Elle plonge sa tête sous l'eau, la sirène, tout son corps s'immerge. La magie opère, ses deux délicates jambes se transforment bientôt en une longue nageoire d'un bleu clair et miroitant. Elle aime cette sensation inhabituelle de l'eau qui caresse son corps, elle aime cette sensation de liberté qui l'anime, alors qu'elle s'engouffre parmi les vagues. Elle est une sirène, Emérya, une créature marine et pourtant, elle n'a pas toujours l'impression que telle est sa véritable nature. Toute sa vie, elle a vécue sur la terre ferme et rares sont les fois où elle a nagée dans son véritable lieu d'habitat, l'océan. Elle ne connait pas le royaume maritime, la naïade, elle ne connait pas les membres de sa famille qui y vivent, excepté Égéon et Valone, ses cousins. Tous les autres ne sont qu'inconnus. La terre ferme, l'herbe, les arbres, les rochers, les humains, voilà ce qu'elle connait, voilà ce qui la rend à l'aise. Toute sa vie, elle a vécue telle une humaine et aujourd'hui, elle a l'impression d'en être une. Ça ne l'empêche cependant pas de vouloir reprendre contact avec ce qu'elle est réellement : une hybride des eaux.
Elle nage, la sirène, elle s'aventure sous l'océan, à la recherche du royaume maritime qu'elle ne connait que par les histoires de sa mère ou de son cousin. Elle n'a pas l'habitude de s'enfoncer aussi profondément sous l'océan, elle n'a pas l'habitude de nager aussi longtemps, mais sa nage est fluide, c'est quelque chose d'inné, chez elle, comme chez les siens. Elle se laisse guider par son instinct, Emérya, elle laisse son sixième sens la diriger à travers les eaux. Elle aime l'ambiance qui se dégage de l'océan, ce silence apaisant qui n'a rien à voir avec les sons qui proviennent de la terre ferme. Elle nage, la sirène, elle observe le splendide paysage marin, elle profite de cette vu encore étrangère à ses yeux. Les minutes s'espacent une à une, elle en perd entièrement le décompte. Tout ce qui compte, c'est ce sentiment de liberté qu'elle ressent, ses longs cheveux ondulant au gré du courant.
Des kilomètres la séparent désormais de la maison, elle ne les voit pas passer, le temps semble s'accélérer sous l'eau. Soudainement, c'est une matière solide qu'elle heurte de plein fouet, tout ce qu'elle voit, c'est de longs cheveux, aussi sombre que les siens. « Pardonnez-moi, j'av... » C'est la qu'elle aperçoit ce visage qu'elle connait si bien. Elle reçoit une décharge en plein coeur, la sirène, elle fige, ses grands yeux bleu clair rivés sur le visage de sa mère. Voilà des jours qu'elle n'a pas vu ses traits, des jours qu'elle n'a pas entendu le son de sa voix. Elle redoute sa réaction, sa présence, Emérya. Rheïane, elle a ressenti le besoin de s'éloigner, afin de combattre ses démons intérieurs. Elle est partie, laissant sa fille seule, avec cette liberté tant désirée. Voilà maintenant qu'elles se retrouvent une devant l'autre, sous l'océan, lieu que la mère a toujours interdit d'accès à son enfant. Après tous ces jours, c'est ici qu'elles se retrouvent, après cette dispute, ces mots échangés.
« Maman... » Elle ne sait pas quoi dire, la naïade, elle ne sait pas quels mots prononcés. Elle est juste là, surprise de croiser la femme qui lui a donnée la vie, la femme qui lui a tout enseigner et surtout, la personne qui compte le plus à ses yeux. Elle a voulu obtenir sa liberté, Emérya et elle l'a eu, mais maintenant qu'elle se retrouve face à sa mère, elle remarque à quel point cette dernière lui a manquée. Malgré la liberté dont elle a besoin, la sirène, elle a également besoin de sa mère, mais ça, elle le savait déjà.
Dernière édition par Emérya Firadrëll le Ven 30 Sep 2016 - 2:11, édité 1 fois
J’avais tenu ma promesse à la douce Emérya, en lui laissant la liberté qu’elle quémandait avec tant de hargne. Cependant, il aurait été stupide de croire qu’il ne m’arrivait pas de venir la surveiller discrètement. Ce n’était qu’une subtile approche, jamais elle n’avait su et jamais elle ne saurait que je l’avais épié. Je me rendais bien compte que ma fille était une jeune adulte, elle avait l’envie de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux horizons et qui étais je pour le lui interdire, moi qui animée par la curiosité et l’aventure était partie à un peu près son âge explorer les étendues de la mer. À cette époque pourtant, mes parents ne craignaient pas de moi voir tuer, ils avaient confiance en moi, seulement pouvait-on me reprocher de l’avoir surprotégée ? Elle qui aurait pu subir le même sort que mon défunt fils et mon tendre amant. Mon cœur de mère ne l’aurait pas supporté, la perdre aussi tragiquement, il n’en était pas question, alors oui, j’ai été fautive de bien des choses la concernant, cependant, si j’avais su mes gestes auraient été les mêmes.
Depuis maintenant quelques semaines, je savais porter un enfant, personne d’autre que moi ne savait pour cette nouvelle que je concevrais jalousement. Comme un signe, je perdais ma fille pour regagner l’amour d’un autre enfant. Toujours la main du destin, toujours au moment où je perdais une chose, on m’en redonnait une nouvelle. Nageant dans les eaux à plusieurs kilomètres de la lagune, mais une zone de passage de beaucoup de mes congénères, je me rendais vers le royaume pour rendre visite à ma famille, mon frère en particulier. C’est alors que je sortais un monticule de corail que je me fis percuter, l’individu me poussant de quelques mètres de ma trajectoire.
Emérya : Pardonnez-moi, j'av...
Entendre sa voix dans les profondeurs, j’aurais presque cru à un sortilège, à un mauvais tour de mon imagination, mais non. Devant moi, ses longs cheveux bruns flottants derrière elle, se trouvait mon Emérya, aussi belle que j’avais pu l’être à son âge, peut-être même plus…ses grands yeux clairs m’avaient manqué plus que je ne saurais le dire. Cependant, un goût amer restait encore en travers de ma gorge et j’aurais encore bien du mal à revenir vers elle, si c’est pour qu’elle me quitte pour s’aventurer dans ce monde. Autant en rester là…le pas vers sa liberté étant déjà bien avancée.
