Quand j'étais enfant je faisais souvent des rêves étranges où des créatures mystérieuses venaient me foutre la pétoche. J'ai jamais été un enfant qui avait peur rapidement, mais ma peur se révélé le soir quand mes yeux se fermaient mes démons refaisaient surface. Ma mère m'a toujours demandé d'où je sortais toute cette imagination, je ne lui en ais jamais rien dis préférant garder le secret qui régnait entre moi et mon père, si elle avait su tout ce serait arrêté. Après m'avoir appris à lire, mon père m'a fait lire de nombreux livres comptant des histoires fantastiques, des créatures imaginaires, des aventures chevaleresques, des choses que je pouvais seulement imaginer et j'adorais ça, même si durant mon sommeil toutes ces choses se transformaient en cauchemar, me réveillant en sanglot. Aujourd'hui je ne fais plus de cauchemar non, mais il m'arrive encore de me réveiller en pleine nuit ne trouvant plus le sommeil pour je ne sais quelle raison. Je tourne dans mon lit plusieurs minutes, mais rien y fait. Cette nuit c'est la même chose, depuis qu'on est arrivé ici c'est de plus en plus fréquent et ça a le don de me taper sur les nerfs, heureusement le ciel est la plupart du temps dégagé ici ce qui me laisse le loisir d'observer les étoiles. Elles sont différentes ici, elles sont plus nombreuses et leur placement n'est pas le même, c'est comme si nous avions té transporter dans un autre univers. Je sais c'est insensé, mais tout ici est insensé alors pourquoi pas ça ?
Je sors de ma chambre et descend les marches de la taverne où je réside de temps en temps, le patron a été cool avec moi et me laisse venir quand je veux. Il faut dire qu’après tout le fric que je dépense ici, il me devait bien ça. Je sors en refermant la porte derrière moi, un vent doux caresse mon visage quand je longe le port à la recherche d'un endroit où me poser, le ciel est clair comme je le présentais, la lune éclaire la plage au loin me guidant vers elle. Je retire mes chaussures pour pouvoir sentir la fraîcheur du sable sous mes pieds, je ferme les yeux un instant profitant de ce moment de solitude que je chérie tant. J'ai beau être un grand rigolo au fond je suis quelqu'un de solitaire, qui ne se livre pas facilement. Je vais pas dire que je joue un double jeu, mais c'est ma façon d'être et j'ai appris à vivre avec. Je finis par m'avancer vers la mer afin d'entendre le bruit des vagues me bercer. Je me couche sur le sable passant mes bras derrière la tête et admire les joyaux du ciel. Je ne me lasserai jamais de les regarder, je pourrai passer des heures à les contempler que je ne serai pas rassasier de leurs beautés. Depuis combien de temps je suis là ? Je n'en ai pas la moindre idée, je sais juste que le sommeil ne reviendra pas cette nuit. Les yeux perdu dans le ciel j'entendis un bruit dans l'eau qui dénote du rythme habituel, je me redresse rapidement posant mes mains derrière moi pour me maintenir assis et regarde l’océan. L'obscurité de la nuit m’empêche de voir correctement, mais je suis sur que quelque chose est là dans l'eau entrain de me regarder, je sens ses yeux poser sur moi. Je ne dis rien, j'attend, peut-être en vain, peut-être que j'hallucine et qu'il n'y a rien, seulement mon imagination qui me joue des tours.
