ton esprit dans les bras de cette catin ! » Ma voix s’élève et se brise sous la colère. Je noue mes mains tremblantes et je soupire, avant de faire un mouvement de tête vers ma porte : « Va t’en, je ne veux pas te voir ! »
Les paroles de sa soeur résonnent dans sa tête, alors qu'il s'aventure jusqu'à la demeure de sa belle indienne. « Vous êtes fait l'un pour l'autre. Je vois comment tu la regarde, tes yeux ne peuvent pas mentir, Set... N'attends pas qu'elle se marie à un autre... Tu vas la perdre... » Ayanna, elle n'a que seize ans, elle ne connait pas l'amour, elle ne sait pas de quoi elle parle. Il essaie de s'en convaincre, parce qu'il a la trouille, voilà la vérité. Sa petite soeur n'est pas une idiote, elle voit bien qu'il se trame quelque chose entre eux et elle n'a pas peur d'en parler. Elle n'est qu'une adolescente, pourtant elle se montre plus réaliste qu'eux. Set-angya, il n'arrive pas à se défaire de l'emprise de Ma'Lila, il est sous son charme et ça va bien au-delà du physique. Il l'apprécie et il pourrait laisser sa peau pour la protéger. Il est courageux, mais pas suicidaire pour autant. Il n'y a qu'avec ceux qu'il aime vraiment qu'il se montre aussi protecteur et la belle indienne en fait partie. Il le sait, il ne se le cache pas. Il sait qu'elle n'est pas comme toutes les autres femmes qui écartent les cuisses pour lui, elle est beaucoup plus. Mais de l'amour ? Non, pas ce genre d'amour, c'est impossible. Set-angya, il n'aime pas de cette façon. Mais pourquoi se montre-t-il si jaloux, si possessif, s'il n'est pas amoureux ? Pourquoi aimerait-il la considérer comme sa chose, son bien, sa propriété ? Il ne sait pas, ça le dépasse complètement, tout ce qu'il sait, c'est qu'il a besoin d'elle, il a besoin de sa présence, il a besoin de son corps.
Son poing frappe contre la porte et aussitôt, sa voix résonne. « Il n’y a personne ! » Il fronce légèrement les sourcils. Elle ne veut voir personne, mais pourquoi ? Set-angya, il n'en sait rien, mais il veut le savoir. Il sait qu'elle ne lui ouvrira pas la porte, voilà pourquoi il l'ouvre lui-même sans attendre. Un sourire s'étire sur les lèvres du guerrier et il ferme la porte derrière lui, s'approchant d'elle. Il pose ses mains sur ses hanches, approchant son corps du sien, tentant de chasser les paroles de sa soeur et les questions qu'elle a fait surgir dans son esprit. Sa belle indienne le repousse, elle éloigne ses mains d'elle. « Ne me touche pas ! » Elle s'éloigne de lui, alors qu'il la regarde sans rien comprendre. Elle est visiblement en colère, mais pourquoi ? Qu'a-t-il fait ? Il n'en sait absolument rien, mais il sent qu'il va bientôt le savoir. « Lila, qu'est-ce que... » Elle le coupe dans ses paroles. « Qu’est-ce que tu as fait hein… Oh, je ne sais pas…réfléchi un peu, à moins que tu ais perdu ton esprit dans les bras de cette catin ! » Elle lève le ton et sa voix se brise. Voilà ce qu'elle a, elle est jalouse, comme trop souvent. Set-angya, il secoue la tête, s'apprêtant à parler, mais elle parle avant lui. « Va t’en, je ne veux pas te voir ! » Le chasseur franchit la distance qui les sépare, sous son regard rempli de rage. « Lila, tu me fais encore la gueule à cause d'une fille ? » Il plisse les yeux, ses iris sombres parcourant ses traits, son visage magnifique. Il vient déposer ses deux mains sur les joues de la guérisseuse, mais elle les retirent avec violence.
« Bon-sang, Lila ! Toi et moi, on est pas un couple et ça te convient, alors pourquoi es-tu en colère ? » Les yeux de Set-angya continuent de l'observer, il veut comprendre. Il déteste lui-même la voir au bras d'un autre, il déteste qu'elle parle à un autre, mais il ne lui fait pas de crise. L'imaginer se marier à un autre le met hors de lui et il ne comprend pas pourquoi. Est-ce la même chose pour elle ou contrairement à lui, elle comprend parfaitement pourquoi elle est en colère ? Ils sont deux aimants, ils se cherchent, ils se trouvent, mais en ce moment, c'est beaucoup plus compliqué que ça, il le sait. Il y a quelque chose qui a changé entre eux, les sentiments évoluent, mais il est beaucoup trop orgueilleux pour l'avouer. Pourtant, Ma'Lila est la flamme qui l'anime, il a besoin d'elle auprès de lui et s'il ne le réalise pas bientôt, il risque de la perdre et ça, peut-être pour toujours. C'est Ayanna qui a raison, elle ne fabule pas, il devrait tenter quelque chose pour la garder auprès de lui, mais il est trop froussard pour se l'avouer.
