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 So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur
★ second star to the right and straight on till morning ★

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Message Sujet: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptySam 17 Sep 2016 - 13:20

So I can Breathe
Ephyra Mïotysee
&.
Raygon Finnighan


 

 



 

 


Don't come closer or I'll have to go
Owning me like gravity are places that pull
If ever there was someone to keep me at home
It would be you



Aujourd’hui, le ciel avait une humeur de chien. Le gris délavé se disputait à un blanc laiteux, comme si une bande de fantômes fêtards avaient décidé de squatter les cieux, volant le soleil aux habitants de Neverland. Habitants qui d’ailleurs, vaquaient à leurs occupations quotidiennes sans grande motivation. Leurs envies de baignade et de grand large avaient été refourguées au fin fond de leur boîte crânienne. Et ça, c’était le plan idéal pour Raygon. Sifflotant l’air de rien, il empila les dernières planches dans son établi, prenant soin de les protéger de l’humidité, raccrocha ses outils dans un alignement parfait et tourna trois tours de clé à la serrure. En réalité sa bonne humeur n’en avait que l’apparence, chaque détail minutieux cachait une peur bleue de ce qu’il s’apprêtait à faire.

Mille fois il avait voulu, mille fois il avait renoncé. Et dans ces cas là, lorsque Raygon savait parfaitement ce qu’il devait faire, tout en sachant tout aussi parfaitement qu’il détesterait, il devenait maniaque. Il comptait tout, des pas fait par son pied gauche jusqu’au nombre d’expirations et le temps qu’elles dureraient. Après exactement quarante deux pas de la chausse gauche et cinquante cinq soupirs durant approximativement trois secondes chacune, Raygon se retrouva sur l’une des nombreuses criques au sud de Bartok.

La mer de l’Imaginaire s’étendait devant lui, calme sous son ciel de plomb, menaçante dans sa tranquillité apparente. Ray sentit les poils de ses bras se hérisser à la manière d’un porc épique. Il sentait les embruns lécher sa peau, conscients de sa décision et près à l’emmener goûter l’eau mer qui les avaient vu naitre. Ses pieds foulèrent le sable, une fois, deux fois, trois fois, se stoppèrent. Et la mer fut là. A glisser sur ses pieds telle une caresse fraiche, trompeuse il le savait.
Inspirant à fond, Raygon jeta de nouveau un regard aux alentours. Personne. C’était à la fois astucieux s’il voulait garder un peu de virilité, et complètement con s’il venait à se noyer. Passant son vêtement par dessus sa tête, il frappa son torse tel son lointain cousin pour se donner un peu de courage et entra dans l’eau. Elle allait le mordre, comme sûre de sa victoire et Raygon frissonna en s’y immergeant complètement.

Il a toujours détesté l’eau, ce monde impalpable, instable. Il ne sait pas le manier, l’attraper, le transformer, il se contente d’y couler. Mais il veut apprendre le jeune inventeur. Sa faiblesse il veut en faire une force. Alors il laisse ses bras s’allonger et ses pieds le pousser loin du rivage. Un instant il pense même qu’il va y arriver d’un coup, que mu par l’instinct, son corps va onduler comme le fond les sirènes, que ses mains deviendront nageoires et qu’il se coulera dans l’eau comme dans son élément originel. Mais bien vite, le sable sous ses pieds se dérobe et la panique le submerge. Il avale l’air, incapable de calmer son pouls et bats des mains pour retrouver le rivage sur lequel il s’étend de tout son long, la respiration houleuse.

Frappant sa tête contre le sol, Raygon laissa un cri d’impuissance sortir de ses poumons. Il glissa de nouveau vers l’eau, une fois, deux fois, sans pouvoir aller plus loin que quelques mètres. Enfin, le troisième essai, rempli de rage il laisse s’abattre ses mains sans retenu, battant l’eau de tout son corps et miraculeusement, avança tant bien que mal vers l’horizon, loin, toujours plus loin du rivage. Il y mit toutes ses forces, toutes sa colère et bien qu’il ressemblait plus à chat mouillé en train de se débattre qu’à une naïade, il avançait toujours plus. Mais la rage n’a qu’un temps, et quand ses muscles devinrent coton, la panique s’immisça de nouveau, puis le froid, et l’eau reprit ses droits.
Hoquetant, Raygon remonta le menton pour éviter les premières vagues mais se prit la suivante de plein fouet, recrachant l’eau salée, il tourna sur place, incapable de revenir sur ses brasses. Des rochers non loin lui firent de l’œil, et il puisa dans ses dernières forces pour s’y démener. Mais plus il s’avançait et plus ils reculaient. Etait-ce une ruse de l’île ? Une vague claqua l’arrière de son crâne, recouvrant tout, l’attirant dans un monde où les bruits deviennent sourds et glaciales.
© Gasmask


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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyMer 5 Oct 2016 - 23:34

So I can breath
Raygon Finnighan & Ephyra Mïotysee
Le calme avait envahi Neverland depuis que les ténèbres avaient disparu. Envolé, l'atmosphère anxiogène qui pesait sur l'île, le soleil était de retour et avec lui, l'éternelle routine qui rythmait la vie des habitants. Allongée sur un rocher, Ephyra s'ennuyait. Sa tête reposant négligemment sur sa main droite, elle laissait son regard se perdre dans les ondes que le bout de sa nageoire créait au contact de l'eau. Il n'y avait pas âme qui vive autour d'elle. Le peuple de l'océan ne trouvait visiblement pas le temps à son goût. Elle-même avait décidé de s'aventurer à la surface dans l'espoir de pouvoir profiter de quelque rayon de soleil. C'était un luxe dont elle avait été privée pendant bien trop longtemps à son goût. Malheureusement, le ciel s'était drapé d'un voile grisâtre. Aucun halo de lumière ne filtrait à travers cette épaisse couche de nuages. Maudite île. Et cette journée qui n'en finissait pas. La sirène soupira. Ce n'était pourtant pas les activités qui manquaient. Rien ne l'empêchait d'aller faire un tour à Blindman Bluff ou de plonger à la recherche de trésors marins que ses doigts habiles transformeraient ensuite en bijoux pour parer ses cheveux. Non, rien ni personne ne la retenait dans cette crique déserte et morne. Pourtant, elle restait là, à soupirer, jouant tantôt avec ses cheveux, tantôt avec la mer de l'Imaginaire qui s'étendait devant elle.

Rien ne lui faisait envie aujourd'hui. La cité de l'aveugle l'ennuyait. La vie y avait repris son cours sans accroche et ni la taverne, ni les commerces, n'avaient réussi à ranimer son intérêt. Quant à la mer, elle avait la désagréable impression d'avoir déjà tout vu, tout entendu, comme si Neverland n'avait plus rien de nouveau à lui offrir. C'était l'île entière qui perdait ses couleurs à ses yeux. Cette phase de dédain profond, ce n'était pas la première fois qu'elle la vivait. Et ce ne serait pas la dernière fois, elle le savait. Ça lui passerait, se disait-elle. Un événement, une personne, un imprévu viendrait ranimer la flamme. Du moins, elle le supposait.