Elle est surprise, ma douce enfant, elle prononce ce « maman » qui résonne lourdement à mon cœur, écho du passé, lorsqu’elle me demandait de ne pas l’abandonner seule dans la cabane. « Emérya… » De nouveau ce silence long et pesant entre nous, je vois, je la connais par cœur ma fille, qu’elle veut me dire quelque chose, mais qu’elle n’ose pas et mon cœur s’attendrit, il ne m’est pas possible de rester de glace face à mon enfant. Je fais alors le premier pas, souriant et ouvrant les bras, si elle le veut, elle peut venir s’y lover, non pas pour pardonner, juste pour le plaisir de ces retrouvailles bienvenues. Il y a peu de choses qu'une mère ne pardonnent pas, il n'y a peut-être même rien qu'une mère ne pardonne pas à son enfant. La mienne était la chose la plus importante depuis des années, à présent, depuis que j'avais retrouvé ma famille, cette possessivité me paraissait moins obligatoire et je me réjouissais qu'au final, ni l'une ni l'autre nous n'ayons eu besoin de faire cette première approche, ce premier pas pour se pardonner de notre stupidité à toutes les deux.
Elle est là, immobile, aussi inanimée qu'une statue d'ivoire, Emérya. Ses grands yeux clairs fixent le visage de sa mère, elle ne bronche pas. Elles sont surprises toutes les deux, ne s'attendant pas à se retrouver sous l'océan. « Emérya. » Le son de sa voix résonne telle une étreinte à ses oreilles. Elle remonte des années en arrière dans ses souvenirs d'enfance. Voilà de nombreux jours qu'elle a vu son visage, quelques semaines qu'elle a entendu le son de sa voix pour la dernière fois. Sa mère lui a manquée, elle n'a toujours eu qu'elle dans sa vie. Pour la jeune sirène, ça n'a toujours été qu'elle et sa mère contre le monde. Les deux sirènes vivant sur la terre ferme, comme deux humaines. Si elle a toujours souhaitée obtenir sa liberté, la brune, elle n'a jamais voulu perdre cette mère si importante à ses yeux, si précieuse.
Un sourire s'affiche sur le visage de la mère, alors qu'elle ouvre les bras afin que sa fille vienne l'étreindre, si elle le désire. Elle a le choix, Emérya, elle peut soit venir se lover dans les bras protecteurs de cette femme qui lui donnée la vie, soit rester dans ce chemin déjà tracé de glace entre elles. Un instant, elle reste figée, avant qu'un doux sourire vienne se dessiner sur ses lèvres. Elle nage, la jeune sirène et vient finalement étreindre sa très chère maman. Ça lui parait assez étrange de se retrouver avec elle sous l'océan, mais elle réalise que tel aurait dû être leur vie. Elle aurait dû naître et grandir sous l'eau, Emérya, auprès des siens, auprès de sa famille, mais ça n'a pas été le cas. Elle ne se plaint cependant pas d'avoir grandi sur la terre, la naïade, mais elle que les choses auraient pu être bien différentes.
Ça lui fait du bien de retrouver sa mère, Emérya. Ça lui fait du bien de sentir sa présence auprès d'elle et de savoir qu'elle va bien, qu'il ne lui est rien arrivé. Malgré la surprise, elle est heureuse de la voir, car elle lui a manquée, plus qu'elle ne l'avait imaginée, la sirène. Elle a beau clamer son indépendance, sa liberté, mais elle aura toujours besoin de sa mère, car elle est une partie d'elle. Emérya, elle reste un moment dans les bras de sa mère, à profiter de leur retrouvaille, avant de se reculer doucement. Ses iris restent rivés sur le magnifique visage de son aînée et elle lui sourit de nouveau. Elle ne sait pas vraiment quoi lui dire, elle ne sait pas trop comment lui parler, mais elle laisse son instinct parler pour elle.
« Tu m'as manquée, maman. Réellement... » Elle ne peut s'empêcher de quitter son visage de ses yeux bleu, ses traits parfaits. Elle réenregistre le tout dans son esprit, comme si elle avait passée des années sans la voir. Pourtant, ça ne fait que quelques semaines... « Tu vois, je suis toujours en un seule et unique morceau. Je suis toujours bien entière. » Son sourire ne quitte par ses traits, elle ne se veut pas arrogante, la brune, elle n'affirme que la vérité. Elle a su se débrouiller seule, Emérya, comme l'adulte qu'elle est devenue. Elle n'est plus une gamine que l'ont doit surveiller, elle est une femme et elle sait s'occuper de sa propre personne. Elle ne prend pas toujours les bonnes décisions, la naïade, comme quiconque, d'ailleurs, mais elle n'a plus l'âge que l'on choisisse pour elle. Elle a survécu durant ces semaines passées sans sa mère, mais cette dernière lui manque. Parce qu'à la fin, elle n'a qu'elle dans ce monde et une très petite poignée d'amis. Jusque là, elle est son pilier, Rheïane, ses fondements et elle le sait, la sirène. Elle a besoin d'indépendance, de vivre sa vie, de voler des ses propres ailes, mais elle a besoin de la présence d'une mère, car la solitude, ce n'est pas pour elle. Elle a besoin d'être aimée et d'aimer en retour.
