Aponie marchait seule dans la forêt en trainant les pieds. Personne n’avait accepté de se promener avec elle ce qui l’avait vexée… Nuddy était trop occupée, Ma’Lila aussi et Set introuvable… La petite fille avait eu l’espoir que sa mère accepte de l’emmener à la chasse, mais elle aussi avait finalement refusé. La petite fille capricieuse et détestant qu’on lui dise non avait alors décidé de partir du camp toute seule ! Elle marchait alors en pestant contre les plus grands qu’elle. « Les enfants perdus, eux au moins ils jouent avec moi ! Ils ne sont pas trop occupés à faire des trucs de grands ! Des trucs que j’ai pas du tout envie de faire parce que c’est pas drôle ! » La petite brune ne parlait à personne en particulier, mais elle aimait imaginer qu’un petit papillon non loin de là entendait ses paroles. « C’est trop nul d’être grand ! »
Aponie jouait très souvent avec les enfants perdus et ils étaient très nombreux à lui demander de les rejoindre. L’idée était très tentante ! Plus de règles, jouer toute la journée, faire ce qu’il nous plaît, mais surtout toute la vie ! Mais la seule chose qui rebutait la jeune fille aujourd’hui était le faite qu’elle allait se retrouver sans famille… Les enfants perdus en été une ? Sans doute… Mais aucun ne pourrait la consoler comme le faisait la douceur de sa maman lorsqu’elle faisait des cauchemars… Beaucoup de choses retenaient Aponie mais aujourd’hui, la petite fille au caractère très lunatique voulait les rejoindre ! « Feisty ?!? Ozalee ?!? Roublard ??? » La petite appelait ses amis dans l’espoir qu’un d’entre eux ne soit non loin et l’entende. Très souvent s’était Feisty qui pointait le bout de son nez la première. C’était elle qui lui apprenait très souvent pleins de choses sur les enfants perdus. Mais celle qui la poussait le plus à rejoindre les enfants perdus, c’était Ozalee. Les deux petites avaient le même âge, les mêmes passions et passaient beaucoup beaucoup de temps ensemble !
« Feist…. Set-angya ? »
Aponie se stoppa très rapidement… Son cousin se trouvait devant elle et il allait sans aucun doute être très, très en colère de savoir qu’elle se promenait seule.. Faisant mine que tout était normal, elle s’approcha de lui.
« Je suis contente de te voir ! Tu vas bien ? »
Spoiler:
Désolé c'est très court, mais moi et les ouvertures....
Son arc tendu devant lui, le regard qui capte le moindre mouvement de l'animal qu'il traque, Set-angya s'avance d'un pas lent, mais assuré entre les arbres. La discrétion est son mot d'ordre et comme toujours, il y excelle. Le sanglier relève vivement la tête et ses yeux se portent droit devant lui, ses oreilles qui se dressent sur sa tête. Une voix vient briser le silence, petite, aigüe, celle d'une fillette. L'animal peureux prend aussitôt la fuite et le jeune homme range son arc et sa flèche. Ses iris sombres se posent sur une silhouette et le visage d'Aponie se dessine entre les arbres. Il fronce les sourcils, Set-angya, ses yeux cherchant une figure adulte auprès d'elle, mais rien, rien du tout. Posé derrière un arbre, il observe la fillette en silence, l'espace de quelques instants, avant de se poster à quelques mètres devant elle. « Feist…. Set-angya ? » La gamine s'arrête nettement, son regard surpris posé sur lui, avant de reprendre un air normal et de s'avancer vers lui. « Je suis contente de te voir ! Tu vas bien ? » Le regard réprobateur, Set-angya se met à sa hauteur, ses iris plongés dans les siens.
