I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Jeremiah & Anne
Une nuit difficile et en même temps bien plus paisible que les précédentes. Anne s'était laissée entraîner par le sommeil sans lutter pour regarder et vérifier les moindres recoins de sa maison. Anne émergea difficilement, prise de court par les restes de courbatures qui prenaient son corps. Elle fronça les sourcils, un grognement trahissant la gêne éprouvée de ne pas pouvoir s'étirer sans se faire de mal. A en juger la lumière et l'ombre projetée sur le mur face à elle, Jeremiah devait déjà être levé. Pendant l'espace de quelques secondes elle avait pourtant oublié qu'il la surveillait et il était le seul à avoir pu passer la nuit sans qu'elle le chasse. Mais elle se sentait bien, elle avait un étrange sentiment de sécurité lié à sa présence. Alors elle se redressa bien assez difficilement et plissa les yeux pour tourner la tête vers lui. Elle n'avait pas vu la lumière du jour à proprement parler depuis quelques jours déjà. Les rayons solaire pénétraient dans la pièce et chassa toutes les mauvaises ondes qu'elle avait accumulées ici. Bien qu'étant pâle de base, la pirate avait moins l'air d'un cadavre, ses joues étaient encore rosies par le sommeil.
La jeune femme étouffa un rire avant de venir se frotter les yeux. Elle se sentait bien mieux qu'au réveil de la veille. Elle ignorait pourquoi et se demandait si le fait d'avoir broyé du noir jusque là n'avait pas amplifié les effets de la blessure. Autant dire que les mots de Jeremiah avaient fait son effet et elle ne se sentait pas de faire comme si tout allait bien au détriment de sa propre santé. Alors elle avait pu bénéficier d'un sommeil réparateur sans anxiété et sans la moindre trace de cauchemars et sans être anxieuse de ce qu'on pouvait bien penser d'elle.
Demander de l'aide, laisser entrevoir ses faiblesses n'avait jamais été dans ses habitudes car les gens en avaient toujours profité après cela. Mais Jeremiah visiblement n'avait pas intérêt à creuser sa tombe pour elle, simplement accepter qu'il était là dans le besoin était encore étrange à concevoir. Là, de quoi avait elle besoin ? De quelque chose d'encore plus délicat que lui faire à manger, elle n'avait pas voulu laisser quiconque s'occuper de sa blessure dans la crainte qu'on en profite pour remuer le couteau dans la plaie littéralement ou qu'on lui en rajoute une couche. Anne hésita un moment, c'était gênant pour elle qui l'aurait volontiers laissé en attendant que les dieux soient cléments pour sa guérison. Mais elle savait que dans son cas cela ne suffirait pas, elle en souffrait trop pour que ça se soigne tout seul. La jeune femme retira ses cheveux roux emmêlés de son dos pour les mettre d'un côté et se tourna dans le lit, assise sur ce dernier.
« De quoi ça a l'air ..?»
Anne se mordit les lèvres, encore dans l'envie de se cacher sous ses couvertures pour qu'on la laisse tranquille et qu'elle crève si c'était son destin. Recroquevillée sur elle même, ses mains agrippaient ses bras comme pour se protéger. Elle se faisait violence pour ne pas céder à sa fierté mal placée parfois. Il était là pour l'aider - se répétait-elle. Alors elle se mura dans le silence tout simplement, essayant de ne pas penser au fait qu'elle réclamait son aide, misérable. Il était sans doute le seul à voir cette facette d'elle, à quel point elle était forte mais qu'en réalité c'était une véritable guerre dans son esprit pour peu de choses finalement. Anne n'a jamais prétendu être invincible mais elle le fait croire pour ne plus jamais souffrir.
Il y avait de quoi la repanser et quelques remèdes qu'avait laissé le guérisseur sur le côté de son lit. Ça lui faisait encore mal, ça démangeait et c'était toujours cette désagréable impression de sentir le couteau encore fiché dans sa peau.
Il haussa un sourcil, étonné qu'elle prenne suffisamment sur elle pour lui demander de s'occuper de sa blessure. Mais la pirate lui tournait le dos et s'il se senti désarçonné à cette question, elle ne s'en aperçu pas. Au-delà du geste, ce que ça impliquait était bien plus révélateur pour Anne qui refusait à quiconque le droit de la voir faible ou diminuée. Sans compter la confiance que ça devait demander, sachant que n'importe qui aurait pu s'en servir contre elle. Une petite voix lui souffla qu'elle n'avait de toute façon pas le choix et si Jeremiah devait admettre qu'elle avait partiellement raison, il savait qu'il ne s'agissait pas que de ça. S'asseoir avait déjà du lui demander un effort considérable mais il s'était bien gardé d'intervenir et nota qu'elle avait déjà plus l'air de faire partie du monde des vivants que la veille au soir.
Jeremiah & Anne
"But my words like silent raindrops fell and echoed in the wells of silence"
Il fallait être honnête, ce n'était pas beau à voir. Mais celui qui s'en était occupé avait fait du bon travail avec ce qu'il avait pu. Et considérant la désobéissance chronique de la malade en question, ça aurait pu être bien pire. Les points de sutures faisaient leur office et s'il était encore beaucoup trop tôt pour les retirer, on pouvait espérer que ce jour approcherait si la rouquine se tenait tranquille. Quelques traces inflammatoires sur les bords de la cicatrice laissait supposer la difficulté pour la blessure de se refermer totalement, mais la bande était propre, attestant de l'absence d'infection. Un miracle compte-tenu de la situation. Et elle pourrait remercier sa bonne étoile pour ça. L'air de rien, le pirate effleura légèrement le pourtour de la plaie, ne notant pas de trace de chaleur suspecte.