Ma'Lila Zïhnâ
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Set n’accepte pas la distance que j’impose entre nous, généralement je suis plutôt celle qui vient coller mon buste contre le sien, mais pas aujourd’hui. « Lila, tu me fais encore la gueule à cause d'une fille ? » OUI ! J’ai envie de lui arracher les yeux et la langue à cette bougresse, mais surtout à lui parce qu’il sait que je ne vais pas apprécier et pourtant, il continue. Il pose ses mains sur mon visage, mais je les retire avec rage, je ne veux pas craquer cette fois. Je veux véritablement lui faire comprendre que je ne supporte pas ses allées et retours entre les donzelles du camp et d’ailleurs. Je veux qu’il se contente que de moi, mais, c’est certainement trop lui demander. « Bon-sang, Lila ! Toi et moi, on est pas un couple et ça te convient, alors pourquoi es-tu en colère ? » Je lève les yeux vers Set, ouvrant la bouche pour répondre seulement… pourquoi je suis en colère ? Je fronce des sourcils avant de me retourner, croisant les bras sous ma poitrine pour réfléchir, pour comprendre pourquoi je suis en colère et pourquoi j’ai eu si mal quand il a dit que nous n’étions pas un couple. Pourquoi j’ai eu l’impression qu’il m’arrachait le cœur à ses mots ? C’est pourtant une vérité, nous ne sommes rien l’un pour l’autre, juste deux amants, deux amis… rien de plus. Le silence envahit ma maison, Set semble respecter que je ne parle pas, que je ne réponde pas immédiatement à sa question, mais je sais aussi qu’il va rapidement demander une réponse. Qu’il va perdre patience. Je soupire. Pourquoi je suis en colère ? Pourquoi je ne supporte pas qu’il soit avec une autre ? Pourquoi j’ai si mal quand il embrasse une fille qui n’est pas moi, quand il la touche, quand il la regarde ? Mes lèvres se pincent, je sais pourquoi. Je le sais certainement depuis très longtemps seulement, je n’ai jamais voulu me l’avouer. Il faut être stupide pour ne pas le remarquer et finalement, Ayanna avait raison. Elle a vu ce que j’ai été incapable de voir. Mes sentiments, mon émoi pour Set. J’en suis amoureuse et c’est la raison pour laquelle j’ai si mal… mais aussi pourquoi je suis en colère.
Ses mains viennent se poser sur mes épaules et je ferme les yeux, sentant son torse se coller contre mon dos. Une étreinte, c’est tout ce dont j’ai besoin seulement… à combien d’autres filles fait-il ça ? Combien lui font une crise de jalousie comme moi ? Sa tête va sur mon épaule, contre la mienne et je reste ainsi, droite dans son étreinte à espérer plus, tellement plus. Mais Set n’est pas l’homme d’une seule femme et s’il le devient, il ne me choisira jamais. Je ne le mérite pas. Je ne suis pas à sa hauteur. Ses mains font pressions sur mes hanches, peu à peu, je me retrouve en face de lui et nos lèvres s’unissent. Si je n’en étais pas absolument certaine, avec ce baiser et tout ce que je ressens, c’est indéniable : je suis amoureuse de Set. Pourtant, avant que notre baiser n’aille plus loin, j’écarte ma bouche tout en restant mon front contre le sien : « Je ne peux pas continuer Set… » Il me mire et je baisse les yeux. Mon visage est humide, je déteste ma faiblesse en cet instant et encore plus les larmes qui glissent sur mes joues depuis que je me suis rendue compte, que je suis amoureuse de lui. « Non, je ne peux pas continuer… Tu… Je vais bientôt me marier, je le dois pour former une famille et… on ne pourra plus… » J’ai juste envie de lui crier au visage que je le veux, mais uniquement pour moi, seulement je n’y arrive pas. « Il faut qu’on arrête ! Comme tu le dis, on n’est pas en couple et moi… j’aimerai être un couple, avoir des enfants, fonder une famille. Je suis en âge de le faire seulement, je ne peux pas tant que tu seras là… » Mes mirettes affrontent les siennes, pourquoi ne lis-tu pas mon regard Set ? Il te supplie, il t’implore…
Le regard de l'indienne est rivé sur lui, elle ouvre la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sort d'entre ses lèvres. Ma'Lila, elle fronce les sourcils et lui fait dos, croisant les bras. Elle ne parle pas et Set-angya, il ne brise pas le silence qu'elle a installé. Il a l'impression qu'elle a besoin de penser, l'impression qu'elle cherche elle-même cette réponse qu'il demande à savoir. Il ne brise pas ce silence, il la laisse trouver une réponse, mais ses mains viennent se poser sur les épaules de la guérisseuse. Il a besoin de briser la distance entre eux, il a besoin de se coller à elle, besoin qu'il ressent de plus en plus chaque jour. Le guerrier pose sa tête tout près de la sienne et elle ne bouge pas. La colère qu'elle ressentait une minute plus tôt semble se dissiper, la douceur reprend possession de la belle indienne. Les mains de Set-angya glissent sur ses hanches et il l'oblige à se retourner vers lui. Leurs lèvres s'unissent, le jeune homme en prend possession, jusqu'à ce qu'elle retire les siennes, son front contre celui de l'indien. « Je ne peux pas continuer Set… » Il l'observe, plissant légèrement les yeux. Que veut-elle insinuer par là ? Pourquoi ne peut-elle pas continuer ? Les larmes glissent sur ses joues et Set-angya, son coeur se serre à cet instant. Il déteste voir les gens qu'il aime souffrir et en ce moment, elle souffre et il ne sait pas pourquoi. « Lila... » Un murmure, il n'a pas envie d'imposer sa voix, il n'a pas envie de la brusquer, il veut la laisser s'expliquer.
