I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
[center] Ainsi donc elle découvrait que son guide était un pêcheur ! Cela demandait sans doute bien plus de qualités qu’il n’y paraissait et confirma aussi la bienveillance de Cheyenne avec son prochain. S’il avait accueilli Aazalea aussi chaleureusement, il ne lui faisait pas de doute qu’il devait travailler dur pour subvenir aux besoins des siens, tout comme ils travaillaient tous mains dans la main, ils s’entraidaient et les fruits de leurs efforts étaient facile à constater. Ici ce devait être agréable à vivre tout comme Pixie Hollow était un havre de paix. Azalea avait pourtant choisi, si elle n’avait pas été fée, elle aurait adoré être une indienne. La fée userait de ces vingt-quatre heures, pour faire comme si elle était l’une des leurs, s’abandonner quelques temps, être une toute autre personne et en apprendre davantage sur eux.
Sur ces révélations, Cheyenne osa à son tour se montrer curieux. Azalea étira un fin sourire, glissant sa main devant sa bouche tout en retenant un petit rire amusé. Bien sûr qu’il en avait des questions, après tout ils se découvraient tous les deux, provenant de deux peuples différents et l’entente était bel et bien au beau fixe – c’est ce qu’elle trouvait de plus magique en cette soirée. Avec cela, en remarquant qu’elle était tout à fait ouverte à celles-ci, Cheyenne n’avait donc pas loupé l’occasion de lui poser toute une ribambelle de questions.
« Nous les fées nous avons un rôle qui nous est propre, chaque fée a sa place. Moi je suis une fée des arts et mon don est la danse ! Alors je divertis mes camarades avec des musiciens, d’autres danseurs, et toutes sortes d’artistes ! Nous faisons de merveilleux spectacles ! »
Pas étonnant qu’elle se soit retrouvée là pour danser, il le comprendrait bien assez vite. En tout cas il avait l’air de beaucoup s’intéresser aux fées, et elle pouvait tout à fait le comprendre ! Puisqu’elles ne pouvaient parler qu’aux enfants perdus, le reste de l’île ne savait pas grand-chose sur elles. Il était certain qu’elles étaient communautaires, mais cela n’était pas vraiment par crainte des autres car elles étaient suffisamment occupées à maintenir la santé de l’île pour se laisser à trop s’éparpiller. C’était dans ces moments là qu’elle réalisait que leur organisation était efficace, elle devait aussi garder en tête qu’elle avait sa place à elle et que ses petites escapades ne devaient pas devenir une habitude au détriment de son travail au sein de Pixie Hollow. Sur cette dernière pensée, Azalea enchaina la réponse à ses deux autres questions :
« La vie à Pixie Hollow est joyeuse et très productive ! Il y a beaucoup de travail tout au long de l’année ! Si je me suis faufilée c’est parce que j’étais curieuse de voir comment cela se passe ailleurs ! En tant que fée des arts je n’ai pas à quitter la vallée normalement ! »
Azalea se rendait compte qu’elle dépeignait là une image assez négative d’elle, de la fée qui préfère s’échapper plutôt que faire son travail. Alors elle s’empressa de se rattraper, un peu trop naïve sur sa manière de parler et ne voulait surtout pas qu’il pense que toutes les fées étaient comme elle.
« J’avais du temps libre ! Je prépare le spectacle de l’hiver et il avance très bien !! Il y avait quatre doses dans ma fiole et donc pour mon dernier usage j’ai choisi votre camp ! »
Ne dit on pas « le meilleur pour la fin » ? Oui, c’est de cette manière qu’elle le voyait, elle se souviendrait de l’amabilité de ses indiens et de son nouvel ami Cheyenne ! Azalea avait un large sourire sur les lèvres, le regard brillant en étant heureuse d’avoir fait ce voyage jusque là pour rencontrer les indiens. Elle en aurait des choses à raconter à ses amis et leur conseillerait d’aller voir Cheyenne parce qu’il s’était vite montré très gentil.
« Et je ne regrette pas, j’ai été très surprise que tu viennes me chercher car j’ai été dans les villages humains, ils n’étaient pas tous aussi accueillants…Mais toi, tu es très gentil, j'espère que tu ne changera jamais ! »
Et c’était peu dire, il lui était arrivé bien des choses ! En compagnie des indiens elle se sentait en sécurité, elle avait l’impression qu’elle pouvait avoir sa place, elle n’avait juste à demander alors qu’ailleurs il fallait faire des pieds et des mains pour s’imposer sinon il n’y avait pas le moindre intérêt. Puissent les indiens ne jamais devenir comme eux ou alors ce serait un véritable gâchis.
« Je voudrais être une indienne pendant ces vingt-quatre heures ! Pourrais-tu me dire si je peux vous aider à faire quelque chose ici ? Peut être pourrais tu m’apprendre ? »
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Peu à peu, Azalea se dévoilait. Elle n'était plus un mystère entier mais plutôt un mystère à trois quart. Cheyenne était ravi de voir que la fée se livrait sans craintes, elle avait compris que les indiens Piccaninnys ne jugeaient pas et étaient extrêmement respectueux. D'ailleurs, la nature était absolument sacrée à leurs yeux et la simple pensée de la dénigrer les aurait rendu fous. Les fées pouvaient donc être rassurées quant à une querelle avec le camp Picca, cela n'arriverait pas. Chey posa alors quelques questions à la jeune femme et lui expliqua le fonctionnement des siens. Chacun avait sa place, son propre travail à effectuer visiblement. Comme l'homme l'avait imaginé, leur système était bien calculé, bine ficelé. On ne faisait ni les choses à moitié ni les choses n'importe comment. Ces minuscules créatures avaient énormément de poids sur leurs épaules vu qu'elles faisaient, en quelques sortes, tourner Neverland.
