L'ennui.. Le pire des ennemis si vous voulez mon avis. Le seul duel qu'on ne peut pas gagner. Car soyons réaliste, on a beau le tuer, il finit toujours par revenir. Passer le temps à tout ce que notre imagination peut bien vouloir envisager ne sert à rien, c'est un adversaire trop coriace. Et c'est toujours quand vous vous y attendez le moins, quand vous pensez avoir trouvé votre bonheur dans une occupation, pas forcement la plus passionnante au demeurant quand on y réfléchis bien, mais celle qui occupe le plus sur l'instant... c'est quand on ne s'y attends pas disais je, que l’ennui refait surface. Sans prévenir. On se lasse. Et c’est en général à ce moment précis qu'on commence à envisager une solution pour le tuer de nouveau. Et.. la plupart du temps... c'est l'option la plus idiote qui ressort en premier. Aujourd'hui ce sera simplement : et si j'allais faire un tour hors des sentiers battus. Idiot n'est ce pas ? Simpliste tout du moins. Mais en plein jour, que pourrais je faire d'autre ? Il y a trop de personnes que j'aimerais éviter pour diverses raisons aux abords du lagon et j'aimerais ne pas avoir à supporter quelques retrouvailles plus ou moins plaisantes avec.. bah qu'importe. Quant à me rendre ne ville, je ne suis pas encore assez sot pour espérer réussir quelques larcins à cette heure de la journée.
Ainsi me voilà, déambulant sans but aucun, si ce n'est de trouver enfin de quoi tuer l'ennui avant qu'il ne me tue à son tour. C'est dingue, malgré toutes ces années, je n'ai toujours pas trouvé ce qui saurait m'occuper sur le long terme. Les femmes peut être.. mais de ça aussi je me lasse, tout comme des hommes d'ailleurs. Je préfère fuir avant d'avoir perdu tout l’intérêt de la conquête, de la découverte. Peut être aujourd'hui m'apportera-t-il un lot d’inattendu suffisant pour m'occuper l'esprit un temps. Tient... il me semble pourtant m'être déjà promené dans ce coin. Il y a des années de cela. Mais de cette cabane là, je n'ai pas le moindre souvenir. L’inattendu enfin. A moins que ma mémoire ne me joue un tour. Qu'importe, l'effet est là. Et si j’hésite un bref instant à m'aventurer plus prés, la curiosité prend tres vite le pas sur toute forme de prudence. Je fais le tour des lieux. Que quelqu'un vienne me dire quoi que ce soit, je ne fais que passer. Seulement...
Seulement si la maison en elle même ne semble pas avoir grand intérêt, la remise en revanche attise une forte envie de fouiner un peu plus. Les gens rangent toutes sortes de choses dans ce genre d'endroit. Qui sait, je mettrais peut être la main sur quelque chose d’intéressant... Ainsi me voilà à longer la façade, guettant le moindre son à l’intérieur qui trahirait une présence pouvant bouleverser mon petit plan. Personne à première vue. L'occasion est trop belle et je n'ai qu'a jouer un peu avec la serrure pour me glisser dans la battisse. En temps normal, je préfère le challenge d'un vol en bon et due forme à un vulgaire cambriolage de maison vide, mais il faut que je m'occupe. La porte refermée derrière moi, je prends le temps de parcourir la pièce du regard, me figeant nette en découvrant une silhouette allongée là. Pas si désert que cela on dirait. Est-ce qu'elle dort ? Je ne résiste pas à l'envie de m'approcher pour m'en assurer et je laisse un petit rictus fendre mes lèvres en analysant un peu mieux les choses. Elle est dans un sale état. Quelque toubib se sera chargé de lui porter les premiers soins mais dans son état, elle ne sera pas une gène pour moi. Et puis.. à défaut d'autre chose, ce qui semble être le tas de ses effets personnels me tend les bras. C'est trop tentant, presque trop beau pour être vrai. « Tu n'en as pas besoin pour le moment. » que je murmure simplement en entament une fouille minutieuse de ses affaires. Elle a forcement quelque chose de valeur dans son fatras. Ou bien le doc s'est servit en premier...