« Non, je ne peux pas continuer… Tu… Je vais bientôt me marier, je le dois pour former une famille et… on ne pourra plus… » Ses sourcils se froncent légèrement. Depuis quand toutes ces choses ont de l'importance ? Elle a toujours dit ne pas vouloir se marier, alors en parle-t-elle aujourd'hui ? « Il faut qu’on arrête ! Comme tu le dis, on n’est pas en couple et moi… j’aimerai être un couple, avoir des enfants, fonder une famille. Je suis en âge de le faire seulement, je ne peux pas tant que tu seras là… » Il ne comprend pas, Set-angya. Pourquoi lui dit-elle tout ça ? Quelque chose a changé en elle, quelque chose à bougé. Ses pouces viennent essuyer les larmes de sa belle Lila, mais d'autres les remplacent rapidement. Ses iris sombres parcourent son visage, ses traits. Il cherche à comprendre, sans avoir à lui demander pourquoi. Il sent ce pincement au coeur, à l'idée de tout arrêter. Il sent cette douleur qui l'envahit à l'idée de la voir mariée à un autre et qui s'intensifie à l'idée de la voir porter l'enfant d'un autre. Pourquoi ressent-ils ces choses là ? Pourquoi est-ce que ça lui fait de plus en plus mal ? Set-angya, il ne veut toujours pas voir l'évidence. Il secoue légèrement la tête, ne la quittant pas des yeux pour autant. Non, il ne comprend toujours pas et les questions se bousculent dans son crâne. Il ne comprend pas ses propres émotions et il ne comprend pas celles de l'indienne.
« Depuis quand veux-tu être en couple, Lila ? Le mariage, les enfants, ça n'a jamais eu d'importance pour toi, alors pourquoi maintenant ? » Non, il ne comprend pas, même s'il cherche au fond de ses yeux remplient de larmes. Tout ce qu'il voit c'est la douleur qu'elle ressent et il n'en cerne pas bien la source. « Toi et moi, ça ne peut pas s'arrêter, pas comme ça... Je ne veux pas et toi non plus... Alors pourquoi ? » Set-angya, il n'a jamais eu un bon contrôle de lui, trop impulsif, trop émotif, trop emporté. Il sent ses mains qui tremblent légèrement et tout son corps, d'ailleurs. Il ne veut pas la perdre, elle a trop d'importance et il s'en rend de plus en plus compte. Et malgré l'évidence, il cherche à chasser la vérité, celle qui devient trop flagrante. Set-angya, il ressent bien plus que de l'attirance sexuelle envers Ma'Lila, bien plus que de l'amitié. Ça lui monte à l'esprit en ce moment, car sinon, il ne réagirait pas de la sorte et il tente de faire taire cette idée. Elle mérite un homme qui saura prendre soin d'elle, un homme qui saura la choyer dans tous les domaines, un homme qui saura l'aimer et qui ne pensera pas à d'autres femmes... Lui, il n'est pas cet homme, elle mérite beaucoup mieux.
