Rencontre entre un père et son fils Égéon et Malech
Après ma longue tirade, je pousse un profond soupire avant d’informer mon fils qu’il était libre de faire son propre choix malgré tout. Je ne savais que trop bien que je ne pouvais pas le contrôler, car si je le faisais, ça risquait d’être pire. Il se rebellerait et se sauverait avec son humaine. Du coup, même si c’était très difficile à dire, je lui donnai la permission verbale de faire ce qu’il voulait. De toute façon, même si je savais que j’aurais des envies de meurtre envers sa vulgaire humaine et probablement envers tout l’humanité s’il décidait de la rejoindre sur terre. Néanmoins, je ne pouvais pas l’empêcher de vivre son… amour pour elle, car si je le privais de sa liberté, il finirait peut-être par fuir et j’aurais perdu un deuxième fils, chose que je ne pourrais supporter. Ça ne paraissait peut-être pas, mais ma famille, c’était ce que j’avais de plus précieux. Je tenais à chacun de mes enfants comme je tenais à mon désir de vengeance. Je me montrai donc compréhensif envers mon petit Égéon, qui n’était d’ailleurs plus aussi petit, afin de garder une famille unie. Je voulais qu’il sache qu’il pouvait nous faire confiance peu importe ce qu’il arrivait.
« Merci de ta compréhension papa. Cela me prendra peut-être du temps, mais je ferais un choix et à ce moment là vous le saurez, aussi bien Maman et toi qu'à Amina. » Voilà. Maintenant que c’était dit, mon fils aurait tout le loisir de réfléchir. J’espérais seulement qu’il prenne la bonne décision, mais, peu importe son choix, moi et Zéa serons là pour lui. Parce que nous étions ses parents et parce que nous tenions à lui. D’ailleurs, la seule raison pourquoi j’étais restée calme durant toute cette conversation, c’était pour ne pas le faire fuir. Pour ne pas lui donner de raisons supplémentaires de rejoindre sa vermine d’humaine sur terre. Sinon, je ne me serais pas gêné de lui faire savoir ma façon de penser. Je lui aurais probablement rappelé tout ce que les humains nous avaient fait. Je l’aurais surement interdit de remettre les pieds sur terre. Parce que j’étais comme ça. J’éprouvais une haine immesurable face à ces perfides créatures qui avaient tués tant des nôtres sans aucun motif valable et qui transformaient peu à peu le pays imaginaire en une île cauchemardesque grâce à leurs idées pessimistes et au désir de pouvoir de certains.
« Ce n’est rien. Après tout, je suis ton père. Je me dois d’être là pour toi et pour te… comprendre, même si tu agis de façon irresponsable et… incompréhensible. » Dis-je en soupirant une autre fois. « Bref, l’important c’est que tu sois heureux, je suppose… Tu viendras nous en informer quand tu aurais fait ton choix. Tu sais où nous trouver. » Je prononçai ces dernières paroles sur un ton qui laissait voir une partie de la déception que je ressentais face à mon fils ou plutôt, face à sa relation avec cette cruelle terrienne qui avait osé le charmer. « J’aimerais bien rester avec toi, mais j’ai autre chose à faire. Et je dois décompresser un peu. » Terminai-je avant de plonger dans l’eau sans lui laisser le temps de répondre. Une fois que j’eus repris ma forme de triton, je me mis à nager sans m’arrêter et de plus en plus vite, évacuant ainsi peu à peu ma frustration.