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« Oneida ! » Les syllabes fendent l'air et se portent jusqu'aux oreilles de l'indien qui depece avec soin le gibier qui est pendu à l'arbre. Son attention est aussitôt porté vers la voix de sa mère et toute la tritesse qui en émane. Que ce passe-t-il cette fois ? Set-angya, il essuie la lame de son couteau contre son pantalon, avant de le ranger à sa ceinture et d'essuyer le sang qui couvre ses mains de la même façon. Il abandonne ensuite la carcasse du cerf, afin de se poser devant sa très chère mère. Il n'a pas besoin de mot, elle sait parfaitement que son fils aîné a entendu sa voix et qu'il se questionne, elle peut le lire à même son visage. « Ta soeur a pris la fuite, elle est partie en direction de la forêt... » Il ne lui en faut pas plus pour s'éclipser à son tour. Si sa soeur s'est enfuie, c'est qu'elle ne va pas bien et c'est qu'elle a besoin de lui. Comme à chaque moment de faiblesse, il est là, Set-angya, prêt à l'écouter, prêt à la consoler. C'est son rôle de grand frère, un rôle qui lui tient grandement à coeur et ça depuis toujours. Parce que Oneida, Ayanna, Nahima... elles sont ses petites perles et il ferait tout pour elles, absolument tout. Il pourrait tuer, le Quachegan, il pourrait même y perdre sa propre vie. Pour lui, la famille c'est ce qu'il y a de plus important au monde.

L'indien, il s'élance en direction de la forêt, à toutes jambes il s'aventure entre les arbres. Il connait si bien sa jeune soeur qu'il la retrouve avec facilité, Set-angya. Après quelques minutes seulement, ses iris se posent sur elle, sur ce corps recroquevillé contre lui-même. Elle pleure, s'il ne l'entend pas clairement, il peut voir son corps se secouer sous l'émotion. Cette scène, elle est déchirante pour lui. Il sait combien la condition de sa soeur est difficile, combien elle se cherche encore et combien le regard de la famille est lourd lorsqu'il est posé sur elle. Le guerrier, il déteste voir sa soeur dans un tel moment de vulnérabilité.

Il s'approche doucement Set-angya et pose un genou en terre, lorsqu'il arrive près d'elle. « Oneida. » Il prononce doucement son prénom, afin de ne pas l'effrayer. Elle est venue ici pour ne pas être retrouvée et lui, il est sans doute la seule et unique personne qu'elle voudra voir. Tendrement, il vient poser une main sur son épaule, dans un geste qui se veut rassurant. Elle sait maintenant qu'il est près d'elle, mais Set-angya, il ne la dérange pas plus que ça. Lorsqu'elle sera prête, elle lui fera face, en attendant il reste à ses côtés. Il lui laisse la possibilité de pleurer autant qu'elle le désire, la possibilité de l'ignorer si elle le désire, la possibilité de s'imaginer encore seule. Mais si elle a besoin de parler, si elle a besoin de se confier à lui ou de toute simplement l'enlacer, il sera là. Une fois encore, il est là pour jouer son rôle de grand frère. Sa petite fée, il ne peut la laisser seule, le Quachegan, voilà tout.

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La main qu'il pose sur sa frêle épaule la rassure, l'apaise légèrement, il peut le remarquer. Set-angya, il est celui qui peut calmer ses tourments, celui qui arrive à apaiser la tempête et ça, depuis toujours. Depuis son terrible accident, il est le seul à qui elle s'ouvre facilement, parce que jamais il ne l'a brusquée, il s'est toujours montré patient et compréhensif avec elle, le brun. Il n'a pas à attendre longtemps, le Quachegan, avant qu'elle s'ouvre de nouveau à lui. Sa main est posée contre sa peau depuis un très court instant, lorsqu'elle se laisse tomber vers lui. La jeune indienne, elle a besoin de réconfort, c'est pourquoi elle vient se coller à son frère et lui, il l'étreint comme il l'a toujours fait. Une de ses mains se faufile dans les cheveux de sa jeune soeur, alors que l'autre se pose contre son dos. Il a l'habitude de la réconforter ainsi et ça, depuis le plus jeune âge. Set-angya, il n'a que sept années de plus que sa soeur, mais il a l'impression d'avoir tellement plus que ça. Il a toujours pris soin d'elle et ça ne s'arrêtera jamais, tant et aussi longtemps qu'il sera en vie. « Je suis là, ma belle. » Ce n'est qu'un chuchotement qui se veut apaisant, car il sait que le son de sa voix a toujours eu cet effet calmant sur elle.