And I hate that I can't say your name without feeling like I'm part of the blame and it's never gonna feel quite the same. But it's never gonna change and I hate that I'm always young had me feeling like you were the one and it's never gonna feel like it's done. 'Cause it's never gonna change never gonna change
Aëlis & Drogon
Ça n’avait pas été comme les autres. Celle-ci avait été pleurée, Drogon avait vu sa famille verser toutes les larmes de leur corps sur cette ultime trace de leur être bien-aimé. Le fossoyeur avait l’habitude d’enterrer des pirates, des truands, des clochards ou des filles de joie. Des gens que personne ne regretterait outre mesure, en vérité. Mais cette demoiselle-là, celle qu’il avait mis en terre quelques heures auparavant, c’était une personne de bonne famille. Trop jeune pour finir dans un trou, trop frêle pour survivre dans un univers si rude. La maladie, la fatigue et l’usure l’avaient empotée. Drogon s’était senti plein d’empathie pour ces pauvres proches qui avaient hurlé à l’injustice. Tant d’êtres vils et répugnants peuplaient cette belle île de Neverland et pourtant, c’était leur petite qui partait en premier.
L’homme alla se laver les mains et s’aspergea allégrement le visage d’eau fraîche. Il lui fallait se ressaisir, il exerçait ce métier depuis assez longtemps pour savoir qu’une distance était nécessaire par rapport à tout ça. Drogon reprit donc la face, se redressa et conclut que tout cela n’était que la vie sur Neverland. Le fossoyeur avait souvent été critiqué pour cet air froid, distant, ce manque de sentiment apparent qu’il laissait paraître. La vérité était que le loup solitaire préférait garder ses émotions pour lui-même, loin des regards bienveillants ou pire plein de pitié. Drogon avait trop de fierté pour se laisser prendre en pitié par qui que ce soit.
Il regagna sa demeure, se laissa tomber dans un vieux canapé qu’il était parvenu à marchander à des marchands de passage. Drogon ferma les paupières, un instant seulement. Tout du moins, c’est ce qu’il était censé faire mais le manque de sommeil l’emporta dans des limbes qu’il était bien loin de pouvoir maîtriser. Quand il se réveilla, le fossoyeur avait cette désagréable impression d’avoir trop dormi. Il était de mauvaise humeur, bougon et irritable. Il était pourtant temps d’aller vérifier que tout allait bien pour son ingénue. Cette femme, cette intrigue. Drogon se posait beaucoup de questions à son sujet, des interrogations qui restaient entières vu que la belle ne daignait ouvrir les yeux.
À peine eut-il franchi le pas de la porte du labo que déjà, quelque chose le frappa. Cette silhouette, svelte et élancée, au milieu de la pièce. Qui était-ce ? Drogon s’empara de la pelle posée contre le mur et la serra fermement entre ses paumes. Qu’importe ce que cet individu était venu chercher, qu’importe qu’il soit dangereux ou inoffensif, le fossoyeur allait lui apprendre à outrepasser ses droits et à souiller la propriété des autres. Son regard se posa sur la jeune femme, il fronça les sourcils et cracha :
- Si tu lui as fait le moindre mal, je couperais ton petit paquet de lopette et je l’enverrais à ta mère !
Ses doigts se resserrèrent sur la pelle tandis qu’il s’avançait lentement. Cet outil, il allait le planter entre les deux yeux de cette fouine et ensuite, il l’enterrerait comme un chien derrière le labo. Personne ne le pleurerait, personne ne serait prévenu de sa disparition. Il ne manquerait à personne. Drogon était hors de lui, rouge comme une pivoine, mâchoires et poings serrés.
- Qu’est-ce que tu fous chez moi ?
Un seul pas de travers, un seul faux mouvement de sa part et Drogon sauterait sur l’occasion de lui faire avaler ses dents.