Ses pensées s'égaraient, elle en vient à penser à cette fameuse histoire de sacrifice qui avait tant fait parler. Ce triton avait sacrifié sa nature d'hybride pour sauver l'île. En aurait-elle fait autant ? Peut-être. À cet instant précis, il lui semblait que rien ne portait assez de valeur à ses yeux pour être digne d'être sacrifié. Une chance que l'île ne l'ait pas désignée comme élue. Elle aurait fait une piètre sauveuse.

Elle divaguait toujours lorsqu'un bruit attira son attention. Un son se distinguait parmi le clapotis régulier des vagues. Ephyra se redressa. Elle n'était plus seule. Un curieux poisson venait de faire son apparition. Un humain. En voilà un que le temps n'avait pas découragé. Ses gestes luttaient avec grossièreté contre les flots. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Le spectacle qui s'offrait à elle était particulièrement divertissant. Et pathétique. La mer de l'imaginaire s'acharnait contre cette tête brune qui peinait à rester hors de l'eau. Le sourire d'Ephyra s'agrandit, jusqu'à se muer en rire. Était-ce censé être une nage ? Sûrement. Il n'irait pas bien loin avec de tels mouvements maladroit et désarticulé. C'était ça, le plus comique. Elle ne donnait pas cher de sa peau. Un, deux, trois… Disparu. Une vague le submergea, mettant fin par la même occasion à ce petit divertissement.

Trop tôt, au goût de la sirène. Légèrement penchées, ses prunelles scrutaient la surface à la recherche de mouvement. La mer ne tarderait pas à faire payer le courage de cet humain impertinent au prix de sa vie, ce n’était qu’une question de minutes. Sa carcasse irait rejoindre les profondeurs, dernières destinations des hommes qui osaient défier les éléments dans un élan de témérité. Sauf si elle intervenait, bien entendu. Seulement, voulait-elle intervenir ? Une partie d’elle mourrait d’envie d’aller arracher le dernier souffle de cet inconnu, d’aider la marée dans son mouvement dévastateur. Doucement, Ephyra se laissa glisser dans l’eau. Oui, son instinct lui hurlait de faire honneur à son peuple, de venger ses frères et ses sœurs massacrés par la main des hommes. C’était une excuse prônant la violence, mais la naïade s’en accommodait parfaitement. Pourtant, ce n’est pas un excès de mesquinerie qui guida sa nage jusqu’à l’humain. À vrai dire, la simple idée de pouvoir se moquer et profiter un peu plus de cette vision ridicule était un motif suffisant pour la pousser à saisir ce pantin et le trainer vers des eaux moins profondes et agitées.

Son geste fut bref. La sirène se retira rapidement pour mieux rire de la mine de l'inconnu. « Très réussie, ton imitation du Glob, j'ai beaucoup apprécié. » Une grâce digne d'un lamantin infirme. « Quoi que ce serait insulter ces pauvres bêtes. À moins que ce ne soit une technique de pêche ? » L'image de la nage du jeune homme était encore plus colorée et comique dans ses souvenirs. Ses bras, battant vainement contre les vagues, son air déterminé ravalé en un instant par une malheureuse vague… Ni tenant plus, elle explosa de rire. Depuis combien de temps n'avait-elle pas rit ainsi ? Longtemps. Ses rires sonnaient généralement faux, hypocrites. Pas cette fois. Qui qu'il soit, cet humain avait réussi à la faire sortir de son ennui et elle comptait bien faire durer cette distraction. « Tu ne devrais pas essayer de lutter contre l'eau, tu n'as aucune chance. Au contraire, tes mouvements doivent être plus longs, embrasser les vagues. » La naïade s'approcha un peu plus du brun pour illustrer ses paroles, un sourire espiègle sur les lèvres. « Tu peux essayer… Ou alors tu peux toujours continuer à faire de la concurrence aux crapauds, c'est très divertissant et ça doit facilement être à la portée de tes capacités, j'imagine. » Ephyra s'amusait, défiait l'inconnu du regard, sans craindre cette colère qu'elle cherchait à éveiller en lui. Vu ses piètres qualités de nageur, elle n'aurait aucun mal à le maîtriser si par malheur il tentait de lever une main sur elle. Du moins, tant qu'ils restaient dans l'eau.

© Starseed


Dernière édition par Ephyra Mïotysee le Mar 14 Fév 2017 - 17:28, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptySam 15 Oct 2016 - 12:10

So I can Breathe
Ephyra Mïotysee
&.
Raygon Finnighan


 

 



 

 


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En quelques secondes il se sentit hissé loin des eaux profondes. Le touché était glacial comme la mort, mais l'éclat des écailles reconnaissable entre mille. La Grande faucheuse avait un goût plus prononcé pour le noir que pour les strass d'une queue de poisson. Les sirènes. Comme des années auparavant elles avaient failli le tuer, aujourd'hui, elles le sauvaient. Le sable sous son dos se substitua au vide et il sentit son corps soupirer de bonheur contre ce sol tangible. Crachant les quelques goulées d'eau qui avaient remplacé son oxygène pendant quelques secondes, il s'autorisa enfin à pencher la tête sur le côté pour capter l'étrange créature dans son champs de vision. Cela faisait des années qu'il n'en avait pas vue. A juste raison vu qu'il se tenait à une distance plus que respectable des rivages.  Il avait oublié l'aura électrique qu'elles dégageaient et semblait vous attirer comme un aimant. Comme toutes ses congénères, elle était d'une beauté implacable. Dotée d'un teint moins albâtre, il lui donnait cependant un je-ne-sais-quoi plus humain. Si des années plus tôt il avait succombé à leurs charmes dans un cupide désir de les observer de plus près, il avait appris la terrible leçon des profondeurs et les poils de ses bras se hérissèrent au son cristallin d'un rire moqueur. Il cligna des yeux pour en chasser l'eau salée. Elle venait vraiment de le traiter de Glob? Étrangement, Raygon n'en fut pas vexé, parce qu'au moins, ces grenouilles carnivores des marais Kispère savaient nager, elles !

Elle avait beau l'avoir sauvé, cette sirène lui rappelait de trop mauvais souvenirs enfouis d'enfant perdu. Et la savoir si proche de lui le fit se redresser pour se ramasser sur lui même un peu plus loin. Quelle idée d'avoir choisi un jour brumeux pour ses premières leçons. Pas de soleil pour réchauffait son corps qui commençait déjà à grelotter. Effet cumulé du froid et de la peur. Passant une main sur sa tignasse dégoulinante pour garder la sirène en visuel il eut un rire faux quand elle lui conseilla une autre technique.