Spoiler:
Désolée pour cet immense retard, j'ai honte J'espère que ma réponse te conviendra
Dernière édition par Emérya Firadrëll le Ven 30 Sep 2016 - 2:09, édité 1 fois
Je n’attends pas longtemps avant de sentir le corps de ma douce enfant contre le mien. Il est plus qu’étrange de voir ma fille sous la forme des enfants de l’eau. Je la mire durant un long moment sans qu’elle ne s’en rende compte. Caressant sa chevelure de ma paume, je profite de ce moment qui n’appartient qu’à nous. Son corps de naïade s’éloigne et je contemple le changement de mon enfant. Elle a de l’assurance, mais elle est hésite encore avant de marcher, elle n’a plus le regard d’une enfant, pourtant, je lis en elle sa demande de me voir revenir à elle. Je le pourrais, mais je ne suis pas prête, je redeviendrai encore cette mère trop prudente pour son enfant. Seulement, Néïsse est toujours non loin, elle a encore des alliés sous l’océan, et Emérya est protégée parce qu’elle ne connait pas ses véritables origines, seulement la garder loin de ce secret ne l’aidera sans doute pas à se protéger du danger qu’elle pourrait courir. Il est sans doute temps de lui parler plus que sincèrement, d’ouvrir ce cœur que j’ai voulu froid pour ne pas souffrir une nouvelle fois. Je viens prendre son visage en coupe dans mes paumes lorsqu’elle me dit lui avoir manqué. Ma bouche se pose sur son front et je l’étreins encore quelques instants, glissant des paroles qu’elle attend également. « Toi, aussi, ma fleur, tu m’as cruellement manqué » Je me recule la regardant de bas en haut. Elle est magnifique ma fille avec sa nageoire bleue comme la mienne, ses cheveux qui bougent au gré de la houle. Je souris à sa remarque, elle veut me prouver qu’elle est encore en vie, qu’elle peut se débrouiller seule, de cela je n’en doutais pas, je n’ai jamais douté vraiment d’elle, mais des gens qui étaient autour de nous et qui pouvaient lui faire du mal, comme on en avait fait à mon fils et mon aimé. « Ma chérie, tu m’en vois plus que ravie…Je n’ai pas douté de toi, c’est de mon passé que j’avais peur…je ne voulais pas que l’histoire se répète, je ne concevais pas de te perdre…mais…viens…je dois t’emmener quelque part » Une main tendue vers elle, j’attends qu’elle saisisse celle-ci pour l’entrainer vers le palais, lui raconter l’histoire depuis le début, lui donner les raisons qui ont fait de notre vie ce qu’elle a été.
Ma fille me suit, je lui souris parfois, nul besoin de mots entre nous à cet instant, nos regards parlent à notre place, nos rictus également. Lorsque j’arrive devant les portes du grand palais, on me salue et je passe sans souci les gardes sous le regard interrogateur de ma fille. Je ne dis rien, nous allons dans une pièce, ma chambre, celle que j’avais eu jadis et celle qu’on me rendit depuis quelques semaines. « Bienvenue chez toi ! C’est sans doute ici que notre vie aurait été la meilleure, seulement, l’histoire à fait que cela n’a pas été le cas. Assis toi » Je l’accompagne jusqu’au lit de coquillage et elle se pose dessus. Elle maîtrise assez bien sa nageoire, elle apprendra si elle le souhaite. « Il y a de nombreuse années, mon oncle et ma tante gouvernaient le royaume, mon père, le frère de la Reine était un homme bon et généreux, il nous à enseigné à choisir toujours la voix de notre cœur, plus que celle de la raison. Mon frère, Délémir, est l’aîné de notre famille et nouveau conseillé royal. Je vins au monde peu de temps après lui. Par la suite des années après, naquit Zéa, ma sœur et la Reine actuelle. Tu es en quelque sorte de sang de royal, nous l’avons toujours été. Tu as des cousins, comme Egéon que tu connais déjà, sans savoir qu’il était vraiment…Valone, Cyd et Maëa. Mon frère a également une enfant, une hybride qui vit sur Terre, elle se nomme Keyne » Je me rapproche, touchant sa main de la mienne. « Si je ne t’ai jamais rien dit de notre famille, c’était pour te protéger, mes parents ont été assassinés, ainsi que la famille royale avant la Reine sanglante. Et…Je n’étais pas présente lorsque c’est arrivé. Je voyageais, j’étais libre et rebelle et je ne voulais pas me sentir enfermée, seulement, cela m’a coûté cher. J’ai fais croire à ma famille que j’étais morte pour cacher la honte que je ressentais de n’avoir pas été présente pour eux. J’ai vécu ma vie, j’ai rencontré l’amour, un triton magnifique épris de liberté comme moi, nous avons eu un enfant…un magnifique petit garçon aux cheveux blond comme le blé des champs des humains. Il était mon trésor et mon amour, et puis… » Mon visage s’assombrit, mes traits se font plus grave, l’histoire me touche toujours autant, je n’aime pas m’en souvenir, mais je suis forte et je dois le faire, pour qu’elle sache, qu’elle comprenne les raisons, mais surtout pour qu’elle se protège elle aussi de ce qui pourrait lui arriver. « Des hommes sont venus un jour, ils nous ont attaqué, l’homme que j’aimais a été assassiné de la manière la plus atroce qui peut être faite, j’ai fuie parce qu’il me l’a demandé. Mais j’ai pleuré de le savoir condamné. Nous avons nagé aussi loin que possible, cependant, ils devaient nous suivre, des tritons au service de la mauvaise Reine, je le sais…ils sont élevés mon enfant, ils m’ont obligé à retourner sur les lieux de l’attaque, sur l’île de Neverland. Le corps de mon aimé était suspendu à un tronc, des lames avaient transpercé son corps, ils l’avaient mutilé. J’ai cherché encore et encore mon enfant sans succès » Je me coupe dans mon récit sentant ma gorge se nouée de plus en plus, inutile de retirer les larmes, sous l’eau, elles en se voient pas. Reprenant une longue inspiration, je poursuivis. « J’allais retourner dans l’eau, lorsqu’ils ont lancé son corps du haut des falaises. Mon fils était innocent et pure, il ne méritait pas la mort qu’ils lui ont donné. Après cela, j’ai sombré dans une folie qui me fit assassiner des tritons comme des humains, j’étais aveuglée par la colère et la haine, je ne réfléchissais plus qu’avec l’acidité qui coulait dans mon sang. C’est…c’est ton père qui m’a calmé » Je vis ses grands yeux me mirer et je lui souris en caressant une nouvelle fois sa joue. « Je sais, que je ne t’ai jamais parlé de lui. Par égoïsme, sans doute. A vrai dire, je ne l’ai jamais revu depuis qu’il est parti. Il se nomme Brom Volgarrel, c’est un triton des premiers temps. Juste et un brin sauvage, je l’avoue, il a su m’apprivoiser, de bête sauvage, il m’a fait devenir agneau à force de temps et de paroles. Il est parti un matin de notre maison de fortune sur la place, deux jours après, j’appris que je te portais dans mon ventre. Je suppose qu’il l’avait su avant moi et que tu étais son cadeau pour moi. Le reste de l’histoire tu l’as connait…ma surprotection, ma peur de te voir te blesser, qu’on te blesse…j’en ai oublié que tu grandissais et que tu avais le droit, toi aussi de vivre, de savoir ce qu’il se cache derrière des montagnes. Je n’ai jamais voulu te faire du mal, ma fleur, jamais…mais si je t’avais perdu, ma folie m’aurait engloutit totalement » Je laisse ma douce Emérya prendre toutes les informations que je viens de lui donner, elle devait savoir, mais je comprends qu’elle puisse m’en vouloir, cependant, elle a encore l’éternité devant elle…du moins, je le souhaite. Il y a bien encore un secret que je garde pour moi, celui du bébé que je porte, de ce ventre qui s’arrondit…je ne suis encore certaine de rien concernant cet enfant.
