Ma sœur était bornée au possible, nul ne pouvait lui faire entendre raison et même son époux n’aurait rien pu faire. Nous étions allées à la surface, il y a plusieurs mois de cela, mais nous n’avions pas retrouvé la trace de ce jeune homme croisé par hasard. Zéa avait refusé de retourner sous l’eau tant qu’elle n’avait pas la certitude que l’homme en question n’était pas son fils ou au contraire, qu’il l’était. J’avais donc pris sur moi de protéger ma sœur et ma souveraine et cela malgré mes propres problèmes. Deux mois maintenant que nous écumions les rues de One-Eyed, nous étions même allées vers Blind, demandant avec peu d’informations aux personnes de bonne volonté si un dénommé Maëa était connu d’eux. Peine perdue…j’avais trouvé une habitation près du bois du larcin, à l’écart et à la fois entourée d’autres maisonnettes. Zéa se rendit rapidement compte que les humaines n’étaient pas seulement des meurtriers, mais que la plus part étaient comme nous, des Êtres qui ne demandaient qu’à vivre en paix, nos nombreuses discussions sur ma vie en dehors de l’eau étaient souvent de mise le soir au coin de notre feu, comme l’enfant que je portais et dont je ne pouvais maintenant plus cacher la présence. Ce ventre rond de huit mois, un fils…peut-être…Un enfant, le mien…celui que j’aimerai de tout mon être…ce furent les paroles et la douceur de ma sœur qui me permirent de comprendre que peu importait si sa vie devait durer 80 ans ou des centaines d’années, il était à moi et je ne pouvais le délaisser pour de mauvaises raisons, comme je ne pouvais ignorer les sentiments pour le père. Ces semaines, juste entre sœurs, m’avaient beaucoup apporté et je voulais redoubler de persévérance pour qu’à son tour, ma sœur retrouve la paix et son enfant.
Une nuit où le sommeil ne se faisait pas sentir, j’entrepris de prendre le bac pour parcourir les tavernes et autres endroits à la faveur de la nuit. Peut-être que se sachant une cible, le jeune prince faisait attention à ses sorties et la pénombre pouvait lui apporter la sécurité qu’il recherchait. Du moins, c’est ce que j’espérais. Une cape recouvrant ma silhouette et mon visage, j’entrais dans une taverne près du port, grouillant de pirates et de matelots qui arrosaient, verres en mains, un retour de mer fructueux. Coup du destin ou forte chance pour moi, je crus reconnaitre le visage de l’homme. J’allais vers lui, posant une main sur son épaule. « Maëa ?! » Ma voix n’avait pas été forte, mais suffisante pour que certains voisins de l’homme puissent entendre le prénom de l’homme recherché. « Je suis navrée…c’est une erreur » Non, ce n’était pas lui. L’homme me retint par le poignet, me demandant si je ne chercherais pas un peu d’amusement. Les hommes…Féline, je le remerciais de sa demande, une lame plantée dans sa fesse droite. « C’est fort aimable, mais je suis à la recherche de quelqu’un d’autre ! » Nos regards se comprirent et j’allais d’un pas assuré vers un coin de la salle à l’écart pour reprendre contenance. Ce n’était pas le moment d’attirer les règlements de compte, je n’étais pas en état pour un combat. C’était une mauvaise idée de venir ici, sans plus de tergiversions, je sortis de la taverne, respirant l’air frais et marin tout en retirant le capuchon de ma chevelure. C’est alors qu’on me bouscula lourdement, m’entrainant volontairement vers une ruelle. L’homme me plaqua contre le mur, une lame sous la gorge. Je ne pouvais voir son visage, ou seulement deviner quelques traits, la lune n’étant pas à son maximum. Il me demanda une chose, comment je connaissais ce prénom et ce que je lui voulais. « Je suis missionnée par une mère aimante qui ne veut qu’une chose…savoir que son fils est en vie… »
