I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
Le jour était revenu, en cette soirée, il déchirait le ciel d’un crépuscule aux couleurs criardes et contrastées sur le vaste horizon. La nuit venait draper le jour de ses voiles sombres et il semblait que cette fois-ci ne soit pas pour les plonger dans une obscurité terrifiante qui avait commencé à tuer la nature. Cela avait été une belle nouvelle pour les fées et dans tout Pixie Hollow, le soulagement se faisait ressentir. Les échos heureux des habitants de Neverland étaient arrivés aux oreilles des fées et sans que cela n’en étonne plus d’un, Azalea avait vu là un prétexte parfait pour faire la fête. Neverland allait être animée ce soir là et elle ne voulait manquer cela pour rien au monde. Dans sa petite maison, la fée s’était munie de la fiole contenant la poussière d’humanité avant de s’envoler dans les terres sauvages. C’était sa dernière utilisation et c’était déjà avec nostalgie qu’elle s’en allait terminer cette première phase d’aventures. Car ce n’était pas la dernière : Azalea comptait bien s’en procurer de nouveau pour aller voir de nouveau toutes ces gentilles personnes qu’elle avait pu rencontrer, en plus de cela, elle avait encore tant à découvrir ! D’ailleurs ce soir là elle s’aventurait sur un nouveau terrain et l’enthousiasme la faisait virevolter dans tous les sens.
Elle s’approcha des frontières des indiens, du camp Piccaninny où déjà un grand feu venait donner une belle lueur rougeoyante sur leurs peaux gorgées de soleil. Ils dansaient, enfants et adultes, sous ses yeux émerveillés qui découvrait les indiens pour la première fois. C’était clairement différent de tout ce qu’elle avait pu voir jusque là et ce n’était pas pour lui déplaire. Au détour de conversations, la fée fut informée que les indiens étaient plus respectueux de la nature mais aussi plus craintifs. Alors sa venue pouvait être mal vue, tout comme cela pouvait tout autant très bien se passer. Le fait était qu’elle ne pouvait pas se faire passer pour l’un d’entre eux puisqu’ils devaient avoir mémoire de chaque visage qu’ils croisaient. La fée s’envola de son arbre, volant sur quelques kilomètres pour trouver la demeure d’une riche famille. Elle emprunta une robe, qu’elle comptait mettre pour ne pas se retrouver trop légèrement vêtue et pour que l’absence de ce vêtement ne vienne pas à se faire remarquer dans le placard de la jeune femme dans lequel elle l’avait prise puis revint tout près du camp Picca. Cachée dans un coin de la forêt dense, elle se posa au sol, laissant la robe de côté le temps de verser le reste de la fiole sur sa tête. La poussière la fit éternuer, elle se retrouva propulsée dans un terrier de lapin et commença à se sentir à l’étroit lorsqu’elle commença à grandir. Azalea sorti rapidement et laissa la poussière opérer, estomper ses ailes, arrondir ses oreilles et annihiler tout ce qui pouvait faire d’elle une fée. De nouveau sur pieds, toujours quelque peu maladroite en ayant ses repères déstabilisés, Azalea s’empressa d’enfiler la robe. Elle était devenue experte en la matière mais délaissa le corset qui était une véritable torture pour elle. Lissant les pans de sa robe une fois bien habillée, la jeune femme s’observa dans le reflet de l’eau de l’étang près duquel elle s’était arrêtée. Elle aimait porter ces jolies robes, la couleur prune et intense du tissu contrastait sèchement avec la couleur pâle de sa peau et ses boucles serrées dorées.
Azalea trébucha, toujours aussi inattentive et dans sa chute, elle fit peur aux petits animaux nocturnes qui vinrent à s’envoler avec précipitation. Elle regrettait de leur avoir fait peur, mais ne manquerait pas d’aller s’excuser plus tard car pour l’heure, elle avait une fête à rejoindre. Soulevant doucement le tissu de sa robe, Azalea se fit la plus discrète possible, espérant que les chouettes effrayées n’avaient pas trahi sa présence avant même qu’elle n’arrive. La fée sous sa forme humaine se laissa guider par la musique rythmée, les rires et les lumières transperçant au travers de la végétation entourant le camp indien. Se cachant dans un buisson, le sourire lui revint aux lèvres de voir avec quel dynamisme et quel enthousiasme ils fêtaient le retour du soleil. Elle remarqua cependant que ça ne sentait pas le vin, ni l’hydromel, en déduisant qu’ils n’étaient peut être pas friands de se laisser porter à l’ivresse pour profiter de l’ambiance. C’était tant mieux, au vu de l’état dans lequel cela en laissait certains, Azalea allait avoir le regard épargné d’images peu poétiques. Son regard curieux se posait sur ces nombreuses personnes, se demandant comment elle allait faire pour les approcher sans leur paraitre hostile
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
L'heure n'était plus à la mélancolie. L'obscurité avait fui et la lumière était revenue. Grâce à Aponie, l'élue représentant le peuple indien dans sa plus solide unité, Neverland avait repris vie. Toute la journée, les remerciements aux esprits avaient plu. Les Frères Pawnee ne les avaient donc pas abandonnés et les avaient veillés jusqu'au bout, comme toujours. Cheyenne n'avait pas pu empêcher sa joie d'exploser quand ce ciel éreintant, affichant sans cesse une noirceur absolue, avait enfin daigné leur rendre la lumière solaire. Dès lors, les choses avaient repris leur cours.
Les cueilleurs n'avaient plus eu peur d'exercer leur métier, finalement les arbres ne cesseraient pas de produire des fruits ! Quant aux chasseurs et aux pêcheurs, ils risquaient bien moins leur vie désormais que la fureur animale était retombée. Neverland était redevenue leur bonne vieille mère à tous. Sage, calme mais parfois incisive. Après une horrible frayeur, venait le temps de célébrer le bonheur. Tous les indiens savaient qu'en ce soir de fête, la nuit serait plus étincelante que jamais. Cheyenne avait tellement hâte d'être à la fête qu'il trépigna d'impatience toute la journée en allant relever ses filets et en ramenant son butin au camp.
