« Voici pour vous monsieur Rostova, à la semaine prochaine ! » Rosasharn tendit au vieux monsieur les derniers légumes qui restaient sur son étalage. Avec le froid et la neige qui était tombée sur Neverland ces derniers jours, elle avait malheureusement perdu la moitié de ses récoltes. L’hiver s’annonçait dur et rude, mais elle gardait le sourire. Elle savait qu’elle allait pouvoir le surmonter, comme elle avait su surmonter les précédents. Si ses champs étaient complétement gelés, elle pouvait toujours compter sur ses quelques vaches et vendre du lait la semaine prochaine sur le marché. Elle allait s’en sortir, elle en été certaine ! Ces sans doute son côté très optimiste et son sourire qui poussait les gens à toujours venir lui parler sur le marché même s’ils ne lui achetaient pas toujours des produits. Mais maintenant que son étalage était complétement vide, il fallait tout ranger.
La jeune femme alla chercher sa charrette qui était un peu plus loin et désinstalla chaque planche, chaque corbeille qui lui servait à exposer ses marchandises. Une fois la place complétement rangée, elle s’installa sur le devant de sa charrette et quitta le centre-ville du village. « En avant Angus ! » Le cheval s’élança au petit trot en direction de l’extérieur de la ville. Rosasharn vivait dans une petite ferme à seulement quelques kilomètres de Blindman’s Bluff et elle s’y plaisait énormément. C’était certes une grande maison qui demandait énormément d’entretient, sans parler des champs et des animaux, mais la jeune blonde aimait plus que tout au monde cet endroit. Elle y était née, y avait grandit, et aujourd’hui, c’était à son tour de faire prospérer la ferme familiale ! Alors qu’elle était légèrement secouée dans sa charrette, elle entendit des gémissements. Cela ne ressemblait pas à des bruits humains, mais à de fébriles aboiements. « Doucement, Angus ! ». De ses petits doigts gantés, elle tira sur les rennes pour ordonner à son cheval de s’arrêter. Une fois à l’arrêt, elle descendit et marcha en direction du bruit. Ses bottes s’enfonçaient dans la neige alors qu’elle quittait le sentier. Elle commençait à sentir le froid le long de ses chevilles, mais n’y prêta pas attention. Elle vit alors la tête d’un animal sortir de la neige. Aux premiers regards, elle eut l’impression de voir un loup, et recula de quelques pas, prise de panique, mais l’aboiement de l’animale désespéré réconforta la jeune femme qui s’accroupit à ses côtés. « Tout doux, mon beau. » Elle approcha doucement ça main et caressa la bête entre ses deux oreilles. Le chien semblait aimer le geste, mais il n’était pas moins désemparé. « Mon dieu, tu es frigorifié ! » Rosasharn se mit alors à enlever la neige qui avait ensevelit la pauvre bête. Elle n’était même plus capable de bouger. « Laisse moi essayer de te porter mon beau. » Elle glissa doucement ses mains de part et d’autre du corps de l’animal, seulement, il ne sembla pas vraiment apprécier puisqu’il montra les crocs. « Il faut que tu me laisses t’aider mon grand » dit-elle de sa voix douce et envoutante. Après une deuxième tentative, elle comprit qu’il était sans doute blessé et n’appréciait guère qu’on lui touche l’arrière-train.
Rosasharn ne pouvait en aucun cas partir et laisser l’animal mourir de froid. Elle eut alors une idée. Dans sa charrette, elle avait une sorte de drap qu’elle utilisait pour recouvrir ses produits en cas de pluie. Elle décida de l’étendre sur le sol et fit doucement rouler l’animal dessus. Elle n’avait ensuite plus qu’à tirer la bâche jusqu’à la charrette. « Ça s'est fait ! » Dit-elle en essayant les petites gouttes de sueur qui perlaient le long de son front. « Si tu pouvais maintenant, me laisser te mettre dans la charrette, tu serais un amour » Dit-elle en lui caressant le bout du nez. Elle saisit délicatement le drap qui entourait l’animal le hissa dans sa charrette. « Tu as de la chance de n’être pas trop lourd mon grand ! »
Une fois l’animal installé, Rosasharn reprit sa place à l’avant de la charrette et rentra sans encombre jusqu’à sa ferme. Habituellement, les animaux dorment tous dans la grange, mais la pauvre bête qu’elle venait de trouver été tellement gelée, que la blonde décida de l’installer devant la cheminée. Elle lui caressa la tête tout en lui souriant. « Tu vas bien dormir ici mon beau ! » Elle lui tendit ensuite une gamelle de nourriture et d’eau. « Tu verras, demain, tu iras mieux et nous irons chercher ton maître. » La jeune femme ne s'attendait pas à ce que la blessure du chient soit plus grave qu'elle ne le pensait et qu'elle allait devoir garder l'animal avec elle plusieurs jours...
