Il m’arrivait de temps à autre de prendre du temps pour moi, de prendre du recul face à ma vie d’adulte. C’est une chose qui me caractérise et qui d’après mes amis actuels me fait voir encore le futur avec des yeux d’enfants. Il est vrai que j’ai été pendant très longtemps l’un d’eux, plus que certains adultes que je côtoie tous les jours. Je me souviens avec tendresse des moments passés à jouer, prendre la vie telle qu’elle devrait être prise, avec légèreté et insouciance. Pourtant, je ne regretterai jamais d’avoir grandi, car c’est aussi une grande aventure, plus que ne l’imaginent les enfants perdus.
Ce matin là, j’avais marché pendant des heures, mon baluchon sur l’épaule pour retrouver le chemin de mon ancienne vie. Au loin, j’apercevais déjà les cimes des arbres recouverts par la neige. La forêt des quatre saisons était toute proche. Un rictus s’afficha sur mon visage, ma mémoire m’emmena loin à cette époque pourtant lointaine où je jouais avec ma fée, la lumineuse Thara. J’étais rendu à mi-chemin, lorsqu’une boule fila devant mes yeux, qui s’arrondirent en une fraction de seconde. Devant moi, une fée parlait avec beaucoup de virulence, elle semblait si paniquée que j’avais du mal à comprendre ses paroles. Et probablement que le temps faisant son œuvre sur ma personne, j’en avais oublié la traduction.
« Pas si vite, je n’arrive pas à comprendre » Contrariée, elle passa du jaune lumineux au rougeâtre et je ne pus retenir un sourire amusé, qui s’échappa très rapidement, lorsqu’elle finit par me faire comprendre que des enfants perdus étaient encore en danger à la suite d’un combat avec des pirates. À la prononciation de ce mot, mon sang ne fit qu’un tour, mon cœur se mit à battre fortement dans ma poitrine. Je haïssais ces vils êtres plus que tout au monde, ils prenaient un malin plaisir à assouvir leurs sanguinaires penchants en s’attaquant aux enfants. Les traits de mon visage se durcirent, mes yeux devinrent deux fentes sombres qui ne laissaient plus de place à la compassion pour ces mécréants.
« Conduis-moi ! » Sans aucune hésitation, elle me montra le chemin. Car il faut le préciser, lorsqu’on a été un jour en contacte avec les fées, celles-ci nous reconnaissent comme l’un des leurs et il en faut énormément pour devenir leur ennemi une fois que leur confiance vous est acquise. Courant derrière la petite boule de lumière, je parvins enfin dans une clairière. Il y avait eu un combat, mais à présent, il n’y avait plus âme qui vive. Regardant partout, j’interrogeais la fée, qui semblait aussi perplexe que je pouvais l’être. J’allais me mettre à la recherche de traces, quand un cri me fit tourner dans l’autre direction. La fée se mit à tinter et je lui demandais le silence, un doigt sur mes lèvres pour qu’elle saisisse davantage mon message. L’appel se fit de nouveau entendre et je m’avançais vers l’épaisse forêt près des montagnes, entrant dans le sous-bois, je traquais comme autrefois la voix enfantine de celui qui appelait au secours. À moins de 10 mètres de moi, j’entraperçus la victime d’un piège, une enfant accrochée par les pieds qui se débattait comme un beau diable pour se libérer, mais sans succès. Doucement, je déposais mon sac et je m’assurais qu’il n’y ait personne aux alentours.
« Arrête de crier ! Tu veux que les pirates reviennent pour te trancher la gorge ?! » Les yeux de la petite Fesisty me miraient un moment. « Ils sont peut-être encore là » La fée se mit à tourner autour de moi et je lui demandais de monter la garde pendant que je grimpais à l’arbre avec, certes, moins d’agilité qu’avant. Le cordage avait son point d’origine sur une haute branche, mon couteau entre les dents, j’arrivais enfin sur la grosse branche, qui je l’espérai, allait supporter mon poids et celui de l’enfant.
« Comment as tu fais ton compte ?! Je te croyais plus futée que cela » Tentais-je de dire en retirant mon couteau et en avançant sur mon séant sur le morceau de bois qui craquait un peu. Ne pas penser à la chute, surtout…ne pas penser à cela.
Sonné, désorienté. Ses souvenirs du combat étaient flous. La voix de l’éclaireur donnant l’alerte, l’agitation des enfants perdus préparant la riposte, ses propres hurlements qui se perdaient dans la forêt… Ces sons résonnaient encore à ses oreilles, lui vrillaient l’esprit dans une douleur sourde.
Décidément, ce boucanier ne l’avait pas loupé.