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La nuit est sombre, la lune jouant à cache-cache avec des nuages épais. Le froid commence à givrer certains toits des habitations, l’hiver est là et il se fait sentir. Je pousse la porte d’une taverne, m’installant à une table pour y retrouver des compagnons. À force de traîner dans la cité des pirates, on finit par se faire des connaissances, grâce à Delendar. Il m’a proposé de le rejoindre, mais je veux l’équipage du Baronnet Noir pour me venger, pour ce qu’ils ont fait à ma vie depuis qu’elle est partie, qu’elle m’a été prise. Je sors une bourse que je dépose sur la table afin de jouer, nos gobelets se remplissant d’alcool pour nous accompagner. Il y a un peu de monde dans ce vieux taudis, toujours fréquenté, pas souvent de bonnes personnes, mais on y passe d’agréables soirées quand on veut jouer et se bagarrer. « Maëa ?! » Je redresse la tête, mirant une femme au profil inquiétant qui se penche vers un homme, qui n’est pas celui qu’elle recherche. Je fronce des sourcils, qui peut bien me chercher et plus encore avec ce prénom ? Ce gros ventre pourrait être mon fruit ? Mais je ne me souviens pas avoir eu un rapport il y a quelques mois, encore moins avoir donné ma véritable identité. Curieux, je délaisse ma partie en lançant un : « J’dois y aller, garder tout ! » pour aller la retrouver. Je sors à sa suite, l’observant retirer son capuchon avant de l’attraper rudement pour l’entraîner vers une ruelle, glissant ma lame sous sa gorge. « Comment connais-tu son prénom et qu’est-ce que tu lui veux ? » Sa réponse ne se fait pas attendre et cela me provoque quelques émotions au plus profond de mon être. « Je suis missionnée par une mère aimante qui ne veut qu’une chose…savoir que son fils est en vie… » Ma mère me recherche ? Comment peuvent-ils savoir que je suis dans les parages ? On ne va pas me faire croire que depuis deux siècles, ils me cherchent sur Neverland. L’île a dû être fouillée de fond en comble en moins d’un mois. Je suis certain que c’est à cause de ce Kalahän, apprenti du gardien, qui n’a pas su tenir sa langue. L’inconnue ne bouge pas, attendant une réponse de ma part. Soit je fais semblant, soit alors je laisse pour une fois la vérité éclater. La lune réapparaît, éclairant nos visages. Je ne la reconnais pas, je ne pense pas l’avoir déjà vu et pourtant, elle a des traits qui me sont familiers.
Je finis par retirer ma lame de sa nuque, croisant son regard et je soupire, reculant d’un pas pour éviter d’appuyer plus longtemps sur ce ventre prédominant. « Il est en vie… partiellement… mais il est toujours en vie. » Son sourire s’étire, malgré que la lune finisse par disparaître pour nous remettre dans la pénombre. « Ne restons pas ici. » Je me retourne pour l’inviter à me suivre jusqu’à cette petite maison dans laquelle j’habite depuis peu. Elle ne paye pas de mine, elle abrite la misère et les rats, mais au moins, je dors au chaud et je l’ai eu pour une petite somme. J’arrive à avoir quelques travaux, je ne veux pas une place dans une menuiserie, je veux monter sur un navire et plus particulièrement, sur la flotte Fortune pour me rapprocher de ce Capitaine. Je lui tire une chaise après avoir allumé quelques bougies, déposant mon poignard sur la table. « Je n’ai que de l’alcool à vous offrir. » Je n’ajoute rien de plus, sortant une bouteille et deux verres. « Comment avez-vous su que j’étais ici… vivant ? »
J’ai la chance qu’il ne soit pas plus agressif, bien entendu, je sais me défendre, je n’ai pas été une tueuse par les mots, mais bien par les actes. Seulement, pour le moment, je ne vois aucunement l’utilité de sortir ma lame. Il semble hésitez après mes paroles, si je ne me suis pas trompée et qu’il est bien celui que je pense, j’imagine que ma réponse a dû quelque peu le troubler. Qui suis-je ? Devrait être l’une de ses premières interrogations. Qu’est-ce que je lui veux, cela, il le sait à présent. Il recule, se faisant soudainement moins menaçant envers moi. Que dois-je comprendre qu’il n’est pas celui que je recherche, ou qu’il ne veut pas me le dire directement ? La lueur de la lune ne m’a pas permis de voir avec netteté son visage et ses traits, mais…il ressemble à ma sœur…j’ai bien un doute, on ne peut jamais être certain. Je souris tout de même avant qu’il ne me suggère de ne pas rester dans cet endroit. Je suis le jeune homme jusqu’à une petite masure sans prétention. Il ouvre la porte me laissant entrer la première. C’est peu meublé, ça sent l’humidité et le vieux bois, mais…un feu de cheminée et l’endroit paraitra déjà plus agréable et plus vivable. Je reste debout, alors qu’une à une les lumières viennent agrandir la pièce où nous nous trouvons. Je pivote pour mirer le poignard qu’il pose en évidence sur la table, ce qui me fait sourire.