« Aponie, qu'est-ce que tu fais là ? » Elle aurait pu tomber nez-à-nez avec une bête sauvage ou encore sur une personne malintentionnée. Elle est encore jeune, elle ne saisit pas toutes ces choses, mais elle est assez âgée pour comprendre qu'elle n'a pas à venir seule en plein coeur de la forêt. Set-angya, il est protecteur, sans doute trop depuis l'incident mystérieux avec Oneida. « Tu sais qu... » Un craquement de branche qui se fait entendre non loin d'eux, Set-angya lève les yeux, ayant soudainement l'impression d'être observés. « Qui est là ? » Rien, que le silence, mais un nouveau craquement trahi la présence d'une personne ou d'un animal. Curieusement, il n'a pas l'impression qu'il s'agit d'une bête, mais bien d'une personne. Tranquillement, il se relève, sa main empoignant doucement celle de la petite. « Allez viens, on retourne à la maison. » Il ne veut pas s'attarder, il a le pressentiment d'être épié et il ne veut faire courir aucun danger inutile à la gamine. S'il devait arriver quoi que ce soit à sa cousine, il ne se le pardonnerait jamais, comme avec sa soeur d'ailleurs. Malgré les apparences, il ne s'est jamais totalement remis du traumatisme d'Oneida. Elle aurait pu en mourir et il le sait parfaitement. Voilà pourquoi il redouble de prudence avec Aponie et il n'a pas tort. Il ressent la présence de cet homme qui guette la petite au loin.
Elle en était certaine et cela n’avait pas loupé… Lorsque la petite remarqua les sourcils de son cousin se plisser, elle comprit qu’il n’était pas très content… Encore moins lorsqu’il plongea ses iris couleur noisette dans les siennes pour lui demander ce qu’elle faisait là. La petite dessina un sourire forcé montrant ainsi toutes ses dents. « Eh bien… Je… » Aponie qui s’inquiétait de la réaction de son cousin trifouillait ses petits doigts à la recherche d’un mensonge qui pourrait passer. « Je me promène ! » Certes, ce n’était pas la meilleure excuse qu’elle aurait pu trouver, mais rien d’autre ne lui venait à l’idée et le silence qui s’était installé entre les deux bruns devenait pesant pour la petite. Lorsqu’il commença sa phrase suivante, Aponie ferma un œil se préparant à un sermon. Au final, il ne termina même pas sa phrase. Un bruissement au loin, un bruit de branche craquant le fis stopper rapidement son discours. Les deux indiens tournèrent la tête en direction de bruit. Aponie était très jeune, mais elle avait déjà accompagné ses parents à la chasse, elle avait alors appris à ne pas faire de bruit et écouter les bruits de la forêt. Les grandes prunelles couleur océan de la petite scrutèrent rapidement les alentours. Le bruit été étrange… Pas le bruit d’un animal qui marche à travers les buissons, mais les bruits de quelque chose approchant à pas feutrés. Set, véritable chasseur aguerrit, sait lui aussi faire la différence entre un bruit d’animal et celui d’un humain. Lorsqu’il demanda qui était là, la seule réponse qu’ils eurent fut un nouveau craquement.
Set-angya se releva lentement. Aponie s’attendait à le voir attraper son arc pour menacer la personne qui s’approchait d’eux, mais au lieu de cela, il attrapa la petite main de sa cousine. Il semblait presser de quitter les lieux, mais Aponie n’arrivait pas à détacher son regard de l’endroit d’où venait le bruit. Elle voyait les bruissons frissonner, ce qui n’avait rien de normal..
« Set… » Dit-elle tout bas alors qu’ils s’éloignaient. Elle pointa alors du doigt un pied qui dépassait sous un buisson. Un pied qui portait une chaussure qui ne faisait penser ni aux Indiens, ni aux enfants perdus. Cette personne était-elle un occupant ?... L’homme se hissa alors rapidement sur ses jambes pointant sur eux son arme. Aponie se mit à trembler de peur, c’était la première fois qu’elle faisait face à un pirate, la première fois qu’elle en voyait un d’aussi près. « Je veux l’enfant ! » Grogna-t-il alors de sa voix croassant, sans doute abimée à force de boire du rhum. La petite indienne qui ne comprenait pas ce qui était en train de se passer se cacha derrière son cousin. Qu’est-ce qu’un pirate pouvait bien lui vouloir à elle ?..