Lorsque les premières lueurs de la nuit apparurent, l'énorme feu de camp irradia. Un million d'étincelles jaillirent de son antre, tel un monstre recrachant des particules de feu. Certaines indiennes avaient pris le temps de cueillir de magnifiques fleurs pour les glisser dans leurs cheveux qu'elles avaient coiffés avec élégance. Pour leur part, certains hommes avaient opté pour un tout autre atout de charme. Les coiffes indiennes étaient de sortie ! De longues plumes, de couleurs diverses et variées, trônaient sur la tête des indiens. Cheyenne, pour sa part, avait dessiné des marques rougeâtres sur ses joues avec de la terre. Aussitôt que le feu de camp s'était mis à brûler, le pêcheur avait filé pour danser en tournoyant sur lui-même autour des flammes.
Des amis lui firent signe de venir fumer le calumet de la paix mais Cheyenne leur assura de venir plus tard. Pour l'heure, il était trop euphorique. Tel un enfant perdu ayant redécouvert un jeu passionnant, Chey débordait de vie. Il sautait en tous sens, dansait avec sa tribu et riait aux éclats. Depuis combien de temps n'avait-il pas été aussi heureux ? L'indien réalisa cela avec une pointe d'amusement. La nuit prolongée semblait avoir emmené avec elle tous ses tracas. Le Piccaninny tournoya une nouvelle fois sur lui-même avant de voir une silhouette se faufiler depuis les buissons.
Bondissant tel un lion, Cheyenne se précipita vers l'individu dissimulé dans les buissons. Il n'avait aucunement l'intention de se battre ou de chercher le conflit. Qu'importe qui se cachait là-derrière, que ça soit un habitant curieux, un enfant perdu attiré par la musique, une sirène appréciant le folklore indien ou même un pirate avide de découvertes ! Cheyenne était d'humeur festive, d'humeur joviale. Le genre d'humeur qui le poussait à vouloir partager et offrir aux autres. Bon, d'accord, peut-être qu'il chasserait le pirate si ça en était un !
- Salut !
Chey venait de bondir tel un fauve dans la végétation. Son regard se posa sur une silhouette féminine, elle n'avait définitivement rien d'une pirate. Elle ne puait pas du tout, n'avait pas l'air méchante et paraissait même plutôt douce. L'indien lui tendit la main gentiment et ajouta :
- C'est la fête ce soir, viens, ne reste pas ici toute seule.
Les Piccaninny se fichaient éperdument d'accueillir des habitants, des enfants perdus, des sirènes ou des tritons. Tous ceux qui pouvaient être des amis étaient les bienvenus. Les pirates étaient bien évidemment la seule exception à cette règle. Cheyenne s'aperçut qu'elle n'avait rien d'une Unami. Il aurait plutôt penché pour une sirène mais c'était peut-être indiscret de le demander. Sans dire un mot de plus, l'homme entraîna la jeune femme dans la ronde, l'emmenant au milieu de ces peaux-rouges qui bondissaient, tournoyaient, riaient et chantaient en encerclant leur feu de camp. Sur le coup, plus rien ne comptait à part l'amusement, le plaisir des retrouvailles avec leur tendre Neverland.
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Cheyenne & Azalea
Retranchée entre ces larges feuilles, le spectacle se dessinant sous ses yeux était réellement fascinant. Toutes ces couleurs, toute cette joie, on pouvait clairement ressentir l’unité de ce camp alors que les villages humains paraissaient plus ou moins éclatés dans leur communauté. Elle aurait en réalité pu se contenter de les regarder discrètement au lieu de chercher absolument à les rejoindre et à danser avec eux. Les flammes du feu de camp s’élevaient dans les airs ave élégance, se confondant avec les tissus aux couleurs rougeoyantes et donnait une vision magique de cet instant. C’était bien plus que ce à quoi elle s’attendait et pour la première fois elle craignait de ne pas pouvoir relever le défi, de comprendre leurs pas, de faire parti de cette unité sans avoir connaissance de leur culture et de leurs croyances.
Tout à coup, un bruit vint à la faire sursauter, elle trébucha et tenta de se cacher dans le buisson dans un réflexe empli de crainte que cette soudaine apparition soit dangereuse. Ce n’était pas aussi facile que lorsqu’elle était sous sa forme originale où elle n’avait qu’à s’envoler rapidement pour fuir une situation délicate. La réalité l’avait rattrapée et sur le coup la peur avait saisi son cœur. La silhouette d’un indien était apparue tout près d’elle, elle vit l’expression de son visage, éclairé par les quelques lumières parvenant jusqu’à eux. Il n’y avait pas de colère, pas de méfiance, il lui tendait la main pour lui proposer de les rejoindre. La fée ne se fit pas prier et se laissa entrainer en lui prenant la main jusqu’à se dévoiler totalement à la lumière. On la remarqua bien sûr mais cela ne semblait pas les déranger. Il n’y avait pas de regards amer, juste de la surprise et alors elle se sentit très vite bien accueillie. Qui l’aurait cru ? Une communauté fermée comme la leur qui voit arriver une étrangère et qui ne se méfie pas ?
La jeune femme suivit l’indien dans la ronde où elle fut très vite mise dans le bain. Elle suivit les pas comme elle le peut. C’était rythmé, dynamique, mais surtout cela alliait la danse à la distraction tout comme elle pouvait percevoir quelque chose de spirituel. La danse chez eux véhiculait bien des choses qu’elle avait hâte de découvrir. En attendant elle se contentait d’imprimer ces schémas, ces gestes afin de les faire sans erreur. Ils étaient tous heureux, et cela lui faisait chaud au cœur. La chorégraphie était relativement simple, elle n’eut pas de mal à se confondre dans le groupe et alors elle pouvait pleinement profiter de cette ambiance particulière. Son regard se perdait à droite et à gauche, distraite par les musiciens, ces quelques chanteurs et les paroles dont elle ne comprenait pas forcément la signification. Mais ces paroles la transcendaient, lui insufflant une chaleur au cœur unique et qu’elle ne pensait jamais retrouver autre part qu’ici même. Dès les premiers instants elle s’était d’hors et déjà promis de revenir et pourquoi pas emmener une de ses amies fée. Une indienne l’interrompit pour glisser quelques plumes dans ses cheveux et faire quelques dessins sur son visage à l’aide d’une pate très colorée – là elle se sentait bien plus intégrée. La fée la remercia et retourna dans la ronde.
Au bout d’un instant, alors que les tambours changeaient de rythme, elle vint à recroiser l’indien qui l’avait invité à les rejoindre. Un large sourire étira les commissures de ses lèvres, reconnaissante, il pourrait voir qu’elle s’amusait vraiment.
« Je m’appelle Azalea ! Et toi ?» Commença t-elle.