D’un geste lent et non menaçant, je retire le capuchon de ma tête. Il s’assoit et me montre une chaise que je toise un moment avant de la tirer en arrière pour m’y assoir. Il vient pour remplir mon verre et je l’arrête dans son geste. « Je ne bois pas…le bébé…n’aimerait pas…et je n’ai pas soif…merci…Maëa… » Je soupire en regardant cet endroit tout de même un brin décati. « Une intuition, je t’ai croisé une fois, non loin d’ici. Ton regard a croisé le mien et…je l’avoue, j’y ai vu ma sœur… » Il s’arrête dans son geste, le verre qu’il voulait porter à sa bouche restant en suspend à mi-parcours. « J’ai fait part à Zéa de cette rencontre, elle y a vu une opportunité, alors que ce n’était qu’une…impression pour moi. Tu connais bien mieux ta mère que moi…elle est têtue et lorsqu’elle possède une idée, il est difficile de lui en faire changé d’avis. » Mes mains se posent sur le bois de la table et j’émets un nouveau soupir profond. « Cela fait des semaines que nous te cherchons, en vain…et puis cette nuit…je ne trouvais pas le sommeil à cause de mon enfant…et je t’ai trouvé. Tes parents ne veulent que te voir, savoir que tu es en vie…Maëa…ne commet pas les mêmes erreurs que moi. Si tu ne me connais pas, tu as sans doute entendu parler de moi, ta tante…Rheïane, non ? » Simple hochement de tête. « Alors, tu sais que moi aussi, je suis partie…quelles que soient les raisons, on a toujours besoin d’une famille…ils t’aiment et te pardonnent déjà, tout comme ta mère l’a fait en ce qui me concerne » Mes mots se veulent réconfortants, mais plus encore, je souhaite qu’il veuille me suivre. Zéa ne cèdera rien tant qu’elle n’aura pas la certitude que son fils est là quelque part.
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« Je ne bois pas…le bébé…n’aimerait pas…et je n’ai pas soif…merci…Maëa… » Il est vrai que je n’ai pas songé à cela. Je n’ai pas eu la chance d’avoir un enfant et j’ignore si un jour, j’aurais droit à ce privilège. Je porte mon verre à mes lèvres pour en boire une gorgée cependant, la phrase qu’elle prononce par la suite me fait stopper tout mouvement. Je ne les ai pas vus depuis si longtemps, je n’ai que de vagues souvenirs de leurs visages, après deux siècles. Je sais que je les reconnaîtrai, mais à force de ne plus voir quelqu’un, les traits s’effacent peu à peu. Je le sais, je le constate avec ma femme qui apparaît différente au fur et à mesure de mes nombreux rêves. « J’ai fait part à Zéa de cette rencontre, elle y a vu une opportunité, alors que ce n’était qu’une…impression pour moi. Tu connais bien mieux ta mère que moi…elle est têtue et lorsqu’elle possède une idée, il est difficile de lui en faire changer d’avis. » J’étire un sourire, venant avaler mon verre d’une seule traite avant de me resservir. Oui, je ne suis pas surpris qu’elle souhaite aller jusqu’au bout, me retrouver, et ce, malgré un indice si minuscule. Et je doute qu’après cette rencontre, ma tante ne l’encourage pas à venir me voir directement ici, dans cette maison. Elle commence à parler de ses recherches avec sa mère, que cela fait des semaines et qu’ils veulent juste savoir que je suis en vie. Elle mentionne sa propre histoire que ma mère m’a déjà racontée à plusieurs reprises. Je l’avoue, je m’en suis inspiré pour disparaître avec Cleo. « Ils pardonnent tout, vraiment ? » Je lève les yeux vers Rheïane avec un sourire en coin qui se veut moqueur. « Je doute qu’ils pardonnent tout. Je connais mes parents, en particulier mon père et je ne pense pas que ma disparition soit synonyme de pardon avec lui. Il ne me pardonnera pas. » Elle veut parler, mais je lève la main, buvant d’une traite mon verre avant de me lever.