C'était des pirates. C'était toujours des pirates. Il n'y avaient qu'eux pour venir chercher des noises si près de la forêt des quatre saisons. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils avaient été bien accueilli. Telle une vague, le camp entier s'était soulevé, ne formant qu'un face à l'ennemi commun. L'unité décuplait leurs forces. La détermination compensait la taille des plus jeunes. La forêt s'animait en leur présence, fondus dans la végétation, ils avaient su riposter en jouant sur l'effet de surprise qu'ils maîtrisaient si bien. Ces bois étaient leurs foyers et ils savaient l'utiliser à leur avantage. Les enfants perdus n'étaient pas à sous-estimer : derrières leurs airs chérubins, ils n'en étaient pas moins redoutables. Fidèle à elle-même, Feisty avait foncé dans le tas, toutes griffes dehors, à peine effleuré par l'idée d'être blessé dans ce combat. Fidèle à elle-même, elle n'avait pas sourcillé lorsqu'un flibustier s'en était pris à elle. Au contraire. La petite s'en était donné à cœur joie. Les attaques de pirates n'étaient pas rares, mais pour Feisty, c'était une nouvelle aventure, l'occasion d'accomplir de nouveaux exploits que les enfants pourraient se raconter autour d'un feu de camp à la nuit tombée. Un jeu. Ce n'était qu'un jeu. Le sang qui coulait, les pirates qui ne se relevaient pas, les enfants qui disparaissaient, tout cela faisait partie du jeu. Ce n'était pas vrai. Mais les poings du pirate qui l'avait attaqué étaient bien réel, tout comme le coup qui lui avait asséné. Quelque peu sonné, elle en avait perdu son petit poignard. Fort heureusement pour elle, deux autres enfants s'étaient joint au duel, lui évitant un possible enlèvement. Les pirates avaient fini par battre en retraite. Les groupes s'étaient dissipés, mais Feisty, désarmés, avait décidé de revenir sur ses pas plutôt que de poursuivre le groupe de brigand. Quelques secondes d'inattention avaient suffi.
Une étourderie, un piège particulièrement bien dissimulé, et la voilà qui pendouillait la tête en bas à plusieurs mètres du sol après avoir laissé échapper un hurlement de surprise. Maudit pirate. Accroché par la cheville gauche, Feisty se débâta comme un beau diable pendant plusieurs minutes. Rien à faire. Elle était piégée. Comment avait elle put tomber dans un piège aussi commun ? Frustrée, elle relâcha ses muscles en cherchant du regard un autre moyen de s'en sortir. La lame de son poignard, illuminé par les rayons du soleil, se reflétât dans ses prunelles. Il était juste là ! Quelques mètres plus bas. Hors de portée. La brunette laissa un râle agacé s'échapper de ses lèvres. Ce n'était pas amusant. Ce qui n'était pas amusant, par définition, était ennuyeux. Et il n'y avait rien de pire que quelque chose d'ennuyeux. Estimant qu'elle était là depuis bien trop longtemps, Feisty décida de faire ce qui lui semblait le plus logique dans ce genre de situation : mettre sa fierté de côté et appeler à l'aide. Avec un peu de chance, le groupe qui avait pris en course les pirates n'était pas bien loin. Alors, elle cria. Aussi fort qu'elle pouvait. Le silence qui avait repris ses droits sur la forêt fut bientôt brisé par les appels aux secours de la fillette.
« Arrête de crier ! Tu veux que les pirates reviennent pour te trancher la gorge ?! » Feisty stoppa ses hurlements pour dévisager le nouvel arrivant. C’était Calico, il l’avait entendu ! Sous cet angle, elle aurait dit qu’il marchait au plafond, la tête à l’envers. C’était plutôt amusant. Elle en aurait surement rit si ce n’était pas elle qui se retrouvait là sens dessus dessous. « Ils sont peut-être encore là. » « Bah qu’ils reviennent s’ils osent ! Je les attends moi, cette bande de vieux poissons pourris puant ! » S’écriât elle en frappant des poings dans le vide. Elle se fichait pas mal d’être entendu par les loups de mer, elle était même prête à prendre sa revanche, là, tout de suite ! Bien sûr, elle ne pourrait pas faire grand-chose de là-haut. « Comment as tu fais ton compte ?! Je te croyais plus futée que cela. »
Elle soupira. Calico, ou plutôt Erim maintenant, marquait un point. « C'la faute des pirates ! Ils nous ont attaqués et y en a un qui m’a pas loupé, regarde un peu ça ! » Elle se contorsionna afin que, depuis sa branche, Erim puisse voir son visage, puis elle pointa son œil droit, pas peu fière. Celui-ci avait déjà pris une teinte violacée. Perdante ou non, Feisty adorait montrer ses blessures de guerre. Là où certains pourraient la voir comme une pauvre enfant battue, elle, avait l'impression d'avoir l'air d'une dure à cuir. Ce bleu naissant était la séquelle d'un combat acharné, le souvenir d'une aventure. « Le gros tas qui m'a fait ça m'a désarmé, alors je suis revenue chercher mon poignard, mais comme j'étais plutôt sonnée, j'ai pas vu le piège. Faut dire qu'il était bien caché hein ! » Hors de question d'admettre son étourderie. D'autant plus qu'elle ne mentait pas pour une fois ! Impatiente, elle avait recommencé à se tortiller. C'est que Calico en mettait du temps ! Un petit sourire espiègle se dessina sur son visage. « Bah dit donc, toi aussi tu deviens un gros tas à ce que je vois ! » Feisty arrêta de gigoter un instant pour s'esclaffer de bon cœur. La petite ne conservait que très peu de souvenirs du temps où Erim vivait encore avec les autres enfants perdus, mais elle était certaine de l'avoir connu plus agile que cela. C’était ça les adultes, trop grand, trop imposant, ils perdaient toute légèreté.