L'indien la questionna ensuite sur sa venue et Azalea lui expliqua non seulement qu'il y avait beaucoup de travail chez elle mais aussi qu'elle n'avait de prime abord pas vraiment le droit de quitter les siens. Cheyenne acquiesça. Finalement, les fées étaient assez proches du fonctionnement Unamis. Leur liberté semblait parfois trouble mais l'indien ne comprenait pas toutes les subtilités de leur hiérarchie alors mieux valait qu'il ne s'en mêle pas trop.
- Un spectacle d'hiver. Vous en faites pour chacune des saisons je suppose ?
Eux aussi, accueillaient les saisons avec des festivités. On ne pouvait pas réellement parler de spectacles bien que parfois, les indiens dotés des plus belles voix de la tribu ou doués en danse, prenaient le devant de la scène. Cependant, les festivités se déroulaient surtout au niveau de l'ambiance générale et de la nourriture, chacun apportait un peu de ses réserves et tout le monde profitait, ensemble. Azalea lui révéla qu'elle était allée chez ceux qu'elle appelait les humains. Cela fit sourire Chey, elle devait sans doute parler des habitants lambda de Neverland. Ces gens de Blindman's Bluff ou de One-Eyed-Willy. L'homme haussa vaguement les épaules. Il n'avait que très peu de connaissances parmi ces êtres car il ne les fréquentait jamais ! Les quelques rares personnes avec qui Cheyenne avait des contacts, étaient ceux qui ne vivaient pas ou plus en centre-ville. Comme Apolline, la vendeuse de rhum, par exemple. Mais cette jeune femme lui était fort sympathique. Sans doute n'étaient-ils pas tous les mêmes ...
- Je comprends ! Je n'ai jamais été très attiré par leurs coutumes. Et puisque tu me le conseilles, je tâcherai de ne pas trop changer.
Il fut à nouveau pris de court quand Azalea lui demanda si elle pouvait aider d'une quelconque façon. Son geste partait d'une intention très bonne mais sur le moment, Cheyenne ne sut quoi répondre. La tribu était en fête, personne ne travaillait ou ne faisait quelque chose de réellement constructif. Tous riait, chantait, dansait ou fumait le calumet. Il aurait été un peu compliqué pour l'indien d'enseigner une quelconque tradition Piccaninny à la demoiselle à cet instant.
- Peut-être que tu pourras revenir un autre jour ? Je pourrais alors t'apprendre à pêcher !
Chey rajouta aussitôt :
- Ce n'est pas que je ne veux pas t'apprendre maintenant mais ce soir est un soir de fête et il n'y a malheureusement rien que je ne puisse t'apprendre si ce n'est peut-être comme fumer le calumet !
Il explosa de rire et fit signe à Azalea de le suivre. Ils reprirent le chemin du feu de camp où les autres continuaient encore à festoyer. La bonne humeur ambiante était satisfaisante, Cheyenne se sentait revigoré désormais.
- Si tu avais été indienne, tu aurais aimé apporter ton aide à la tribu de quelle façon ?
Cheyenne lui posait de drôles de questions mais c'était Azalea qui avait commencé ! Et puis, il se demandait bien ce que la belle savait faire. Malheureusement, la danse n'était pas considérée comme un service assez important pour suffire à la tribu. Les indiens voyaient plutôt ça comme un divertissement, un loisir et un moyen de décompresser après avoir effectué le véritable travail. Le pêcheur réfléchit quelques instants puis ajouta :
- Je pense que tu ferais une parfaite cueilleuse ! C'est un rôle capital au sein des nôtres et j'ai l'impression que ça te plairait beaucoup.
Azalea, en tant que fée, comprenait l'importance de cueillir des fruits sans détruire ni exagérer. Elle partageait ce lien à la nature que les indiens chérissaient tant. Cheyenne acquiesça en souriant, c'était définitivement le rôle dans lequel il l'imaginait !
I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
Les spectacles de fées étaient toujours grandioses, avec beaucoup d’effets, de jolis décors et toute une flopée d’artistes plus talentueux les uns que les autres. Elle ne pourrait pas réellement lui décrire de quoi ils avaient l’air, mais il avait déjà supposé qu’il y avait un spectacle spécifique pour chaque entrée dans une nouvelle saison.
« Nous faisons souvent des spectacles, mais ceux des saisons sont encore plus somptueux !! Car nous devons faire honneur aux fées qui sont sollicités pour les transissions des saisons et pour leur maintient ! Ça leur donne du courage ! »
Puisque l’hiver approchait, le prochain spectacle serait donc sur cette saison froide qu’elle affectionnait tout particulièrement. L’hiver avait pour elle une profonde marque artistique et avait un côté bien plus fragile, plus précieux que les autres saisons. Pour autant elle adorait les autres ! Mais célébrer l’hiver avait toujours été source de joie pour la fée qu’elle était. Elle songeait d’ailleurs à emmener son ami Aeglos un jour ici, un fée de l’hiver avec qui elle s’entendait bien. Il apprécierait sans aucun doute une balade au sein des Picca ! Et peut être qu’un jour les fées viendraient faire un spectacle aux indiens ! Il leur était déjà arrivé d’en faire aux enfants perdus alors pourquoi pas les autres ? Naïvement, Azalea pensait que ce serait facile, mais elle savait aussi qu’il serait difficile de monter un tel projet puisque cela n’avait jamais eu lieu. La fée n’était pas non plus très bien placée pour décider qui aurait droit de voir leurs représentations. En attendant, le simple fait de pouvoir aller à leur rencontre était franchement génial !