« Maëa Thelxiope n’est pas le même garçon qui a quitté l’Océan il y a deux siècles. J’ai changé, j’ai évolué depuis. Je ne veux pas que mes parents rencontrent l’homme que je suis devenu, parce que je suis différent de celui qu’ils ont connu et éduqué. » Elle fronce des sourcils et je lui tourne le dos pour aller vers la fenêtre, soulevant un pan du tissu moisi qui m’offre une pénombre quasi permanente dans cette petite demeure. « Je ne suis pas parti pour un caprice, j’avais mes raisons et j n’ai jamais regretté ce choix. Ils m’ont manqué, chaque jour… Plus à certaines périodes. Mais ce n’était pas possible, le pourquoi je suis parti n’était pas compatible avec mes parents, avec… » Je soupire. Je ne veux pas parler d’Elle. C’est encore trop tôt. « Il vaut mieux dire à ma mère que tu t’es trompée, que tu as revu ce garçon que tu pensais être moi et qu’en vérité, ce n’est pas le cas. » Je me retourne alors qu’elle se lève de la table. « Je ne veux pas revoir mes parents. »
Je ne connais pas ce jeune triton, il ressemble pourtant bien à son père et à ma sœur. Je ressens pour lui une grande compassion, j’ignore si je me trompe à son sujet, mais il y a des choses qui ne trompent pas. Lui comme moi avons vécu des choses qui nous ont obligées à faire le vide autour de nous. Je ne peux pas le juger pour cette décision, seulement en tant que mère, je me dois d’aider ma sœur à retrouver son fils, comme j’aurais aimé qu’on le fasse pour moi. Il répète ma dernière phrase et cela me provoque bien évidemment un sourire. Non, je suis bien placée pour savoir que son père est plus borné qu’un crabe à qui l’on veut prendre son territoire, il ne cède rien. Heureusement, que ma sœur a de l’emprise sur son époux, et puis, il est son fils, on ne peut pas en vouloir à son enfant au point de la bannir de son existence, pas lorsqu’on l’a aimé. Je veux lui dire ce que je pense, mais il m’en empêche d’un simple geste. Il se redresse, puis se lève et j’observe son profil, mon neveu est beau, fort comme son père et noble comme les hommes de notre famille. Je ressens une profonde fierté en mirant cet enfant qui est devenu un triton adulte. Il refuse, je m’en doutais un peu, dans le même cas que lui, étrangement, j’aurais eu la même réaction. Je soupire me levant lorsqu’il se tourne finalement vers moi. Je m’approche lentement, portant une main sur mon ventre arrondi. « Nous nous ressemblons plus que tu ne le penses, mon cher neveu. Je ne te jugerai pas concernant le pourquoi de ton départ, je ne te demanderai pas les raisons qui t’ont poussé à le faire…parce que cela ne regarde que toi. Nous sommes si semblables toi et moi, tu n’as pas idée combien tu me ressembles…j’ignore si je dois m’en réjouir pour tes parents…saches pourtant que ta mère ne sera pas déçue par l’homme que tu es devenu, quelque soit les choix que tu portes, les valeurs que tu défends, tu es son enfant, elle t’a porté, elle t’a aimé et t’aime encore d’un amour qui se veut inconditionnel et crois moi, mieux vaut avoir un fils en vie, même différent de celui qu’on a connu, qu’un enfant mort qu’on ne reverra jamais… » Je baisse le visage vers ce ventre qui porte la vie, je viens de me rendre compte que ce bébé, je ne pourrais pas l’abandonner comme je prévoyais de le faire. Je suis une mère aimante et protectrice et les affres de mon passé n’ont pas le droit de venir me hanter encore et encore. D’un geste affectueux, je viens poser ma paume contre sa joue. « Maëa…me demandes-tu vraiment de trahir ma sœur ? De lui mentir pour une chose aussi importante que de te savoir en vie, sain et sauf ? Je peux lui demander de ne te rechercher plus, mais je ne pourrais jamais lui mentir sur le fait que nous ayons eu cette conversation. Je porte en mon sein mon troisième enfant, une seule est encore vivante…Crois-moi ou non, tu la décevras plus si tu fuis que si tu décides d’affronter devant elle, celui que tu es devenu » Je m’éloigne de lui, le mirant une dernière fois avec intensité. « Libre à toi de décider…Mais sache que moi, je suis fier de celui à qui je viens parler. Et je suis fière de t’avoir rencontré quoi que tu décides » Je vais pour m’éloigner, j’ignore si mes paroles auront un effet sur lui, mais il fallait que je les lui dise. Pour ma sœur, pour sa famille, pour son propre salut.