Feisty : C'la faute des pirates ! Ils nous ont attaqués et y en a un qui m’a pas loupé, regarde un peu ça !
Très chère et unique Feisty. Elle était restée la même, aussi insouciante, aussi espiègle et toujours une enfant. C’est vrai, le temps pour les enfants perdus semble s’être stoppé dans sa course. Ils sont inchangés, fidèles à leur position. J’ai du mal à croire que j’ai un jour été comme eux, cela me parait si éloigné. Je ris en mirant le visage polisson de mon ancienne amie, m’exposant fièrement son coquard. Je poursuivis mon avancée sur mon postérieur, prudemment et sans mouvement brusque. Le bois craquait bien trop à mon goût.
Feisty : Le gros tas qui m'a fait ça m'a désarmé, alors je suis revenue chercher mon poignard, mais comme j'étais plutôt sonnée, j'ai pas vu le piège. Faut dire qu'il était bien caché hein !
Je n’en doutais pas une seconde, c’était évidemment que c’était le vil pirate le coupable et pas l’étourderie d’une enfant qui n’admettrait pas que l’erreur ou le faux pas venait d’elle et de personne d’autre. Je m’arrêtais retirant le couteau de ma bouche tout près de la corde. « C’est le principe d’un piège, prendre en traitre celui qui se prend dedans…allez, cesse de gigoter et tiens toi tranquille, j’ai peur que la branche ne cède sous mon poids »
Feisty : Bah dit donc, toi aussi tu deviens un gros tas à ce que je vois !
Ma tête dodelina de droite à gauche, quelle effrontée j’avais là. Un gros tas ! Heureusement que je prenais plus les choses à la plaisanterie. Et puis, elle n’avait pas tort, j’avais pris en muscle et en grandeur, ce qui me rendait moins souple qu’enfant. Quelques années en arrière, j’aurais surement joué les équilibristes, un pied devant l’autre sur la branche et en un rien de temps, j’aurais délivré mon amie. Cependant, je suis ce que je suis aujourd’hui. Un grand dadais de 22 ans d’apparence, des muscles trop saillants pour me rendre habile. Pour détendre l’atmosphère, je touchais ma bedaine que je sortis en gonflant le ventre. « Eh oui…c’est plus de l’imagibouffe là-dedans ! » Feisty repartit sur un rire, impossible de faire taire ce petit bout lorsqu’elle tenait une proie face à elle. Je plantais mon arme dans l’écorce du grand arbre, me penchant pour attraper le plus de corde possible et la hisser lentement vers moi.
« Qu’aurais-tu fait, si je n’avais pas été dans le coin ? Le sang te monte déjà à la tête, la bagarreuse…et tu ne pourrais pas arrêter de gigoter dans tous les sens, si tu me fais tomber, je risque fort de me briser le cou ! » Je vais très surement me faire traiter de rabat-joie, d’adulte ennuyeux, trop à faire attention à tout, alors que tout n’est qu’un jeu. Si elle savait…les enfants ne devraient pas apprendre les choses que l’on sait en tant qu’adultes. Elle a bien raison de ne jamais vouloir grandir, oui, elle a tellement raison. À force de tirer, je touche enfin le bout de son pied. « Redresse toi ma belle et attrape mon avant-bras, je vais te hisser sur la branche ! » La jeune enfant s’exécute et je la récupère, soupirant de l’avoir sorti de là.
« Tu verrais ta tête ! » Je pouffais de rire, ses cheveux étaient restés droits sur sa tête, son visage rosi par le sang et son œil bleuté qui jure maintenant avec le teint de son visage. On reste là, se mirant un sourire aux lèvres. J’ai mal au ventre, tellement je ris, la peur peut-être, mélangé à l’adrénaline de mon sauvetage. Après tout, si elle était tombée, et moi avec elle, nous nous serions probablement rompu la nuque. « Tu n’as pas changé…tu auras de quoi raconter ce soir autour du feu de camp. Allez ! Donne moi ce pied, je vais te retirer ton lien »
J’attrapais sa petite jambe sur ma cuisse, m’appliquant à couper le cordage sans toucher l’enfant. Soudainement, je stoppais mon geste, entendant un craquement tout près de nous. Je coupais le lien, plaçant un doigt sur ma bouche pour ne pas qu’on nous repère. Trois vils forbans apparurent au dessus de nous, ils semblaient se disputer sur le chemin à suivre. Mon regard croisa celui de Feisty, j’avais peur qu’elle commette une bêtise. Son regard espiègle m’en dit bien trop pour que je ne sois pas inquiet pour la suite de notre mésaventure.
