Les mains habiles du bourreau se posent sur moi, ôtant avec empressement la robe qui cachait jusqu’alors mon corps. Le tissu sans un bruit chute sur le sol de sa demeure, je me retrouve nue devant ses yeux brillants d’un désir plus que palpable. La nudité ne me dérange pas, je suis une sirène, un être des eaux qui passe son temps plus nu que portant des vêtements. Enfin, cela l’avait été pendant longtemps pour moi, je portais des habits humains depuis plusieurs années à présent. Je n’avais jamais compris le malaise des humains avec cet aspect de leur apparence. Mais pour l’instant, mes préoccupations n’allaient pas à cette nudité, mais plus à ce que cet homme que j’avais choisi allait entreprendre. Sa bouche est avide de sensation que nos échanges lui procurent, elle va de ma bouche à mon cou, de mon cou à mes deux montagnes dont les pointes réagissent au passage de la chaleur de ses lèvres. Je frissonne, mes muscles se contractent fortement sous l’assaut de sa langue qui vient se mêler à notre jeu. Il finit par me reposer à terre, je prends les devants, le dessus, d’un simple geste pour nous faire tomber sur le sol sans toutefois nous blesser. Je suis au dessus de lui, mes doigts découvrent sa musculature, mes paumes jouent sur la peau de son torse offert et à ma merci. Je jubile rien qu’à l’idée de nos futurs ébats. C’est une bête autant que je le suis, sinon pourquoi l’aurais-je choisi parmi d’autres. Ses mains sur mes hanches, je bascule ma tête vers l’arrière, ondulant sur lui prémisse à notre union prochaine. Ma longue chevelure bouge au rythme de mes gestes, mèches chutant en cascade sur mes épaules et mon dos avant de se retrouver sur lui, entourant son visage, alors que je viens recueillir le plaisir de sa bouche entrouverte.
Suave et sensuelle, je le déleste de sa ceinture avant de m’occuper à lui faire descendre le reste des vêtements qu’il a en trop pour ce que je veux de lui. Nos corps roulent avant qu’il ne reprenne le dessus sur mon corps. Son anatomie puissante en appui sur moi me rend fiévreuse et désireuse de l’obtenir. Le risque est moindre pour moi de m’unir avec un humain, je repense à la dernière fois où je m’étais unie, avec ce triton de passage qui m’avait laissé en cadeau mon sauf-conduit, ma fille. Tout s’accélère entre le bourreau et moi, baiser, caresses, corps qui se fondent l’un dans l’autre, soupires et extase réunis, puissance et proclamation d’un plaisir assouvit. Seuls les murs de sa maison sont témoins de notre ébat puissant et sans retenue. Moment charnel où chacun de nous deux ne ressort victorieux que de sa propre jouissance. Allongés l’un près de l’autre, le corps encore en sueur de notre échange, je viens poser mon visage face au sien. Ses grands yeux clairs me mirent et je viens récolter son soupir d’un baiser un peu trop tendre, même pour moi. « Rheïane… » Ses sourcils s’arquent et je lui souris. « C’est mon nom, même si tu ne voulais pas le connaitre »
Cette femme qui s'offre à lui est non-seulement d'une beauté sans pareille, elle sait également utiliser son corps comme il se doit. Elle est sensuelle, suave, rien à voir avec ces autres femmes qui offrent leur corps sans démontrer la moindre classe. Cette belle brune respecte son propre corps, ses propres atouts et de cette façon, elle lui intime le respect. Cahan, il préfère nettement ce genre de femmes, histoire d'une nuit ou non. Bientôt, il n'y a plus aucune retenue entre la belle naïade et le bourreau. Les corps se frottent l'un contre l'autre et entrent en fusion. Il sent son coeur qui bat la chamade contre sa cage thoracique, son esprit qui s'embrume, alors que leurs corps dansent à l'unisson. Jusqu'à atteindre ce moment de plénitude et de satiété tant attendu.
Il sent la chaleur de son corps près du sien, alors que tranquillement il reprend son souffle, ses esprits. Le beau visage de la sirène s'approche du sien et il sent ses lèvres se poser contre les siennes. Cette fois l'échange est plus tendre que les précédentes, preuve que la brune cache une certaine douceur au fond d'elle, ce qui n'est pas pour déplaire au bourreau. Alors que ses iris observent son visage sans défaut, une mot s'échappe d'entre ses lèvres. « Rheïane… » Cahan, il fronce légèrement les sourcils. Rheïane... L'espace d'un instant, il croit avoir entendu un mot d'une langue qui lui est parfaitement inconnue, mais la belle brune vient aussitôt s'expliquer, un sourire sur les lèvres. « C’est mon nom, même si tu ne voulais pas le connaitre » Il étire à son tour un léger sourire, l'observant un court instant en silence. Cette femme est la même femme qu'il a rencontrée quelques instants plus tôt, mais déjà elle lui parait plus douce. Sans doute parce qu'elle est maintenant détendue, mais il n'en sait rien. « Rheïane… c'est peu commun, mais ça me plait. » À nouveau, il esquisse un sourire, son regard toujours posé sur son visage aux traits parfait. « Cahan. »
Il laisse son regard se perdre dans le sien, il laisse son corps se détendre, son esprit également. Ici, il est chez lui, dans cette maison qui lui appartient, loin de tous les regards indiscrets et des jugements. Cette femme ne le juge pas pour ce qu'il fait, ni pour son manque de douceur. Elle est tout simplement là, ouverte à lui. Elle n'est pas encore disparue comme une flèche, après avoir obtenue ce qu'elle désirait, même en sachant ce qu'il est. Il cherche encore à la démystifier, à comprendre cette noirceur qui habite son regard, mais la réalité est qu'il ne peut pas la déceler. Tout ce qu'il peut voir, c'est qu'elle a souffert, tout comme lui et suite à ça, elle a dû se forger une carapace elle aussi. Elle l'intrigue, mais Cahan, il n'est pas du genre à poser des questions, c'est pourquoi il reste muet. Il n'a pas l'habitude de montrer de la curiosité, pas l'habitude d'en ressentir, mais cette femme est bien différente des autres, elle le pousse à creuser. À ses yeux, cette femme est une créature mystérieuse, mais extrêmement intéressante.