Dévoiler qu’elle était une fée la dérangeait moins que pour les autres humains, toutefois dans un réflexe encore sous retenue, elle ne le précisa pas de manière volontaire.
« Je te remercie de m’avoir invitée, je n’osais pas interrompre ! »
Tous ce soir fêtaient le retour du soleil sur Neverland et tous avaient leur manière de le faire. Elle aurait bien des choses à raconter à ses copines de cette soirée là.
« Vos fêtes sont elles toujours aussi impressionnantes ? »
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Tourbilloner. Sauter. Danser. Sentir la chaleur des flammes contre la peau. Les fêtes Piccaninny se ressemblaient beaucoup en général mais celle-ci, elle avait un goût de triomphe. Comme s'ils vivaient leur dernière soirée alors que paradoxalement, ils fêtaient la continuation de leur existence. La petite Aponie avait réussi. Elle avait oeuvré main dans la main avec les frères Pawnee et elle les avait sauvé. Tous. Tout Neverland. Ils lui devaient énormément, beaucoup plus qu'ils ne l'imaginaient. Cheyenne était heureux et absolument horrifié à la fois. Lui qui connaissait personnellement la jeune Unami, il savait que son sacrifice entraînerait de lourdes conséquences. Mais l'heure n'était pas aux apitoiements, bien loin de là, maintenant était le temps des célébrations, de l'explosion la plus simple de leur joie de retrouver ce soleil tant chéri.
Il découvrit une jeune femme cachée dans les buissons et sa surprise fut vite remplacée par un élan de générosité. Cheyenne l'identifia vite comme le contre-exemple d'une menace. Elle n'était pas une ennemie en repérage mais une curieuse, attirée par les rires, les chants et la bonne humeur que les indiens hurlaient à la face de Neverland ce soir. Incapable de ne pas partager son enthousiasme, l'homme l'avait emmenée dans la ronde. Ils avaient bondi au milieu du rond, s'étaient esclaffés de rire et s'étaient laissés porter par la vague indienne.
Durant quelques instants, elle disparut de son champ de vision. Chey ne s'en formalisa pas. Son esprit était trop accaparé par l'ambiance festive, le pêcheur ne pensait à rien si ce n'était s'amuser et oublier. Oublier ces moments difficiles, égarés dans le noir. Ces instants où toute la tribu avait tremblé, genoux en terre, ils avaient implorés les esprits de ne pas les abandonner. Et au moment où les plus sceptiques commençaient à baisser les bras, à pleurer le déclin de leurs protecteurs, ceux-ci avaient reparus.
Son regard tomba à nouveau sur la demoiselle qu'il avait invité à danser avec eux. Celle-ci arborait désormais des plumes dans ses longs cheveux et son visage avait été orné de peintures colorées. Son teint de peau très pâle et ses cheveux roux continuaient à trahir son appartenance à une autre catégorie d'habitant mais pour ce soir uniquement, elle faisait partie des leurs. Chey s'approcha d'elle en souriant. Spontanément, elle se présenta et il fit de même tout en continuant à bondir et à tourner autour du feu de camp.
- Cheyenne !
La danse s'était faite plus lente, comme si l'euphorie du début, explosive et brutale, s'était transformée en une joie douce et pure. Les indiens tournaient plus qu'ils ne couraient, continuaient à bondir mais dans des pas mesurés et plus dans des élans bestiaux. Cheyenne fut surpris d'entendre la demoiselle lui avouer qu'elle n'avait osé interrompre. Les Piccaninnys avaient une vision du partage plutôt importante, ils ne rechignaient pas à inviter quelqu'un à partager leurs festivités. Dernièrement cependant, cet état d'esprit avait été quelque peu bafoué à cause de la nuit prolongée. Cheyenne s'en voulait de s'être montré si peu amical envers certains des inconnus qu'il avait croisé dans la nature. Ce soir, il voulait en revenir aux sources. Redevenir le Piccaninny qu'il avait toujours été.
- Il ne fallait pas. On aime recevoir de la visite.
Azalea lui posa alors une question qui le fit sourire. Cette fête n'avait rien de comparable à celles de d'habitude. Ce soir, ils explosaient. Ce soir, ils étaient le reflet terrestre des étoiles dans le ciel nocturne. ils étincelaient de bonheur, de la joie des retrouvailles avec un vieil ami perdu. Si les moyens matériels étaient les mêmes, les humeurs étaient toutes autres. Et chez les peaux-rouges, le matérialisme n'était rien. Seul l'esprit comptait. Et leurs esprits étaient heureux.
- Tu assistes à une fête unique, profites-en bien car je crois qu'on n'en connaîtra jamais deux comme celle-ci.
Les ennemis oubliaient leurs querelles, les rivaux abandonnaient leurs conflits, les amitiés se ressoudaient. Une sorte de magie typiquement indienne flottait dans l'air. En cette soirée de fête, tout était possible, rien n'était interdit. Cheyenne était content de revoir ses proches sourires. Ces rides de souci, entre leurs sourcils, avaient disparus. Ces millions de questions que personne n'osaient formuler, envolées et dissoutes dans la fumée du feu de camp. Désormais, leurs peurs n'avaient plus lieux d'être.
- Vous n'avez pas célébré le retour du soleil chez toi ?
Cheyenne ne savait pas si elle venait de sous l'océan ou d'ailleurs. Peut-être était-elle une ermite vivant seule dans la nature et dans ce cas, évidemment, elle n'aurait pas pu fêter seule le retour du soleil ! Mais elle n'avait pas l'allure d'une recluse. Au contraire, la demoiselle paraissait aimer les festivités, l'ambiance de groupe et le mouvement. Le pêcheur avait beaucoup à apprendre d'elle.
- Oh, ça va commencer. Viens.
Il lui fit signe de le suivre et alla s'asseoir sur le côté presque comme un enfant. Le nez levé vers les flammes, Cheyenne attendit quelques instants. C'était le temps pour chaque indien d'occuper individuellement l'espace, de remercier à sa façon les esprits. Une première indienne s'avança, elle esquissa quelques mouvements des bras et des jambes, exécutant quelques boucles avec son corps qui créèrent quelques étoiles dans les yeux des spectateurs. Vint alors le tour d'un indien tandis que la jeune femme repartait s'asseoir. Le danseur se lança dans quelques sauts impressionnants, bondissant tel un fauve et exécutant des sauts périlleux qui firent s'esclaffer ou retenir leur souffle à l'assemblée. Chacun à leur tour, tous s'avancèrent.