Il en fallait peu pour amuser Feisty. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Secoué par des ricanements bruyants, ses yeux percevaient la scène sous un jour beaucoup plus comique qu'elle ne l'était vraiment. Elle n'entendait pas la branche craquer, elle ne voyait pas les mètres qui la séparaient du sol ou le danger dans lequel elle aurait pu être si Erim n'était pas venu à son secours. Son imagination, tel un filtre, lui renvoyait une réalité disparate où tout n'était que jeux. Elle riait toujours lorsque Calico commença à la hisser, se représentant son ami avec un ventre énorme, gonflé par ces boissons puantes que consomment les adultes. Elle avait déjà taillé en pièces de vieux pirates avec ce genre de ventre. Ceux-là étaient aussi adroits aux combats qu'Erim était à l'aise sur sa branche d'arbre.
« Qu’aurais-tu fait, si je n’avais pas été dans le coin ? Le sang te monte déjà à la tête, la bagarreuse…» Erim n'avait pas tort. Suspendu depuis plusieurs minutes maintenant, la pression dans sa boîte crânienne se faisait de plus en plus pénible. Son petit fou rire n'avait rien arrangé. Désireuse de se sortir de là au plus vite, la fille perdue recommença à se tortiller comme un verre.« …et tu ne pourrais pas arrêter de gigoter dans tous les sens, si tu me fais tomber, je risque fort de me briser le cou ! » « N’importe quoi, c’est pas si haut ! » Rétorqua-t-elle aussitôt. « Même que je pourrais sauter sans rien me casser ! » C'était même évident. Feisty avait beau ne pas être en mesure de juger objectivement de la hauteur à laquelle elle se trouvait, pour elle aucun doute : Erim, dans sa trouillardise d'adulte, exagérait. C'était bien les adultes ça, toujours à craindre un danger qui n'arriverait jamais. Mais Feisty n'avait pas peur. Jamais. La peur, c'était bon pour les faibles. Sans sourciller, elle s'accrocha à Erim pour se hisser sur la branche, soulagé de sentir sa tête refroidir. Elle lança un grand sourire à Erim, une manière de le remercier sans se plier à des politesses ennuyantes qu'elle avait de toute manière oubliées depuis longtemps. Un sourire qui se transforma rapidement en rire lorsque l'ancien enfant perdu souligna la drôle de tête qu'arborait la bagarreuse. Il était amusant, Calico, tellement que c’était difficile de le considérer comme un adulte désormais. C’était étrange, oui, de le revoir là. Elle se souvenait avoir parcouru ses bois à ses côtés, avoir admiré le courage de son aîné, elle qui était à l’époque si jeune. Des souvenirs flous, brouillés par le temps. « Toi t'as changé par contre. Tu deviens vieux. » Tact et subtilité ne faisaient pas vraiment partie de son vocabulaire. Aucune barrière entre ses pensées et ses paroles, Feisty disait ce qu'il lui passait par la tête. Ces mots pourtant, n'étaient remplis d'aucune méchanceté, d'aucun jugement. Elle avait prononcé cette phrase d'un ton neutre, presque désintéressé. Simple constat d'un temps qui continue à passer autour d'elle sans la heurter dans son impact.
« Tu veux savoir ce que j'aurai fait si tu n'étais pas venu? » Dit elle pendant que son ami commençait à défaire ses liens « Déjà, je me serai fait une petite imagibouffe, j'ai super faim. Puis, j'imagine que les autres auraient fini par m'entendre crier… » Bien entendu, l'hypothèse d'un enlèvement par les pirates n'était pas envisageable pour elle. « Ou alors, j'aurai botté les f- » Elle s'arrêta, médusée devant le regard alerté d'Erim. Il y avait du bruit. Tout près, juste en bas. C'était des pirates. Trois pirates, plus précisément. À les entendre, ces vieux poissons semblaient s'être perdu. Feisty pouffa discrètement, une main devant sa bouche. Quelle bande de bras cassés. Elle continua à les suivre du regard, silencieuse, un petit sourire sur les lèvres. Elle avait une idée. C'est un regard rempli de malice qu'elle releva sur Erim. Lui, ne souriait pas. Surement avait-il oublié à quel point provoquer des forbans était amusant. Heureusement pour lui, Feisty était là pour le lui rappeler. « On va se marrer. » Murmura t-elle à l'intention de son compagnon.