« Bah oui, puis ptêtre même que si j'arrête de bouger les bras tout court je vais voler. »

La voyant nager vers lui, ses yeux plantés dans les siens il se recule brusquement. Pataugeant comme un perdu dans la demi hauteur d'eau. Non vraiment, il connait trop les ruses des sirènes pour ne pas s'en méfier. Autant qu'il les admirait cependant. Elles étaient la preuve même que la magie existait sur Neverland et qu'elle était aussi belle que diabolique.

Raygon savait pertinemment qu'il ne l'avait pas remercié, et que sans son intervention, il croupirait déjà dans les abysses, la face grignotée par de pacifiques poissons clown. Mais si la sirène ne l'avait fait sortir que pour mieux l'y replonger? Sa pique suivante confirma ses hypothèses. Ces êtres marins aimaient s'amuser de leur proie. Peut-être allait-il mourir trop vite, peut-être souhaitait-elle tester ses neuf vies ? Et en même temps, la coïncidence de la situation titillait son esprit. Si une sirène lui avait filé cette peur bleue, n'était-ce pas à une autre de la lui faire passer?
Lentement il redirigea son corps trempé dans une eau un peu plus profonde. Esquissa un premier geste dans ce liquide avant de se raviser et de donner ses conditions.

« Ok je vais le faire. Mais tu ne t'approches pas, tu ne me touche pas, et tu ne rigo... bon ça je suppose que t’arrivera pas à t'en empêcher demi poisson. »

Ses yeux bruns rencontrèrent brièvement ceux de la sirène et il frissonna. C'était comme regarder mille ans d'histoire en un éclair. Une lassitude des années qui s'écoulaient en un rien de temps pour ces êtres à la seule apparence humanoïde. Coulant ses bras dans l'eau, il allongea ces paumes, tendant d'oublier ce désagréable contact, mais au moment de laisser ses pieds décoller du sol, ses brasses s'agitèrent de nouveau et il ingurgita une nouvelle tisane salée. Se hissant de nouveau sur le sable il claqua l'eau de ses mains.

« J'y arrive pas. Laisse moi tranquille ça ne sert à rien, va trouver des crevettes à décortiquer! » lança t-il d'un ton boudeur en poussant un soupir lourd.

© Gasmask


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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyVen 28 Oct 2016 - 22:23

So I can breath
Raygon Finnighan & Ephyra Mïotysee
Un regard fuyant, des sursauts prévisibles… Le moindre de ses gestes trahissait sa méfiance. Sa présence devait certainement faire écho aux légendes et autres histoires que les humains contaient à leur sujet. Son peuple fascinait autant qu'il effrayait et Ephyra se plaisait à entretenir cette image. Beautés dangereuses, les charmes des sirènes étaient leurs armes les plus redoutables. La défiance qui émanait de cet humain révélait peut-être des stigmates laissés là par l'une de ses congénères. Peut-être. Au fond, cela lui importait peu. Le passé ou les motivations de cet inconnu, la naïade s'en fichait éperdument. Elle était beaucoup trop occupée à rire face à ses airs de pauvre chaton naufragé trempé et tremblant. La météo ne jouait pas en sa faveur. Avec la brume et le soleil dissimulé derrière ces épais nuages gris, la mer offrait une température presque plus agréable que l'air. Mais de toute évidence, ce simple argument ne suffirait pas à le convaincre de se jeter une nouvelle fois à l'eau.

Chaque mouvement qu'elle esquissait vers lui entraînait un recul, un geste de panique qui ne manqua pas de faire sourire la sirène. Comme si ses vulgaires barbotages pouvaient faire quoi que ce soit contre elle. Aussi longtemps qu'il resterait dans l'eau, ce drôle de poisson serait en position de faiblesse, soumis au bon vouloir de la sirène. Sûrement en l'avait-il deviné. La naïade ne pouvait pas lui reprocher cette perspicacité. Ni son sarcasme qui arracha un nouveau sourire à Ephyra. En voilà un qu'elle ne regrettait pas d'avoir épargné. Sa présence s'avérait beaucoup plus distrayante que ce qu'elle aurait pu imaginer. « Ok je vais le faire. Mais tu ne t'approches pas, tu ne me touche pas, et tu ne rigo... bon ça je suppose que t'arrivera pas à t'en empêcher demi poisson. » Ne pas s'approcher, ne pas le toucher, ne pas rire… Rien que ça ? « Très bien, si tels sont les ordres de monsieur. » Sourire narquois. Sans le lâcher des yeux, la sirène recula. Assez loin pour laisser une impression de sûreté à l'humain, assez proche pour se laisser une marge d'action si l'envie lui prenait.

L’humain avait vu juste. Impossible de retenir les éclats de rire qui déjà s’échappaient de ses lèvres. Comment rester neutre face à un spectacle aussi pitoyable ? Une lueur moqueuse dans le regard, elle l’observa patauger comme un perdu, incapable de se maintenir à la surface. C’était donc si compliqué ? Difficile à dire. La nage était quelque chose d’inné chez les sirènes. Sans compter qu’être doté de pieds disgracieux ne devait pas faciliter la tâche des humains. Malheureusement pour Ephyra, son amusement fut de courte durée. Déjà, le bipède se relevait, visiblement frustré par son échec. On était caractériel avec ça. La sirène leva les yeux au ciel. « Tes semblables m’ont déjà habitué à plus de persévérance. C’est décevant. » Déclara-t-elle avant de se laisser sombrer dans les eaux sombres. Elle n’en avait cependant pas terminé avec lui. Pensait-il vraiment pouvoir l’envoyer balader comme ça ? Ce n’était pas par bonté de cœur que la sirène lui avait épargné une mort certaine en l’arrachant aux profondeurs de la mer Imaginaire. C’était un pur désir égoïste qui l’avait motivé à agir, et c’était ce même égoïsme qui la poussait à considérer les hommes comme de vulgaire pantin soumis à son bon vouloir. Celui-ci ne faisait pas exception. Elle voulait l’éprouver, voir ce qu’il avait dans le ventre, pousser ce petit jeu jusqu’au bout.

Il ne fallut que quelques secondes à la sirène pour nager vers l’humain et le déséquilibrer d’un coup de nageoire bien placé dans les jambes. Puisque cet inconnu n’était pas décidé à mettre du sien, elle allait se faire violence. Lorsque sa tête perça à nouveau l’eau salée, les barrières de sûretés établies entre l’humain et la sirène furent brisées en l’espace d’un instant. « Peut-être que vous les humains, vous avez un goût prononcé pour la défaite, mais ce n’est pas mon cas. » Ephyra avait beau aborder la plupart des événements avec un désintérêt prononcé, lorsque la sirène avait une idée derrière la tête, elle pouvait faire preuve d’une détermination surprenante. Son regard chercha celui de l’humain. « Est-ce que tu aurais peur ? Je suis donc si effrayante que ça . À moins que ce soit l’eau qui te mette dans tous tes états ? » Nouveau sourire en coin. Difficile d’oublier les gestes maladroits de ce drôle de singe des océans… La sirène recula légèrement avant de continuer : « Tu n’y arrives pas car tu t’y prends mal. Battre des bras comme un fou ne va pas t’aider à garder la tête hors de l’eau, tu sais. Il faut que tu allonges tes mouvements, comme ça. » Faute de trouver des mots suffisamment évoquant, la jeune femme illustra ses paroles en mimant le mouvement en question avec ses bras. « Tu crois que tu en es capable ou c’est déjà trop pour toi ? » Elle s’amusait, Ephyra, mais c’était surtout la confiance de cet homme, qu’elle voulait gagner. « Le demi-poisson s’appelle Ephyra, soit dit en passant. »
© Starseed