Cheyenne se redressa enfin et s'avança vers les flammes, il n'avait jamais été un grand danseur mais appréciait se mêler aux festivités de sa tribu. Il bondit par-dessus les flammes, repliant les jambes et atterrissant avec une certaine agilité de l'autre côté du foyer. Tout heureux de son petit effet, l'homme regagna sa place et poussa gentiment l'invitée à s'avancer.
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Cheyenne & Azalea
Cheyenne était son nom, un joli nom à douces notes qui lui allait plutôt bien et qui fit sourire Azalea. Elle était rassurée d’avoir la confirmation de sa part que sa présence n’était en aucun cas parasite, ce qui la menait à se demander comment un peuple aussi sympathique faisait il pour rester communautaire. Elle avait bien des choses à apprendre sur cette île, mais sous forme de fée, la danse était la seule chose qui semblait la préoccuper. Là, elle avait envie de savoir et de connaitre tout un tas de choses, à commencer par eux. Avant toute chose, il lui demanda si elle n’avait pas fêté le retour du soleil chez elle, ce qui lui fit tirer une moue quelque peu coupable en se souvenant qu’elle leur avait faussé compagnie.
« Et bien, oui mais je voulais voir comment l’on fête cela ailleurs ! » Répondit-elle tout simplement.
La fête se poursuivit, Azalea suivait son guide, imitait les autres alors qu’elle découvrait d’autres surprises. Elle observa ces danseurs, les uns après les autres, analysait et ressentait leurs gestes qui semblaient être faits au hasard et qui pour elles étaient lourds de significations. Elle en fut troublée, touchée par leur art qui avait bien plus d’amplitude que n’importe quel autre à ce moment là et surtout à ses yeux. Une fée des arts est facilement émerveillée mais même à travers ses iris d’humaine elle était fascinée. Fut le tour de Cheyenne, ce qui vint étirer davantage son sourire afin de l’encourager et l’observa faire preuve de force et de courage. Impressionnée, Azalea ne s’était cependant pas attendue à devoir faire de même devant les autres
Hésitante alors qu’elle n’avait jamais été des plus timides lorsque cela concernait la danse, elle n’eut cependant pas l’embarras du choix en se faisant pousser par Cheyenne. Tous ces regards portés sur elle lui rappelaient lorsqu’elle était sur scène, elle avait l’habitude de cela. Alors pourquoi elle ressentait ce trac ? La jeune femme se mordilla les lèvres, se demandant pourquoi elle perdait tous ses moyens alors qu’elle était une fée des arts. Non, à ce moment là elle n’était pas une fée, elle n’était qu’une humaine, une jeune femme étrange qui s’était incrustée dans une fête où elle ne pensait jamais un jour aller.
Azalea croisa le regard de celui qui l’avait fait venir, sentant ses joues s’empourprer sous l’intimidation de cette situation fort peu confortable pour elle en fin de compte. Ils étaient si différents des autres humains qu’elle avait rencontrés, plus respectueux, moins corrompus et tellement plus proches de la nature. Elle avait l’impression de ressentir ces ondes positives, les vibrations qui venaient se glisser sous sa peau pour lui arracher de lourds frissons. Quel autre village humain aurait pu lui procurer de telles sensations ? Cela lui rappelait la proximité des fées avec leur environnement, c’était différent mais elle trouvait quelques similitudes malgré tout. Azalea observa quelques minutes autour d’elle, sur l’assemblée avant de décrisper ses muscles et se laisser complètement aller. Chaque mouvement devait raconter une histoire, avoir une signification, la danse était pour elle une manière de communiquer ses rêves et ses désirs. Pour l’heure, puisqu’ils fêtaient le retour du soleil, elle alliait l’élégance des gestes de ses bras rappelant les rayons du soleil venant éveiller les fleurs par ces beaux matins de printemps. Elle tournoya sur elle-même, la force de l’astre jamais ne devait flancher puis s’inspirant du feu brûlant du feu de camp, ses mains s’élevèrent en dessinant des arabesques jusque vers le ciel, une prière à entendre, un souhait à voir se réaliser que plus jamais cela n’arrive de nouveau. La fée aux apparences humaine s’était mise à danser, mettant son don à l’œuvre pour ravir leurs yeux sombres et imbibés de mystères.
Au bout de quelques instants, elle se stoppa afin de laisser sa place à la personne suivante pour aller de nouveau se rasseoir. Elle avait pu observer les regards intrigués sur son passage, indéniablement elle était une créature faite et façonnée pour la danse. Son corps se dessinait dans des lignes fines et souples qui dans chacun de ses mouvements amplifiait cette grâce naturelle que lui avait offert les créateurs. Azalea était heureuse de ne pas s’être laissée submergée par ses apriori, elle aurait sans doute regretté de ne pas pouvoir ressentir cette sensation sublime de pouvoir transmettre un message dans un décor aussi unique que l’était le camp des Picca. L’expérience serait à refaire, avec leur permission bien sûr, mais elle se voyait assurément revenir parmi eux, non pas seulement pour danser mais pour apprendre d’eux. Car elle l’avait compris au fil de ses escapades : la culture d’un peuple se ressent dans leur manière de danser et même si elle avait pris beaucoup de plaisir à se donner en spectacle elle se sentait encore étrangère. Les joues rougies par les efforts, Azalea avait repris place près de Cheyenne, un large sourire sur les lèvres.
« Je remarque que tout Soleil n’est pas fait que de lumière, ton peuple est un véritable Soleil pour cette île ! » Fit-elle remarquer en s’abreuvant alors qu’on lui avait offert à boire.
Ses mots étaient sincères, elle leur était reconnaissante de l’avoir accueillie ainsi et cela ne semblait être qu’un début.
« J’aimerais en apprendre plus, mais j’ignore si ce serait un trop grand privilège pour moi ou une erreur de votre part de me parler de ce qui fait…ça ! » Fit-elle en désignant le tout.
Azalea était clairement emballée par cet état d’esprit, de leur manière de faire et de ne pas craindre l’inconnu. Elle avait beaucoup à apprendre d’eux.
« J'aimerais savoir ce qui vous inspire, ce qui vous fascine, ce que vous détestez, ce que vous espérez...tout! Crois tu que c'est possible ?»