Doucement, elle se laissa tomber sur une branche toute voisine, à peine plus basse, juste dessous Erim. Les pirates s'étaient arrêtés sous ses pieds. Trop occupé à se disputer, aucun d'entre eux n'avait encore remarqué leur présence. Parfait. Mille idées plus stupides et imprudentes les unes que les autres se bousculaient dans son esprit. Si seulement elle avait pris son lance-pierre, ou son poignard… Tant pis, elle ferait avec les moyens du bord. Elle jeta un dernier coup d’œil à Erim. Aucun d'entre eux ne parlait, mais leurs regards en disaient long. Celui de la jeune fille débordait de malice. Mais elle ne retrouva pas ce même éclat dans les yeux de Calico. Seulement de l'inquiétude. Est-ce qu'il allait céder à son côté adulte, lui demander d'arrêter, de remonter ? Feisty se le demandait bien, alors, lentement, elle porta deux doigts jusqu'à sa bouche, un air de défi sur le visage. Puis, d'un coup, elle siffla. Un sifflement clair et puissant.
« Qui est là ? » grogna l'un des boucaniers en regardant autour de lui. « Ricky ! » « C'est quoi ce bordel… » « Ricky ? Qui ? » « Regarde, là-haut ! » « Riquiqui comme ton zizi ! » Les pirates relevèrent le nez vers une Feisty, hilare, à la fois devant la mine surprise des vieux tas, mais aussi de sa propre blague. « Sale drôlesse, descendez de là vous deux ! » Lui, riait moins. Épée en main, ce pirate à jambe de bois s'était rapproché du tronc et menaçait les deux amis avec son arme. La brunette ria. Ils étaient tellement hauts qu'il faudrait que les pirates se décident à grimper pour avoir une chance de les toucher. De sa branche, elle se sentait toute puissante sur eux, bien qu'elle soit complètement désarmée.
« Hé, toi en bas, quelle est la pire peur d'une jambe de pirate ? » Pas de réponse, seulement un grognement du pirate qui, visiblement, avait décidé de venir déloger Erim en commençant à escalader. « Mauvaise réponse ! » s'écria t-elle, déçu. Ce pirate était barbant. Il n'entrait même pas dans son jeu. Tant pis pour lui. Elle s'avança sur sa branche pour se positionner juste au-dessus du forban. Là, dans une élégance propre aux enfants perdus, elle lâcha sur le visage du vieux poisson, un joli cracha. « La réponse, c'est les termites ! Tu devrais le savoir avec ta jambe! » Feisty ricana. Le pirate lui, avait arrêté son escalade à quelques mètres du sol et d'Erim, et hurlait des injures toutes plus sales les unes que les autres à l'intention de l'enfant perdu. La gamine le trouvait assez agile quand même, ce gros tas, elle devait bien lui reconnaitre qu'escalader avec une jambe en moins ne devait pas être évident. Les autres cependant, possédaient encore leurs deux jambes, et grimpaient pour attaquer Erim. « Dis Erim, t'as pas une épée à me prêter ? »
Je le craignais, le début des ennuis. Je ne refusais jamais une bonne bataille, mais il était trois et la gamine ne faisait pas le poids pour me porter secours face aux forbans des mers. Sans bruit, mais agité de gestes, je lui demandais silencieusement de ne pas faire ce qu’elle allait faire, avec ou sans ma permission. On n’arrête pas un enfant qui souhaite s’amuser. J’en sais quelque chose pour l’avoir pratiqué pendant des siècles entiers. Lorsque j’y pense, j’étais bien plus vieux que l’apparence le laissait croire. Le sifflement de la p’tite crapule résonna et je mirais la scène du haut de mon arbre. Que ces pirates étaient stupides. J’avais envie de rire bien entendu et je finis par le faire à la blague enfantine, mais adorable de ma compagne de fortune. Par le vieux Silver ! Voilà qu’ils jetaient des yeux mauvais vers nous à présent. Je n’avais que mon poignard et eux possédaient des sabres coupant comme une lame aiguisée. Le rire de Feisty était clair, cristallin, aussi pur et insouciant que l’enfant.
Feisty : Hé, toi en bas, quelle est la pire peur d'une jambe de pirate ?
Pendant qu’elle occupait les sales bonshommes, je redressais le visage vers la cime des arbres, il fallait trouver une issue, un replie. Leur tomber sur le museau n’était pas une bonne idée et je risquais moi, de mon rompre les os. Pendant que je réfléchissais, Feisty n’en ratait pas une, crachant au visage du boucanier que je n’avais même pas vu grimper. Décidément, si je pouvais…Mais bien sûr que je pouvais, cette flamme je la possédais encore en moi, elle avait juste besoin d’un peu de bois pour ressurgir.
Feisty : Dis Erim, t'as pas une épée à me prêter ?