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« Nous nous ressemblons plus que tu ne le penses, mon cher neveu. […] mieux vaut avoir un fils en vie, même différent de celui qu’on a connu, qu’un enfant mort qu’on ne reverra jamais… » Tout en parlant, elle s’approche de moi en caressant son ventre arrondi. Je comprends ses paroles, je les entends et l’idée de chagriner ma mère m’est insupportable. Mais je préfère cette version à une rencontre. Personne ne doit voir ce qu’est devenu Maëa, leur fils. Non. Ma tante vient poser sa paume contre ma joue, un geste dont j’aimerai me dérober, mais je ne le fais pas. « Maëa…me demandes-tu vraiment de trahir ma sœur ? […] tu la décevras plus si tu fuis que si tu décides d’affronter devant elle, celui que tu es devenu » Je soupire. Elle n’a pas compris ce que je voulais et d’un certain côté, je ne peux pas lui en vouloir. Elle s’éloigne, prête à partir. « Libre à toi de décider…Mais sache que moi, je suis fier de celui à qui je viens parler. Et je suis fière de t’avoir rencontré quoi que tu décides » Elle se retourne pour aller auprès de la porte, pose une main sur la poignée et je fais un pas en avant : « Attends. » Elle tourne son visage dans ma direction, un petit sourire sur les lèvres. « Je ne te demande pas de trahir ta sœur, je ne te demande pas de lui mentir sur cette conversation ou sur mon existence. Je te demande d’oublier que tu as rencontré Maëa Thelxiope et simplement de croire qu’il est mort. Parce que c’est le cas, Maëa Thelxiope est mort et tu as face à un toi, un mélange de triton et pirate, prêt à devenir le pire cauchemar du peuple marin par vengeance. Crois-moi ma tante, il vaut mieux que mes parents ignorent que je suis vivant. Parce que pour aller jusqu’au bout de ma vengeance, si je dois tuer des sirènes et des tritons, alors je le ferai. » Son visage change, petit à petit. « Penses-tu toujours que ma mère sera fière de rencontrer l’homme que je suis devenu ? Non. Elle ne le sera pas. Et mon père fera partie des tritons qui voudront me tuer. Alors oui, je te demande de trahir ta sœur en répétant ce que j’ai dit plus haut. Tu t’es trompé, le jeune homme que tu prenais pour Maëa n’est pas son fils. Il lui ressemble, mais après discussion, après vérification, ce n’est pas un triton et donc, pas son fils. » Au fur et à mesure de mes paroles, je m’étais approché d’elle avec un regard sombre et quelque peu menaçant, je m’en rends compte par la brûlure de mes yeux et ce froncement entre mes sourcils. « Tu n’as pas à décider de ma vie, de mes choix et puisque tu l’as dit, tu ne me jugeras pas. Donc tu n’iras pas contre mes désirs. Fais ce que je te demande, pas respect pour ma famille. » Sans un mot de plus, j’ouvre la porte pour qu’elle sorte et je referme derrière elle, ignorant les derniers mots qu’elle a eu à mon encontre. Je m’adosse contre celle-ci en soupirant, le cœur battant à vive allure. Voilà jusqu’où je suis prêt à aller pour assouvir ma vengeance. Et à cet instant, cela m’effraie légèrement.