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Elle s'avança, fine ombre devant la lumière irradiante des flammes. Durant quelques instants, elle ne fut qu'une silhouette, vulgaire ombre chinoise sur le sol tendre du camp Piccaninny. Elle ne fit rien, ne dit rien. Ses joues s'empourprèrent, pas par la faute de la chaleur du feu tout proche mais plutôt par une gêne grimpant les étages de son for intérieur. Cheyenne fronça les sourcils quelques secondes. Venait-il de commettre une erreur en poussant la demoiselle à se mettre sur le devant de la scène ? Les indiens n'avaient aucune gêne à danser sous le regard des autres, les fêtes étaient monnaie courante depuis leur plus jeune âge. Toutes les coutumes n'étaient cependant pas les mêmes et Chey aurait peut-être dû y songer.
Brusquement, elle se mit à onduler. Ses bras s'élancèrent vers les cieux, ses cheveux voltèrent en tous sens tandis que ses jambes se succédaient dans des pirouettes agréables. Quelques mouvements amples, légers, aériens. Sa danse trahissait ses origines. Cheyenne ne put réprimer un sourire, son regard restant rivé sur cette jeune femme qui paraissait une personne nouvelle tout à coup. Une marionnette qui aurait elle-même coupé les fils. Elle vibrait, dansait, tournoyait. L'indien ne pouvait s'empêcher de sourire face à cet éclat de bonheur, cette écrin de liberté dont Azalea était entourée. Elle y était parvenue, elle s'était délestée de ses chaînes. Qu'importe le royaume dont elle était issue, cela devait être un endroit beau, doux, plaisant pour lui enseigner à exprimer ses sentiments en des mouvements si beaux.
Quand elle acheva de danser, il y eut un léger silence. Tout le monde se tut, quelques regards furent échangés et brusquement, ce fut la cohue à nouveau. Tous l'acclamaient, l'applaudissaient, l'encourageaient. Avec sa danse, elle avait charmé les coeurs Piccaninny. Désormais, elle serait encore plus bienvenue au camp des indiens qui aurait d'elle le souvenir de la danseuse insouciante. Azalea revint auprès de Cheyenne et lui glissa une remarque qui lui fit chaud au coeur. Les Piccaninny avaient toujours oeuvré pour la paix, le respect et l'amour de la nature. Leur ouverture d'esprit et leur grand coeur leur avait valu d'être parfois considérés comme plus faibles que les guerriers Unamis. Pourtant, aux yeux de Chey, cette ouverture sur le monde était leur plus grande force.
- Quant à toi, tu irradies sans même l'aide de ton peuple !
Il s'esclaffa de rire. Azalea était une bouffée de joie de vivre, elle apportait une légèreté plaisante. Elle le captiva ensuite avec sa remarque. Pourquoi feraient-ils une quelconque erreur en l'initiant à leurs coutumes ? Avait-elle des arrières-pensées ? Durant quelques instants, Cheyenne changea de regard à son égard. Mais soudain, il se rappela sa danse. Une gestuelle si aérienne, si douce. Aucun pirate n'aurait pu esquisser de tels mouvements. Azalea était forcément une créature de grâce. Une fée ou une sirène. Aucune autre espèce ne pouvait se mouvoir avec tant de candeur et d'habileté.
- Bien sûr que ça l'est ! Il te suffira simplement de revenir nous voir. Encore et encore. Et alors, tu sauras comment nous sommes, ce que nous désirons et qui nous désirons être.
Cheyenne haussa vaguement les épaules en souriant et observa quelques indiens se précipiter à leur tour au centre du cercle pour danser et passer par-desuss les flammes ou à côté de celles-ci. La question des origines d'Azalea le taraudait cependant. Serait-ce si indiscret que ça de les lui demander ? L'indien décida de faire un pas sans trop se mouiller.
- Ceci n'est pas ta véritable identité, n'est-ce pas ? Je veux dire ... d'ordinaire, tu n'es pas comme ça.
Il désigna son apparence physique d'un geste de la main. Qu'elle soit une sirène ou une fée, en tous les cas, son corps venait à changer. Une queue de poisson ou des ailes ainsi qu'une petite taille. Azalea était un mystère plein de candeur, d'innocence et de vie. Cheyenne ne voulait surtout pas la froisser mais là, en pleine fête, il ne voyait pas le mal à discuter de la vie de chacun.
- J'apprécie ta curiosité pour mon peuple et sache que j'en éprouve tout autant pour le tiens. D'ailleurs, si tu m'y autorises, j'aimerais beaucoup t'écouter m'en parler.
Chey se laissa lentement tomber sur le dos et observa le ciel étoilé. C'était une belle nuit, du genre qu'on voudrait être sans fin.
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Cheyenne & Azalea
Applaudie, félicitée, elle ne s’était pas attendue à un tel engouement suite à sa prestation puisque ce qu’elle avait fait était tout à fait différent. Mais elle fut heureuse de constater que cela leur avait plu et se promettait de recommencer afin de les divertir s’ils ne désiraient. Cheyenne aussi semblait avoir apprécié le spectacle et elle remercia le compliment qu’i lui retourna d’un mouvement poli de la tête. Son rire communicatif, Azalea avait reprit sa place comme si c’était tout à fait naturel pour elle d’être ici. Elle avait certes un peu de retenue mais se sentait assez à l’aise en fin de compte parmi eux. Alors elle était heureuse de savoir qu’elle pouvait revenir et qu’il acceptait de lui faire découvrir leurs quelques coutumes. C’était important pour elle, et elle se jurait de s’y tenir et revenir.
Puis, Azalea fut quelque peu prise au dépourvu par sa remarque concernant son apparence qu’il soupçonnait ne pas être sa forme originale. Elle n’avait jamais imaginé qu’en ayant si peu parlé avec elle, il vienne à soupçonner qu’elle n’était pas humaine. Mais tout compte fait, venant d’un peuple aussi sensible et attentif, cela n’était sans doute pas étonnant. Et puisqu’ils n’étaient pas ceux à craindre sur Neverland, elle avait bien moins d’a priori de révéler ce qu’elle était qu’avec d’autres humains. Azalea étira un faible sourire, détacha son regard de son visage tandis qu’elle était en train de réfléchir à ce qu’elle pouvait lui répondre. Elle n’avait jamais eu à le faire jusque là et a priori il n’avait jamais été question d’en arriver puisqu’elle ne venait que pour danser. Et alors que tout semblait se passer différemment de ce qu’elle avait pensé, qu’elle se sentait capable d’prouver tout un tas d’émotions, bonnes comme mauvaises, cette sensation d’ouverture d’esprit la menait là à pousser les conversations.