Mirant les assaillants nous rejoindre, je tournais enfin mon visage souriant vers Feisty. « Non, mais j’ai mieux ! » Elle sembla surprise et je me levais, d’un coup beaucoup à l’aise, ma crainte de côté, « Allons nous amuser un peu ! » Après un clin d’œil vers mon amie, je me plaçais sur le tronc, mon couteau dans une main. « Je descends que cela vous plaise ou non ? » Surpris et paniqués que je veuille leur passer dessus, les pirates lâchèrent leur prise et je saisis la corde où était Feisty pour descendre rapidement et me retrouver sur mes jambes. Enfin, un atterrissage plus en souplesse que ces trois gros vieux pirates. Sifflant, je montrais mes bras à Feisty, qui prenant la corde fit de même. Je la réceptionnais rapidement donnant mon couteau à la bagarreuse et bavarde, et oui, plus que moi, cela était possible. « Si ça tourne mal, retourne à l’arbre et laisse moi en arrière » Son regard me disait le contraire, le mien par contre était sans négociation.
Alors que les trois poissons pourris se redressaient difficilement, je saisis une grosse branche pour parer les attaques de sabres. « Alors, les puants, on n’aime pas les blagues, pourtant, tu devrais aimer, toi ! » Je désignais celui qui avait un nez énorme. «Tu dois loucher avec une patate au milieu du visage ! On t’a jamais dit que lorsque tu te mouchais, tu serrais la main d’un ami ? » Il voit rouge, crie et se rue sur notre maigre défense. Je pars les coups avec la branche, les vibrations de son sabre résonnent dans mon bras. Je finis pas attaquer donnant un coup avec le bois dans son visage, il se renverse, son nez en sang. « C’est la mer Rouge à présent !!! » Feisty rigole et je fais mon possible pour qu’elle n’ait pas à prendre un mauvais coup, envoyant mon bouclier de fortune sur l’un des pirates qui voulait la prendre à revers. « Et l’histoire se termine comment, Bagarreuse ? »
« Non, mais j’ai mieux ! » Mieux qu’une arme ? Pour combattre des pirates ? C’était difficile à croire, mais Feisty attendait de voir ce que son camarade lui réservait. Il souriait et la petite lui renvoya son sourire. Là, elle le reconnaissait enfin ! C’était lui, Calico, le vrai. Quelqu’un de courageux, sans peur, pas l’adulte tremblotant sur sa petite branche. Un sourire fixé sur les lèvres, elle l’observa faire l’équilibriste jusqu’au tronc. Les pirates étaient là, aussi déterminé que jamais à grimper déloger les deux pitres. Ils allaient bientôt le regretter. Feisty pouffa. Malgré leurs visages féroces, ils n’avaient pas l’air bien malin ces pirates. À peine Erim menaça-t-il de leur passer sur le corps, que tous lâchèrent prise pour se laisser tomber quelques mètres plus bas. Avec agilité, Calico saisit la fameuse corde qui avait retenu la fille perdue prisonnière pour se laisser glisser jusqu’au pied de l’arbre. Sagement assise, les pieds balançant dans le vide, elle le regardait faire, curieuse de voir quel sort il réservait à ces vieux tas. Un sifflement la sortie de son inhabituelle immobilité. Erim lui tendait les bras. Feisty s’apprêtait à sauter dans le vide comme elle avait souvent l’habitude de le faire pour impressionner ses amis, mais, plus par peur d’abimer les vieux bras d’Erim qu’autre chose, elle se résigna à utiliser elle aussi la corde. À être prudente.
« Attention, j’arrive ! » cria-t-elle. La chute ne fut pas longue, souple grâce à la corde. La Bagarreuse se retrouva rapidement les pieds sur la terre ferme. « Tu sais que j’aurais pu sauter hein, mais je me disais que tes gros muscle ne serait peut-être pas assez fort pour me réceptionner. » Ricana-t-elle. Elle saisit le couteau qui lui tendait avec joie « Tu sais que ce n’est pas une épée ça ? » Elle le narguait, complètement insensible au danger que représentait les pirates. Feisty, s’amusait beaucoup trop. Pourtant, l’avertissement d’Erim jeta comme un froid sur la bonne humeur de l’enfant. Elle ? L’abandonner ? Est-ce qu’il l’avait bien regardé ? Feisty n’était pas lâche, elle n’abandonnait jamais ses camarades de guerre. C’était une règle fondamentale. Mais pour faire plaisir à Calico, elle marmonna brièvement un oui, oui, étouffé, tout en croisant ses doigts dans son dos. Il pouvait toujours essayait d’asseoir son autorité d’adulte sur la gamine, c’était peine perdu. Quand Feisty décidait quelques choses, rien ne pouvait la dissuader.