Dernière édition par Ephyra Mïotysee le Mar 14 Fév 2017 - 17:28, édité 2 fois
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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyMer 9 Nov 2016 - 21:38

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Ephyra Mïotysee
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Raygon Finnighan


 

 



 

 


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C'était drôle, à l'époque de l'Arbre du Pendu, Raygon n'aurait reculé devant aucune écaille, aucun sourire narquois, aucun frôlement de nageoires pour en apprendre plus sur ces êtres surprenants. Son arrivée à Neverland, après son triste passé avait été comme un renouveau. Il se souvenait vaguement des contes et légendes qui foisonnaient dans son enfance, et l'île semblait en réaliser les moindres histoires. Mais parmi toutes les créatures qui l'entouraient, les sirènes avaient été les plus captivantes aux yeux du petit inventeur. Aujourd'hui, le moindre frémissement à la surface d'une eau trop calme suffisait à lui faire dresser les cheveux sur la tête. Les sirènes, dans leur élément, étaient devenues sa bête noire. A croire que pour elles, Raygon ne faisait aucune demi mesure. Il les adulait ou les haïssait sans entredeux.

Il dû pourtant serrer les dents pour manger un sourire au "monsieur" de la naïade effrontée. Il y avait autant de déférence dans ce titre que d’arêtes dans du pâté d'lapin. Voilà bien une chose qu'il ne pouvait leur retirer... Les tritons et sirènes avaient eu des siècles pour parfaire leur amour du bon mot.

Alors que sous les rires moqueurs du demi poisson, il retrouvait un temps soi peu de fond, Raygon la vit disparaitre d'un coup de nageoire dans les eaux profondes des mers du sud. Tant mieux. Au moins n'aurait-il plus à supporter son carillon moqueur. Y'avait pas idée d'essayer de parlementer avec un être sous marin, et encore moins de s'en faire un maitre nageur. Ces créatures là étaient caractérielles et elle aurait tôt eu fait de lui faire sauter les niveaux et de le faire passer d'étoile de mer accroché à son rocher à dauphin expérimenté en grandes profondeurs. Ce que Raygon avait oublié, c'est qu'elle comptait tout d'abord la faire passer par la case bigorneau cracheur d'eau salé.

D'un habile coup de nageoire, il rencontra une nouvelle fois l'eau expiatrice et en ressortit en toussant bruyamment. Le jeune homme faillit envoyer une rafale d'eau à l'instigatrice de sa chute avant de se réfréner. Très très mauvaise idée. Pour il ne savait quelle raison, elle avait décidé de jeter son dévolu sur lui et de s'amuser un peu, il ne lui en faudrait pas d'avantage pour le noyer au son de son carillon.

« Nous les humains, on est surtout pas né à moitié morue. Et je n'ai pas peur de toi. » ronchonna t-il sans préciser de quelle moitié il parlait. Raygon avait toujours eu ce côté macho qui, associé à une drôle de mauvaise humeur pouvait donner un cocktail d'ironie sévère. Mais la sirène n'avait pas tout à fait tord, et sa persévérance à vouloir lui apprendre à nager finissait par toucher le garçon et lui redonner confiance en lui-même, à défaut de faire confiance à la jeune femme. Se redressant, l'eau à hauteur du torse, il plongea son regard sans ciller dans celui de la dénommée Ephyra.

« J'en suis capable... Ephyra. » et il lui tourna le dos pour regagner la plage, plantant là sa maitre nageuse. Mais que nenni, rassurez-vous. Frissonnant, Raygon attrapa d'une main sa besace qu'il avait coincé entre deux rochers et en sortie un curieux gilet rigide. Retirant son haut trempé, il sauta sur place quelques secondes avant de s'immerger de nouveau pour retrouver la nymphe aquatique.

« Tu as raison j'n'aime pas beaucoup l'eau. Mais j'ai construit ça et on va tout de suite le tester. C'est rembourré par des plaques de liège, un bois très léger et recouvert par du tissu. Et ça va m'aider à flotter. » Joignant le geste à la parole, il enfila le peu confortable vêtement et noua fermement le devant. Il devait paraitre encore plus ridicule auprès de la sirène, mais quitte à exploser le quota...
Soufflant un bon coup, il avança lentement vers l'horizon, jusqu'à ne plus sentir les grains de sable sous ses orteils et... ferma les yeux, s'imaginant déjà avaler une tasse bien salée. Une seconde plus tard il les rouvrit, la tête bien émergée.

« Ephyra ça marche ! Je flotte ! » Bon ok, la répartition des plaques de liège faisait qu'il flottait plutôt à gauche, lui donnant un air de manchot heureux mais son invention fonctionnait et c'était le principal. A demi rassuré, il s'autorisa à imiter vaguement, mais bien mieux qu'avant, les mouvements souples de la sirène.

« En fait, moi c'est Raygon. » lâcha t-il dans un sourire alors qu'il avançait tant bien que mal, décrivant plutôt une belle bouche qu'une ligne droite.

© Gasmask


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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyDim 20 Nov 2016 - 22:18

So I can breath
Raygon Finnighan & Ephyra Mïotysee
Un rire cynique, presque juvénile franchit ses lèvres. Il avait du répondant, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Demie-Morue. C’était un juste retour des choses. Après tout, ne l’avait-elle pas comparé aux Globs et aux crapauds quelques minutes plus tôt ? Morue… Dans sa bouche, ce mot débordait d’une ironie cinglante. Cela lui changeait des discours séducteurs aux nuances douteuses que certains marins un peu trop sûr d’eux lui servaient. Elle aimait ça, la sirène, ce sarcasme mordant qu’elle-même adorait cracher aux visages d’autrui, ce sarcasme qui ne manquait jamais de lui arracher un sourire en coin. Ephyra pensait beaucoup, disait peu. C’était son sourire qui parlait pour elle. Énigmatique, il cultivait une part de mystère. Les gens y voyaient ce qu’ils avaient envie d’y voir. Difficile de savoir ce que cet humain décelait du rictus arrogant et moqueur d’une Ephyra provocatrice. D’une parole, d’un regard, d’un geste, elle cherchait à titiller l’ego de cet inconnu pour le forcer à agir. Les hommes étaient parfois des créatures bien stupides et ces messieurs appréciaient rarement les commentaires désobligeants venant de la part d’une femme. La fierté de ces pauvres petits avait besoin d’être ménagée. Était-ce cette même fierté qui poussait cet homme à persévérer ? Ephyra n’en savait rien, ce qui n’empêcha pas un sourire satisfait d’apparaitre sur ses lèvres. Elle avait voulu gagner sa confiance et le faire nager ? C’était chose faite.