Il connaissait les fées, elle n’en doutait pas, mais la poussière avait été découverte il y a peu et elle ignorait quelle serait la réaction des humains face à cela. Etait-ce là ses seules appréhensions ? Il y avait peut être bien quelque part un brin de timidité à ajouter à cela. La vérité était qu’elle ignorait s’il y avait des limites quand à son comportement, ce qu’elle avait le droit de dire ; après tout elle n’était pas une gardienne. Ce qui fit la différence dans sa manière de raisonner, c’était la gentillesse de Cheyenne : il l’avait accueillie, alors qu’elle était délibérément en train de les espionner. Puis il l’avait intégrée et invitée à danser avec eux. Cette gentillesse la poussait à se dire qu’il n’y avait pas le moindre danger à lui avouer ce qu’elle était. Tandis qu’il lui fit remarquer qu’il était tout aussi curieux qu’elle concernant son peuple, Azalea l’observa, étonnée.
IL s’était allongé afin de contempler le ciel, et elle, elle ne disait rien, encore noyée par ses nombreuses pensées. La fée entreprit de sortir d’une petite pochette la fiole minuscule qui avait contenu la poussière d’humanité, percevant à peine la matière et les gravures ornant celle-ci sous ses doigts. Elle avait envie de lui dire, alors elle ne laissa pas cela trainer davantage et haussa de nouveau la voix
« J’ai utilisé ceci ! C’est de la poussière d’humanité ! » Fit elle en tendant la paume de la main ouverte pour lui montrer le contenant.
La fiole était vide, de toute façon, s’il désirait prendre et constater qu’elle était toute petite, c’était une preuve suffisante de ses dires alors que quelques secondes après elle avouait déjà, assez discrètement afin qu’il soit le seul à entendre :
« Je suis une fée ! » déclara t-elle avec un large sourire et les yeux brillants.
Elle ne s’était pas attendue à ce que l’annoncer lui fasse cet effet, car c’était finalement tout à fait libérateur de dévoiler son identité alors qu’elle se trouvait en territoire inconnu. Quelque part, Cheyenne devenait un soutien, elle lui accordait ainsi sa confiance. Azalea détourna de nouveau les yeux, inspirant profondément ce nouvel air. Il pourrait sans doute devenir l’un de ses amis ? Cette idée lui plaisait grandement jusqu’à ce que la réalité vienne à la rattraper, et, elle soupira finalement. La nostalgie, déjà, avait terni son visage jusque là si enjoué en se souvenant que ces effets étaient temporaires et bien trop courts à son gout.
« La poussière m’offre vingt-quatre heures dans la peau d’une humaine… »
C’était agréable en fin de compte de pouvoir partager cela, Azalea entreprit alors de se retourner vers Cheyenne en bougeant simplement les genoux sur le sol pour se décaler. Un large sourire se dessinait sur son visage, plus rien ne semblait l’arrêter.
« Alors j’en ai profité, je voulais voir la fête que vous alliez donner pour le retour du soleil !! Ici tout est tellement différent de ce que j’ai l’habitude de voir !!»
Elle voulait tout voir, tout connaitre et repartir de cet endroit avec de beaux souvenirs. Ses yeux se posaient avec curiosité sur leurs maisons, leur organisation, essayant de comprendre le sens si toutefois il y en avait un ou bien si tout était spontané.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
La nuit était belle. Paisible, chaleureuse. A des lieux de l'obscurité menaçante et oppressante de la nuit éternelle. Cheyenne aimait ce genre de soirées. Les rires résonnaient dans tout le campement Piccaninny. Les gerbes de feu s'élevaient dans les cieux tels des esprits rougeâtres rejoignant un autre royaume indicible. Les indiens irradiaient de bonheur. Tous exultaient, sourire aux lèvres et étincelles de joie dans le regard. Ils partageaient un moment de pur euphorie, célébrant au travers de leurs danses, de leurs gestes et de leurs cris exaltés, le retour du soleil. Neverland ne périrait pas. Les élus avaient réussi. Tout cela méritait amplement une titanesque fête. Les esprits se devaient d'être remerciés et pour cela, les peaux rouges savaient comment faire. Après que chacun ait esquissé quelques mouvements de danse, Azalea revint s'asseoir. Non sans avoir été ovationnée par les indiens au préalable.
Quelques minutes suffirent à ce que Chey n'entre dans le vif du sujet. L'homme la soupçonnait fortement d'appartenir à un autre peuple, de ne pas être une indienne, une habitante ou une pirate. Et son intention était bonne car en effet, après l'avoir encouragée à se livrer, Azalea lui confia avoir utilisé de la poudre d'humanité. Le Piccaninny se redressa sur les coudes, sourcils froncés. Il n'était pas sûr de comprendre ce qu'elle entendait par là. Tout du moins pas avant qu'elle ne lui montre une petite fiole dont elle s'était sans doute servi pour prendre cette taille. Alors, son visage s'illumina. Pour achever la découverte, Azalea lui déclara à voix basse ce qu'elle était vraiment.
- Waouh ...
C'était tout ce dont l'homme avait été capable. Comme tout habitant de Neverland, Cheyenne savait que les fées existaient. Mais ces créatures restaient discrètes, souvent accompagnées des enfants perdus mais rarement à la recherche de la compagnie des autres personnes de l'île. Le Piccaninny était euphorique, il ne parvenait à effacer son large sourire. C'était incroyable de se dire qu'il parlait à une fée et qu'il pourrait éventuellement en apprendre un peu plus à leur sujet. Elles qui étaient des centaines d'étincelles de magie, elles qui formaient un des mystères de l'île. Cependant, le Picca ne voulait pas l'assaillir de questions. Ils avaient toute la nuit pour en discuter.
D'elle-même, la rouquine lui expliqua qu'elle n'avait que vingt-quatre heures dans la peau d'une humaine avant de retrouver sa petite taille. Chey acquiesça, pensif. Cette condition rendait les échanges compliqués, sans doute. Eux, les adultes, ne comprenaient malheureusement pas le langage des fées quand elles étaient sous leur forme initiale. Autrement dit, le dialogue était complètement rompu. Vingt-quatre petites heures pour faire des rencontres et se lier d'amitié. Bien peu de temps en soi ! Mais Cheyenne avait déjà vu des amitié se tisser en bien moins de temps que ça. Azalea lui confia ensuite sa curiosité à propos du folklore indien. Elle avait succombé à l'envie de voir comment les peaux rouges feraient la fête. Au final, elle se retrouvait actrice de cette effusion de joie.