Mais déjà, les pirates, qui était tombé comme des gros tas –c’était le cas de le dire pour une fois- au pied de l’arbre se relevait. Armée de son petit couteau, Feisty était prête à affronter l’ennemi, quitte à se faire noircir l’autre œil. Le pirate à la jambe de bois, le visage encore mouillé de la salive de l’enfant, lui fonça dessus. La petite l’évita avec souplesse, beaucoup plus agile que lui. Elle s’amusait à lui tourner autour, le plantant occasionnellement sa lame dans la cuisse de sa jambe valide, quand la blague d’Erim accapara totalement son attention. Feisty avait le rire facile. Aussi resta-t-elle hilare face à la plaisanterie d’Erim, évitant de justesse le pirate qui tentait à profiter de son inattention pour l’avoir. « C’est la mer Rouge à présent ! » Feisty fut achevée à la vue du pirate avec son énorme nez en sang. Elle riait tellement, que si Erim ne s’était pas interposé entre elle et Jambe de Bois, elle aurait pris un sacré mauvais coup.
« Et l’histoire se termine comment, Bagarreuse ? » « Les méchants se font tailler en pièces et les gentils triomphent. » C’était comme ça. Les vilains des contes étaient toujours voués à un destin funeste, tandis que les véritables héros, après avoir prouvé leurs bravoures, vivaient heureux jusqu’à la fin de leurs jours. Est-ce que Feisty était réellement une gentille alors qu’elle enfonçait son poignard dans l’estomac du forban à la jambe de bois, un sourire amusé sur le visage ? Le pirate tomba sur ses genoux, les mains plaquées sur sa blessure pour stopper l’hémorragie. Sans une once de pitié pour sa victime, Feisty lui donna un coup de pied pour le mettre à terre et l’empêcher de nuire. Celui-là, allait bien tranquillement se vider de son sang. Sans perdre une minute, la fillette subtilisa le sabre du pirate et le lança à Erim « Attrape ! Ce sera plus simple avec ça ! » Un bâton, c’était bien, mais rien ne valait une bonne vielle lame tranchante. Tandis que le pirate qu’elle avait mis à terre baignait dans son propre sang, Feisty se rua sur le pirate qu’était en train d’attaquer Erim. Deux contre un, c’était peut-être lâche, mais le troisième pirate, celui à qui elle avait fait sa blague quelques minutes plus tôt, avait mystérieusement disparu.
Le pirate au gros nez, déjà bien affaibli par sa lutte avec Erim, ne montra que très peu de résistance à la double attaque dont il était victime. Il tomba à terre, achevé par les coups de Calico. L’endroit, tout d’un coup, redevint calme. « Il en manque un. » remarqua Feisty en faisant la moue. Son regard fut lentement attiré vers la fameuse branche au-dessus de leurs têtes. Le maudit pirate avait profité de l’attaque pour grimper se réfugier en haut ! « Pff, sale lâche ! » hurla Feisty. « Tu va voir, je vais le faire descendre moi. » Elle ramassa un caillou d’une bonne taille au sol, et, avec son lance-pierre, visa le pirate. Le projectile l’atteignit en pleins milieux du front, le faisant chuter de sa branche. Il s’écrasa avec un bruit sourd sur le sol, toujours vivant. « Tu vois ! Je t’avais dit qu’on pouvait sauter sans se tuer ! » s’exclama l’enfant, triomphante. « À vous l’honneur, très cher ami ! » dit-elle, faussant un accent chic, le tout accompagné d’une révérence. Après une telle bataille, Erim avait bien mérité d’achever le dernier pirate.
Feisty : Les méchants se font tailler en pièces et les gentils triomphent.
Si seulement, tout se terminait toujours ainsi, les enfants perdus ne perdraient pas la vie aussi souvent et les pirates seraient en minorité sur l’île, mais il n’en était rien. Non, les gentils ne gagnaient pas toujours et le Happy End n’était pas celui que l’on imaginait. Une chose était certaine, étant l’adulte, je ne laisserai pas Feisty se faire blesser pour aujourd’hui. En souvenir du bon vieux temps, dirait-on. La bataille fit rage, le sourire aux lèvres, le jeu était aussi amusant qu’il l’avait été des années avant.
Feisty : Attrape ! Ce sera plus simple avec ça !
« Merci ! » Je m’amusais à faire tourner le sabre entre mes doigts avant de combattre les deux forbans qui avaient décidé d’en finir avec nos pauvres existences. Seulement, c’était bien mal connaitre la gamine et le grand type que j’étais. Avec l’aide de mon amie, je venais à bout de mes ennemis, enfonçant ma lame dans le corps de l’homme sans une pointe de regret. Les pirates ! Si je pouvais tous les achever, je le ferais. Le calme se fit une fois que les plaintes de l’autre pirate agonisant se turent enfin. Le visage à l’affut, tel un chien de chasse qui sent le danger, Feisty annonça qu’il en manquait un. En effet, je comptais rapidement les corps au sol, il n’y en avait que trois. « Il a peut-être fui ? » Mais c’était sans compter sur la brunette qui tel un chien ne lâchait pas prise sur un os à ronger. Je redressais le visage vers la vermine qui avait trouvé refuge sur notre branche, les bras croisés sur ma poitrine, je laissais la gamine se faire plaisir avec lui, attendant qu’il tombe pour pointer ma lame vers son visage. Vu son état, il ne serait pas allé bien loin. Il couinait comme un animal blessé, il m’aurait presque fait pitié.