Pourquoi je suis plus tendre avec lui ? Peut-être, maintenant que je le regarde mieux, parce qu’il me fait penser à celui que j’ai jadis perdu. Certes, il n’est qu’un humain, un homme que j’ai choisi par hasard dans cette ville, mais il y a plus. Je mire ses yeux clairs avec intensité, un sourire ourlant mon visage lorsqu’il dit que mon prénom est peu commun avant de me donner le sien. « Cahan…je n’oublierai pas ton nom. Bien plus beau que bourreau » Après un long soupire et un échange de regard qui n’a pas besoin de paroles entre nous, je viens poser ma tête sur son torse qui se soulève au rythme de sa respiration. J’entends son souffle, les battements de son cœur, cela m’apaise, comme les vagues qui s’échouent sur les rochers alors que je suis sous l’eau. Il y a fort longtemps que je n’ai pas ressenti une telle paix, éphémère certes, mais qui est bien présente pour ce moment simple avec un inconnu. Le silence qui nous entoure se fait de plus en plus léger, je ferme les yeux me laissant emporter par la plénitude, le sommeil me prend et Morphée m’emporte avec lui vers les rivages des rêves.
À mon réveil, je suis dans un lit, son lit. Il dort encore, son visage tourné vers le mien, il semble en paix. Je ne peux m’empêcher de le mirer sans oser l’éveiller. Je devrais partir, seulement, je n’en ai pas vraiment envie. Que m’arrive-t-il ? Cet homme, je ne le connais pas, pourtant, il a su, je ne sais comment, me rendre douce, me faire oublier certaines choses. Attendris, je finis par passer mes doigts dans ses cheveux pourtant courts, il bouge, je retire ma main, seulement, il ne se réveille pas pour autant. Il n’est pas pour moi, j’ai haï tellement tout le monde que je m’étonne moi-même d’arriver encore à apprécier des inconnus. Seulement, j’ai bien trop souffert pour me laisser aller à la tendre avec des gens qui pourraient me faire du mal. Non, il faut que je parte, que je quitte cette maison, je le sens, là…quelque part que je dois le faire. Je glisse de sa couche pour ne pas l’éveiller, retirant la couverture de mon corps nu qui dévoile les dessins apposés sur ma chair. Je le mire une dernière fois avant d’aller récupérer ma robe que je passe. Un dernier regard avant d’ouvrir la porte et de quitter la maison. Sans bruit, comme une voleuse je disparais de sa vie comme j’y suis entrée. Une ombre passage, un plaisir fugace qui appartiendra à un bon souvenir. Je sens encore son odeur sur moi, mes lèvres goutent encore à la sienne et c’est le cœur plus léger de cet échange que je m’en retourne vers ma vie.
« Cahan…je n’oublierai pas ton nom. Bien plus beau que bourreau » Après un échange de regard, la belle brune vient poser sa tête sur le torse de l'homme. Plus un mot, plus un son, c'est maintenant le silence qui règne en maître dans la pièce. Elle ne parle pas, ne lui pose pas mille et une questions et il s'en voit soulagé, Cahan. Il se perd dans ses pensées, mais pour une rare fois, il ne se sent pas torturé, il se sent apaisé et la présence de la naïade y est sans doute pour quelque chose. Elle est là, tout près de lui et tranquillement, elle s'endort, il peut s'en rendre compte à sa respiration qui doucement s'apaise. Toujours en silence, il l'observe, elle est belle et paisible, la sirène. Dans un geste inconscient, sa main se porte à sa longue chevelure couleur terre et ses doigts viennent s'y emmêler avec douceur, faisant bien attention de ne pas la réveiller. Il y a si longtemps qu'il a observé une femme dormir contre lui, si longtemps qu'il ne s'est pas sentie aussi apaisé auprès l'une d'entre elles. Et pourtant, cette brune est bien différente de sa défunte femme, elles n'ont rien à voir toutes les deux. Cahan, il fini par s'assoupir lui aussi, se perdant dans les méandres de ses propres pensées.
Il émerge du sommeil, Cahan, sans doute après de longues heures de repos. Ses yeux s'ouvrent et le visage de la brune lui revient aussitôt à l'esprit. Elle n'est plus là, il se retrouve à nouveau seul dans ce grand lit vide. L'espace d'un instant, il s'en voit déçu, mais il sait très bien que c'est mieux ainsi. Il n'aurait pas su comment gérer sa présence, il n'aurait pas su quoi dire, ni même quoi penser. Cahan, il n'a pas l'habitude de s'endormir auprès d'une femme et les rares fois où ça s'est produit, c'est lui qui a filé sans un mot, sans un aurevoir. Cette sirène n'a été qu'un court chapitre dans sa vie et le bourreau en garde un souvenir agréable. Elle a su calmer la bête, elle a su calmer ses démons intérieurs et elle est la seule à y être parvenue de cette façon. Maintenant, elle est partie, elle s'est évaporée et c'est sans doute mieux ainsi. Il ressent trop de curiosité envers elle et se montrer intéressé est un allé simple vers la faiblesse. La sirène n'a été qu'un court chapitre de sa vie qui se termine, mais qui laisse un esquisse de sourire sur le visage du celte.