Après avoir demandé à Cheyenne si elle pouvait les aider en quoi que ce soit, il lui rappela que l’ordre était à la fête et que tout le monde était déjà occupé à chanter et à danser. Il avait raison, elle ne devait pas se montrer trop hâtive car si elle avait vingt quatre heures elle aurait sans doute d’autres occasions de participer à leur vie de groupe ou bien pour une autre fois comme le disait Cheyenne tout en l’invitant à sortir du tipi. Azalea suivit son ami et acquiesça, acceptant sa proposition d’apprendre à pêcher pour la prochaine fois qu’elle viendrait par ici. L’idée l’enchantait parce qu’elle remarquait que sous sa forme humaine elle avait bien plus de capacités alors qu’en étant un fée c’était bien plus simple. Elle souhaitait exploiter son côté humain, voir si cela lui apportait d’autres inspirations pour ses spectacles ! Pourquoi ne pas faire un spectacle sur les indiens pour montrer aux autres fées quelles genre de personnes ils étaient ? Ce serait sans doute très intéressant pour tout le monde !
Azalea se mit à réfléchir, elle ne connaissait pas grand-chose à vrai dire mais savait qu’elle aurait forcément envie d’utiliser ses mains à cause de son côté artistique. Peut être fabriquer des toiles pour les tipis ? Faire des vêtements ? Le temps de réfléchir, Cheyenne avait déjà eu une idée qui lui allait à merveille, alliant le travail à la main et son besoin manifestement évident d’être dehors.
« Cueilleuse ? Ça me va !! » Fit elle toute heureuse que Cheyenne lui ait trouvé une pseudo profession chez les indiens.
Si la fête pour le retour de la lumière l’empêcherait de leur apporter son aide, en discuter de cette manière était assez rigolo et elle s’était un instant laissée imaginer ramasser et prendre soin des plantations pour que tout le monde puisse manger à sa faim. De grosses responsabilités ! C’était totalement différent de la danse mais cela lui plaisait aussi ! Azalea étouffa un petit rire avant de se mettre en quête de trouver aussi quel genre de fée aurait été Cheyenne s’il avait été un petit camarade ailé.
« Et toi…hmm…Je me demande quel genre de fée tu aurais été…Ah ! Tu aurais été sentinelle, parce que tu es bienveillant et fort ! Mais si tu aimes aller sur l’eau alors tu aurais sans doute pu t’amuser en étant fée de l’eau !! Créer des vagues, des tourbillons, tu aurais pu aller observer les sirènes aussi !!»
Azalea pensait à Mia notamment, si agile, si élégante sur l’eau quand elle travaillait ! Alors il ne lui faisait pas de doute qu’il serait en parfaite harmonie avec cet élément qu’était l’eau. Azalea avait encore quelques questions pour lui et surtout sur les indiens de manière générale. La fée n’avait pas eu besoin de s’intéresser à l’histoire de Neverland puisqu’elle n’avait de base pas été créée pour la parcourir comme elle le faisait, alors elle devait tout apprendre d’elle-même ou alors grâce à de gentils amis comme Cheyenne. Puisqu’il était là et ouvert aux questions elle se risqua de poser la sienne :
« Avant de venir ici on m’a dit qu’il y avait deux camps indiens à Neverland !! Je me demandais si j’allais leur rendre visite est ce qu’ils seraient aussi accueillants que vous ? »
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
C'était donc des spectacles de ce genre qu'organisaient les fées ! Cheyenne n'en revenait pas. Elles s'inspiraient les unes les autres à redoubler d'efforts. Eux aussi, avaient des chants qu'ils entomaient pour se redonner du courage mais pas à ce point. D'ailleurs, l'enthousiasme d'Azalea faisait plaisir à voir, telle une luciole, elle étincelait de bonne volonté et de dynamisme. Mais ce soir, personne ne travaillait. Ce soir était dédié à la fête, à l'amusement et surtout pas au labeur quotidien. Cependant, Chey s'amusa à imaginer un rôle dans lequel la fée pourrait s'illustrer. Il l'imaginait plutôt bien vagabondant en forêt, à la recherche de fruits à collecter ou d'herbes pour assaisonner. Proche de la nature comme elle l'était, elle saurait forcément faire preuve de beaucoup de minutie dans le travail. Cela sembla convenir à la demoiselle qui accepta volontiers ce rôle fictif et avec le sourire en plus.
Elle inversa ensuite les rôles et imagina le Piccaninny parmi les siens. Cela fit mourir de rire l'homme qui éclata d'un large rire franc et ouvert. Ce n'était pas de la moquerie envers les petits êtres ailés mais la simple perspective de s'imaginer lui, mesurant quelques centimètres à peine et avec une paire d'ailes, ça suffisait à le rendre hilare. Il parvint tout de même à se calmer pour entendre les propositions d'Azalea. Sentinelle. Cela semblait sérieux et comportant de lourdes responsabilités. Chey appréciait ce genre de postes, c'était finalement ce qu'il lui manquait au sein de sa tribu. Il était un excellent pêcheur mais il n'avait pas un rôle à hauts risques. S'il revenait un jour sans poissons, d'autres en auraient attrapé entre temps. Parfois, l'indien songeait à ces postes contenant plus de responsabilités, ceux sur qui les gens comptaient.
- Sentinelle. Je crois que je préfèrerais être un sentinelle.
Il acquiesça vigoureusement de la tête. La perspective de se balader sur l'eau et de partager ses après-midi avec les sirènes était alléchante ! Mais celle d'obtenir un poste où on avait besoin de lui, l'était encore plus. L'indien réalisa que tout ça ne se réaliserait jamais que dans leur tête et que ça ne valait pas autant de réflexion. Il se contenta alors d'un vague haussement d'épaule et d'un sourire. Azalea n'avait cependant pas terminé, sa soif de savoir était infinie et elle posa une question à Cheyenne qui le prit de court. Une interrogation presque dérangeante.