L'aînée des deux naïades vient prendre le visage de sa fille en coupe, elle vient poser sa bouche contre son front et l'étreint encore encore un peu. Malgré la liberté et l'indépendance qu'elle clame, Emérya, elle a besoin de cette proximité avec sa mère. Elle a toujours besoin de cette tendresse, de cette affection et ça ne changera pas de sitôt. Il n'y a que sa mère qui peut lui apporter ce sentiment d'amour et de sécurité. Elle et une minuscule poignée de personnes, mais elle, surtout. La jeune sirène, elle n'a jamais passée autant de jours sans la voir, sans lui parler, sans lui toucher... Sa très chère mère, elle lui a manquée, mais elle ne s'en cache pas. « Toi, aussi, ma fleur, tu m’as cruellement manqué » Rheïane, elle se recule doucement, mais son regard ne quitte pas sa fille. Elle la regarde de haut en bas, l'observant avec attention. Emérya, elle lui dit qu'elle va bien, qu'elle est toujours en un seul et unique morceau et cette remarque fait sourire la naïade. « Ma chérie, tu m’en vois plus que ravie… Je n’ai pas douté de toi, c’est de mon passé que j’avais peur… je ne voulais pas que l’histoire se répète, je ne concevais pas de te perdre… mais… viens… je dois t’emmener quelque part. » À ces paroles, elle tend sa main vers elle et Emérya, elle la saisit, intriguée par ses mots et par cet endroit où elle veut l'emmener.
La jeune sirène, elle se laisse guider par cette femme en qui elle a confiance, cette femme qui lui a tout donné dans la vie, qui lui a tout enseigner, ou presque. Des échanges de regard, de sourires, elle la suit sans mot, sans parole. Après quelques minutes, elles s'arrêtent devant les portes de l'immense palais et les gardes les laissent passer sans hésiter. Pourquoi se rendre au palais ? Pourquoi passer ces portes comme si de rien n'était ? Les questions se bousculent dans sa tête, alors qu'elle jette des regards interrogateur à sa mère, sans toutefois obtenir de réponse. Les deux sirènes nagent jusqu'à une pièce et la jeune naïade ne peut s'empêcher de s'impressionner devant l'immense palais et de ce qu'il regorge. « Bienvenue chez toi ! C’est sans doute ici que notre vie aurait été la meilleure, seulement, l’histoire à fait que cela n’a pas été le cas. Assis toi » Ses sourcils se froncent légèrement. Bienvenue chez toi ? Elle cherche à comprendre, pourtant rien. Rheïane, elle sait que sa fille se pose multiples questions, c'est sans doute la raison pour laquelle elle l'accompagne jusqu'à un grand lit de coquillage et qu'elle l'incite à se poser de dessus. Elle entrouvre les lèvres, Emérya, elle s'apprête à parler, mais c'est sa mère qui parle avant elle. Elle se tait, la jolie brune et elle écoute ce qu'elle a à lui raconter. Elle lui dit qu'il y a longtemps, son oncle et sa tante gouvernaient sur le royaume, que son père était le frère de la reine, qu'il était bon et généreux. Elle lui dit que c'est lui qui lui a enseigner à choisir la voix de son coeur, plutôt que celle de la raison. Elle lui parle ensuite de son frère, Délémir, l’aîné de la famille et conseillé royal... Vient ensuite sa naissance, peu de temps après la sienne et ensuite celle de Zéa, sa soeur qui est maintenant reine des océans. Elle lui dit qu'elle est de sang royal, qu'elles l'ont toujours été. Qu'elle a des cousins, pas seulement Égéon qu'elle connait déjà, mais également Valone, Cyd, Maëa... et également, Keyne, une hybride qui vit sur la terre ferme, comme elles. Emérya, elle observe sa mère, sourcillant quelques fois à ses paroles, mais l'écoutant attentivement. Elle découvre enfin qui elle est, elle apprend enfin d'où viennent ses racines... Sa mère s'approche et vient toucher la sienne avec douceur.
Vient ensuite des paroles plus triste. Elle lui dit que si elle n'a jamais rien dit au sujet de la famille, c'est pour la protéger. Elle lui annonce que ses parents et la famille royale ont été assassiner par la Reine sanglante. Qu'elle-même n'était pas présente lorsqu'à eu lieu se massacre. Libre et rebelle, elle voyageait et par honte, elle a fait croire à sa famille qu'elle était morte. Elle a rencontré l'amour, un triton épris de liberté, comme elle puis ils ont eu un enfant... Un enfant ? Voilà une autre chose dont elle ne lui a jamais parlé. Elle lui dit qu'il s'agissait d'un magnifique garçon aux cheveux blond comme les blés. Qu'il était son trésor, son amour... Son visage s'assombrit, c'est une voile de tristesse qui s'affiche sur son visage et Emérya, elle peut imaginer la suite, en quelque sorte. Rheïane, elle poursuit, malgré l'émotion. Elle lui dit qu'un jour, des hommes sont venus et les ont attaqué. L'homme qu'elle aimait a été assassiné de la manière la plus atroce et elle a fuit, parce qu'il lui a demandé. Elle a nagée aussi loin que possible, mais des tritons au service de la méchante reine ont enlevés son fils et l'ont obligée à retourner sur les lieux de l'attaque. Elle a vu le corps de l'homme de sa vie suspendu à un tronc, des larmes transperçant son corps mutilé. Elle a tentée de retrouver son enfant, mais rien... Sous l'eau, Emérya, elle ne peut apercevoir les larmes qui coulent sur les jours de sa mère, mais elle la connait, la sirène, elle peut voir à son regard et à son visage qu'elle pleurs. La jeune sirène, elle sent une boule qui se noue dans sa gorge et à son tour, elle retient ses larmes. Elle ne veut pas pleurer, pourtant la douleur de sa mère et de son histoire a raison d'elle. Emérya, elle commence déjà à comprendre les raisons qui ont poussées sa très chère maman à la surprotéger...