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« Depuis quand veux-tu être en couple, Lila ? Le mariage, les enfants, ça n'a jamais eu d'importance pour toi, alors pourquoi maintenant ? » Est-ce que ça en a aujourd’hui ? Peut-être, par crainte de n’avoir jamais ma propre famille et la pression qu’exercent mes parents. Si j’étais chez les Piccaninny, je n’aurais pas besoin de me stresser sur mon avenir conjugal, hélas, mon père veut que sa fille unique se marie et donne un héritier à notre famille. « Toi et moi, ça ne peut pas s'arrêter, pas comme ça... Je ne veux pas et toi non plus... Alors pourquoi ? » Je me retire de cette étreinte qui ne fait que me brûler la chair et broyé mon cœur. Je me place derrière la table, de façon à pouvoir m’éloigner si je le vois s’approcher de moi. Plus il est proche, moins j’ai envie de lutter et pourtant, je le dois. Après ce que je viens de comprendre, après les nombreuses tentatives d’Ayanna de m’ouvrir les yeux : je le fais au mauvais moment, pour une minable phrase. « Qu’est-ce que tu en sais que je ne le veux pas Set ? On se contente uniquement de se réchauffer tous les deux ! On ne parle pas, on répond simplement à un désir primaire et rien de plus ! Mais moi, je ne suis pas coincée des sentiments ! J’ai un cœur et j’ai envie d’aimer ! J’ai envie de fonder une famille ! » Je détourne le regard, reprenant ma respiration bien que je sens dans ma poitrine mon cœur s’accélérer. Je croise ses yeux sombres avant de tourner la tête en direction de ma porte : « Il vaut mieux que tu partes maintenant, Set. Entre nous, c’était bien, mais c’est fini maintenant alors, retourne auprès des autres et oublie-moi… » J’accompagne le geste à la parole, allant ouvrir ma porte pour l’inciter à sortir de ma demeure. Il se retourne une fois dehors et je lui claque la porte au visage, par crainte qu’il parle à nouveau et que je finisse par craquer.
Plusieurs jours passent sans que je ne recroise Set. Je suis chez mes parents, laissant ma mère m’observer et me palper le ventre, car j’ai des nausées matinales depuis plusieurs jours. Je crains de connaître déjà la cause seulement, j’ai besoin de l’entendre de quelqu’un d’autre. « Et bien Lila, tu portes la vie. » Je ferme les yeux. « Comment… » Je l’observe et elle étire un sourire, baissant les yeux sur mon ventre dénudé. « Tu vas lui dire ? » Je remue de la tête. Non, tout est fini entre nous et c’est mieux. Il n’a pas rampé vers moi pour qu’on continue, pour qu’on essaye d’être en couple : il ne m’aime pas comme moi. Alors, je dois simplement faire mon deuil et penser à mon avenir, penser à… mon enfant. « Tu es sur que c’est Set ? » Je lève le regard vers ma mère, outrée. « Penses-tu que je suis une catin mère ?! Je n’ai été qu’avec Set ces dernières semaines ! » Elle hoche de la tête et je sors de chez elle pour rentrer chez moi. Sur le chemin, je croise Mackh qui me raccompagne jusqu’à chez moi, remarquant mon teint pâle. On converse jusqu’à devant chez moi, puis avant qu’il ne cherche plus, je rentre chez moi et je m’installe dans un fauteuil en caressant mon ventre. Je porte un enfant, celui de Set. Je ne suis ni marié, ni en couple et pourtant, je porte la vie. Peut-être que je pourrai me contenter de cette vie… élever cet enfant seule et continuer à aimer en silence Set. Oui, je vais choisir cette voie.
La belle guérisseuse s’éloigne de lui et vient se placer derrière la table, mettant suffisamment de distance entre eux. Les iris sombres de l’indien la fixe, la scrute. Il ne comprend pas ce qui vient de passer entre eux et tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne veut pas que tout s’arrête. « Qu’est-ce que tu en sais que je ne le veux pas Set ? On se contente uniquement de se réchauffer tous les deux ! On ne parle pas, on répond simplement à un désir primaire et rien de plus ! Mais moi, je ne suis pas coincée des sentiments ! J’ai un cœur et j’ai envie d’aimer ! J’ai envie de fonder une famille ! » Coincée des sentiments… Il voit bien qu’elle le pointe du doigt, mais Set-angya, il n’y peut rien, il a cette barrière qu’il ne peut pas franchir. S’il voudrait lui dire le fond de ses pensées, en cet instant même, il n’y arriverait pas. Voilà pourquoi il reste muet, son regard la parcourant, alors qu’elle détourne le regard. Elle ne sait pas ce que c’est d’être coincé dans ses fichus sentiments, elle ne sait pas ce que c’est la fierté d’un homme et les paroles lourdes qu’un père peut prononcer pour tenter de rendre son fils plus fort. Non, elle n’en sait rien Ma’Lila et elle n’est pas dans la tête de Set-angya où tout est contradictoire. « Il vaut mieux que tu partes maintenant, Set. Entre nous, c’était bien, mais c’est fini maintenant alors, retourne auprès des autres et oublie-moi… » L’indienne tourne sa tête en direction de la porte et il sait où elle veut en venir, avant même qu’elle ouvre la bouche pour prononcer ces mots.
