Maintenant qu'on est de même taille, c'est parti pour les retrouvailles
La fée fut froissée quand son colibri lui annonça qu'il n'aurait pas voulu de son aide. La jugeait-il incompétente ? Une fée n'avait-elle pas les capacités pour aider les enfants perdus ? Avait-il si peu d'estime pour elle ? Les nuages vinrent obscurcir son cœur. Son ciel était assombri. C'est alors qu'un rayon de lumière vint percer la couche nuageuse et rendre son éclat à son coeur. Raygon venait de donner ses raisons. Alkëstia fut émue. C'était pour la protéger qu'il n'avait pas voulu de son aide. Finalement, elle avait toujours compté pour lui. Il avait toujours pensé à elle. Elle sourit, radieuse. Au fond d'elle-même, elle était heureuse, mais elle lui en voulait toujours d'être partie. Rancunière, il lui faudrait du temps pour accepter totalement le choix de son ami, ayant pour conséquence qu'ils ne pouvaient plus se comprendre si Alkëstia n'était pas sous forme humaine. Néanmoins, maintenant elle savait et elle lui pardonnait, d'une certaine façon. La fée était surtout soulagée de le revoir et de le savoir en vie. Au regard des dires de son colibri, il avait failli mourir ! Flamboyante aurait eu du mal à s'en remettre.
La tempétueuse fée flamboyante s'emporta quand Raygon la réprimanda sévèrement. Ce n'était pas elle l'enfant perdu. « Je sais très bien que c'est la Forêt des larcins ! Je n'ai pas besoin de guide ! Et je peux prendre soin de ma personne ! » La fée se garda bien de lui dire qu'elle s'était retrouvée dans cette partie de l'île, car elle avait fui en entendant des pirates. Elle voulait simplement tenir tête à Raygon. Elle ne voulait pas se faire materner de la sorte par un ancien enfant perdu.
Alkëstia était contente que son ami ait pu trouver de l'aide en ville. Les humains n'avaient pas l'air d'être tous de sombres crétins. La fée apprécia d'apprendre cela. Ce qu'elle n'apprécia pas, ce fut que Raygon lui renvoie de nouveau à la figure que ce n'était pas un endroit pour elle. Qui était-il pour décider ce qui était bien ou non pour elle ? Lui, ce soi-disant ami qui l'avait abandonnée ? La fée ne savait plus quoi penser. Elle oscillait entre la joie et l'indignation, entre le pardon et la rancoeur, entre la pluie et le soleil.
Colibri termina la réponse à la question d'Alkëstia en expliquant qu'il avait trouvé un sens à la vie, depuis qu'il était devenu mortel. La fée se savait mortelle, bien qu'elle vivait depuis maintenant V siècles. L'idée qu'elle continuerait à vivre, alors que son Colibri ne serait plus là lui enserra le cœur. Pour ne pas lui montrer, elle se replongea dans les faits. Elle reprit sa fiole et recommença à consigner ses découvertes dans son calepin.
« Hors de question ! Je suis venue ici pour des recherches ! Je ne vais pas rentrer maintenant ! » Alkëstia n'aimait pas se laisser commander. Elle ne tolérait pas non plus que quelqu'un décide pour elle, et surtout pas que quelqu'un l'éloigne de ses expériences. Cependant, comme souvent lors d'un conflit avec sa moitié scientifique, Alkëstia, dû à son nature conciliante, lui laissait le dernier mot. Ils trouvèrent un terrain d'entente. La fée acceptait de rentrer, escortée par son ami, tandis que lui, il répondait à toutes ses questions. Ainsi, sur le chemin du retour, le calepin d'Alkëstia se remplit de connaissance, grâce à son oiseau coloré enfin retrouvé.