Pourtant, l’espace d’un cours instant, elle crut le voir s’échapper. Sa proie lui filait entre les doigts, se détachait de sa toile pour retrouver les plages protectrices. Il avait vraiment l’intention de la planter là ? Une ombre traversa son regard, mais l’incompréhension vint rapidement chasser les tourments capricieux et colériques qui marquaient ses traits. Perplexe, elle l’observa sortir de sa besace un curieux vêtement avant de la rejoindre. Vu de plus près, cet étrange objet prenait des allures de gilets. La sirène arqua un sourcil interrogateur. D’après l’humain, c’était censé l’aider à flotter. Baliverne. La naïade ne put retenir un gloussement moqueur. Comme si de vulgaires planches de bois allaient pouvoir faire quoi que ce soit. Et pourtant… Ça marchait. C’était maladroit et ridicule, mais cela fonctionnait, au plus grand étonnement de la sirène qui n’hésita pas à s’approcher un peu plus pour observer de plus près ce curieux miracle. L’humain flottait désormais, équilibre fragile qu’un simple coup de sa nageoire aurait pu détruire. « …C’est… Très ingénieux. » Elle le pensait. « Dommage que tu es l’air aussi ridicule là-dedans tu perds un peu en crédulité, Raygon. » Sa voix avait beau se teinter d’intonation moqueuse, la sirène n’en restait pas moins séduite par cette curieuse invention. La créativité, c’était quelque chose qui l’avait toujours captivé chez les hommes ; ces idées innovantes qui, nés de jeunes esprits nouveaux, venaient contribuer au progrès d’une espèce sans cesse en évolution. « Tu as fait ça seul ? » Demanda-t-elle avant d’enchainer : « J’ai entendu dire que de l’autre côté, certains hommes s’immergent dans des sortes de cloches de plongée pour explorer les fonds marins. C’est un mousse de Blindman Buff qui me l’a raconté. Je n’en encore ai jamais vu ici, mais je trouve ça fascinant, l’inventivité dont les humains font preuve pour pallier leur lacune. » L’autre côté. Cet endroit mystérieux dissimulé derrière l’horizon, là où la mer rencontre le ciel. Ce monde-là était au cœur de ses rêveries, des rêveries que seuls des témoignages plus ou moins fiables pouvaient alimenter. Malheureusement.

« Termine tes mouvements. » Il ne s'en sortait pas si mal, elle devait l'admettre. La sirène en profita néanmoins pour corriger légèrement la position de Raygon, amusé par sa nage gauche. Sa main glissa sur le bras droit du jeune homme pour l'inciter à aller au bout de ses gestes. « Là. Pareil pour les jambes. Tu ne risques pas d'aller loin avec des moitiés de mouvement, ça fait petit chien. » Un geste. Il lui suffirait d'un geste pour sceller à jamais le destin de cet homme. Elle s'enivrait de ce sentiment étrange, de ce pouvoir de vie ou de mort qu'elle avait sur lui. Un pouvoir destructeur, une tentation mortelle. Gagner sa confiance pour mieux lire la surprise et le désespoir dans ses yeux lors du moment fatal : c'était cette idée malsaine qui l'avait poussé à l'aider. Pourtant, elle ne cédait pas. Il y avait quelque chose chez cet humain qui l'empêchait d'exécuter son action dévastatrice. Peut-être l'intérêt qu'elle trouvait à ce Raygon. « Tu ne t'en sors pas trop mal finalement, même si tu triches. » ajouta-t-elle avec un sourire en coin. Nul doute qu'avec les bases, il arriverait sans peine à nager correctement sans avoir besoin de l'aide de ce gilet. Tout était question de pratique. « Tu en as beaucoup ? Des objets étranges de ce genre-la, je veux dire ? »
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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyLun 5 Déc 2016 - 20:40

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Si la sirène parlait peu, son rire traduisait chacune de ses émotions. Sans doute ne s’en rendait-elle pas compte. Peut-être même croyait-elle duper son monde par son silence. Mais Raygon avait toujours eu cette compréhension facile, ce contact immédiat. Les humains et en règle générale tous les êtres vivants, puisqu’Ephyra avait tout sauf la lisse monotonie des hommes, avaient toujours eu ce fonctionnement mécanique pour lui. Telle une horloge, Raygon en apprenait chaque rouage avec la minutie d’un orfèvre. Et Ephyra était d’une complexité attrayante. Il l’observa d’un œil suspicieux faire le tour de sa drôle d’invention sans intervenir.

En réalité la façon dont il avait découvert ce bois flottant était assez coquace. Alors qu’il taillait des chênes jeunes de quelques décennies le long de la forêt des larcins, sa hache avait fendu le nouvel arbre qu’il s’apprêtait à tailler de bout en bout, manquant d’emporter ses orteils avec ! Il l’avait d’abord cru pourri, avait fini de le couper et l’avait laissé sur place. Quelle n’avait pas été sa surprise en revenant le lendemain, lorsqu’il l’avait trouvé flottant dans l’eau en remontant son chemin habituel. Il avait vite compris que seule l’écorce de cette arbre flottait imperméablement sur l’eau. Mieux encore, il pouvait en ôter l’arbre à multiples reprises, le liège se reformait l’année suivante. C’était l’un de ses nombreux secrets bien gardés qui faisaient sa réputation et dont il avait d’ailleurs équipé la toiture de sa baraque de Bartok.

Alors il ne fut pas peu fier d’entendre Ephyra qualifier sa trouvaille d’ingénieux. Non pas qu’il ne se l’était jamais entendu dire. Mais de la bouche d’une sirène qui avait l’air aussi belle que têtue cela valait son pesant de d’or. Elle avait beau le tacler sur l’apparence de chaton mouillée qu’il renvoyait, ses yeux parlaient pour elle. L’intérêt qu’elle portait à son curieux costume était cependant fragile. Aux yeux du peuple des mers, ce tour joué à la nature pouvait être un affront, un énième pied de nez aux lois éternelles de l’évolution que l’homme ne cessait jamais de défier. Alors oui, dans ce sac qu’il était allé fouiller quelques minutes auparavant, il avait également pris un couteau. Fin, effilé invisible sous son gilet. Il avait fait l’erreur de ne pas s’armer la première fois, il ne tenait pas à être complètement soumis au bon vouloir de la rouquine. Le contact frais de sa lame le rassurait proportionnellement au rapprochement de la naïade.

L’invention dont lui parla Ephyra lui fit froid dans le dos. Lui qui cherchait continuellement à s’échapper par les airs, ne concevait pas qu’on veuille s’enfoncer dans les profondeurs vaseuses de l’océan. Qu’y avait-il à trouver dans les bas fonds du monde quand le ciel vous ouvrait les bras ? S’il y avait bien une lacune que Raygon comptait garder, c’était celle de ne respirer que de l’oxygène sans hydrogène accouplé.