Ma’Lila, elle ouvre la porte, l’incitant à sortir de sa demeure et le guerrier accepte son sort, sans tenter de la persuader du contraire. Ce n’est pas le moment de parler, il le sait. Elle est rongée par la colère, la tristesse où il ne sait quoi et lui, il pourrait finir par dire des choses qu’il regretterait. Il le sait, il en a lourd sur le cœur et il n’a pas envie d’en dire trop aujourd’hui, il ne veut pas envenimer les choses. Pour une fois, il se montre réfléchi, raisonnable. Une fois à l’extérieur, il se retourne et lui jette un dernier regard, avant qu’elle lui ferme la porte au nez. C’est d’un pas lent qu’il retourne chez lui, ayant besoin de penser à tout ce qui vient d’être dit. Une part de lui lui dit qu’il aurait dû insister, qu’il aurait dû trouver les mots justes pour la rassurer, mais l’autre part lui dit qu’il a bien fait de partir.
Quelques jours défilent, alors qu’il continue d’avoir ses pensées contradictoires. Ça devient de plus en plus limpide dans sa tête. L’indienne lui manque, pas seulement son corps, sa peau et ses lèvres, mais elle tout simplement, sa présence, sa voix… Il n’est pas aussi idiot qu’il le laisse paraître et même s’il ne connait rien de l’amour, il sait que Ma’Lila est bien plus qu’une simple aventure, bien plus qu’une simple amie, à ses yeux. Il le sait, Set-angya, ces derniers jours le poussent réfléchir, ainsi que les paroles de sa belle, mais il ne veut pas y penser, c’était beaucoup plus simple, alors qu’il n’y avait que de l’attirance entre eux. Il ne veut pas aimer, il ne veut pas être en couple, parce qu’il ne veut pas la faire souffrir et il est convaincu qu’il le ferait tôt ou tard. Elle est trop précieuse pour qu’on joue avec elle, avec ses sentiments et même si l’évidence se fait de plus en plus dans son crâne, jamais il n’oserait lui avouer. Cependant, Set-angya, il ne peut pas garder ce froid entre elle et lui, il ne peut pas laisser cette tension grandir et l’écart se creuser entre eux. Il ne veut pas. Il a besoin d’elle et ce besoin, il le ressent.
Son poing s’abat contre la porte et il attend qu’elle vienne lui ouvrir. Il ne sait pas quoi lui dire et il est mauvais avec les mots, mais peu importe, il doit lui parler, ça ne peut pas continuer ainsi. La porte s’ouvre sur son magnifique visage après de longues secondes et il sent son cœur qui se serre dans sa poitrine, lorsque ses yeux se posent sur elle. « Lila… » Il étire un léger sourire, mais il redoute sa réaction. Il veut lui parler, il en a besoin et si elle ne veut pas l’attendre, il va l’obliger à écouter ses paroles, parce qu’il n’en peut plus de penser à leur dernier échange.
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Comment vais-je l’appeler ? Qu’est-ce que je vais lui dire lorsqu’il posera la question ? Lui dire la vérité et prendre le risque que Set finisse par m’en vouloir après tant d’années de mensonges et silences ? Ou mentir à mon enfant ? Tant de questions qui se bousculent, c’est risible… j’ai connaissance de ma grossesse depuis quelques heures et je m’envahis déjà l’esprit en question et crainte. Et Set, qu’est-ce que je vais lui dire quand il verra mon ventre s’arrondir ? Est-ce qu’il va penser qu’il est de lui ? Est-ce que je suis prête à épouser un autre homme que lui ? Je prends mon visage, poussant un soupir. Je me torture la tête inutilement, ce n’est pas le moment d’y songer, pas encore. Je me lève pour aller me préparer quelque chose pour le repas du soir, ça me permettra de ne pas y penser et de m’occuper les mains. Des rires à l’extérieur attirent mon attention et je vais observer les enfants jouer à l’extérieur avec un sourire, m’imaginant plusieurs années plus tard en observant le mien jouer avec d’autres. Ma main va sur mon ventre tendrement. Je ne pensais pas être prête à enfanter et pourtant, je ne peux concevoir de ne pas avoir cet enfant. Je retourne à la préparation de mon bouillon lorsqu’on frappe à ma porte. Pourvu que ça soit quelqu’un de malade, que je sois occupée sur une blessure, penchée sur un onguent ou autre : c’est dans ces moments-là que je me sens le mieux. Seulement, lorsque j’ouvre la porte, je tombe sur le faciès de Set avec un léger sourire sur les lèvres. « Lila… » Je croise son regard avant de repousser ma porte pour la refermer seulement, Set s’y oppose et la referme en rentrant chez moi. « On s’est tout dit la dernière fois Set… » Je ne veux pas le regarder, je ne veux pas l’affronter. Pas maintenant que je sais, pas maintenant que je porte son enfant.