« Tu devrais monter à la surface avec moi, Naï, juste une fois. » Le jeune triton, son meilleur ami, l’observe, il n’a pas l’air tout à fait d’accord avec ses propos, et pourtant, c’est loin d’être la première fois qu’elle lui propose une telle chose. Il y est habitué mais, pour la première fois depuis longtemps, il voit dans son regard une lueur de malice. Une lueur qu’il ne voit dans ses yeux que dans de rares occasions, quand elle veut l’obliger à l’accompagner dans ses plans foireux et il sait bien que c’est le cas aujourd’hui. La phrase de sa meilleure amie n’a rien d’innocent ou d’une question, oh non. C’est une affirmation, elle ne lui laisse pas le choix. « Et s’il nous arrive quelque chose ? Tu y as pensé à ça ? Tu as déjà disparu pendant une dizaine de jours, quelque chose comme ça. » Elle balaye sa phrase d’un geste de la main, la sirène. Elle n’a jamais eu peur de retourner dans le monde d’en haut malgré qu’elle ait causé beaucoup d’inquiétude dans son entourage. « Il ne nous arrivera rien, il fera déjà nuit lorsque nous arriverons à la surface. Tu me fais confiance ? » Ce n’est pas une réel question dans la bouche de la jeune fille. Elle se met en route vers le monde humain, lui tourne le dos en espérant secrètement qu'il la suivra. « Qu'est-ce qui t'attires autant dans le monde d'en haut ? » Oh il y a tellement de choses merveilleuses là-bas, des choses qu'elle ne pourrait pas expliquer au jeune homme en face d'elle, ce ne sont pas des choses qui se disent. Oh non, ce sont des choses qui se voient, qui se vivent sur le moment même. Elle hausse les épaules et se retourne vers lui, mutine. « Tu n'as qu'à venir et tu le sauras. » Elle voit la peur et l'envie de monter se disputer dans les yeux de son ami, elle le prend par la main et le tire. « T'as pas le temps pour hésiter, viens. »
Ils émergent doucement de l'eau, la jeune rousse a toujours adoré la nuit dans le monde d'en haut. Peut-être parce que c'est un spectacle différent, tout a l'air plus beau loin de chez soi. Elle observe la lune, ils se murmurent que ce n'est pas un spectacle qu'ils voient tous les jours dans le monde sous marin. Ils parlent sans aucune limite et Echo ne peut s'empêcher d'être très satisfaite de la réaction de son meilleur ami. « Tu vois que tu n'avais absolument aucune raison d'avoir peur de ce monde, Naï ! Ce que les adultes disent dans notre pays... » Elle voit le regard désapprobateur de celui-ci, il n'aime pas qu'elle parle sur les "anciens" de leur monde. Ceux qui sont là depuis beaucoup plus longtemps qu'eux, ceux qui ont tout vu et tout vécu. « Je sais. Ils disent que ce monde est dangereux mais... C'est merveilleux ici. » Elle se tourne vers lui, tout sourire alors qu'ils sont encore bien à l'abri dans l'eau. « Est-ce que ce monde... te plait plus que le nôtre ? » Elle sent la tristesse et la colère mélangées dans sa voix. « Rien ne remplacera notre monde. Ici, c'est juste différent. Yoénaï n'existe pas dans ce monde, je suis Echo, une simple fille humaine. » Il hoche la tête et veut répondre alors qu'ils s'approchent doucement du rivage mais un bruit se fait entendre. Ils ne sont plus seuls. De tout son coeur, la sylphide prie que ce ne soit pas des pirates. Elle ne veut pas mourir, pas aujourd'hui. Elle fait signe à son ami de se taire et de replonger. Dans un regard, ils se sont compris. Ils n'ont jamais eu besoin de plus, ils sont étroitement liés.