Les Unamis. Un sujet parfois tabou au sein des Piccaninnys. Si le traité de paix restait pleinement d'actualité et bien que depuis le retour triomphant d'Aponie auprès des siens, les relations se passent mieux, les tribus restaient opposées dans leur mentalité. Chey se pinça les lèvres, ne sachant trop comment formuler les choses à la fée sans dépeindre un portrait trop négatif de ces autres indiens. Il poussa un lourd soupir, donnant déjà un indice sur la marche à suivre si elle voulait se rendre là-bas ...
- Je dirais qu'ils sont plus ancrés dans les traditions. Débarquer à l'improviste chez eux serait une mauvaise idée, selon moi.
En effet, ils n'étaient pas connus pour être amicaux et agréables avec ceux qui n'appartenaient pas à leur tribu. Pourtant, ce n'était pas non plus des animaux et ils ne tueraient pas quiconque s'approcherait de leur camp. L'approche se devait simplement d'être dix fois plus délicate qu'avec les Piccaninnys. Cheyenne redoutait que la fée soit déçue si elle se rendait là-bas. Lui-même avait rencontré des Unamis. Leur chef, Kachina, avait été celle qui lui avait paradoxalement fait la meilleure impression. Elle qui d'apparence n'était que sauvagerie et force, s'était révélée beaucoup plus complexe au fond. Ensemble, ils avaient prié dans la forêt des esprits pour le retour triomphant de la jeune Aponie.
- Certains valent la peine d'être connus mais je pense que tu serais bien mieux ici parmi nous.
Chey acquiesça, les Piccaninnys acceptaient tout le monde sauf les pirates ! Et les fées étaient bien évidemment invitées à venir leur rendre visite quand bon leur semblait.
- Tu viens, on retourne auprès des autres ?
L'indien Piccaninny lui fit signe de le suivre et ils prirent la route du feu de camp où la musique ne s'était pas arrêtée un seul instant. Quelques indiens avaient été s'asseoir et Cheyenne se retourna, prenant la main d'Azalea puis la fixant dans les yeux avec un sourire aux lèvres.
- Si tu veux connaître la tradition Piccaninny, il faut que tu tentes d'entrer en contact avec les Esprits ! Viens, je te montre.
D'un bond, Chey emmena Azalea avec lui vers un tipi d'où émanait particulièrement beaucoup de fumée. Ils entrèrent et découvrirent une ronde d'indiens, assis les uns à côtés des autres, se passant un large calumet et avalant des champignons tendus par certains. La transe était une technique que certains indiens utilisaient pour entrer en contact avec les esprits. Evidemment, ce n'était pas à la portée de tous et pour une première soirée, c'était beaucoup demander ! Mais Cheyenne ne faisait que proposer ...
- Tu préfères peut-être garder ta conversation avec les esprits pour une prochaine fois ?
Le pêcheur éclata de rire, c'était comme Azalea voudrait désormais.
I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
Ce que lui expliqua Cheyenne à propos de l’autre tribu indienne lui permettait d’y voir plus clair, ce n’était pas à une fée des arts qu’on allait apprendre cela après tout ou bien elle l’aurait vite oublié pour se consacrer qu’à sa tâche à Pixie Hollow. Alors, elle lui en était reconnaissante de pouvoir en savoir plus et avait bien compris que c’était malgré tout un sujet assez sensible. Si Azalea devait approcher l’autre tribu, elle ferait en sorte d’y aller avec des pincettes, ou peut être savoir qu’elle était une fée les rendrait moins méfiants ? Quoi qu’il en soit il n’était pas dans ses projets premiers d’aller à leur rencontre et garderait en tête les paroles de Cheyenne. Ceci dit, Azalea luia dressa un large sourire avec un petit mouvement de tête entendu, ne prenant pas le risque d’alimenter davantage ce sujet de conversation.
Sur ces dernières paroles, Cheyenne invita Azalea à retourner auprès des autres, la soirée battait de son plein et comme il l’avait prévenue elle allait sans aucun doute durer jusqu’au matin et au-delà encore. Azalea observait le foyer central avec beaucoup de joie, ils dansaient, riaient, chantaient, c’était une ambiance particulière et qu’elle aimait beaucoup. Mais son ami ne comptait visiblement pas arrêter de lui faire découvrir leur culture là et lui proposa de l’emmener pour entrer en contact avec les esprits, une tradition chez les Piccaninny. Entrer en contact avec les esprits ? Azalea cligna des yeux, un peu prise au dépourvue en ne sachant pas vraiment en quoi cela consistait mais fut très curieuse d’en savoir plus. La fée suivit donc son guide jusqu’à un tipi où la fumée en ressortant encombra soudainement ses poumons et la fit toussoter. Peut être que c’était pas une bonne idée ? Qui sait ? Ce n’était pas elle qui allait lui dire qu’elle n’était pas en mesure de faire ça puisqu’elle ne l’avait jamais fait. Or Azalea ne recule devant rien !
« Non ! Je veux essayer !! » Déclara Azalea, pleine de bonne volonté.
De toute façon ça n’avait pas l’air de les tuer ni les rendre malade, alors Azalea se redressa, fière et déterminée, elle entra dans le tipi et prit place à côté d’un indien et attendit que Cheyenne prenne aussi place à ses côtés. Elle avait beau observer, elle ne comprenait pas le principe, alors elle espérait que tout se passerait bien pour elle.