Je retourne auprès de mon chaudron pour mélanger des légumes, mirant sa silhouette pour vérifier qu’il ne s’approche pas de moi. C’est trop tôt. Je ne suis pas prête à lui mentir, encore moins à pouvoir le regarder sans imaginer un avenir commun avec cet enfant. « Qu’est-ce que tu veux ? Fais-vite, je suis occupée ! » Mon ton est froid, distant comme je ne l’ai jamais été avec lui : sauf durant mes nombreuses crises de jalousies. Tout a changé entre nous, aujourd’hui. Même si l’émoi qui s’éveille depuis qu’il est là dans mon cœur, je ne peux l’ignorer.
Lila, elle tente de lui claquer la porte au nez et cela n'a rien d'étonnant aux yeux du chasseur. Rapidement, il retient la porte d'une main avec fermeté et s'introduit dans sa maison s'en y être invité, refermant la porte derrière lui. « On s’est tout dit la dernière fois Set… » Il ne comprend pas cette colère envers lui, il a l'impression qu'il manque un bout à l'histoire, qu'elle ne lui dit pas tout. Elle a décidée de mettre un terme à leur histoire, prétextant vouloir se marier, avoir une faille... mais ce n'est pas tout, il en a l'impression et il veut connaître cette vérité. Ses iris l'observent, alors qu'elle va se poser prêt de son chaudron. Set-angya, il a tendance à parler sous impulsion pour ensuite regretter ses paroles, mais cette fois, il tente de mesurer ses mots. « Qu’est-ce que tu veux ? Fais-vite, je suis occupée ! » Il n'y a aucune douceur dans sa voix, elle est froide, distante et il n'apprécie pas du tout. « Bon-sang Lila ! Qu'est-ce qui se passe ? À voir ta réaction, j'ai l'impression d'avoir commis un crime épouvantable. » L'indien fait quelques pas dans sa direction, sans toutefois franchir toute la distance qui les séparent. Il veut comprendre, il en a assez d'être tenu dans le néant et de se poser une multitude de questions.
« J'ai compris, tout est fini entre nous. C'est ta décision et je n'y peux rien, même si je suis totalement contre cette idée. Mais doit-on arrêter de se parler pour autant ? » Il fait un nouveau pas, ses yeux ne se séparant pas de son visage sans faille. « Tu pense peut-être que je n'ai rien à battre de toi, que la seule chose qui m'intéresse c'est ton corps ? » Il secoue vivement la tête, faisant un nouveau pas. « Si tu crois ça, tu te fourvoie, Lila. » Il déteste cet écart entre eux, il déteste la fosse qui s'est creusée. Il a envie de lui crier que cette histoire est du grand n'importe quoi, qu'il a besoin d'elle, mais les mots ne peuvent franchir la barrière de ses lèvres, il a bien trop peur pour ça. Il en a déjà trop dit, il s'enfonce davantage dans la vérité et les sentiments que jamais. Il ne se comprend plus lui-même, il a l'impression d'avoir flanché sous les paroles de sa soeur et de son cousin. Il aimerait faire taire ce qu'il ressent pour l'indienne, mais c'est impossible. On ne peut pas contrôler ses sentiments, il le sait, on lui a toujours dit et aujourd'hui, il comprend les paroles des autres. Avec Ma'Lila, il ne contrôle plus rien du tout, elle l'obsède, il pense toujours à son visage, sa voix et pas de façon malsaine, il le sait. Malgré tout, il ne veut pas mettre un nom sur ce sentiment, l'amour est un bien trop grand mot et il est incapable d'aimer, non ? Il tente de s'en convaincre, alors que ça serait beaucoup plus simple d'avouer la vérité, aussi effrayante soit-elle. Il aime la belle guérisseuse et ça de plus en plus à chaque jour qui passe. Cependant, ça lui fait trop peur et il n'est pas prêt à vivre une telle histoire. Il pourrait la faire souffrir ou au contraire, c'est elle qui pourrait le faire souffrir. Elle pourrait ne pas partager ses sentiments et ça, ça serait terrible...
