Je voulais simplement prendre du plaisir avec ma fiancée. Il n'y avait aucun mal à cela. Après tout, cette femme serait mienne dans très peu de temps. Pourquoi ne pas le célébrer entre nous avant la grande cérémonie ? Alors que nous étions dans mon tipi, ma fiancée m'arrêta alors que j'allais toucher son buste. Je n'aimais pas qu'on me refuse ce qui était à moi, ou presque à moi… J'entrais donc dans une rage folle. La poussant vers le fond de la tente je la fis tomber au sol. Un bras autour de son cou je lui volais un baiser. Si je n'avais pas pu l'avoir elle… Au moins j'aurais eu une compensation. Mon regard était froid et distant. Je décidais donc de la marquer. Je la vis ensuite partir vers la forêt.
Sans un mot je sortis moi-même du tipi pour me rendre chez le tanneur. Il y avait quelque temps j'avais tué un magnifique loup noir. J'en avais fait un cadeau pour ma future femme. Cela nous garderait au chaud les nuits d'hiver. Je voulais lui offrir à son retour de la forêt. Pas pour me faire pardonner, mais pour lui montrer que je pouvais également un mari qui savait prendre soin de sa femme. Je mis la peau de loup bien plié dans un coin du tipi. Je me sentais exciter comme un enfant qui préparait une surprise à sa mère. Ce qui était plutôt étrange pour moi. Je ressentais rarement cette envie de faire plaisir à une autre personne. Même pour ma propre mère. Je lui avais rapporté tous mes progrès ainsi que mes fautes. Dans un cas comme dans l'autre ma mère semblait heureuse de me voir ainsi pris d'une passion. Même si je savais que, parfois, elle pleurait la nuit. Cela ne lui plaisait pas qu'on me force ainsi à être un guerrier sans peur ni reproche.
La nuit avait été longue. Elle avait pleine d’émotions et de douleur. Non seulement on avait voulu me forcer à me donner à quelqu’un, mais on s’était fâchée parce que j’avais refusée. Bon d’accord, je ne le désire pas. Je ne veux pas qu’il me touche. On devrait faire ce genre de chose quand on aime une personne. On devrait le faire par passion et non par pulsion. Un jour ou l’autre je devrais le faire. Un jour ou l’autre je serais à lui. Mais il me restait encore un peu de liberté, alors j’avais le droit de refuser. Il avait été violent avec moi, il m’avait poussé au fond de son tipi et en tombant je m’étais blessée. Il avait aussi voulu que tout le monde sache que j’étais à lui, il m’avait marqué de son symbole sur la tempe. C’était la goutte qui avait fait déborder le vase. J’étais partie en courant vers la forêt, m’éloignant le plus possible afin de ne pas le voir. Dans les bois, j’avais rencontré un médecin. Un médecin qui m’avait recousue et qui m’avait dit que je n’aurais aucune cicatrice. Une chance, je voulais qu’Abhijit voie que je n’étais pas encore à lui. Que je n’étais la propriété de personne. Il pouvait être aussi violent qu’il le voulait, il ne me briserait pas. Après un certain temps de rodage dans la forêt, il fallait bien que je rentre au camp. Il fallait bien que j’affronte ce qu’il s’était passé. Peu importe les conséquences. Mais au moins, il verrait que même lui ne pouvait me posséder et me marquer éternellement. J’appréhendais mon retour, il était certain qu’il n’en resterait pas là. Je m’attendais à ce qu’il ait communiqué avec mon père, qu’il lui dise que j’étais inappropriée. Je ne pourrais pas supporter que mon père soit déçu de moi. Alors, au lieu de rentrer chez moi, je restai à vagabonder dans le centre du camp. Je scrutais les enfants qui jouaient, les mères qui les regardaient d’un œil protecteur. Puis, mon regard se porta seulement quelques secondes vers Abhijit. Je détournai aussitôt le visage pour ne pas qu’il me voit. J’espérais qu’il ne m’ait pas remarqué. J’espérais que je l’avais mis assez en rogne pour qu’il me laisse tranquille ce soir. Mais peut-être devrais-je affronter mon démon intérieur plutôt que je ne le pensais. Je ne regardais que le vide devant moi et quelqu’un me parla, alors je lui répondis par automatisme :