La jeune sirène s'approche doucement du rivage, seuls ses yeux, le haut de sa tête sont hors de l'eau, le reste de son corps reste immergé. Si elle doit fuir, il faut qu'elle soit capable de le faire en vitesse. Mais elle se surprend à rêver que cette personne ne lui veut pas du mal sous sa forme de sirène, comme si elle était une jeune femme tout à fait normale. Comme lors de ses escapades, oh oui elle l'espère mais elle sait que ce ne sont que des illusions. La pénombre l'empêche de distinguer vaguement les traits du visage de la personne en face d'elle mais sa silhouette lui est familière. Elle ne se rappelle pas distinctement, et elle ne voit pas. De sa carrure, elle dirait que c'est un homme. Elle recule un peu vers les abysses, ne veut pas prendre de risques. En même temps, elle se maudit du bruit qu'elle fait à chaque mouvement ; il la repérée, c'est certain. « Qui êtes vous ? » Elle essaye de faire en sorte que sa voix ne flanche pas mais c'est difficile, parce qu'elle a peur quand même. Ca ne doit pas être un pirate sinon que ferait-il ici ? Pourquoi un humain se balade-t-il en pleine nuit ? C'est bien la première fois qu'elle observe un tel phénomène alors que la lune est déjà si haute dans le ciel. « Qu'est-ce que vous faites ici ? Que voulez-vous ? » Elle perd la tête, la naïade, à parler avec un inconnu. Son meilleur ami doit être si inquiet de ne pas la voir revenir avec lui. Elle ne sait plus quoi faire, elle reste bloquée sous le ciel étoilé. Il ne lui arrivera rien, n'est-ce pas ?
Mes yeux sont braqués sur l’océan, cherchant une présence. Je sens qu'il a quelque chose, j'en suis presque sur, mais dans cette pénombre c'est compliqué d'y voir clair. La lune n'est pas au rendez-vous et à part la mousse des vagues je ne vois rien. Je décide donc de m'approcher lentement à quatre pattes, je n'ai pas peur du ridicule vue que personne ne peut me voir dans le noir de la nuit. Je m'approche lentement de l'eau essayant de faire le moins de bruit possible, heureusement le bruit des vagues couvrent mes pas, mais ça ne semble pas être suffisant. Une voix féminine se fait entendre m'arrêtant dans mes gestes, je reste immobile telle une statue, je crois même que j'ai arrêté de respirer un instant, comme un gosse qui viendrait de se faire prendre la main dans le sac. Des questions, de simples questions. La voix n'est pas loin de moi, j'essaie de regarder à nouveau, mais je ne vois que des ombres impossible d'en voir plus. Je finis par m’asseoir en tailleur face à la mer, passant mes doigts dans le sable frais. Rien qu'un homme parmi tant d'autre qui veut admirer les étoiles. J'accompagne mes paroles en regardant le ciel à nouveau, mais je les baisse rapidement en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que cette fille fout dans l'eau à cette heure ? En plus elle se permet de me demander ce que je fais là, mais de quoi je me mêle ? Mais quelque chose m'interpelle, cette voix je l'ai déjà entendu, mais où ? Quand ? Je ne parviens pas à m'en souvenir. Je penche la tête sur le côté et regarde l’abysse en face de moi. Et toi qu'est-ce que tu fais dans l'eau à cette heure ? T'as voulu te faire un bain de minuit ou je ne sais quoi ? Je lâche un petit rire et enchaîne. Si c'est le cas je tiens à te dire que tu t'es loupé, minuit est passé depuis longtemps. Un nouveau rire s'échappe de mes lèvres, je ne sais pas si c'est la situation de cette fille ou bien le contexte en lui même qui me fait rire, mais je ne peux pas m'en empêcher. Enfin quoi c'est vrai, quelle était la probabilité pour que je tombe sur quelqu'un en pleine nuit et qui plus est entrain de se baigner ? Cette île n'est pas prête à s'arrêter de me surprendre ça je vous le dis. Je me couche à nouveau sur le sable, ça ne sert à rien de fixer le vide, je vais finir par me faire mal aux yeux et puis je peux très bien lui parler de là où je suis tout en continuant ma contemplation céleste. Mes mains se placent à nouveau sur ma nuque attendant une réponse quelconque de sa part. Je ne sais pas si je préfère qu'elle reste dans l'eau ou qu'elle me rejoigne sur la terre ferme, j'avoue avoir été intrigué par sa voix, je voudrais savoir où je l'ai entendu, surement à la taverne, mais si elle me rejoint elle pourrait briser ce petit moment rien qu'entre moi et le ciel et je ne sais pas si c'est une bonne chose.