- Maintenant, tu sais comment ça se passe chez nous quand on est heureux !
Il pouffa de rire. Les fêtes Piccaninnys étaient connues pour être joyeuses, bruyantes, interminables et bourrées de joie et d'amour. Tout le monde riait, tout le monde chantait, dansait et s'exaltait d'un rien. Aux premières lueurs de l'aube, ils regagnaient leur tipi et dormaient pour quelques heures avant de reprendre leur vie quotidienne, un sourire gravé sur les lèvres. Azalea, émerveillée par le camp indien comme s'il s'agissait d'un territoire inexploré, lui demanda s'il lui ferait visiter. Cheyenne se redressa alors et se releva, tendant la main à la belle pour l'aider à se mettre à son tour sur ses pieds.
- Bien sûr ! Viens.
Le duo s'engouffra alors parmi les rangées de tipis. Ceux-ci étaient parfaitement différents ! Certains étaient beiges, d'autres plutôt marrons ou encore orangés. On pouvait trouver des peaux de bête pour recouvrir la toile de l'habitation ou encore divers tissus créés par de jeunes indiens aux doigts agiles. Certains tipis étaient vastes, bien assez larges pour contenir au moins cinq personnes. D'autres, tout petits, paraissaient n'être conçu que pour une personne seule. Chey ne voulait pas laisser Azalea dans le flou, alors il lui raconta un peu sa tribu.
- Nous fabriquons nos tipis nous-mêmes. Avec divers matériaux comme des peaux de bête ou encore de la toile, du bois ou du tissu. En général, c'est une chose que l'on fait en famille mais tout le monde se portera volontaire pour donner un coup de main au besoin !
Cheyenne se souvenait de cette vieille dame dont le tipi était tombé en ruine après des années de bons et loyaux services. En une journée, c'était comme si toute la tribu s'était unifiée pour lui venir en aide. Les uns s'étaient attaqués à la construction, les autres au tissage ou au l'élévation. Chacun avait apporté à sa pierre à l'édifice et la vieille dame avait eu un nouveau toit au-dessus de la tête avant la nuit tombée. C'était ça aussi, la force Piccaninnys.
- Nous personnalisons nos tipis comme bon nous semble avec de la peinture, des pierres précieuses ou encore des trophées.
Il désigna quelques tipis décorés différemment pour illustrer ses dires. Le sien était décoré de fines lignes rougeâtres tracées avec de la peinture et quelques pierres vertes y avaient été incrustées. Cheyenne s'arrêta devant son chez lui et en tira un pan pour dévoiler l'intérieur de l'habitation.
- Voilà mon chez-moi !
Une petite table au centre avec deux chaises, le tout en bois. Un lit dans un coin, une armoire de petite taille et tout un tas d'objets entassés à l'autre bout. Ce n'était pas réellement rangé mais le pêcheur n'y passait pas énormément de temps. Son tipi, c'était comme une simple chambre dans laquelle il venait dormir mais dans laquelle il passait peu de temps au final.
- Par là-bas, tu as les tentes des anciens. Et juste derrière le campement, tu trouves la rivière qui nous fait vivre de la pêche !
Chey esquissa un sourire, lui-même était un pêcheur et adorait son métier. C'était un peu le moteur des Piccaninnys, l'eau étant leur élément de prédilection.
- Voilà ,tu sais tout de l'organisation Piccaninnys. Enfin tout ... ou presque !
I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
L’indien semblait avoir bien prit la nouvelle de la savoir fée, dans tous les cas c’était la première fois qu’elle dévoilait ses origines et elle ne fut pas déçue. Il avait sans doute des questions à lui poser, auxquelles elle répondrait avec grand plaisir puisqu’il avait eu la gentillesse de la ramener jusque là. Dans tous les cas, il fut assez surpris de sa révélation et sa réaction lui avait arraché un rire. Sur ces mots là, elle lui avait expliqué ainsi les raisons de sa venue ici et lui avait ensuite demandé s’il pouvait lui faire visiter les alentours. Cheyenne ne perdit pas de temps, acceptant sa demande pour l’entrainer avec lui, laissant derrière eux le coin des festivités. Azalea suivit son guide, contente qu’il accepte de lui montrer un peu leur paisible lieu de vie.
Quelques tours et elle ne fut pas déçue : à chaque fois qu’il lui montrait quelque chose, elle l’écoutait avec attention, découvrant leur culture au fur et à mesure de la visite. Il y avait tant de choses à savoir sur eux, mais elle arrivait déjà à comprendre un peu leur organisation. Ces tipis aussi qui l’avaient beaucoup intriguée, elle les observa avec attention et fut heureuse de connaitre comment ils les dressaient mais aussi d’autres petites anecdotes comme personnaliser les pans protecteurs de leurs maisons. C’était fascinant, Azalea ne voulait pas se faire trop incrustante alors elle se contentait de poser son regard avec curiosité sur tout ce qui l’entourait. Cheyenne eu même la gentillesse de lui montrer son propre tipi qui était tout comme les autres organisé de manière logique. Mais tout était personnalité, aucune table ne se ressemblait et elle se doutait bien qu’il avait dû tout fabriquer lui-même. Elle prit quelques secondes, plongées dans le silence pour regarder et admirer chaque détail, mesurant la chance qu’elle avait. Puis, la fée reporta son attention sur son nouvel ami, déclarant avec assurance le fond de ses pensées :
« J’aurais adoré vivre dans un tel endroit, être aussi débrouillarde et savoir faire toutes ces choses là ! »
C’était impossible pour les fées, chacune avait un rôle défini et Azalea n’était pas une fée bricoleuse. Cela ne l’empêchait pas d’être admirative quand au travail et la patience que cela devait demander. Elle avait pu voir de belles choses ici même si elle ne comprenait pas encore tout leur mode de fonctionnement et leur façon de vivre ensemble, elle avait déjà pu ressentir cette cohésion que Cheyenne venait de lui confirmer en lui racontant que tout le monde y mettait de sien lorsque c’était nécessaire. Les fées également travaillaient main dans la main, mais de manière moins hétérogène : toutes se complétaient, comme une chaine alors qu’ici c’était un véritable tout. Elle devinait alors que l’on pouvait apprendre différentes choses et non pas se contenter de rôles très précis. Contrairement aux autres humains qu’elle avait côtoyés, elle trouvait qu’il y avait bien plus d’égalité entre les hommes et les femmes. Cela faisait parti de ces choses qu’elle ne comprenait pas non plus et qu’elle pensait découvrir seulement au fil de ses aventures au sein des communautés humaines aussi différentes les unes des autres.