Ma'Lila Zïhnâ
Beware, I'm starving
ζ Inscris le : 07/11/2015
ζ Messages : 429
ζ Avatar : Eleanor Tomlinson
ζ Localisation : Réserve des Indiens
ζ Occupations : Guérisseuse zélée
ζ Âge : Vingt-deux ans
ζ Statut : Amoureuse éplorée - Maman d'une petite Snanna
« Bon-sang Lila ! Qu'est-ce qui se passe ? À voir ta réaction, j'ai l'impression d'avoir commis un crime épouvantable. » Mes lèvres se pincent. Un crime épouvantable… Celui de m’avoir rendu complètement et irrémédiablement amoureuse de lui. C’est un crime, lui qui n’est pas capable de me rendre ce que j’attends. Pourtant, cette façon possessive de me vouloir et de s’acharner alors que j’impose une séparation entre nous, est-ce un sentiment ? Est-ce que finalement, il m’aime autant que moi ? « J'ai compris, tout est fini entre nous. C'est ta décision et je n'y peux rien, même si je suis totalement contre cette idée. Mais doit-on arrêter de se parler pour autant ? » Oui, je dois arrêter de te parler Set parce que les seuls mots qui veulent franchir la barrière de mes lèvres ne sont pas ceux que tu veux entendre. Parce que si je parle maintenant, je me condamne à jamais. Je t’en prie, cesse de me torturer. Tu ne comprends pas la souffrance qui m’accable à te voir si près de moi. J’aimerai t’avoir contre moi, me perdre dans tes bras, mais je ne peux pas. Je ne veux pas vivre comme ça. « Tu pense peut-être que je n'ai rien à battre de toi, que la seule chose qui m'intéresse c'est ton corps ? » Ma gorge se ressert, je t’en prie… cesse de me torturer Set. Mon visage se baisse alors que je sens mes yeux s’humidifier, je ne veux pas pleurer devant lui. Je ne veux pas qu’il sache à quel point cette situation m’insupporte. Si seulement, il pouvait comprendre, si seulement, il pouvait traduire mon comportement et venir de lui-même, me cueillir. Récolter tout l’amour que j’ai pour lui. « Si tu crois ça, tu te fourvoie, Lila. » Les larmes glissent sur mes joues et mes épaules s’abaissent, je tente pourtant de retenir l’écho de mes sanglots pour ne pas éveiller ses soupçons, mais si je viens à redresser le visage, il le verra. De toute façon, cette conversation a pris une tournure que je ne peux dévier. Il ne partira pas d’ici sans qu’on redevienne ce qu’il espère… ou alors, je dois lui dire la vérité. Je lève les yeux et je remarque sur son visage, une réaction. Il ne comprend pas mes larmes, ni même pourquoi j’agis ainsi. Il veut faire encore un pas, mais je recule. « Non, reste où tu es Set… » Je passe ma main sur mon visage pour effacer les traces de mon émotion, reniflant et inspirant longuement pour trouver le courage de sortir ce que j’ai, là, bloquer au niveau de ma poitrine.
« On ne peut pas être ami Set. Est-ce qu'on l'a déjà été ? Non, je ne pense pas. Autrefois, on se détestait… puis tu m’avais sauvé d’une attaque qui a laissé des traces sur moi, mais à partir de ce jour, on est passé d’ennemi à amant. Est-ce qu’on est devenu ami ? Non… On couchait ensemble Set, simplement. Oui, il nous arrivait de parler et d’avoir parfois, des moments à discuter plutôt que se réchauffer, mais… on n’a jamais été ami ! » Pourtant, il connait tous mes secrets, mais notre relation, elle était tout sauf amicale et c’est la raison pour laquelle, j’ai des sentiments aujourd’hui. Parce qu’à aucun moment, je ne me suis dit dans ma tête qu’il était juste un ami. Non, Set était mon amant, mon confident, mon protecteur… mais pas mon ami. Ayanna est mon amie. « Pourquoi essayer d’être ce qu’on n’est pas ? Je n’ai pas envie qu’on se contente de parler, toi et moi… Mais je n’ai pas non plus envie d’être… une énième fille que tu viens voir pour avoir un peu de chaleur. Je… ne le supporte plus Set. Je ne te fais pas une crise de jalousie, c’est juste que… je n’ai plus envie de ça. » Ma gorge devient sèche et mon ventre douloureux. « J’ai envie de plus, beaucoup plus. J’ai envie que tu sois mon amant, mon confident, mon protecteur… ce que tu étais… mais aussi mon mari, le père de mes enfants… je veux que tu sois ma famille Set. » Mes mirettes croisent les siennes et je ne peux pas déchiffrer ce qu’il se passe dans son esprit. « Je te veux Set. Je veux que tu sois à moi, et uniquement à moi. Je veux qu’on forme un nous, qu’on… On a commencé à se réchauffer tous les deux, parce qu’on était pareil. Pas de sentiments, juste ça… mais je ne suis pas aussi forte ni infaillible. J’ai craqué… Je suis amoureuse de toi Set et je crois que toutes mes crises, tout… ça en est la preuve. » Je pose mes mains sur le dossier d’une chaise, non pour me retenir, mais pour m’insuffler suffisamment de courage pour rester en face de lui. J’ai envie de fuir, de m’éloigner pour ne pas affronter son regard. « C’est pour ça que je ne veux plus Set… Je ne peux plus, tout simplement, et… » J’ai une soudaine impression qu’il ne veut pas en entendre plus, peut-être l’impassibilité de son visage ou ce mouvement d’épaule, comme un frisson ou alors, une tentative de ne pas fuir ? Je l’ignore, toujours est-il que par conséquent, j’arrête mes confidences au moment où j’allais parler du bébé. Je baisse le visage. « Je sais que tu n’es pas capable de me donner ce que j’attends, je sais que tu ne m’aimes pas de la même façon que moi et que… tu n’es pas le genre d’homme qu’on épouse, qui se contente d’une seule femme… Je le sais et c’est pour ça qu’on doit arrêter de se voir, de se parler. Si tu as ne serait-ce qu’un tout petit peu d’affection et d’estime pour moi, alors tu arrêteras de me voir et de me parler… » Je croise ses yeux avant de me redresser. Je sais déjà comment va se terminer cette conversation et j’y suis préparée.