Hors HP:
Je me disais que tu pouvais faire un post où tu le perdais et ensuite, on peut dire que quelques jours se passe le temps que Rosa soigne ton petit chien x3
Cheveyo était sorti du camp, Set était occupé de son côté. Autrement dit, Nathorod ne pourrait partir en expédition aujourd'hui. Il était très difficile pour lui de s'éloigner du camp Unami sans ses meilleurs amis pour le protéger. Toutes sortes de menaces rôdaient dehors et le jeune homme ne pouvait les affronter seul. Il n'était pas l'un de ces guerriers aguerris, entraînés depuis leur plus jeune âge à ressentir chaque chose, à se défendre dans cette obscurité éternelle qui l'entourait. Non, lui, il n'était qu'un humble éleveur. Nath s'occupait de ses animaux, les élevait avec soin et s'occupait des produits qu'ils offraient à la tribu. Pour son estime de lui-même, ce n'était pas simple tous les jours de se dire que sans ses amis, sortir du camp lui était interdit. Sans Set, sans Cheveyo, il n'était rien de plus qu'un gamin. Une âme fragile, un corps frêle. Une petite chose facilement cassable.
Et puis il y avait Hoyt. Son fidèle chien, loup, qu'importe. Lui-même ne l'avait jamais vu. Son père le lui avait décrit comme un chien mais Nath l'avait toujours trouvé de taille plus imposante qu'un banal toutou. Ce fidèle compagnon à quatre pattes était sa béquille, son soutien. Lorsque ses meilleurs amis étaient occupés, c'était avec lui que Nathorod s'autorisait de petites sorties du camp. Malheureusement, lui aussi, en ce jour, faisait faux bond à l'indien. Décidément, personne ne semblait intéressé par la perspective de passer du temps à ses côtés.
Le blond se résigna à s'occuper de ses bêtes. Toute la matinée, il nettoya les cages des lapins et les dorlota un peu. Il s'occupa aussi des chevaux, des porcs, des chiens et des vaches. L'une d'elle avait mis bas quelques semaines plus tôt et le veau commençait à bien se débrouiller seul. Sa mère n'était plus une absolue nécessité pour lui. Nath rejoignit en fin d'après-midi son tipi. Aucun aboiement, aucun poil doux sous sa paume. Hoyt n'était pas là. Une sensation étrange le parcourut tout à coup, que son chien soit absent quelques heures le temps d'aller chasser ou de se balader n'était rien ! Qu'il disparaisse toute une journée, cela devenait inquiétant. Nathorod sortit de son tipi, paniqué. Il ne put s'empêcher de se rendre chez ses amis. Il en parla d'abord à Cheveyo et ensuite à Set. Il leur tint le même discourt:
- Je crois que quelque chose est arrivé à Hoyt ! C'est bizarre, il ne rentre jamais si tard et ne s'absente jamais si longtemps. Il sait que j'ai besoin de lui ...
Nath était vraiment affecté. Il se mettait déjà tous des scénarios catastrophes en tête. Une bête féroce avait pu l'attaquer, un enfant perdu avait peut-être décidé de jouer avec lui et l'avait emmené, des habitants passant par-là auraient pu vouloir le domestiquer. Cependant, Hoyt n'était pas un bête chien idiot. Il aimait son maître et reviendrait en courant dès qu'il en aurait l'occasion. Nathorod ne pouvait penser autrement. Avant de retourner morose dans son tipi, le jeune homme demanda à titre de service à ses deux meilleurs amis d'aller, dès le lendemain, tenter de retrouver son fidèle compagnon. Sans Hoyt, Nath se retrouverait démuni, il détestait déjà cette perspective. L'indien se roula dans son lit, coinçant la tête contre l'oreiller et tâchant de songer à toutes les options qui s'offraient à lui.