Ce n’était pas le genre de chose qu’elle ferait en étant sous sa forme de fée, c’était alors d’autant plus curieux pour elle. Il y avait un homme très maquillé, affublé de nombreuses plumes et de grigris qui battait un rythme lent et régulier sur un tambour. Azalea était suffisamment sensible à la musique pour reconnaitre très vite que tout était calculé dans son chant, dans les sons de son tambour et qu’ils allaient précisément puiser quelque chose au fond de chaque personne pour les aider à atteindre un état psychique indescriptible. Elle les vit manger et fumer des choses étranges, concentré sur ces rythmes là, et les contempla avec immense respect. Il y avait quelque chose de puissant, pareil à ce qu’elle pouvait ressentir sur scène lorsqu’elle dansait et qu’elle se laissait porter par la musique et mise hors contrôle. Mais malgré tout cela, elle ne comprenait pas comment cela pouvait aider à rencontrer des esprits.
Là était précisément ce qu’elle ne connaissait pas d’eux, il devait y avoir tout un processus précis qu’ils devaient faire afin que cela puisse avoir lieu. Une indienne vint lui tracer des traits sur le visage avec une pâte épaisse et humide, sans doute comme un signe qu’ils l’acceptaient parmi eux et qu’ils l’autorisaient à rencontrer ces esprits. On lui logea également quelques plumes dans ses boucles rebondies et Azalea observa l’indien qui se mit à danser au milieu en tenant des bâtons de sauge fumants, admirative. Au bout d’un instant, la nouvelle venue reporta son attention sur son ami indien à ses côtés.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Azalea était la curiosité incarnée, elle cherchait à percer les mystères indiens de toutes ses forces et cela faisait sourire Cheyenne. Rarement, avait-il eu l'occasion de croiser la route d'une personne aussi intéressée par leur culture. D'ailleurs, ils repartirent vers le lieu de fête et entrèrent dans un tipi où les Piccaninnys communiquaient avec les esprits. De l'extérieur, la technique pouvait paraître absurde voire barbare mais comme chacune de leurs actions, ils restaient en parfaite harmonie avec la nature et leur environnement. Contrairement à ces cigarettes répugnantes et mal odorantes que fumaient les gens de Blindman's Bluff, la fumée des indiens étaient naturelles et respectait la nature. Chey n'aurait pas invité n'importe qui à tenter cette expérience mais après tout, les fées n'étaient-elles pas elles-mêmes des éléments de la nature ? Elles contribuaient à son renouvellement et en prenait soin. A bien des égards, elles étaient tout aussi proches de leur environnement que les Piccaninnys ne l'était du leur. C'était donc tout naturel pour Chey d'inviter la belle à tenter l'expérience de la communication avec les esprits des anciens.
Evidemment, pour sa toute première fois, la demoiselle devait être un peu impressionnée. Ils allèrent s'asseoir et écoutèrent les chants d'un ancien Piccaninny qui connaissait parfaitement la méthode. Azalea se retourna alors vers Cheyenne et lui demanda ce qu'elle devait faire. Le pêcheur lui adressa un large sourire et répondit tout simplement :
- Laisse-toi porter par la musique. Tiens, avale ça.
Il lui tendit un champignon qu'ils avaient disposés dans une coupole taillée dans le bois. A l'intérieur de ce tipi, la température atteignait des maximales. La fumée tournoyait autour d'eux, formant des volutes qui tourbillonnaient au-dessus de leur tête pour aller se nicher vers le sommet du tipi. Cheyenne avala un champignon à son tour puis les autres Piccaninnys firent passer le calumet que le pêcheur porta à ses lèvres, il recracha une fumée blanchâtre et pencha la tête en arrière. Passant, le calumet à Azalea, la demoiselle devrait tenter l'expérience à sa façon. Chey l'encouragea d'un regard bienveillant.
L'homme pencha la tête en arrière, laissant la chaleur et la fumée l'envelopper. Ce n'était pas toujours facile d'entrer en contact avec les esprits, c'était même plutôt délicat. Il arrivait souvent que les Piccaninnys n'y parviennent pas mais cela importait peu, au moins, ils auraient tenté. Cheyenne se laissa lentement retomber sur le dos et ferma les paupières quelques instants, se laissant bercer par l'ambiance, les sonorités et les chants autour de lui. Lâcher prise était un acte difficile pour la plupart des gens mais pas pour les indiens.
A nouveau, le calumet lui revint entre les mains et au fur et à mesure des minutes, Chey se sentit de plus en plus absent, de moins en moins encré dans la réalité. Il ignorait si Azalea était restée ou si elle était sortie prendre l'air. Lui, allongé sur le dos, paupières closes, se sentait divinement bien. Cheyenne avait terriblement chaud mais cette chaleur lui paraissait douce et agréable, comme une étreinte invisible par des bras protecteurs. Enfin, Chey sombra. Certains auraient pu parler de sommeil, d'autre de transes. L'indien resta simplement allongé, un sourire béat aux lèvres. Dans sa tête, un million de lumières et de sons s'entrechoquaient. Le tout, de façon intensément agréable. Le pêcheur se sentait bien en cet endroit, hors du temps et des problèmes de son existence. Sans doute aurait-il pu y rester toute la vie s'il l'avait pu ...
Ses yeux s'ouvrirent pourtant, le tipi était désormais à température ambiante et toute fumée avait disparu. Cheyenne s'étira longuement, réveillant ses articulations et se redressant pour sortir prendre l'air. La nuit n'était plus, le soleil s'était déjà levé dans le ciel et le feu de joie s'était éteint. Quelques indiens, les plus courageux à n'en pas douter, avaient déjà repris leur poste habituel. La grande majorité des Piccaninnys dormait encore après les festivités hors norme de la veille. Chey se sentait bien, léger, plein d'énergie. Il n'avait pas pu parler aux esprits mais il avait senti leur bienveillance, leur soutien dans ses songes. L'homme réalisa alors qu'il n'avait pas encore vu Azalea et se retourna à gauche, puis à droite.