« Set… » La voix enfantine d'Aponie se fait entendre, alors qu'ils s'éloignent. Les yeux du jeune homme se pose sur elle, pour ensuite chercher ce qu'elle lui montre du doigt. Connaissant cette forêt comme le fond de sa poche, il ne tarde pas à remarquer la chassure qui dépasse du buisson. Le temps de lâcher la main de la petite et de saisir son arc, l'homme se retrouve devant eux, son arme pointer dans leur direction. « Je veux l’enfant ! » Bien entendu, il est hors de question que Set-angya cède l'enfant au pirate, il devra d'abord lui passer sur le corps. L'indien se met devant la fillette, créant ainsi une barrière entre elle et l'homme. Il connait trop bien les pirates et il les déteste, comme le reste de la tribu, d'ailleurs. Ces hommes ne cherchent qu'à faire le mal autour d'eux et ce pirate le prouve dès la première occasion. Il veut poser ses sales pattes sur la petite et dans quel but ? Set-angya n'en sait rien et il ne souhaite pas approfondir le sujet. Tout ce qu'il désire, c'est protéger sa jeune cousine, cette gamine qu'il adore.
L'arc du chasseur est tendu devant lui, prêt à décocher la moindre flèche si ce satané pirate ose faire un pas dans leur direction. Set-angya, il a déjà tué des pirates par le passé et ça ne le gêne franchement pas de recommencer, même s'il préférerait que la petite n'assiste pas à la scène. Cependant, entre ça ou le voir faire du mal à Aponie, il préfère cent fois l'abattre sous ses yeux. « Dans tes rêves, sale abomination ! » L'indien le toise avec haine, il ose réclamer cet enfant qui ne lui est dû en aucun cas. S'il pense l'avoir, il rêve en couleur, jamais Set-angya ne lui laissera, même au péril de sa propre vie. Le pirate le regarde et étire un sourire carnassier. « Dans ce cas, je vais aller la chercher par moi-même ! » Il entame un pas vers l'avant, son arme toujours brandit dans la direction des Unamis. Set-angya, vif comme à son habitude lui décoche une flèche dans l'épaule, ne le laissant pas s'approcher davantage et l'homme se met à hurler de douleur, lâchant aussitôt prise sur son arme qui tombe au sol. « Aponie, cours ! » Il sait qu'elle lui obéira, elle est jeune, mais pas idiote et elle sait exactement dans quelle direction se trouve la réserve. Lorsqu'il entend les bruits de ses petits pas rapides qui s'éloignent sur le sol, le chasseur s'avance sans retenu vers le pirate. Serrant son arc, il empoigne son couteau de chasse et vient saisir l'homme par le col de sa chemise. Ce dernier tente de le ruer d'un coup, mais Set-angya appuie avec force sur la flèche, laissant échapper un nouveau cri à l'homme. L'indien le plaque alors contre un arbre et lui glisse sa lame sous la gorge. « Je pourrais te laisser vivre, mais j'ai l'impression que ta perte n'affectera personne. Et pour la seule et unique pensée d'avoir voulu t'en prendre à la petite, tu mérites de crever. » Le pirate entrouvre les lèvres pour parler, mais le chasseur ne lui en laisse pas l'occasion, enfonçant sa lame dans sa gorge. Oui, il aurait pu le laisser vivre, mais au péril de la vie de l'un des siens. Il préfère le voir sans vie.
Set-angya, il laisse le corps choir sur les feuilles mortes, essuyant sa lame recouverte de sang avec les guenilles du pirate, avant de laisser sa carcasse se vider de son liquide vital. Sans plus de cérémonie, il s'élance aux pas de courses, afin de rattraper la petite. La silhouette de la fillette se dessine après très peu de temps, l'adulte courant beaucoup plus rapidement qu'elle. « Aponie ! » Set-angya, il se retrouve tout près d'elle, l'arrêtant dans sa course.
Aponie était terrifiée, tétanisée. Elle ne s’était jamais retrouvée aussi près d’un pirate et celui-là en avait après elle… Elle tremblait comme une feuille et refusait de lâcher le manteau de son cousin. Ses doigts se resserrèrent sur le manteau de fourrure lorsqu’elle entendit l’arc décoter une flèche. Le cri de douleur du pirate qui s’en suivit fit cette fois fermer les yeux de la gamine qui ne voulait surtout pas voir cela… Aponie eut alors quelques secondes d’hésitation lorsque Set lui demanda de courir, paralysée par la peur.. Elle leva un instant son regard vers le visage de Set, mais celui-ci était tellement concentré à soutenir le pirate qu’il ne daigna pas la regarder. Elle lança alors un dernier regard au pirate avant de se tourner et courir aussi vite qu’elle le pouvait. Ses petits pieds martelaient le sol alors qu’elle s’éloignait. Lorsqu’elle osa enfin tourner la tête pour voir ce qu’il se passait derrière elle, elle vit son cousin s’emparer de son couteau pour sans doute tué le pirate… Et s’il ne s’en sortait pas ?..