Son regard se perdait sur le sommet du tipi dont elle pouvait comprendre la structure depuis l’intérieur. C’était petit mais ça avait l’air vraiment confortable et elle trouvait ces endroits bien plus accueillants que les maisons de pierre qui éloignait beaucoup trop de la nature. Les indiens gardaient ce contact, c’était ce qui lui avait plu d’emblée chez eux et ce qui faisait qu’elle aurait certainement envie de revenir en temps de festivités ou pas.
« Peut être qu’un jour nous aurons de la poussière magique pour vous rendre tout petits ! Et là je te ferai visiter chez moi aussi! Ma maison n’est pas très grande mais elle est confortable ! » Fit elle très motivée par l’idée qu’elle puisse un jour lui faire aussi visiter.
C’était sans doute la pensée la plus loufoque du siècle, car d’une part toute créature non fée n’était pas autorisée à vagabonder sur Pixie Hollow mais aussi parce que cela pouvait aussi entrainer des problèmes. Mais le jour où tout cela serait possible, elle ne manquerait pas de l’inviter et être aussi accueillante qu’il avait pu l’être avec elle ! C’était sa dernière utilisation de sa première fiole de poussière d’humanité et elle songeait déjà à en racheter pour réitérer l’expérience.
« Alors, tu as un métier ici ? Qu'est ce que tu aimes faire de tes journées ? »
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Elle était donc une fée, tout prenait un sens nouveau. Cheyenne ne pouvait plus se départir de son sourire, imaginant la demoiselle en version minuscule avec de petites ailes dans le bras vrombissant dans l'air à toute allure. Cela l'amusait beaucoup. La belle voulut en apprendre plus sur la culture indienne, découvrir ce qui faisaient d'eux qui ils étaient. Jamais un Piccaninny ne refuse d'accueillir quelqu'un sauf si cette personne a un quelconque rapport à la piraterie ! Or Azalea n'avait rien d'une pirate. Elle était donc parfaitement bienvenue entre ces tipis amis. Chey l'emmena, lui expliquant brièvement comment fonctionnait sa tribu et comment ils s'organisaient. L'homme jugea utile de lui expliquer leur façon de personnaliser leur chez eux. Après tout, c'était en soi l'unique méthode pour différencier un habitat d'un autre. C'était une étape primordiale dans une construction Piccaninny que de rendre sa demeure personnelle et différente celles des autres.
Azalea lança alors un commentaire qui prit Cheyenne de court. Elle semblait presque regretter de ne pas être débrouillarde et indépendante comme pouvaient l'être les indiens. Le Piccaninny lui adressa un large sourire et secoua négativement la tête tout en posant une main amicale sur son épaule. La fée n'avait aucun regret à avoir de côté ! Bien loin de là ...
- Je suis sûr que vous avez une autre méthode tout aussi efficace ! Et puis, dans la tribu, tout le monde n'est pas indépendant ... chacun apporte sa pierre à l'édifice et fait selon ses capacités.
Les Piccaninnys se respectaient les uns les autres à la hauteur de leurs efforts. Certains étaient capables de soulever des montagnes alors que d'autres ne parvenaient pas à déraciner une tulipe. Qu'importe. Chacun avait sa place et tant que la volonté de bien faire et de venir en aide à la communauté était présente, aucun blâme ne serait jeté. Chey savait, par exemple, que sa petite soeur n'était qu'une piètre bricoleuse. C'était lui-même qui lui avait confectionné la plupart de ses meubles, quoi de plus normal ? Après tout, lui, ne connaissait rien en médecine et lorsqu'il se blessait, elle était là pour lui apporter les premiers soins. L'équilibre était maintenu.
Tandis qu'elle observait le tipi, Azalea se perdit dans l'illusoire. Cheyenne explosa de rire en s'imaginant tout petit, de la taille d'une fée, partant visiter une maison dans un monde dont il ne savait rien. Cette perspective l'amusait énormément ! Personne ne savait rien des fées, elles étaient un peuple bien méconnu et bien retiré. Elles protégeaient Neverland et les enfants perdus, leur rôle était crucial mais Chey regrettait parfois de n'en savoir que si peu à leur propos. La belle reprit donc, continuant à lui poser des questions.
- Je suis pêcheur. J'adore l'eau et j'y passe la plupart de mon temps, la mer est bien assez grande pour nourrir toute notre tribu.
Beaucoup de Picca étaient des pêcheurs, ils avaient l'eau à portée de main et les ustensiles nécessaires ainsi que la connaissance des techniques immémoriales. Cheyenne ne différait en rien des autres, il partait lui aussi chasser le poisson dans les fonds marins avec une aisance absolue. L'homme observa la fée, elle avait une allure frêle et un physique plutôt léger, presque fragile. Il l'imaginait mal en guerrière ou en sentinelle. Azalea n'était pas non plus une fée gardienne puisqu'elle ne protégeait aucun enfant là tout de suite. Chey finit par céder à la curiosité :
- Et toi, quel est ton rôle parmi les tiens ?
L'indien réalisa qu'il en savait si peu au sujet des fées qu'il ignorait même jusqu'au fonctionnement de leur société. Avaient-ils un roi ? Une reine ? Un chef ? Cheyenne n'en savait rien. Il savait cependant qu'il existait des individus fées masculins car les enfants perdus le lui avaient déjà dit plusieurs fois. Ces garnements libres comme l'air étaient sans doute le seul lien entre les fées et le reste du monde. La plupart des choses que Chey savait à propos du peuple ailé, il le savait grâce aux enfants.
- Ce n'est pas trop ... dur, la vie à Pixie Hollow ?
Cheyenne avait toujours imaginé les fées comme des abeilles, tout un groupe d'individus luttant pour un seul et même objectif. Filant dans la même direction, travaillant côte à côte pour former un tout. Un peu comme les indiens mais plus secret, moins ouvert à la discussion et à la découverte avec le reste du monde. Chey les imaginait bosseuses, volontaires, dévouées et animées d'une combativité hors norme.
- Est-ce qu'il t'arrive souvent de te faufiler hors de chez toi pour explorer l'île ?
Toute une flopée de questions .. voilà ce qu'il arrive quand on croise un individu aussi exceptionnel que pouvait l'être Azalea !