« Compte pas sur moi pour inventer un truc aussi grotesque… On a les sirènes pour ça après tout ! »  lui balança t-il sur un clin d’œil, avant de répondre à sa première question.

«  La plupart du temps oui, et si je trouve des personnes dignes de mon génie je travaille parfois en binôme. Et ton peuple, que fait-il pour combler ses lacunes à part se promener nu et ramasser des coquillages toute la journée ? »

D’un coup de pied dans l’eau, il dirigea de mieux en mieux sa nage. Après tout, il fallait qu’il apprenne vite, car à titiller sa maitre nageuse autant, elle ne lui laisserait pas l’occasion d’autres séances. Tout en allongeant ses mouvements il songea aux dernières paroles de la sardine des mers, sur l’autre monde. Raygon ne l’évoquait que peu. Après tout, il se rappelait difficilement sa vie d’avant. Seuls des souvenirs houleux de tristesse et de solitude lui restaient, chassés par la chaleur de sa nouvelle famille d’adoption à l’Arbre du Pendu. Le touché des doigts  glacés de la sirène sur sa peau stoppa ses rêveries et l’arrêta brusquement dans son geste. Il porta sa main à son flanc gauche, où la lame se tenait contre ses côtes. A moitié trahi par son réflexe il se reprit et fendit de nouveau l’eau de ses bras, sentant son rythme cardiaque se calmer à mesure qu’il comprenait le sens de chasser l’eau de ses mains au loin, de l’impact de sa posture sur la flottaison de son corps.
D’un geste qu’il voulait souple mais auquel il du se reprendre à deux fois, il passa sur le dos, flottant en planche, observant ce ciel tant convoité de son bain infini.

« Oui. Mais la plupart ne servent pas à grand chose… »  Clapotant ses mains à plat sur l’eau il admettait que son cerveau fourmillait d’autant d’idées utiles qu’inutiles. Il se rassurait en se disant que ses inventions trouveraient leur utilité en temps et en heure.

« C’est juste que ça me passe par la tête, et que je pense que chacun et chaque chose peut-être plus que ce qu’il n’y paraît. J’dois avoir le don de 3e vue ! » . A rire il but la tasse et se remit en position de grenouille en crachotant le liquide salée qui lui était rentré dans les naseaux. Se sentant presque pousser des nageoires, il pointa du doigt une petite île proche.

« Tu penses que je serais capable de nager jusque là bas ? » . Il ne se doutait pas qu’il tendait une perche longue comme dix anacondas à l’esprit reptilien de son interlocutrice.

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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyLun 26 Déc 2016 - 14:19

So I can breath
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Il ne manquait pas d'audace, cet humain. Digne de mon génie, rien que ça ? Oh, elle n'en doutait pas, la sirène, du génie de ce Raygon. Mais de toute évidence, le génie n'excluait pas la stupidité. Il nageait. À chacune de ses brasses, c'était la distance entre le rivage protecteur et lui qui s'agrandissait. Bientôt, il serait trop tard pour songer à rebrousser chemin. Bientôt, il ne serait plus qu'un chaton vulnérable en proie avec l'océan, soumis aux humeurs de la naïade. Silencieuse, celle-ci s'amusait des paroles du jeune homme. Il y avait du vrai dans ses mots. Le peuple marin était un peuple oisif. Il jouissait des plaisirs que leur offrait la mer imaginaire, travaillait et s'épanouissait dans un monde ou l'argent n'était pas de mise. « Il profite de l'éternité. » Lâcha-t-elle, une pointe d'amertume dans la voix. « La perfectibilité ne représente pas grand-chose quand on a des siècles devant soi. » Elle les trouvait ennuyant, ces sirènes et ces tritons qui savaient se contenter des bonheurs de l'océan. Pourtant, elle se surprenait à les envier, parfois. Leur vie, aussi longue soit-elle, devait être aussi satisfaisante que douce. La sienne, de vie, en plus de la guider inéluctablement vers une fatale issue, était rongée par ce mécontentement constant. La petite sirène qui, jadis, s'amusait d'un rien, aujourd'hui, ne se contentait de rien, animé par un goût de l'absolu dévorant.

Il prenait ses aises, Raygon. D'un geste gauche, il se retourna pour faire face au ciel délavé. Cette maladresse ne l'amusait plus. De ses prunelles sombres, Ephyra l'observait, cherchant à déceler la moindre faille sur son invention, scrutant minutieusement ses mouvements et les traits de son visage. Derrière ses allures de petit naufragé, elle lui reconnaissait du charme. Du charme et de l'esprit. Il n'avait rien de ces marins qu'elle avait pris l'habitude de côtoyer dans les tavernes, pauvres types sans originalité. C'était peut-être ces détails, qui avaient fait naitre chez elle cet intérêt soudain à son égard. Peut-être. Seulement, un autre détail n'avait pas manqué d'échapper au regard perçant de la sirène. Le toucher glacé qu'elle avait laissé sur sa peau avait eu un curieux effet. De la surprise, ça, elle aurait pu s'y attendre. Mais cette surprise avait été accompagnée d'un geste qui ne trompait pas. Ephyra n'avait pas réagi, feignant de n'avoir rien vu. Le visage impassible, cette réaction avait néanmoins suffi à éveiller les soupçons et la colère de la naïade. À n'en point douter, c'était une arme qu'il devait cacher sous son curieux gilet. Comptait il la prendre à son propre jeu ? La piéger ? L'idée d'avoir été trompé lui était insupportable. Elle agitait chez elle, cette vieille haine qu'elle, sa famille et son peuple entretenaient envers les humains.

« Désolé de te décevoir, mais il n'y a parfois rien à sauver ou à espérer des choses ou des gens. Je dirais même qu'il y a plus souvent chez les gens moins que ce qu'il n'y paraît. » Cette déclaration pessimiste prenait dans sa bouche, des allures de vérité générale. « Mais, j'imagine que ta vision se vaut. Ou du moins, c'est mignon de vouloir y croire. » Ajouta-t-elle, railleuse. Mignon, c'était le mot. Particulièrement naïf même. Elle en riait, de cette naïveté, mais son rire se teinta rapidement de rancoeur. C'était de bien jolies paroles, mais visiblement, celles-ci ne s'appliquaient pas à elle. À juste titre, la sirène prenait des allures de prédatrices, et l'aide qu'elle avait apporté au brun ainsi que la grâce qu'elle lui avait faite en ne l'expédiant pas au fond de l'océan n'avait pas suffi à l'élever vers ce plus auquel tous pouvaient prétendre, d'après lui. Capricieuse, Ephyra laissait son esprit acerbe entretenir son irritation grandissante. Rancunière, elle retournait les mots de Raygon contre lui et bientôt, ses propres idées allaient lui porter préjudice.