Aponie commençait à se faire des films, elle avait peur pour la vie de son cousin. Mais elle sortit de ses pensées en entendant des pas qui semblaient se rapprocher d’elle rapidement. Elle eut peur qu’il s’agisse du pirate et se mît alors à courir encore plus rapidement. Elle enjambait les petites racines qui se trouvaient devant elle et n’hésitait pas à traverser les flaques de boue en passant en plein milieu. Dans d’autres circonstances, elle se serait, sans aucun doute, arrêtée pour démarrer une bataille de boue avec des enfants perdues ou même avec Set-angya pourquoi pas ? Mais c’était loin d’être le moment ! Aponie courrait autant qu’elle le pouvait jusqu’à ce qu’elle reconnaisse la voix de son cousin. Lorsqu’elle s’arrêta, il était quasiment à ses côtés. Un grand sourire se dessina alors sur le visage de la petite fille laissant voir toutes ses petites dents.
« Set-angya ! » Dit-elle en lui sautant dans les bras. « J’ai eu peur, beaucoup trop peur… » Elle enfouit sa tête contre le torse de son cousin le serrant fort dans ses petits bras qui ne faisait même pas le tour de sa poitrine. Lorsque la petite releva la tête, elle était tout juste assez haute pour voir par-dessus l’épaule de Set. C’est alors qu’elle vit des silhouettes se dessiner dans les buissons plus loin. Croyant que ce n’était que son esprit qui lui jouait des tours après ce qu’ils venaient de traverser, Aponie préféra ne rien dire. Lorsque ses petits pieds touchèrent de nouveau, le sol, elle entendit des insultes venir de loin. « Il n’était pas seul… » Pleurnicha-t-elle en reculant. Elle savait qu’en aucun cas, elle était assez rapide pour leur échapper… Elle préféra alors se cacher laissant Set-angya régler ça comme il le pouvait…
Tapie sous des ronces, Aponie avançait lentement pour essayer de s’éloigner du combat entre son cousin et les pirates. Elle n’avait aucune idée de combien ils étaient… Elle était terrifiée, mais elle s’efforçait de ramper pour être hors de vu des pirates. Elle s’était mise en tête de trouver de l’aide. La petite brune sentit alors quelque chose lui attraper les chevilles. Elle poussa un épouvantable cri d’effroi. Elle se mit alors à se débattre pour faire lâcher son assaillant. Cela pouvait être Set ou un pirate, elle n’en avait aucune idée, mais elle était bien trop effrayée pour se retourner, elle préférait donner des coups dans le vide dans l’espoir d’être libérée.
La fillette se retourne, lorsqu'elle entend la voix du chasseur, elle est tout sourire, sans doute soulagée de le retrouver vivant. « Set-angya ! » Elle lui saute dans les bras, enfouissant sa tête contre le torse de l'homme. « J’ai eu peur, beaucoup trop peur… » Set-angya, il la sert fort contre lui, il a eu peur pour la vie de la petite, s'il n'avait pas croisé sa route, cet homme aurait pu mettre ses sales pattes sur elle. La petite aurait pu disparaître sans laisser de traces et jamais ils n'auraient su ce qui lui était arrivée. Ou, elle aurait pu être critiquement blessée, comme Oneida, neuf années auparavant. Cependant, ce qui compte à présent, c'est que la petite soit saine et sauve. Set-angya, il laisse échapper un soupire de soulagement, la petite toujours dans ses bras solides. Après quelques secondes, il la repose au sol, prêt à retrouver le camp et à la ramener à ses parents.