La naïade, elle prend une profonde inspiration, avant de poursuivre ce récit déchirant et trop réel. Elle lui dit qu'elle allait retourner dans l'eau, lorsqu'ils ont lancé le corps de son fils du haut des falaises. Qu'il était pure et innocent, qu'il ne méritait pas la mort qu'ils lui ont donné et ça, elle ne peut que s'en douter, Emérya. Elle lui dit ensuite qu'elle a sombré dans la folie et qu'elle a assassiner tritons et humains, aveuglée par la colère et la haine... Que c'est le père d'Emérya qui l'a calmée. Enfin, elle lui parle de lui, cet homme grâce à qui elle est venue au monde. Cet homme dont elle a toujours voulu entendre parler. Rheïane, elle sourit et vient lui caresser une nouvelle fois la joue. Elle lui dit qu'elle ne lui a jamais parlé de lui, par égoïsme, sans doute. Qu'elle ne l'a jamais revu depuis qu'il est parti. Brom Volgarrel. Enfin, elle a un nom, Emérya, enfin elle sait quelque chose de lui. Elle sourit, la naïade, légèrement, tout en écoutant le reste de l'histoire, son histoire. Un triton des premiers temps, un brin sauvage, qui a su l'apprivoiser. Elle dit que de bête sauvage, elle est devenue un agneau, à force de temps et paroles. Puis un matin, il est parti de leur maison de fortune et que deux jours après, elle a apprit qu'elle était enceinte. Elle suppose ensuite qu'il l'avait su avant elle et qu'elle était un cadeau pour elle. Rheïane, elle lui dit que le reste de l'histoire elle l'a connait. Sa surprotection, sa peur de la voir blesser. « J’en ai oublié que tu grandissais et que tu avais le droit, toi aussi de vivre, de savoir ce qu’il se cache derrière des montagnes. Je n’ai jamais voulu te faire du mal, ma fleur, jamais… mais si je t’avais perdu, ma folie m’aurait engloutit totalement. »
Elle assimile toutes ces informations, Emérya, elle les rassemblent et ainsi, elle comprend mieux sa propre vie, sa propre histoire. Ses iris clairs restent posés dans ceux de sa mère. Enfin, elle lui a racontée ses origines, ses racines. Enfin elle a partagée avec elle son histoire, ce qui l'a poussée à être aussi protectrice envers elle. Elle comprend les épreuves terribles par lesquelles elle a passées. Elle comprend la douleur qui habite son regard, enfin elle peut mettre des images dessus, aussi horribles soient-elles. Elle a eu un frère, un père également, Emérya. Les morceaux du puzzle commencent à former un tout et ça lui fait un bien fou. Elle saisit doucement la main de sa mère dans la sienne, la naïade, elle la sert avec amour. « Maman... je suis heureuse de connaître enfin ton histoire et la mienne. Notre histoire. Ça fait beaucoup à assimiler. » Elle sourit l'espace d'un court instant, avant que ce sourire ne disparaisse. Elle sent ce vide qui doucement se rempli en elle, mais elle ressent une immense tristesse face à toutes les épreuves que sa mère a dû endurer, durant sa longue vie. « J'ai toujours su que des événements douloureux te poussaient à me surprotéger, mais je ne les avait pas imaginer ainsi... Maman, je suis tellement désolée... » Sa main se resserre davantage sur la sienne dans un geste qui se veut réconfortant. Emérya, elle ne peut même pas imaginer la douleur qu'elle a dû ressentir... Elle n'a jamais été amoureuse et elle n'a jamais eu d'enfant. Elle ne connait pas l'amour sous ces deux formes, mais elle sait que s'il arrivait pareil malheur à sa mère, elle deviendrait folle, elle aussi.
Dernière édition par Emérya Firadrëll le Ven 30 Sep 2016 - 2:10, édité 1 fois
Ma fille est bouleversée par cette histoire, nul besoin de mots pour le sentir, juste son regard accrochant le mien avec douceur, je connais mon enfant par cœur, enfin pour ce qu’elle estime m’avoir toujours montré, car depuis quelque temps, mon jugement a sans doute été biaisé. « Oui beaucoup…je ne te demande pas de tout retenir…juste de savoir…c’est déjà beaucoup » Elle s’excuse et mon regard de mère s’attendrit, venant caresser sa joue encore ronde de l’enfance. « De quoi veux tu t’excuser, tu ne pouvais savoir, ma fleur, tu ignorais volontairement tout ce que je t’ai caché. C’est à moi de te demander pardon, pardon de ne pas avoir su te parler, voir que tu souffrais de cette cage que je voulais inviolable dans ce seul but qu’il ne t’arrive rien. Tu n’es pas responsable de mes erreurs Emérya, ne le crois jamais, mon enfant, jamais, tu m’entends ? » Je veux qu’elle me le confirme et je vois qu’elle le fait par son regard si merveilleusement expressif. Dans un geste tendre, je l’attire à moi, caressant sa longue chevelure brune qui flotte derrière elle, tout comme la mienne, sous l’eau tout est différent, les sensations, mais pas les sentiments. J’ai l’habitude pour ma fille, c’est bien différent. « Je sais que tu m’en as voulu de te surprotéger, mais même avec des choses différentes, je crois que je n’aurais pas autrement…j’aurais probablement été plus attentive à tes demandes, mais… » Elle coupe court à ma phrase, ne voulant plus qu’on remette ce passé sur le tapis de cette manière. Je continue ma caresse sur cette chevelure qui ondule au rythme des vaguelettes du palais.