L'îlot auquel Raygon faisait allusion, la sirène l'avait à peine remarqué. « Tu penses que je serais capable de nager jusqu'à là-bas ? » Pauvre caillou émergeant de l'océan. Pauvre naïf. C'était une occasion en or qu'il offrait là à la sirène. « Avec de la volonté, je dirai que oui. »  La question n'était pas de savoir s'il en était capable. Bien sûr qu'il pourrait atteindre cette petite île. La question était plutôt de savoir combien de temps elle lui laisserait avant de le précipiter dans les abîmes. Son visage se maquilla d'un rictus espiègle. Déjà, son esprit stratège mettait en place un plan d'action. « On se retrouve sur l'île ! »  Et en un instant, elle disparut dans les profondeurs. Si elle fit mine de s'éloigner vers l'îlot en laissant habilement quelques remous témoigner ici et là de sa présence, elle ne tarda pas à rebrousser chemin pour se rapprocher de sa victime, rasant le sable pour ne pas se trahir. Patiente, la prédatrice attendait le moment propice. Elle devinait la silhouette de l'humain qui nageait juste au-dessus d'elle. Quel gâchis. Un garçon si fascinant et ingénieux. Sans cette méfiance, sans cette arme dont elle soupçonnait la présence, Ephyralui aurait laissé la vie sauve. L'intérêt et la curiosité qu'elle lui portait auraient suffi à étouffer les desseins macabres qu'elle avait eus à son sujet. Mais la présence hostile de cette arme supposée avait réveillé l'instinct destructeur que le peuple marin nourrissait vis-à-vis des humains. Elle se sentait presque trompée par cet homme qu'elle avait sauvé et aidé. L'heure était venue pour l'ingrat, de payer la dette qu'il avait envers elle, au prix de sa vie et d'un dernier jeu mesquin. D'un geste, la sirène s'élança, vrilla vers la surface pour abattre ses griffes sur les épaules de l'humain et l'entraîner dans sa course folle jusqu'aux confins de l'océan.

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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyMer 28 Déc 2016 - 22:18

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Raygon Finnighan


 

 



 

 


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Peu à peu, son humour habile et ironique reprenait le dessus, signe que le stress des premières brassées s’atténuait. Signe aussi qu’il commençait à apprécier assez la sirène pour lui demander conseil et en écouter avec intérêt les réponses. Pauvre. Joli. Cœur. Aussi naïf qu’un pigeon nouveau né. Il n’avait jamais parlé assez longtemps avec une sirène pour vraiment en comprendre le quotidien. Il est vrai que vivre éternellement devait s’avérer ennuyeux à mourir. Mais, à son humble avis, autant de temps ne pouvait être donné pour rester la nageoire en l’air toute la journée. S’il lui était donné des siècles et des siècles, comme il en aurait eu à l’Arbre du Pendu, il aurait inventé des millions d’objets, et au contraire rendu la moindre de ses machines la plus parfaite possible. Oh bien sûr, il aurait été un éternel insatisfait, mais il aurait fait que chaque minute sur un rouage, chaque poulie soulevée compte. Au lieu de cela, les sirènes s’évertuaient au vague à l’âme et à l’aventure humaine… Freudien.

Flottant sur le dos, la remarque d’Ephyra aussi optimiste qu’un pingouin apprenant à voler lui fit tourner la tête dans sa direction. Elle aussi l’observait de ses yeux faussement doux, avec une minutie d’horloger qui fit frissonner le jeune homme. Il ne pensait pas le monde à sa façon et savait que voir la fatalité n’était pas un signe d’intelligence tout autant que voir le beau et l’utile en chacun n’était pas une preuve de faiblesse ou l’apanage du candide. La raillerie de la sirène lui fit froncer les sourcils mais il se contint. Si elle voulait continuer à arpenter le monde de son regard oblique, grand bien lui en fasse, mais il aurait parié que rien de bien ou de grand ne lui arriverait jamais de cette façon.

Se repositionnant, prêt à attaquer les derniers mètres qui le séparaient de l’îlot Raygon creva la surface de ses mains. On pouvait y loger tout au plus quatre comme lui bien serrés sur ce banc de terre, mais c’était un objectif suffisant pour le garçon. Pour aujourd’hui tout du moins. La queue de la naïade fut aspirée par les flots en moins de deux, spectacle impressionnant et d’un silence absolu. Il la vit s’éloigner, provoquant de ci delà quelques remous. Bien sûr, elle arriverait bien avant lui, mais il se trouvait du progrès. Ses jambes se déliaient, souples, apprenaient à flotter sur cet élément étrange, ses bras s’allongeaient sous la volonté d’Ephyra. Il était presque certain que sans…

Deux mains glacées s’abattirent sur ses épaules et la surface ne fut bientôt qu’un lointain souvenir. Se débattant bec et ongles il laissa une myriade de précieuses bulles d’oxygène s’échapper, incapable de réfléchir. Elle l’avait fait. Il avait eu tant de mal à se lancer, à se dire que non, toutes les sirènes n’étaient pas branchées sur le même mode stupide «  exterminer les humains » qu’il en était abasourdi. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Alors qu’elle le menait vers les profondeurs il se força à réagir avant qu’il ne soit trop tard. Cessant soudainement de se débattre, il dégagea ses épaules pour pouvoir tâter ses côtes à la recherche du précieux graal. Elle avait signé les hostilités, il ne se laisserait pas noyer sans rien tenter. Alors que le sang battait à ses tempes au rythme de millions de tambours il sentit enfin le manche de son coutelas et s’en saisit, fendant par la même occasion son armure de pacotille qu’il repoussa sur le visage d’Ephyra, tentant par tous les moyens de lui faire perdre prise. Sans effet cependant.
Alors qu’une respiration lui titillait les poumons, il allongea le bras, couteau en avant et…

Se retrouva stoppé par les restes de son gilet de fortune, la lame fendit tout de même l’abdomen de la sirène d’une longue estafilade. Pas assez profondément pour la tuer, mais assez pour la faire battre en retraite et lui infliger de sérieuses blessures. L’étau de ses griffes se retira comme par magie et Raygon sentit les lois naturelles de la poussée d’Archimède, aidées par ses pieds furax, le faire remonter à la surface. Sa tête creva la ligne d’eau et il aspira une si grande goulée d’air qu’elle lui resta en travers de la gorge, l’obligeant à tousser tout son saoul. Sa tête pivota à gauche et à droite, craignant de voir apparaitre le démon des eaux avant de se rendre compte qu’il flottait, seul, et plutôt bien. Pas le temps d’y penser cependant, il s’élança sur l’eldorado la plus proche, à savoir ce petit ilot pas plus large que la plus petite pièce de sa cahute. Pestant alors qu’il nageait du mieux qu’il pouvait vers l’île, il se maudit intérieurement d’être allé aussi loin et de n’avoir été plus prêt de la côte.