- Azalea ?
La fée était-elle partie ? Allait-elle réapparaître ? Cheyenne l'ignorait ...
I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
Elle choisit de faire confiance à son ami et porta le breuvage à ses lèvres. Ça avait un gout de champignons, rien de très inconnu mais qui très vite lui donna une agréable sensation de chaleur intérieure, quelque chose de très rassurant. Puis, elle imita Cheyenne après avoir eu le calumet entre les mains et se laissa porter par le rythme du tambour.
Combien de temps s'était il passé entre ce moment là et ce moment où elle eu l'impression de se réveiller d'un long sommeil ? Cinq minutes environ, cinq minutes le temps que le tout agisse et qu'elle se demande ce qu'elle était en train de faire. Azalea ouvrit doucement les yeux, observant les fumées fantômes tourbillonnant qui s’échappaient vers le ciel par l’ouverture du haut du tipi. Jamais elle n’avait ressenti pareille sensation de légèreté et d’apaisement. Le monde semblait tourner autour d’elle mais il n’y avait pas lieu de vertiges désagréables, juste une sensation unique et incroyable qu’elle était en train de vivre. Elle observa les étoiles, ayant l’impression de voir ses frères et sœurs danser ensemble. L’apparition du shaman devant elle attira son attention, elle entendait sa voix bourdonner dans ses oreilles, elle se doutait que c’était son chant sacré qu’elle percevait. Elle l’observa, hypnotisée par les couleurs de ses plumes, l’impression d’être de nouveau toute petite, de plus en plus petite. Il vint l’inciter à fermer les yeux en passant ses mains devant son visage. Azalea n’entendait plus que les battements de son cœur résonner dans tout son corps, on la releva et la fée se mit alors à danser en suivant les rythmes des tambours. C’était instinctif et sans doute l’expérience la plus étrange qu’il ne lui avait jamais été donnée de vivre, mais elle adorait cette sensation, c’était comme si elle avait encore ses ailes, elle se sentait absolument invincible.
Dansant avec le shaman, Azelea avait l’impression que chaque sensation était décuplée et s’en donnait à cœur joie, encouragée par les indiens qui n’étaient pas encore complètement partis dans un voyage spirituel. L’ambiance était particulière mais elle se sentait tellement bien que jamais elle n’aurait voulu que cela ne cesse. Leurs ombres dansantes sur les toiles du tipi lui donnaient l’impression d’entrevoir des choses qui tantôt lui étaient familières, tantôt tout à fait hasardeuses mais qu’elle se devrait sans doute d’interpréter une fois sortie de cet état psychique.
Azalea trouva de nouveau place, jetant un regard sur son ami qui lui semblait déjà parti loin. Elle eu le calumet de nouveau entre ses mains et cette seconde bouffée l’emporta aussitôt.
Il y avait une vaste vallée verdoyante où l’aube colorait le ciel d’un rose orangé. Elle avait pris la forme d’une hirondelle, volant gracieusement entre les courants d’airs alors que le vent venait s’engouffrer dans les cimes des arbres. La fée avait l’impression d’y être, qu’on la guidait, qu’on lui disait ce qu’elle devait faire et que cela était la parfaite retranscription de sa vie. Les alentours s’étendaient à perte de vue, c’était le printemps et il flottait un doux parfum fleuri et il y avait aussi des fées dont elle ne connaissait pas le visage. Tout était si étrange mais Azalea se mit à la découverte de ces environs durant tout son sommeil.
La fée ouvrit les yeux sur une aube nouvelle quand un rayon de soleil vint lui chatouiller le nez. Azalea se redressa difficilement, il y avait encore ces senteurs boisées de sauge et d’autres encens, la fumée se confondait avec les rayons du soleil pénétrant et des indiens étaient là pour accueillir ceux qui comme elle se réveillaient. On recouvrit ses épaules d’une chaude couverture et on lui offrit également une infusion qui semblait déjà lui donner plus de capacités. Azalea remercia l’indienne et glissa ses doigts dans ses boucles complètement désordonnées. Un regard sur le côté, Cheyenne dormait encore paisiblement, elle se demandait alors ce que lui avait vu.
La fée termina son breuvage et se leva pour aller jusqu’à la rivière et se passer un coup d’eau sur le visage. Elle était nostalgique à l’idée de devoir s’en aller mais d’ici quelques heures, elle allait retrouver sa petite taille et ses petites affaires. La fée profita d’un moment pour jouer avec les enfants qui s’amusaient à l’éclabousser. Elle n’avait pas encore récupéré toutes ses capacités, mais son sourire lui, était toujours au beau fixe !
La fée entendit alors appeler son nom, elle se précipita vers le tipi où elle avait passé la nuit et entrevit Cheyenne, visiblement très en forme.
« Bonjour Cheyenne !! » Fit elle d’abord, très enjouée.
La fée s’approcha un peu plus de lui, une folle envie de partager avec lui ce qu’elle avait vécu.
« C’était incroyable, je volais, enfin j’avais des ailes mais pas des ailes de fée et j’étais un oiseau dans une grande vallée !! Quelqu’un me parlait, je ne pouvais pas lui répondre mais il me disait de bonnes choses ! Est-ce que c’est ça un esprit ? »
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Cette nuit avait été si belle, baignée de lueurs irréelles et de sonorités étrangères. Cheyenne en gardait un souvenir flou, le genre de souvenir qu'on ne peut saisir entièrement et qui continue de glisser, encore et encore. Son réveil fut appréciable, l'indien se sentit de nouveau plein d'une énergie débordante. Les esprits n'avaient pas désiré entrer en contact avec lui mais leur bénédiction avait été posée sur sa peau. Le Piccaninny se sentait soutenu par ses ancêtres. Peut-être n'était-ce que les délires psychédéliques d'un homme illusionné mais jamais ses convictions n'avaient été fortes et puissantes en son coeur.