« Es-tu heureuse de cette liberté au moins ? Prends-tu soin de la maison ? » La maison, j’y suis retournée souvent, mirant de loin les allées et venues de ma fille, craignant plus pour elle que par manque de confiance. « Je pourrais revenir, mais…ma sœur a besoin de moi, plus que tout et j’ai été absente bien trop longtemps pour la décevoir une nouvelle fois. Et bien entendu, je reviendrais souvent à la surface, si tu veux que je vienne…Tu es une adulte, je ne peux rien t’imposer » Je sais que même pour ma fille, la chose est compliquée, nous n’avons jamais été séparées et j’ai volontairement fait en sorte qu’elle est toujours eu besoin de moi, maintenant, il va falloir apprendre à devenir plus indépendante l’une de l’autre, un chemin tout aussi complexe.
Elle me répond et je l’écoute, ne l’interrompant pas une fois, elle aussi a des choses sur le cœur qu’elle a besoin d’évacuer et pour une fois, j’arrête de jouer les mères surprotectrices pour être juste sa confidente et son oreille.
« Oui beaucoup… je ne te demande pas de tout retenir… juste de savoir… c’est déjà beaucoup. » Malgré tous les mots qui ont été dit, toutes les informations qu'elle a dû capter, elle est certaine qu'elle retiendra tout ce qui a été révélé, Emérya. Elle assimile facilement les choses, la brune, elle a bonne mémoire. Tout ce que sa mère lui a dit, ce sont les choses qu'elle attend à savoir depuis très longtemps. Alors comment pourrait-elle oublier ? Elle a beau avoir entendu le nom de son père une seule et unique fois, elle l'a enregistré dans son crâne comme si elle l'avait toujours connu. Non, elle ne l'oubliera pas et le reste non plus.
Emérya, elle vient s'excuser à sa mère et cette dernière vient lui caresser la joue comme elle l'a si souvent fait par le passé. Elle a beau avoir grandit, la sirène, aux yeux de sa mère, elle restera toujours son bébé, elle en est convaincue, mais elle présume que c'est normal. Elle est son seul enfant vivant, après tout. « De quoi veux tu t’excuser, tu ne pouvais savoir, ma fleur, tu ignorais volontairement tout ce que je t’ai caché. C’est à moi de te demander pardon, pardon de ne pas avoir su te parler, voir que tu souffrais de cette cage que je voulais inviolable dans ce seul but qu’il ne t’arrive rien. Tu n’es pas responsable de mes erreurs Emérya, ne le crois jamais, mon enfant, jamais, tu m’entends ? » Elle n'a pas besoin de prononcer un seul mot, son regard parle pour elle-même. Ses yeux confirment à sa mère ce qu'elle veut entendre. Non, elle ne se croit pas responsable des erreurs de sa mère, Emérya, mais aujourd'hui elle comprend pourquoi elle l'a surprotégée de la sorte. Et la sirène, elle s'en veut presque d'avoir clamée son indépendance et sa liberté avant autant de ferveur. Si elle avait su la vérité depuis le début, elle aurait réagit d'une façon bien différente, la brune. Mais aujourd'hui, elle ne peut rien y changer, elle peut tout simplement tenter de comprendre sa mère et les raisons qui l'ont poussée à la protéger durant toutes ces années.
Les bras de Rheïane entourent sa fille et elle l'attire contre elle, caressant ses longs cheveux brun avec douceur. Elle a beau avoir grandit, la naïade, elle a beau être une femme, mais elle ressent toujours la même sensation lorsque sa mère l'étreint. Elle se sent en sécurité dans ses bras et c'est exactement ce genre de sentiment qu'on doit ressentir face à son parent. « Je sais que tu m’en as voulu de te surprotéger, mais même avec des choses différentes, je crois que je n’aurais pas autrement…j’aurais probablement été plus attentive à tes demandes, mais… » Elle ne veut plus parler de ça, Emérya. Pas maintenant, pas aujourd'hui et sans doute plus jamais. « Maman, n'en parlons plus, tu veux bien ? » Elle prend son silence pour un oui. Elle veut laisser le passé derrière, la naïade et au final, c'est sans doute ce que veut sa mère veut, elle aussi.
« Es-tu heureuse de cette liberté au moins ? Prends-tu soin de la maison ? » Elle étire un léger sourire, la brunette. Bien sûr qu'elle prend soin de la maison et bien sûr qu'elle est heureuse, même si parfois, elle trouve la vie bien compliquée sans sa mère. « Ne t'inquiète pas. La maison est en parfait état. Et moi aussi, je le suis. » Oui, elle est en parfait état, Emérya. Elle va bien, elle est heureuse de pouvoir voler de ses propres ailes et de prendre ses propres décisions. Elle est heureuse de faire ce qu'elle veut et ça, quand ça lui chante. « Je pourrais revenir, mais… ma sœur a besoin de moi, plus que tout et j’ai été absente bien trop longtemps pour la décevoir une nouvelle fois. Et bien entendu, je reviendrais souvent à la surface, si tu veux que je vienne… Tu es une adulte, je ne peux rien t’imposer. » Elle se recule légèrement, la naïade, afin de soutenir le regard de sa mère. Elle comprend qu'elle a manquée à sa famille, après toutes ces années. Elle n'a passée que quelques semaines loin de sa mère et déjà elle lui a manquée, alors elle peut très bien comprendre, Emérya. L'idée que sa mère reste sous l'océan et elle sur la terre lui déplaît, mais elle n'y peut rien. Elle n'a jamais vécue sous l'eau, la sirène, elle se sent à l'aise sur la terre ferme, car là est sa vie, depuis toujours. C'est plutôt complexe, mais c'est ainsi. Il est trop tôt pour qu'elle pense elle-même rester dans le royaume maritime.
