Il y a quelques jours, alors que je me baladais en forêt, j’ai fais la rencontre d’une jeune femme. Voilà déjà plusieurs semaines que j’avais atterri – par je ne sais quelle magie – sur cette île, je savais qu’à présent ma vie serait ici… à quoi bon vouloir partir quand on a nulle part où aller. J’ai bien failli mourir dans le naufrage du navire qui m’amenait en Amérique, croyez-moi, je n’ai aucunement l’attention de remonter sur un bateau ! Je prends cela comme une seconde chance, ici personne ne connait mon histoire, mon passé… ici je peux être qui je veux, et recommencer une nouvelle vie. Après avoir visité les villes aux alentours, je ne sais pas ce qui m’avait poussé à prendre le chemin qui menait vers la forêt des âmes, finalement je ne regrettais pas… Qui sait ce qui aurait pu arriver à cette jeune femme prise le pied dans un piège ? On m’a parlé des étranges créatures qui peuplaient cette île, je ne sais pas si toutes ces rumeurs sont vraies, mais un animal aurait pu attaquer cette indienne et la tuer. Après tout, si des personnes posent des pièges dans cette forêt, ce n’est pas anodin, non ? J’avais entendu son cri de douleur, et je m’étais précipité dans la direction d’où il provenait. Je l’avais aidé à retirer son pied du piège, mais sa cheville avait les séquelles de l’arme et elle avait bien du mal à marcher. Alors d’un naturel galant, je l’ai aidé à rentrer chez elle. J’avais bien remarqué les regards posées sur moi, sûrement parce qu’il ne m’avait jamais vu dans le coin… j’étais nouveau, c’était tout à fait normal.
Quelques jours ce sont écoulés depuis cet accident, et une petite voix au fond de moi voulait savoir si cette jeune femme allait mieux. Je me faisais du souci pour elle, alors que nous nous connaissions à peine. Mais quelque chose m’avait touché dans cette indienne qui semblait apeuré de la réaction de sa famille ! C’est de bon matin que j’ai pris la route vers le camp d’indien où je l’avais ramené la dernière fois, espérant avoir de ces nouvelles. Je marchais tranquillement observant les immenses arbres qui m’entouraient, finalement, je vis l’entrée du camp se dessiner devant moi. Je m’avançais, et m’adressais à la première personne venue. « Bonjour, j’aimerais savoir où je peux trouver Oneida, s’il vous plait ? » La personne me dévisagea, puis pointa du doigt un logement en me disant qu’elle serait sûrement là-bas. Je remerciais cette dame avant de prendre la direction indiquée, mais à peine avais-je tourné le dos que je sentais de multiples regards sur moi. D’un coup, je ne me sentais plus vraiment à l’aise… je n’étais sûrement pas le bienvenue ici. Allais-je finir sur un bucher ? Ou transpercer par des flèches ?
Lorsque j’arrivais à la hauteur du logement, la jeune femme que je cherchais en sortait au même instant. Elle semblait remise puisqu’elle était sur ces deux pieds. Lorsqu’elle releva le regard sur moi, elle fut surprise de me voir ici. « Bonjour, je venais prendre de vos nouvelles. Je vois que vous arrivez à marcher, c’est que votre cheville va mieux. » J’esquissais un sourire, même j’étais plutôt mal à l’aise… finalement.
Tu commence à croire que jamais tu ne pourras t'échapper de cette cage, que peu importe les mots que tu prononce, les désires que tu as, tu seras toujours prisonnière. Tu as cru que partir en douce te serais bénéfique, que les tiens en tireraient une relation, mais non. Pas le moins du monde. Tu seras toujours une enfant à leurs yeux, cette fillette qu'ils ont perdu et qu'ils tentent de retrouver à tout prix. C'est clair et limpide... ce n'est pas à ton bien qu'ils pensent, c'est à leur bien, avant tout. Ils ont peur qu'il t'arrive quelque chose, car s'ils te perdaient pour de bon, ils ne pourraient le surmonter. Seulement, toi, ce que tu ne peux plus surmonter, c'est cette grande cage dans laquelle ils te tiennent prisonnière. Un beau matin, tu partiras et cette fois, tu ne remettras plus les pieds ici avant des lustres. Ils s'inquiéteront, ils s'ennuieront, ils comprendront. Néanmoins, c'est ce que tu espère, car ce plan, il mijote toujours un peu plus dans ta tête. Si tu l'exécute, ils seront en colère, mais peut-être est-ce le prix à payer pour obtenir un peu de liberté. Si pour le moment tu n'en a rien fait, c'est pour Set et Aponie, seulement eux... tu ne veux pas leur infliger ça. Pour le moment, c'est un plan auquel tu dois encore réfléchir à tête refroidie, cette fois, tu ne veux pas partir sur un coup de tête.