Le souvenir de la veille lui rappela Azalea. La fée des arts. La demoiselle qu'il avait embarqué dans son périple avec pour cap, la discussion avec les esprits. Chey l'appela, la cherchant parmi les tipis encore ensommeillés. Enfin, sa silhouette lui apparut. Un sourire s'était dessiné sur son visage mais ses traits trahissaient une sorte de fatigue. Le premier contact avec les esprits, Cheyenne s'en souvenait parfaitement. Le sien avait eu lieu alors qu'il n'était encore qu'un adolescent. L'appréhension et les questionnements l'avaient amené à vivre l'expérience de façon différente. Aujourd'hui, il réalisait que le laisser aller était la solution. Et visiblement, Azalea y était parvenue car elle lui raconta son voyage, laissant un grand sourire naître sur les lèvres de l'homme.
- C'est merveilleux ! Les esprits se sont adressés à toi cette nuit et tu as su les entendre.
Son regard pétillait, Cheyenne avait douté dans un premier temps qu'Azalea puisse atteindre le tant convoité entretien avec les esprits dès le premier essai. Mais la petite fée avait de la ressource, elle savait se laisser emporter par la culture indienne et ça, le pêcheur l'avait vu dès les premières secondes. Au final, qu'elle y soit parvenue lui semblait logique désormais. Chey ne pouvait plus se départir de son sourire. Il fit signe à Azalea de le suivre et ils prirent le chemin de son tipi, l'indien y entra et invita la belle à le suivre. S'installant à la table, il attrapa la corbeille de fruits et en proposa à la fée en guise de repas. Il s'empara pour sa part d'une pomme dans laquelle il croqua goulument.
- Combien de temps te reste-t-il parmi nous ?
Il baissa la tête, déçu que la place de la jeune femme soit ailleurs. Sa rencontre avait été des plus sympathiques et Cheyenne ne l'oublierait pas de si tôt ! Rares étaient les invités de la tribu à démontrer autant de curiosité et de fraîcheur. L'homme espérait la revoir au plus vite, bien qu'il sache que son rôle était important auprès des siens aussi.
- Quel dommage que nos deux peuples ne soient pas plus liés. Nous ignorons tout les uns des autres et nous ne nous croisons pour ainsi dire jamais.
Ce constat l'affligeait mais c'était bel et bien la réalité. Fées et indiens n'étaient pas voués à partager la même culture. Neverland ne les avait pas créé de la sorte.
- Oh, attends.
L'homme se leva du tabouret de bois sur lequel il était assis pour aller fouiner dans ses affaires. Il en extirpa un collier. Bêtement constitué d'un fil de pêche et de plusieurs petits coquillages, il était une oeuvre Piccaninny représentant à merveille leur tribu et leur moyen de subsister. Chey pouffa de rire en le tendant à Azalea.
- C'est un collier que j'ai fait quand j'étais enfant. J'aimerais que tu l'emportes, ce sera un souvenir de ton passage chez les Piccaninnys.
Il acquiesça puis croqua dans sa pomme à nouveau. Les objets n'avaient aucune valeur pour les indiens mais peut-être en avaient-ils pour les fées ?
I used to dream about the other side. The sun rising on the skyline and a beautiful rainbow. Such a beautiful rainbow.
Cheyenne & Azalea
Retrouvant son ami Indien, Azalea s’était empressée de lui raconter ce qu’elle avait vu cette nuit. Cela avait été une expérience étrange mais très intéressante et qu’elle n’était pas prête d’oublier. Azalea ignorait encore ce que ces esprits lui avaient conseillés, elle se devrait sans doute d’y réfléchir à plusieurs fois avant de réellement saisir le sens de ce qu’elle avait vu. Néanmoins, Cheyenne lui confirma qu’elle avait bien vu des esprits et semblait être tout aussi content qu’elle de l’apprendre. Elle aurait de ces choses à raconter à ses amis fées ! Ils ne la croiraient sans doute pas !! Ce n’était pas le plus important, car Azalea avait découvert de très belles choses et avait bien plus encore à apprendre ! Tout ceci grâce à leur accueil chaleureux !
Cheyenne invita Azalea à venir avec lui pour aller manger quelque chose, la fée ne se fit pas prier, attrapant un abricot avant de croquer dedans. Ils ne se connaissaient que depuis la veille, mais elle le considérait déjà comme un très bon ami et elle avait espoir qu’ils pourraient de nouveau se voir ou se croiser pour se donner des nouvelles. En parlant de cela, Cheyenne n’avait pas non plus oublié que son temps sous forme humain était compté et quand il lui demanda combien de temps il lui restait, Azalea n’était pas très certaine de la réponse car elle avait perdu le cours du temps.