« Je comprends, maman...» Elle esquisse un léger sourire, la brune, elle se veut rassurante. « Bien sûr que tu pourras venir me voir, lorsque tu remonteras à la surface. J'espère même que tu le feras et souvent... Puis je viendrai te voir ici, si tu le veux bien. Le royaume maritime n'est encore bien étranger, mais j'aimerais m'y familiariser un peu plus. Je sais que toutes mes racines proviennent d'ici, même si parfois je n'en ai pas l'impression. » Elle a souvent l'impression d'être humaine, Emérya, ce qui doit être parfaitement normal pour une jeune femme qui n'a connue que la terre ferme et le monde humain. C'est elle qui vient poser une main sur la joue de sa mère, ses grands yeux bleu contemplant les siens. « J'espère que tu ne m'en veux pas de vouloir voler des mes propres ailes et de vouloir rester sur la terre... La terre, le monde des humains... c'est ce que j'ai toujours connue et c'est là où je me sens le plus à l'aise. C'est chez moi... » Elle étire un faible sourire, la naïade. Elle ne veut surtout pas que sa mère lui en veule de continuer sa vie sur la terre. Elle ne renie pas ses origines, Emérya, elle ne se dit pas humaine, mais elle avoue que la vie humaine est celle qu'elle a toujours connue et celle qui lui donne l'impression d'être elle-même. Pour le moment, elle a besoin de continuer à vivre cette vie qu'elle connait et peut-être qu'un jour, elle pourra envisager de rester dans le royaume maritime. Peut-être...
Il est bien naturel qu’elle ne se sente pas à son aise dans l’élément salin, j’en suis la première responsable, bien que les nombreux bains de mer, près de notre demeure sur la terre, étaient une manière à moi de l’acclimater à sa véritable nature. Elle sait se mouvoir dans l’eau, elle le fera naturellement, par la suite, cela mettra un peu plus de temps, comprendre les courants, les utiliser, ne pas avoir honte d’une certaine nudité lorsqu’on se trouve sous l’eau. Ce qui est naturel chez le peuple des sirènes l’est difficilement, lorsqu’on a apprit la pudeur des Humains. « Et j’en suis responsable, mais, je t’apprendrais…et je viendrais te voir aussi souvent que tu le désires et non pas selon mon envie » Je passe ma main dans ses cheveux, l’admirant de mes yeux de mère, amoureuse de l’enfant qu’elle a mise au monde. Si elle savait combien, je peux l’aimer. La main de ma fille vient, comme une douce onde réchauffer ma joue. Ma paume rejoint sa main, souriant à mon tour, comme une mère aimant le ferait avec n’importe lequel de ses enfants. « Jamais ! Je ne t’en voudrais jamais de vouloir garder ce que je t’ai donné. Tu as grandi au milieu d’un monde qui n’est pas celui-ci » Je montre la pièce vaguement. « Tu es devenue une belle jeune femme, et je t’aimerai toujours autant qu’on soit l’une près de l’autre ou non…Tu as le même cœur que moi, aventureuse et courageuse, nous nous ressemblons et je regrette de ne l’avoir pas vu plus tôt. Tu es faite pour vivre pleinement, mais n’explore pas tout d’un coup, tu es jeune, très jeune pour une enfant de notre peuple, tu as des centaines d’années devant toi pour apprendre tout ce que tu souhaites » Je délaisse sa main pour activer ma nageoire et me rendre dans un coin de la pièce tapissée de corail vert.
Ma main passe sur ce ventre qui s’est arrondi depuis quelques semaines, cela ne ce voit pas forcément à l’œil nu ou pour ceux qui ne me connaissent pas, mais il y a bien un bébé qui grandit au fond de moi, comme ce sentiment d’incertitude sur l’avenir de celui-ci. Je me retourne vers ma fille, ma magnifique fille, comme il est étrange d’être ici en sa compagnie. « Veux tu que je te fasse visiter le palais, ou gardons nous cela pour une prochaine fois ? » Elle avait peut-être des choses à faire avance de me croiser, peut-être souhaite-t-elle simplement retourner sur la terre ferme et dans ce cas, je me ferais un plaisir de l’accompagner jusqu’à mon ancienne demeure.
Emérya, elle a connue un parcours bien différent de celui des autres naïades, sa vie a toujours été bien différente et elle l'assume pleinement. Elle assume également ce besoin de vivre sur la terre ferme, auprès du peuple humain, parce que c'est ce qu'elle a toujours connue. L'océan, le royaume maritime, c'est nouveau pour elle, mais elle veut l'explorer, car c'est de là que viennent ses véritables origines. Sa mère chérie est une sirène, son mystérieux père un triton, alors pas une seule goutte de sang humain ne coule dans ses veines. En réalité, c'est la raison qui l'a poussée à venir explorer l'océan, aujourd'hui. Ce besoin de renouer avec ses origines, sa véritable identité. Si sa nage n'est pas aussi fluide qu'est celle des autres naïades de son peuple, elle aime la sensation de liberté que lui offre l'océan. Et cette sensation, elle finira sans doute par s'accentuer, le jour où elle deviendra plus à l'aise dans cet élément qui devrait être le sien, depuis dix-neuf années, maintenant. Même si elle a été préservée de bien des choses durant sa vie, la jeune sirène, elle a la capacité à apprendre très rapidement. Et justement, Rheïane, elle dit qu'elle lui apprendra et qu'elle viendra la voir sur la terre ferme, aussi souvent qu'elle le voudra, la brunette. La naïade, elle pourra venir aussi souvent qu'elle-même le voudra, parce qu'elle sera toujours accueillie à bras ouverts par son enfant. Elle a besoin de la présence de sa mère et lorsqu'elle se sentira seule, Emérya, c'est sous l'océan qu'elle viendra la trouver.