Le pire dans tout ça, c'est qu'aller le rechercher lui-même n'était même pas envisageable ... sans Hoyt, Nathorod devrait forcément entraîner un autre chien, cela prendrait du temps et jamais il n'obtiendrait cette connexion naturelle qu'il avait avec Hoyt. L'indien eut beaucoup de mal à trouver le sommeil cette nuit-là, il ne cessa de se retourner, de penser à ce que sa vie serait sans son chien. Un infime espoir de le voir rentrer durant la nuit persistait mais au petit matin, toujours rien.
Cela faisait maintenant une semaine que Rosasharn avait recueilli un jeune chien qu’elle avait trouvé dans la neige. Les premiers jours, le chien ne bougeait pas. Il semblait blesser et ne supportait pas qu’on lui touche l’arrière-train. Rosasharn c’était donc armé de patience afin que l’animal accepte enfin quelques soins. Elle lui avait appliqué quelques mixtures et lui avait prodigué tous les soins dont il avait besoin. Aujourd’hui, le jeune chien semblait aller beaucoup mieux. Il ne courrait pas encore, mais il se baladait dans toute la maison. Il suivait Rosasharn à chaque fois qu’elle se déplaçait dans toute la ferme.
« Bonjour toi ! » La jeune femme se baissa vers l’animal lorsqu’elle descendu les escaliers et que le chien était en bas, à l’attendre. « Tu as l’air d’aller beaucoup mieux aujourd’hui ». Elle déposa délicatement sa main sur le front du chien et le caressa entre les oreilles. « Alors, on a faim ? » Oui, il semblait avoir faim, car le chien se dirigea aussitôt dans la cuisine. Rosa le suivi le sourire aux lèvres. Elle lui servit les restes du ragoût d’hier et prit une tranche de brioche avec de la confiture pour elle. « Alors le programme de la journée mon beau : ce matin, on s’occupe de la ferme, et cet après-midi, on retourne en ville ! Je suis sûre qu’on va retrouver ton maître. » En disant ses mots, la jeune femme eut un petit pincement au cœur. Elle n’avait ce chien que depuis une semaine, mais elle s’était habituée à sa présence. Il était si attachant, Rosasharn se disait en le voyant manger sa gamelle, qu’elle aurait aimé le garder avec elle. Mais sa raison l'a poussé avant tout à retrouver le maître du chien. Il appartenait certainement à un homme qui le cherchait en ce moment, et qui était sans doute triste de l’avoir perdu.
« Tu es prêt ? » Dès lors que Rosa ouvrit la porte et qu’il pu sortir, le chien se mit à sauter dans tous les sens. Pour une bête qui peinait à courir les premiers jours, il s’était très vite remis sur pied. La jeune femme lança un bâton et l’animal couru aussitôt le chercher. Rosasharn ne vit pas le reste de la matinée passé. Entre les animaux de la ferme et le chien qui ne demandait qu’à jouer, elle n’avait pas eu une minute pour souffler. Mais elle ne s’en plaignait pas ! Quand l’heure d’aller en ville arriva, Rosa hésita. Elle avait envie d’attacher une corde autour du cou de l’animal pour éviter qu’il ne se mette à courir dans tous les sens, mais elle ne savait pas s’il allait apprécier d’être ainsi attaché. Elle tenta tout de même le coup et contre toute attende le chien ne broncha pas. Il y un peu de mal au début, mais comprit rapidement qu’il ne pouvait plus courir comme bon lui semblait. « Ça ne sera pas long mon beau, juste le temps qu’on aille en ville cherchée ton maître. »
Rosasharn marcha pendant plusieurs heures dans Blindman’s Bluff sans succès. Personne ne connaissait l’animal et personne ne savait a qui il pouvait appartenir. Sur le chemin du retour, la jeune femme décida de le détacher. L’animal semblait avoir vraiment besoin de courir, il tira de plus en plus sur sa laisse. Dès lors qu’il fut détaché, l’animal couru dans les forêts et Rosasharn le perdit de vue. La jeune femme n’hésita alors pas à se diriger vers la forêt et à s’enfoncer dedans pour retrouver le chien. « Tu es passé où mon Loulou ? »
Une semaine. Une véritable éternité aux yeux de Nathorod. Depuis tout ce temps, Hoyt n’avait plus donné signe de vie. L’indien en était dévasté, il avait perdu son plus fidèle compagnon, son pilier, sa béquille. Pour lui, c’était aussi horrible que de perdre un membre de sa famille. Il se sentait dépouillé, ridicule avec son bâton en guise de canne pour éviter de foncer droit dans le tipi des autres. Nath détestait cette situation. Il n’avait cessé d’en parler avec ses proches au camp mais ceux-ci ne pouvaient malheureusement rien faire de plus que ce qu’ils entreprenaient déjà. Nathorod se retrouvait donc assis, dans son tipi, la tête entre les mains et le moral au plus bas.