C'est à cet instant même que des voix lui parviennent dans la direction opposée. « Il n’était pas seul… » Alors que ses yeux observent la petite, il peut lire la peur sur son visage enfantin et avant qu'il lui dise d'aller se cacher, elle s'exécute par elle-même. Les pirates sont beaucoup plus nombreux que lui, mais ça n'a rien d'étonnant, puisqu'il est entièrement seul. Cependant, il ne prend pas le temps d'analyser combien ils sont, qu'il tend à nouveau son arc devant lui et décoche une flèche au premier venu. Ce n'est pas le temps de discuter, ce n'est pas le temps de tenter de calmer ces hommes enragés, c'est l'heure de se battre, l'heure de tenter d'être plus fort à lui seul contre ces pirates. Il laisse échapper maintes flèches, dans le but d'éliminer ou ralentir ses ennemis. Il est doué au corps à corps, Set-angya, mais il sait parfaitement que seul contre ces hommes, il sera rapidement blessé, qu'il soit un grand guerrier ou non. L'indien réussit à élimer deux d'entre eux, alors que les autres sont soit ralenti, soit en parfait état. Très vite, il se retrouve sans flèche, alors que les hommes se retrouvent près de lui, prêts à se battre. Il laisse tomber son arc et saisit sa hache, se mêlant à la foule. Ils sont cinq, lui il est seul. Set-angya, il ne fera pas long feu face à eux, il le sait. Il inflige des coups, mais en reçoit lui aussi. C'est alors que quelques flèches volent dans les airs et se retrouvent enfoncées dans la chair des pirates. Du coin de l'oeil, Set il peut apercevoir deux chasseurs de la tribu, Ahmik et Maska, les jumeaux. C'est de soulagement qu'il soupire, n'étant plus seul contre les pirates. Avec ces deux hommes, il est assuré de gagner le combat.
Alors que les deux indiens se mêlent à leur tour au combat, un cri résonne dans la forêt. C'est Aponie, ça ne fait aucun doute. Set-angya, ses iris se posent vers la cachette de la petite et tout ce qu'il remarque, c'est le nouvel arrivant qui tente de sortir la gamine de sous les ronces. Quittant la bataille, l'indien s'élance vers le pirate et sa hache s'abat dans son dos. L'homme pousse un cri de douleur et ses mains délaissent la petite. Set-angya, il le pousse à plein visage sur le sol et retire violemment son arme de sa chair, alors que l'homme se tord de douleur. « Aponie, c'est moi. » Sur ces mots, il saisit la petite dans ses bras et la sort des ronces, afin de l'inspecter, tout en gardant un oeil vigilant sur les deux indiens et les pirates. Aponie, elle semble apeurée, mais pas blessée, heureusement. « Quachegan, on s'en sort, ramène la petite au camp. » La voix de Maska lui parvient et Set-angya, il leur jette un dernier coup d'oeil, avant de tourner le dos, la fillette toujours contre lui. Le chasseur connait la valeur des deux indiens et il sait que le combat sera bientôt terminé. Déjà, il les avait amochés et maintenant, les jumeaux achèvent ces mécréants. Tout ce qui compte à présent, c'est de ramener Aponie chez elle, en sûreté, peu importe les blessures que les pirates lui ont infligés.
Donner des coups dans le vide était totalement inefficace. Aponie sentait toujours les gros doigts d’un homme entourer sa petite cheville. Il la tirait et la traînait vers l’extérieur de son tunnel de ronce. S’agrippant à une branche avec l’une de ses petites mains et se cramponnant dans la terre avec ses ongles, elle savait qu’elle n’allait pas tenir longtemps. Comment une petite fille de 7 ans pouvait-elle résister face à la force d’un pirate d’une trentaine d’années ? Des petites larmes commençaient à monter lorsque la gamine compris que sa vie était en danger. Elle qui auparavant n’avait jamais crains de se promener seule dans les bois comprenait maintenant les avertissements de sa famille.
Un cri de douleur retentit pétrifiant la jeune fille. Était-ce la voix de Set ? Aponie en avait peur, elle n’avait guère pu le reconnaître dans toute cette agitation. Si elle venait de causer la mort de son cousin, elle ne se le pardonnerait jamais… « Aponie, c'est moi. » Se retournant brusquement pour voir la personne qui lui parlait, la petite indienne s’entailla la joue avec une épine de ronce. C’était son cousin qui était là et lui tendait les bras pour l’aider à sortir. Le cri de douleur n’était pas le sien. Un énorme sentiment de soulagement envahi la petite malgré le bruit des armes des autres guerriers qui se battaient plus loin. Encore apeurée, elle enfouit son visage contre le torse de son cousin et n’ose pas regarder les cadavres des pirates qui jonchent le sol.