La main de la jeune hybride des eaux vient se poser sur la joue de sa mère et l'aînée des deux, elle vient la recouvrir de la sienne. « Jamais ! Je ne t’en voudrais jamais de vouloir garder ce que je t’ai donné. Tu as grandi au milieu d’un monde qui n’est pas celui-ci. » Emérya, elle étire un léger sourire à ses paroles, alors qu'une vague de soulagement l'envahi. « Tu es devenue une belle jeune femme, et je t’aimerai toujours autant qu’on soit l’une près de l’autre ou non…Tu as le même cœur que moi, aventureuse et courageuse, nous nous ressemblons et je regrette de ne l’avoir pas vu plus tôt. Tu es faite pour vivre pleinement, mais n’explore pas tout d’un coup, tu es jeune, très jeune pour une enfant de notre peuple, tu as des centaines d’années devant toi pour apprendre tout ce que tu souhaites. » Rheïane, elle délaisse la main de sa fille unique et se rend dans un coin de la grande pièce, laissant derrière elle une Emérya pensive. Les paroles de sa mère lui font un grand bien, à ses oreilles, tous ces mots sonnent comme une bénédiction. Enfin, la naïade s'aperçoit de qui est réellement son enfant et elle regrette de ne pas s'en être aperçue plut tôt. Emérya, elle ressent déjà ce sentiment de liberté tant attendu, alors que sa mère est encore tout près d'elle. Voilà ce qu'elle a toujours attendue, la brune.
Rheïane, elle se retourne vers la jeune naïade et cette dernière lui sourit avec douceur. « Veux tu que je te fasse visiter le palais, ou gardons nous cela pour une prochaine fois ? » Sous ses paroles, son sourire s'agrandit. Elle est curieuse de découvrir le palais, cet endroit même où sa mère a grandit. « Ça me ferait grandement plaisir de découvrir ton monde, maman. » Puis elle se relève, Emérya, se mouvant doucement jusqu'à sa mère. « Je crois que ça m'aidera encore plus à savoir qui tu es et qui je suis. Ton enfance a dû est bien différente de la mienne. » Un doux sourire reste affiché sur ses lèvres, alors qu'elle contemple sa mère de ses grands yeux clairs. Elle veut découvrir son monde, Emérya, son enfance, sa vie. Il y a tant d'années d'existence derrière Rheïane, tant d'années qu'elle aimerait découvrir. Elle serait plus que ravie de visiter le palais dans lequel elle a grandit, dans lequel sa famille a vécu... Sa main vient se réfugier dans celle toujours aussi réconfortante de sa mère et elles viennent doucement franchir le seuil de la porte. Quelques minutes plutôt, elle a vaguement vu le palais royal, mais elle n'y a pas vraiment porté attention, la brune. Maintenant, elle va le découvrir et prendre le temps d'en analyser le moindre recoin, Emérya.
Comme je l’a connais cette belle jeune femme qui se trouve devant moi, comme j’aimerai l’avoir toujours à moi, mais le temps a fait son œuvre et l’enfant qu’elle fut jadis est bien loin derrière elle, et bien loin derrière moi…Je suis fière d’elle et je le serais toujours, quoi qu’elle fasse de sa vie. Ne suis-je pas une mère aimante. Bien entendu que oui. Je lui souris, alors qu’elle me demande indirectement de lui parler moi, de qui je suis vraiment. Cela risque d’être à la fois compliqué et simple, il y a tant de choses dont je n’ai pas parlé depuis des siècles. Ma main attire celle de ma fille et déjà, je remonte dans le temps, revoyant le visage enfantin de mon bébé qui me posait des tonnes de questions sur tout et tout le temps. Je débute par la salle du trône, lui expliquant que feu mon oncle et ma tante se trouvaient ici lorsque je n’étais qu’une enfant.
« Ton grand-oncle était un homme bon, droit et magnifique, il se nommait Norri Firadrëll, c’est le nom qu’avait choisi notre famille en ce temps. Mon père était le frère jumeau de la Reine, elle se nommait Sorcha et lui Garrett. Je ressemble à mon père, Zéa et Délémir mon frère et ma sœur ressemblent plus à ma mère…ta grand-mère. Ce qui veut dire que toi aussi, tu ressembles à ton grand-père, nous avons les cheveux bruns et le besoin…d’aventures, la sagesse n’est pas dans notre sang, il faut croire. » Je viens nager près du trône que je touche du bout des doigts. «Notre lignée a failli être détruite par Néisse, la Reine usurpatrice, elle a assassiné notre famille, à l’exception de mon frère qui s’est passé pour un traitre auprès d’elle et de Zéa, qui grâce à un coup du sort à pu fuir et se protéger…Moi…je n’étais pas présente lorsque cela est arrivé… » Je reprends une longue inspiration d’eau, avant de tourner mon visage vers ma douce enfant. « Mais c’est une histoire bien trop triste, tu as eu ton lot avec ma vie avant…Ici ! Il y avait de magnifiques bals ! Les tritons et les sirènes du royaume venaient danser, mêlant leurs nageoires dans un ballet digne des plus belles danses des humains…j’espère que cela reviendra pour que tu puisses admirer cette magnificence à nouveau. De nombreuses sirènes se trouvaient leur époux dans ces grands rassemblements, je me cachais souvent avec mon frère et nous nous moquons des plus timides… » « Tu oublies de mentionner que nous jouions également de mauvais coups, ma sœur ! » Je me retourne avec un sourire tendre, vers mon frère, Délémir qui vient de venir vers nous. Il regarde ma fille, sans aucune hésitation, il vient embrasser sa main délicate. « Tu es le portrait de ta mère, Emérya, je redoutais de ne jamais te rencontrer, ma sœur te gardait comme un trésor, jalousement, et elle a raison de ne pas faire confiance dans les hommes, tu es très belle » J’observe l’échange entre mon aîné et ma fille. Elle qui souhaitait connaitre ma famille, elle sera servie. Mon frère se tourne vers moi. « Pardon de te déranger, mais…Zéa te demande, une affaire urgente…je pourrais sans doute m’occuper d’Emérya…lui faire visiter… » Je viens caresser la joue de ma douce, avant de lui sourire. « Nous nous reverrons après, demain, je viendrais à la maison aux coquillages, je poursuivrai mon récit et…tu reviendras dès que tu le voudras, tu es la bienvenue, tu es chez toi… » Je viens embrasser le front d’Emérya, la laissant entre de bonnes mains, lui qui va sans doute raconter mon enfance d’enfant turbulente et inconsciente. Ce que ma fille ne tardera pas à me faire savoir, moi qui lui avait dit tant de fois combien, j'étais une enfant obéissante et loyale envers mes parents. Mais...la vérité vaut mieux que la perdre...