Sa main toucha enfin les premiers rochers et il s’y agrippa, se trainant sur le plus haut d’entre eux avant de rassembler son corps en une boule tremblante de peur et de froid. Sa respiration saccadée, le regard encore empli d’une immensité sans lumière ni fond, il se força à frotter vigoureusement ses bras, créant ainsi un peu de chaleur dans son corps gelé. Entre ses genoux frémissant le poignard oscillait, encore baigné du sang de la sirène. Il la haïssait. Il la haïssait tellement en ce moment. Il souhaitait sa mort plus que tout au monde comme elle devait sûrement souhaiter la sienne à présent. Saisissant le manche, il se redressa, futile héro de son promontoire dérisoire il observa les flots en criant.

« La prochaine fois évite d’apprendre à nager à ta victime. Ephyra, la tueuse d’hommes. »
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Message Sujet: Re: So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur So I can breathe... Δ Phyphy maitre-nageur EmptyMar 14 Fév 2017 - 17:40

So I can breath
Raygon Finnighan & Ephyra Mïotysee
Elle l'avait fait. D'un bond, elle avait refermé ses griffes sur les épaules de l'humain, pauvre corps maladroit prisonnier des flots. Quelques secondes, c'était le temps qu'il lui avait fallu pour faire éclater cette précieuse confiance qu'elle s'était efforcée de construire. Quelques minutes, c'était le temps qu'il restait à sa malheureuse proie. Noyée au milieu d'une infinité de bulles, ses mains se crispèrent un peu plus sur les membres de sa victime, insensible à sa lutte. Détachée, elle redoubla d'efforts pour emporter sa prise loin, loin, au plus profond de la mer imaginaire. Cette scène prend d'étranges allures de déjà vu. Son visage, elle ne le voyait plus. Pour elle, Raygon n'était plus qu'un simple humain désormais, une énième victime réduite à un corps lourd et disgracieux. Un corps qui reposerait bientôt à jamais dans les ténèbres, parmi les autres sacrifiés de ce vengeur entre les deux peuples. Ephyra aurait pu en rester là. Elle aurait pu choisir de lâcher prise et disparaitre pour ne laisser qu'un souvenir amer et menaçant au brun. Marquer les mémoires, cette idée n'était pas pour lui déplaire. Mais même cette pensée ne suffit pas à l'arrêter dans sa folie meurtrière. Elle avait franchi une limite, il était désormais trop tard pour reculer.

Et puis, soudain, la riposte. Une main vint s'écraser sur son visage. De toute évidence, sa victime ne comptait pas laisser la mort se faufiler jusqu'à lui sans rien faire. Soit. Animée par la rage de vaincre, les coups de nageoire de la sirène se voulurent plus puissant, plus rapide. Elle allait en finir avec lui. En venir à bout, c'était tout ce qui lui importait en cet instant. Ses gestes étaient rapides, c'était presque par automatisme qu'elle agissait. Elle en avait vu d'autres, Ephyra. Et pourtant. La sirène n'avait pas vu le coup venir. Son regard n'avait pas perçu la brillante lame avant que celle-ci ne fende l'eau pour venir la toucher. D'un geste, elle se recula, se tordant sous la douleur déchirante laissée par la lame tandis qu'un cri teinté de rage et de souffrance secoua l'océan. Il avait osé. Rongée par la douleur, elle porta une main à sa blessure d'où s'échappait déjà un filet de sang. Le mal qui la déchire lui fait perdre son apesanteur, doucement, elle déclina tandis que ce traitre d'humain rejoignait la surface. Ses pensées s’agitèrent, le battement de son cœur s’accéléra, tiraillé entre la douleur et la rancune. Sa proie lui avait échappé, lui portant un coup qui ne fit que nourrir une hostilité déjà bien présente. La raison lui criait d’abandonner, de rentrer pour soigner ce corps meurtri. Mais la soif de vengeance et la nature rancunière prirent très vite le dessus. Rassemblant ses forces amoindries par l’attaque, elle nagea sur les traces de sa victime. Sa force, elle la puisait dans sa haine grandissante. Ô, comme elle le haïssait, ce vulgaire humain, à ce moment précis ! Elle voulait lui faire regretter son acte, lui abîmer le corps exactement comme il venait d’abîmer le sien. La plaie ne serait pas assez profonde pour la tuer, elle le savait, mais elle lui laisserait une cicatrice, une imperfection indélébile qui viendrait sans cesse lui rappeler son échec. Elle allait lui faire payer, lui arracher la vie à celui qui venait de lui arracher la perfection. 

« La prochaine fois évite d’apprendre à nager à ta victime. Ephyra, la tueuse d’hommes. » C'est un visage durci par la colère qui vint accueillir ces paroles lorsqu'elle brisa la surface. D'un coup d'œil, elle avait deviné que le brun s'était réfugié sur son misérable tas de cailloux. Oui, elle aurait dû le laisser patauger dans sa médiocrité humaine, l'observer suffoquer, emporté par les vagues, au lieu de lui porter secours. Mais Ephyra était une joueuse. Elle avait voulu tenter le hasard, éprouver cet humain pour son simple divertissement. À trop vouloir jouer, elle avait perdu. Elle disparut un instant, le temps de s'approcher un peu plus, menaçante, maudissant sa blessure. Sans cette déchirure dans son abdomen, elle n'aurait pas hésité à investir cet îlot pour aller éclater la tête de ce pauvre idiot contre la roche. Elle ne tarda pas à apparaitre une nouvelle fois. « Il n'y aura pas de prochaines fois. » Les mots n'étaient plus utiles ici, son regard assassin parlait pour elle et trahissait toute la colère qu'elle nourrissait à l'égard de l'inventeur. « Vas-y, rejoins les rives si tu l'oses. » La sirène enragée se faisait provocatrice, un sourire mauvais sur les lèvres. « Remets un pied dans l'eau, et je t'envoie rejoindre les autres détritus de ton espèce au fond de l'océan. » Cracha-t-elle avant de rentrer la tête sous la surface.

Combien de temps passa telle à tourner autour de cet îlot, tel un prédateur attendant patiemment sa proie ? Difficile à dire. Aveuglée par la rancœur, Ephyra se sentait prête à attendre des jours s'il le fallait. Elle voulait être là pour accueillir l'inventeur lorsque celui-ci s'aventurerait de nouveau dans l'eau pour rejoindre la terre ferme. Mais la naïade se rendit vite à l'évidence qu'elle ne pourrait pas veiller éternellement. Chaque mouvement lui rappelait avec amertume la présence de sa blessure, et si cette même plaie ravivait sa haine, la douleur en revanche la ramena bientôt à la réalité. Elle devait se soigner. La sirène se sentait faiblir, ses prunelles parvenaient de moins en moins à se détacher de la laideur de sa plaie pour surveiller la surface. S'entêter à rester, c'était signer une nouvelle défaite. Au fond, elle le savait, malgré sa haine et son désir de vengeance. Alors, à contre coeur, elle s'éloigna, une main toujours plaquée sur son abdomen. Seule avec ses pensées dévastatrices, elle maudissait l'homme qui lui avait infligé ça, se promettant d'en finir avec lui. Elle battait en retraite, la sirène, mais ce n'était que partie remise.
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