« Set... Qu'est-ce qui ne fonctionne pas avec moi ? » Sa voix est enrouée par les larmes qui ont coulées sur ses joues. Il déteste la voir dans cet état, le Quachegan. Le mal qui gruge sa soeur est là pour rester et bien qu'il tente de le chasser, il n'y arrive jamais entièrement. Il y a toujours des doutes qui subsistent, des craintes. Oneida, elle n'a pas encore saisie qu'il n'y a rien qui cloche avec elle. Ses souvenirs, elle ne les retrouvera sans doute jamais et Set-angya, lui est en paix avec ça. Il accepte la jeune femme qu'elle est devenue, même si elle est bien différente de la gamine qu'elle était. « Pourquoi ? » Il ne parle pas, le guerrier, il ne dit rien du tout. Il n'y a rien à répondre à ses questions, tout ce qu'il peut faire, c'est l'apaiser du mieux qu'il peut, l'enlaçant de ses bras solides. Sauf qu'elle se recule, la petite fée et son regard s'accroche au sien. « Je suis un poids et... Je le suis même pour toi. » Set-angya, il secoue la tête. Non, elle n'est pas un poids, même si c'est l'impression qu'elle a. Les choses ne sont pas faciles et ne le seront sans doute jamais. Tant et aussi longtemps qu'elle continuera à se poser des questions et à douter d'elle-même, les choses ne s’arrangeront pas. Ça fait maintenant neuf ans, bientôt dix qu'elle souffre d'amnésie, mais autour d'elle, les gens ne l'ont pas encore accepté, voilà le nœud du problème. Ils devront l'accepter un jour ou l'autre. Oneida, elle n'est plus celle qu'elle était autrefois, mais elle est encore une jeune femme qui a tant de choses à découvrir et à offrir. Lui, il le sait pertinemment.

Sa main vient se poser avec douceur contre la jeune de sa soeur. Une fois de plus, il tente de l'apaiser à l'aide de gestes qu'elle connait bien. « Onei, tu te fais du mal pour rien. Tu n'es pas un fardeau, ni pour moi, ni pour la famille. Je sais combien c'est difficile pour toi... » Difficile pour elle, difficile pour lui, difficile pour tous les Quachegan. Mais ce qu'elle ne comprend pas encore, Oneida, c'est qu'en doutant de la sorte, elle les fait douter, par la même occasion. Elle reflette les émotions qui se succèdent en elle et c'est ce qui l'éloigne des siens. « Si tu as l'impression d'être un fardeau, tu le deviendras. Si tu as l'impression d'être une source de problèmes, tu le feras croire aux autres. Tu comprends ça ? » Il l'observe avec attention, ses yeux s'accrochent aux siens et ne les délaissent pas. À nouveau, il doit essayer de lui faire comprendre que malgré les doutes, malgré les restrictions, c'est elle qui est maîtresse de son destin. « C'est toi qui décide comment les autres te perçoivent. Je sais que c'est difficile, mais tu as besoin de croire en toi et en tes capacités. » Il étire un léger sourire, le Quachegan. Croire en sois-même, voilà la clés. Le jour où il a cessé de croire en lui-même, c'est le même jour où tout s'est écroulé entre Ma'Lila et lui. C'est également le jour où Ayanna a cessée de croire en lui... Il faut croire en sois-même et en ses capacités, ça il le sait, le chasseur. Oneida, elle ne doit pas répéter les mêmes erreurs que lui. À force de douter, on fini par tomber.