Nombreuses scènes défilent dans ton esprit, alors que tu te prépare à affronter la journée qui vient. Une fois habillée, tu sors de ta chambre et prend le repas du matin en solitaire, visiblement seule à la maison. L'estomac maintenant rempli, te voilà prête à faire semblant que tout va bien, que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes... jusqu'à ce qu'une énorme pierre te tombe sur la tête et que tu explose à nouveau.
Une fois le repas terminé, tu décide de sortir à l'extérieur, l'air frais te feras le plus grand bien pour entamer la journée du bon pied et espérer que tout se déroulera aussi bien par la suite. Tu ouvre la porte et le froid s'engouffre aussitôt dans la maison, t'arrachant un léger frisson. Il fait de plus en plus froid, les journées sont de plus en plus courtes, l'hiver est belle et bien à vos portes. Tu préfère l'été, les chauds rayons du soleil, mais tu accepte l'hiver, cette saison fait partie de la vie, du cycle naturel, vous ne pouvez y échapper, alors à quoi bon le renier. Tu referme la porte derrière toi, fais un pas ou deux dans la neige et lorsque tu aperçois l'étranger, ton coeur s'arrête de battre. Tu te fige, tes yeux le guettent. « Bonjour, je venais prendre de vos nouvelles. Je vois que vous arrivez à marcher, c’est que votre cheville va mieux. » Un sourire apparaît à la commissure de ses lèvres, bien qu'il semble un peu mal à l'aise. Il ne devrait pas être là, sa présence est mal vu par ton peuple et fait naître de fausses rumeurs. Puis si ton père ou un de tes frères le voit, là, devant la tipi familial, ils n'hésiteront pas à lui en faire voir de toutes les couleurs.
« William... bonjour. Ma cheville va très bien... merci... » Tu lève le regard derrière lui, quelques curieux observent la scène, mais heureusement, tu ne vois aucun membre de ta famille, mais les échos finiront très bientôt par parvenir jusqu'à leurs oreilles. « Tu ne devrais pas être ici, ma tribu n'apprécie pas la venue d'étrangers sur nos terres... » Tes yeux l'observent à nouveau. Il n'est pas là pour mal faire, mais pour les tiens, ça pourrait être vu comme un affront puis de nouveau, la machine à rumeurs repartira. Tu ne seras plus seulement la pauvre fille Quachegan amnésique, tu seras la pauvre fille Quachegan amnésique qui a une liaison avec un homme blanc.
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Il y a quelques jours, alors que je me baladais en forêt, j’ai fais la rencontre d’une jeune femme. Voilà déjà plusieurs semaines que j’avais atterri – par je ne sais quelle magie – sur cette île, je savais qu’à présent ma vie serait ici… à quoi bon vouloir partir quand on a nulle part où aller. J’ai bien failli mourir dans le naufrage du navire qui m’amenait en Amérique, croyez-moi, je n’ai aucunement l’attention de remonter sur un bateau ! Je prends cela comme une seconde chance, ici personne ne connait mon histoire, mon passé… ici je peux être qui je veux, et recommencer une nouvelle vie. Après avoir visité les villes aux alentours, je ne sais pas ce qui m’avait poussé à prendre le chemin qui menait vers la forêt des âmes, finalement je ne regrettais pas… Qui sait ce qui aurait pu arriver à cette jeune femme prise le pied dans un piège ? On m’a parlé des étranges créatures qui peuplaient cette île, je ne sais pas si toutes ces rumeurs sont vraies, mais un animal aurait pu attaquer cette indienne et la tuer. Après tout, si des personnes posent des pièges dans cette forêt, ce n’est pas anodin, non ? J’avais entendu son cri de douleur, et je m’étais précipité dans la direction d’où il provenait. Je l’avais aidé à retirer son pied du piège, mais sa cheville avait les séquelles de l’arme et elle avait bien du mal à marcher. Alors d’un naturel galant, je l’ai aidé à rentrer chez elle. J’avais bien remarqué les regards posées sur moi, sûrement parce qu’il ne m’avait jamais vu dans le coin… j’étais nouveau, c’était tout à fait normal. 