« Quelques heures je crois, mais quand cela arrivera tu le verras très vite !! »
Et pour cause, cela ne passerait sans doute pas inaperçu quand elle se mettrait à rétrécir d’un seul coup dans un nuage de poussière ! Elle était d’accord avec lui, les fées et les indiens pourraient tout à fait s’entendre et elle trouvait aussi dommage que cela ne se soit pas fait davantage. Les fées avaient leurs occupations, un rôle à tenir pour la stabilité du monde. Même s’il arrivait que certaines d’entre elles s’éloignent de la ruche pour un temps, cela ne pouvait pas être quelque chose de courant puisqu’elles avaient beaucoup de travail et que leur durée de vie n’était clairement pas la même. Si elle appréciait Cheyenne, s’il était sans doute son premier ami indien, il était possible que son statut de fée fasse qu’elle finisse par l’oublier. Elle avait déjà 1200 ans, elle ne se souvenait déjà pas de tout. C’était triste, mais c’était ainsi qu’était faite la nature. Cheyenne eu toutefois une très bonne idée en venant lui offrir un joli collier avec quelques coquillages. La fée n’en revenait pas, il venait de lui faire un cadeau !! Les yeux pétillants, elle observa l’ouvrage avec joie
« C’est gentil, merci beaucoup Cheyenne, je vais le garder précieusement !! »
Une fois sous forme de fée, cela ne ressemblerait plus à un collier pour elle mais il allait faire très joli chez elle, d’autant plus qu’il lui rappellerait cette soirée magique en compagnie des indiens et elle pouvait être certaine que d’ici 3000 ans alors elle s’en souviendrait encore. La jeune femme l’enfila au cou pour le moment, fouillant sur elle, mais elle n’avait pas de quoi lui donner un souvenir aussi. Ceci ne pouvait alors signifier que ce n’était que partie remise et qu’à sa prochaine visite, elle lui apporterait quelque chose qui se rapporterait aux fées et de complètement unique pour que lui aussi jamais ne l’oublie !
« Tu peux m’apprendre à pêcher aujourd’hui ? » Fit elle en terminant son abricot
Azalea espérait ne pas trop l’embêter, mais puisqu’elle n’avait que très peu de temps, elle souhaitait en profiter pour faire des choses qu’elle n’avait jamais fait, tout comme cette soirée avec les esprits. Ca l’avait beaucoup marquée.
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Une nuit de fête, une nuit mémorable. Cheyenne avait finalement passé plus de temps avec Azalea qu'avec sa propre tribu, la veille ! Mais n'était-ce pas là toute la philosophie Piccaninny ? L'ouverture d'esprit, l'accueil des autres cultures avec le sourire ? Le pêcheur ne regrettait certainement pas, bien au contraire. Elle lui raconta son périple mystique puis l'indien lui posa une question sur le temps qu'il lui restait en taille humaine. Azalea ne le savait pas précisément mais elle pouvait s'en faire une vague idée et puis, comme elle le lui fit remarquer, la métamorphose serait visible à l'oeil nu. Chey pouffa de rire et haussa les épaules avant d'offrir un petit présent à la fée. Cela lui permettrait de se rappeler non seulement de lui mais aussi de l'amitié véhiculée par tous les Piccaninnys.
Azalea accepta le cadeau et fouilla sur elle-même, sans doute à la recherche d'un petit quelque chose à offrir au grand gaillard face à elle. Malheureusement, ses mains revinrent bredouille de la fouille au corps. Une petite moue déçue se dessina sur son visage mais tous deux savaient que ça n'était que partie remise et puis, Chey avait agis par simple altruisme et pas dans le but d'obtenir quoi que ce soit en retour. L'homme fut heureux de voir que son attention avait fait plaisir à la belle. Azalea le prit alors de cours en lui proposant de lui donner une leçon de pêche. Après tout, c'était non seulement son métier mais aussi la particularité de son peuple ! Chey acquiesça en hochant vigoureusement de la tête.
- Bien sûr ! Et si nous n'avons plus beaucoup de temps, n'en perdons pas plus ... allons-y !
Il lui fit signe de le suivre tandis qu'il reprenait la route de son tipi où il avait rangé toutes ses affaires nécessaires à une bonne pêche. Cheyenne y entra et récupéra sa sacoche à poisson, son filet, son harpon et quelques appâts. L'indien ressortit ensuite et tendit la sacoche à Azalea pour qu'elle puisse participer elle aussi à l'effort. Ils quittèrent ensuite l'enceinte du campement pour rejoindre le cours d'eau qui s'écoulait à quelques pas seulement de là. Chey s'arrêta devant celui-ci et le désigna d'un geste de la main tout en se retournant vers la rouquine au visage angélique.
- Chaque pêcheur a sa propre technique. Les plus calmes et patients se contentent de cannes et d'appâts tandis que les plus fougueux plongent et vont chercher ce qui leur fait envie au harpon.
Un sourire espiègle se dessina sur son visage et il ajouta l'air faussement coupable :
- Je pense que tu devines quel type de pêcheur je suis ...
Cheyenne haussa les épaules, incapable de lutter contre sa nature impatiente et son sang chaud. Il se débarrassa de ses chaussures et de son haut, ne gardant que le bas et attrapant son harpon pour le serrer fermement dans la paume de sa main. Il se tourna vers Azalea, elle allait peut-être se poser des questions voire être impressionnée ... mais il n'y avait définitivement pas de quoi. La pêche, même au harpon, restait une activité plutôt calme et reposante. Cheyenne y trouvait une sérénité qu'il ne parvenait à retrouver nulle part ailleurs. C'était comme une thérapie, cela lui permettait d'exorciser tous ces démons qui rôdaient autour de lui, menaçant de planter leurs crocs venimeux dans sa chair tendre.
- Suis-moi. Tu verras, c'est très apaisant comme expérience.
Sans un mot de plus, il plongea. Sa silhouette disparut dans l'eau, comme happée par les flots. Seuls ses pieds nus dépassèrent de la surface lisse durant quelques secondes avant de s'engouffrer eux aussi vers le fond marin. Chey commença à nager en battant des jambes et des bras et tourna la tête, jetant un regard en arrière à la recherche d'Azalea. Elle avait vivre une nouvelle expérience inédite. Leur rencontre était décidément bien productive !