« C'est moche, répliqua-t-il en sifflant entre ses dents, comme n'importe quelle plaie. Mais ça devrait s'remettre. Si tu te tiens bien tu devrais même éviter une sale infection. »
Traduction : elle se remettait bien. Mais il n'élabora pas et s'absorba dans l'examen des baumes à sa disposition. Il n'avait rien d'un médecin et ne devait s'en remettre qu'à son bon sens et son expérience personnelle pour panser le tout. Les minutes s'égrenèrent dans le silence, interminables alors qu'il se plongeait dans sa tâche. La même petite voix dans sa tête lui soufflait que la situation avait quelque chose de complètement improbable et le forban ignora superbement son ricanement moqueur, se murant dans un mutisme absorbé. Anne Bonny pouvait se montrer une sacrée teigne lorsqu'elle voulait et n'avait pas sa langue dans sa poche. Une partie de lui était un peu étonnée de constater que désarmée et une fois ôté tout cela, sa silhouette paraissait presque fragile. Le blanc pâlot de ses épaules faisant ressortir quelques tâches de rousseurs sur lesquelles il mit un point d'honneur à ne pas s'attarder, s'en tenant à un examen strictement impersonnel, de crainte que même dans cette état elle ne tente de l'éborgner à mains nues. Elle tressaillait parfois sous la douleur et il posait machinalement les mains sur sa nuque, comme dans un geste rassurant. Et le moment mourut comme il était venu alors que Jeremiah recouvrait la cicatrice, étrangement silencieux.
« J'vais en décevoir certains, conclut-il comme pour revenir à la réalité, mais si tu dois mourir ça sera pas de ça. On pourra pas dire que j'ai failli à la tâche. »
On lui avait proposé de l'argent en échange, c'est vrai mais il se rendait compte qu'il l'avait plus fait par désir personnel que par intérêt financier. Bien qu'une pièce supplémentaire dans sa bourse n'aurait pas fait de mal à ses affaires, il devait avouer qu'il n'avait pas particulièrement envie de voir sa nouvelle alliée tomber pour un motif aussi trivial.
« Dépêche toi de reprendre du poil de la bête, acheva-t-il d'un sourire plein de dents, j'en connaît quelques uns qui auraient bien besoin d'un raclée pour leur rappeler qui commande ici. »
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Jeremiah & Anne
Anne ne bougeait pas mais ne pouvait maitriser e tremblement quand cela lui faisait mal. La jeune femme se mordillait les lèvres, encore dans cet état d’esprit sur la défensive et très peu fière de se montrer ainsi. C’était humiliant, et elle espérait vraiment qu’il ne cherche pas à l’utiliser contre elle à l’avenir. Anne avait du mal à concevoir que leurs relations avaient changées du tout au tout depuis qu’ils s’étaient alliés. Pour elle il restait toujours la possibilité qu’on lui plante un couteau dans le dos et que même les plus proches n’étaient pas à l’abri d’une trahison. Anne le laissa néanmoins faire, sentant le bout de ses doigts sur sa peau tandis qu’il lui offrait des soins pour permettre à sa blessure de guérir. Ses longues mèche rousses cachaient on visage de part et d’autre de celui-ci, tête baissée et attendant sagement qu’il finisse. Il était doux, appliqué, et venait même la rassurer quand elle tressaillait. Il n’imaginait pas à quel point il pouvait la rassurer de cette manière et au fil des minutes, la jeune femme se décrispait.
Finalement, lorsqu’il eu terminé, sa voix perça le silence et ramena Anne à la réalité. Tu vois Anne, rien ne s’est passé et tu es en bonne voie de guérir. Si leur rencontre avait mal commencé, aujourd’hui elle pouvait considérer accorder sa confiance à Jeremiah et cette idée lui plaisait mieux que lui faire encore la guerre. Elle soupira longuement, étirant malgré elle un sourire à l’entente de ses déclarations. Elle avait même étouffé un rire, et Anne Bonny doucement reprenait possession de sa personne.
Un regard jeté par-dessus on épaule à l’adresse de son allié, elle croisa son regard bleuté et baissa instantanément les yeux.
« Merci Jeremiah… »
Jamais elle n’aurait cru que ces mots là puissent passer ses lèvres pour lui, et pourtant les choses avaient changées et elle était heureuse de constater qu’en ce monde là elle ne se faisait pas que des ennemis.
« Quand je vais pouvoir remonter sur le navire, tu viendras avec nous, on va dans le nord, on en profitera pour continuer nos recherches, après on fera un stop à Blindman’s Bluff, il y a quelque personnes que j’aimerais interroger au sujet de Crochet. »
Anne entreprit de se glisser de nouveau dans ses couvertures, grimaçante des douleurs que cela pouvaient lui arracher. Elle allait le laisser rester, car elle n’imaginait désormais pas faire confiance à quelqu’un d’autre et puis elle ferait en sorte qu’il soit payé à sa jute valeur pour l’aide précieuse qu’il lui avait apportée. Elle n’avait pas envie de savoir s’il faisait cela juste pour l’argent, une partie d’elle devait espérer que malgré son sale caractère il arrivait à bien l’apprécier et à reconnaitre sa juste valeur. Le temps lui dirait si elle avait raison.