Sans Hoyt, Nathorod ne pouvait s’éloigner du camp ! Pas même de quelques mètres. Car sans son fidèle protecteur canin, le jeune homme représentait une cible facile, presque risible. Le blond était donc littéralement piégé entre les murs du camp Unami. Tel un animal en cage, on ne le laisserait pas sortir et de toute façon, lui-même ne se faisait pas assez confiance pour foncer dans la nature tête baissée. Ne lui restait donc plus qu’une seule solution : patienter pour que son ami Set ait le temps de l’emmener au-dehors et de l’aider à faire ses recherches. Sans ce fier guerrier pour l’escorter et le protéger des dangers potentiels, Nath était inutile.
Jamais de toute sa vie, il n’avait eu cette impression pesante d’être un poids pour sa tribu. Sans Hoyt, Nath ne pouvait véritablement pas faire grand-chose ! Son utilité se résumait réellement à l’enceinte du camp. C’est pourquoi, le cœur lourd et l’esprit plein de regret, le blond avait déjà commencé à entraîner un autre chien. Ce ne serait jamais la même chose qu’avec Hoyt, il n’y aurait pas cette confiance totale et ce lien présent depuis son enfance. Mais il apparaissait clairement que l’indien avait besoin d’un guide canin et cela tombait bien, il était éleveur ! Nathorod avait donc commencé à entraîner une chienne cette fois, elle s’appelait Neige et elle était bien plus douce que Hoyt qui débordait d’énergie et de vitalité.
- T’es prêt Set ?
Leur ultime chance. C’était la dernière fois que Nathorod et Set sortiraient à la recherche d’Hoyt. Ils avaient déjà passé plusieurs jours de la semaine à faire des rondes, à épuiser temps et énergie à ce but. L’indien savait qu’il ne pouvait en demander plus à son ami, le guerrier avait besoin de s’en retourner à ses activités et de reprendre le court usuel de sa vie. Nath savait donc que cette fois, il leur fallait retrouver l’animal. S’ils échouaient à nouveau, Neige serait désormais son chien guide et Hoyt appartiendrait au passé, aussi douloureux soit ce constat.
Les deux amis s’éloignèrent donc du camp. Nath avançait, bâton à la main et suivant Set au son de ses pas. Les deux jeunes hommes ne discutèrent pas beaucoup, l’humeur était maussade. Ils s’éloignèrent suffisamment pour que la chaleur ne retombe, ils devaient être dans une forêt car une odeur de sève flottait dans l’air. Nathorod proposa à Set de s’éloigner un peu pour couvrir plus de terrain. Chacun prit donc une direction, le blond persévérant grâce à son bâton. Il savait que si danger il y avait, le guerrier ne serait jamais bien loin et pourrait intervenir. Cependant, ce qu’il entendit ne le fit pas vraiment frémir, au contraire. C’était une voix féminine, une jeune femme qui semblait appeler quelqu’un.
- Vous cherchez quelqu’un ?
Nath ignorait où elle se trouvait précisément, sa voix semblait lui être parvenue d’assez loin mais mieux valait s’annoncer tout de suite pour éviter de prendre la personne par surprise. L’indien s’avança de quelques pas. Pourquoi ne ressentait-il aucune crainte ? Cette personne aurait pu être mal intentionnée ! Mais bizarrement, le blond ne s’en souciait pas. Il continuait de marcher.