Feisty : À vous l’honneur, très cher ami !
« C’est trop d’honneur que tu me fais, mon amie ! » Souriant, j’approchais ma lame, mais au moment où je voulus l’enfoncer dans sa chair moisie, il se mit à me supplier, prétextant qu’il avait une famille, deux enfants et qu’il ne faisait que son travail. Pourquoi, cela me touchait à présent ? Qu’importe qu’il ait une famille ou non, il était un pirate. Je levais de nouveau la main, mais son visage, ses presque larmes m’empêchaient presque de l’achever. Feisty me demanda ce que j’attendais. Oui, qu’est-ce que j’attendais ? « Rien ! » Fermant les yeux, je donnais le coup fatal au pirate, voilà ce qui avait changé pour moi, savoir que la vie, même la plus horrible mérite d’être vécue. Chose dont les enfants perdus n’ont pas conscience. « Tu ferais mieux de ne pas traîner…retourne à l’arbre et…évites de dire que je t’ai aidé lorsque tu raconteras ton aventure, je ne pense pas que ce soit au goût de Rufio que l’ancien Calico soit encore dans les parages… » Je lui tendis le sabre pour qu’elle prouve ses dires, le temps changeait les gens, mais pas tous.
Feisty s'esclaffa. Voilà que le pirate commençait à couiner maintenant. Entendre des supplications sortirent de la bouche de ce pirate avait quelque chose à la fois d'hilarant et étrange. L'image que lui renvoyait ce forban, suppliant à terre, était à mille lieues de celle que s'était créé son esprit. Ridicule. Au fond, la fille perdue ne put s'empêcher d'être déçue. Tout d'un coup, ce pirate qu'elle avait tant apprécié combattre, venait de s'abaisser à une créature larmoyante et pitoyable. Le brusque changement d'attitude de ce gros tas ne la fit plus rire. Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Il était en train de tout gâcher. Elle avait la désagréable impression d'être face à un acteur qui, au beau milieu d'une pièce, venait de sortir de son personnage. Dans un soupir agacé, la fillette leva les yeux au ciel. Désormais, elle s'ennuyait ferme devant ces pleurnicheries. « Bah alors tu as peur de te tâcher . Qu'est-ce que tu attends ? » Demanda-t-elle, médusée face à l'attitude d'Erim. Le pirate était à sa merci, il n'avait plus qu'à l'achever. Le regard de Feisty dansa entre le visage de Calico et celui du pirate. De toute évidence, l'âge ramollissait les gens aussi bien physiquement que mentalement. C'était ça le problème des adultes, ils réfléchissaient trop. À trop réfléchir, on finissait par ne plus agir du tout. « Rien ! »
Squish. Boum. Le corps du loup de mer s'écroula au sol dans un bruit sourd, inerte. La fille perdue sourit, satisfaite, sans un seul sentiment de culpabilité. Après tout, lui et ses compagnons l'avaient bien cherché. Penchée sur le cadavre du pirate, elle utilisa les vêtements de celui-ci pour essuyer la lame ensanglantée de son poignard tout en hochant la tête aux dires de Calico. Malgré leur aventure de cet après-midi, son ami restait un adulte, et les souvenirs presque oubliés du conflit qui avait opposé Rufio à Erim lui revinrent en tête. « Je dirais rien, promis juré craché ! » Peut-être avait-elle la langue bien pendue, mais la fillette savait garder un secret quand il le fallait. Pour accompagner sa promesse, Feisty, sourire aux lèvres, cracha dans sa main pour serrer celle de son ami après avoir pris le sabre. « La tête qu'ils vont faire là-bas en me voyant avec ça ! » Tout excitée, Feisty fit danser le sabre, imaginant déjà les mots qu'elle allait utiliser ce soir autour du feu pour rendre cette aventure encore plus mémorable. Son petit jeu fut de courte durée, de grosses voix se faisaient entendre au loin. Des pirates. Encore. Ceux-là devaient certainement chercher leurs camarades. « Mais c'est que ça grouille la forêt ! Bon t'as raison, vaux mieux que je rentre maintenant ! À la prochaine Calico, oublie pas de faire de l'exercice hein ! » Sur ces mots, elle lança un dernier signe à Erim puis rejoignit l'arbre en courant, sans plus de formalité. À quoi bon s'attarder? Qu'importe combien de temps s'écoulait jusqu'à leur prochaine rencontre, elle allait le revoir, s'en était une certitude. C'est triomphante qu'elle arrive à l'arbre du pendu, naïvement bercé par l'illusion qu'aucun malheur ne pourrait jamais arriver, ni à elle, ni à ses amis.