Set-angya n'est pas un homme qui parle beaucoup, il est démonstratif avant tout et voilà qu'il se retrouve dans une situation où il ne peut que parler. Il se heurte au mur immuable qu'est Ma'Lila en ce moment et il ne peut pas l'atteindre. Les larmes se mettent à glisser sur les joues de la belle sans qu'il ne comprenne pourquoi. Pourtant, s'il utilisait sa tête pour une fois, il comprendrait l'innévitable. Seulement là est le problème, il ne veut pas voir la vérité en face. Tout ce qu'il sait Set-angya, c'est que sa douleur à elle le touche, lui donne envie de la prendre dans ses bras, la consoler et lui dire que tout va bien. Il fait donc un pas vers elle, mais elle recule. « Non, reste où tu es Set. » Malgré le besoin d'avancer, il s'arrête, ses iris l'observent en silence. Elle est prête à parler, lui à écouter. Il veut connaître la vérité, sans vouloir l'accepter, pourtant.
Elle parle enfin et ses paroles le heurtent de plein fouet. Il chercher à entendre ses paroles autant qu'il chercher à les éviter. Maintenant, c'est lui qui est immuable, immobile. Il ose à peine respirer, il n'ose pas bouger, ni parler. En silence, il écoute, il ne l'interrompt pas, même lorsqu'il a l'impression d'en avoir suffisamment entendu. Peut-être semble-t-il impassible en apparence, mais à l'intérieur ses pensées bouillent et se transforment bientôt en déluge. « ... Si tu as ne serait-ce qu'un tout petit peu d'affection ou d'estime pour moi, alors tu arrêteras de me voir et de me parler... » Leurs regards se croisent enfin, mais celui du guerrier rien de marbre. Enfin, elle lui a tout dévoilé, il connait la vérité, mais quelque chose en lui dit qu'il ne devrait pas en savoir autant. L'autre partie se réjouit à l'idée qu'elle désire davantage de lui, mais c'est la peur qui prend le dessus, sentiments ou non. Il a envie de lui dire qu'il ne capte pas ses propres sentiments, mais qu'il sait qu'il a besoin d'elle, qu'il ne veut pas la perdre, mais lorsqu'il entrouvre les lèvres pour parler, les mots fuient et d'autres les remplacent. « Lila... t'as raison, on ferait mieux d'arrêter de se voir. Je suis désolé, mais comme tu dis, je ne suis pas l'homme d'une seule femme. » Son ton n'est pas dur, il n'est pas sec, ni tranchant, il est tout simplement désolé. Il ne cherche pas à la faire souffrir davantage, mais il se protège tout simplement, comme il le fait depuis toujours.
« Je n'ai pas d'inquiétude, tu trouveras un homme qui te méritera. Un homme qui saura te donner ce que tu désire, te rendre heureuse... contrairement à moi. » Doucement, il fait quelques pas ver l'arrière. Ce n'est pas avec facilité que les mots sortent de sa bouche et ce qu'il désire c'est sortir, s'éloigner. « Prends soin de toi, Lila... » Le visage se voulant neutre, il franchit le seuil de la porte. Dans sa cage thoracique son coeur bat à tout rompre. Il ne mérite pas une femme comme elle et elle, elle mérite beaucoup mieux que lui. Peut-être est-il un chasseur et un guerriers des plus doués, un bon parti, mais Set-angya, il ne saurait pas la combler sur tous les plans. Et même si l'idée de la voir avec un autre le tue et l'empli de rage, il s'éloigne de sa demeure, une boule dans la gorge. Stupide peur, stupide orgueil. Il combat des pirates, tuent des bêtes sauvages, mais il est incapable d'avouer ses sentiments à celle qui fait battre son coeur...