Alors qu’ils s’éloignent de la scène de bataille, Aponie se décolle petit à petit de son cousin. Il prit la fuite en la tenant dans ses bras pour la protéger, mais elle ne se sent toujours pas en sureté. Dans cette foret, qui était pourtant son terrain de jeux préféré, la petite indienne ne se sentira sans plus jamais en sécurité. Alors que les premières maisons indiennes se dessinent à l’horizon, Aponie éclate en sanglots. Les larmes coulent à flot le long de ses joues et elle dit à son cousin tout bas « Je .. suis … désolée… ». Elle a beaucoup de mal à parler entre ses sanglots. « Je ne savais pas, je ne voulais pas que quelqu’un soit blesser ou pire… ». Elle était morte de honte et préférait cacher son visage couvert de larme dans le manteau de fourrure de son cousin.
La fillette enfouie son visage contre le torse de l'homme, alors qu'il retourne d'un pas rapide vers le campement. Ils restent en silence durant un moment, jusqu'à ce qu'ils arrivent près du camp. Aponie éclate alors en sanglots et sa voix parvient doucement jusqu'aux oreilles du guerrier. « Je .. suis … désolée… » Ses paroles sont entrecoupées par les sanglots, elle a du mal à parler, Set-angya s'arrête alors, avant d'entrer dans le campement et tente d'observer son visage. « Je ne savais pas, je ne voulais pas que quelqu'un soit blesser ou pire… » Elle est si jeune et même si ses parents lui ont toujours défendus de partir seule hors du camp, elle ne comprenait pas encore les risques, les dangers. Aujourd'hui, elle a connue le monde tel qu'il est. Elle a fait la rencontre d'hommes pourvus de mauvaises intentions, des hommes mauvais et maintenant, elle comprend. Elle pleure et c'est une réaction tout à fait normale pour une fillette de cet âge. La maintenant toujours collée contre lui, il relève son petit visage de sa main libre, la forcant à le regarder.
« Tu es encore jeune, Aponie. C'est normal que tu désire découvrir le monde par toi-même. Et je sais que tu ne voulais pas quelqu'un soit blessé... » Il caresse doucement sa joue, l'observant avec un sourire réconfortant. « La prochaine fois, tu dois écouter tes parents, petite. Maintenant, il est temps de les retrouver. » Sans attendre sa réaction, Set-angya continue sa route, jusqu'à la chaumière des Padma. Il sait qu'elle n'a sans doute pas envie de se faire sermonner par ses parents, il a déjà été enfant et il a désobéit à nombreuses reprises à son père, à sa mère. Set-angya, il était un enfant curieux, un enfant aventureux, bien plus que sa cousine. Il a été pris plusieurs fois la main dans le sac et chaque fois, il s'est fait sermonné. Mais peu importe, elle doit apprendre de ses erreurs, même si elle n'est qu'une enfant.
La porte s'ouvre, avant qu'il n'ait le temps de frapper. Le visage de sa tante apparaît alors, visiblement soulagée et le guerrier lui confit sa fille. Elle entre ensuite dans sa demeure avec la petite et Set-angya se voit contraint de raconter la vérité au père de la fillette. Elle aurait pu être blessée, elle aurait pu être violée, elle aurait pu être tuée, voilà la vérité. L'indien s'est retrouvé sur son passage et il l'a ramenée chez elle, en un seul morceau. Après une brève discussion et des remerciements, il laisse la petite famille réunie et retourne à la forêt, là où il a laissé ses deux amis avec les pirates. Il doit retourner voir si tout s'est bien passé, au cas où d'autres pirates auraient débarqués ou pour se débarrasser des corps de ces brutes. Avec soulagement, il retrouve les deux indiens en vie...
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Aponie marchait seule dans la forêt en trainant les pieds. Personne n’avait accepté de se promener avec elle ce qui l’avait vexée… Nuddy était trop occupée, Ma’Lila aussi et Set introuvable… La petite fille avait eu l’espoir que sa mère accepte de l’emmener à la chasse, mais elle aussi avait finalement refusé. La petite fille capricieuse et détestant qu’on lui dise non avait alors décidé de partir du camp toute seule ! Elle marchait alors en pestant contre les plus grands qu’elle. « Les enfants perdus, eux au moins ils jouent avec moi ! Ils ne sont pas trop occupés à faire des trucs de grands ! Des trucs que j’ai pas du tout envie de faire parce que c’est pas drôle ! »