❝ Des retrouvailles déplaisantes…+ ❞ft ÉgéonLa brise matinale est venue caresser mes draps. Fenêtre ouverte, regard éveillé. Je scrute le plafond de ma chambre. La nuit a été courte mais reposante. Une grande journée m'attends encore. Depuis que j'ai atterri dans cet étrange pays, ma vie a changé du jour au lendemain. Et j'en suis bien contente. Je n'aurais pu espérer mieux, même si je risque de plus jamais revoir mes proches. Je chasse mes pensées et sort de mon lit. Attrapant mes longs cheveux roux d'une main, je le recoiffe rapidement avant de déposer un chal sur mes épaules. Je me dirige ensuite vers la salle principale de mon habitat et commence à allumer un feu pour faire bouillir de l'eau. Je ne peux débuter une journée sans une infusion de thé. Ma petite routine démarre rapidement, je pars me laver un petit peu, me brosser les cheveux et revêtir une robe bleu-marine. Une fois l'eau chaude je la verse dans une tasse avec le thé accompagné. Je dois me rendre à l'école dans une heure. Le temps de manger un petit bout et de finir de me préparer. Une fois prête, je prends mes affaires et quitte mon habitation. La ville est belle et bien réveillé. Les commerçants et marchands ouvrent leur ateliers et magasins. Les pêcheurs quittent le port sur leur bateau. Tout le monde part au travail, certains se promènent et profite de cette belle matinée. Il fait encore assez bon pour ne pas sortir les vêtements d'hiver. Mais ce ne serait tarder. Mes cheveux virevoltent aux vents, mes pas sont réguliers et bientôt j'aperçois l'école. Les tous premiers élèves sont déjà là, certains accompagnés de leur parents. C'est ce genre de scènes qui me redonnent le sourire et me rappellent que j'ai bien choisit ma vocation. Les enfants ont toujours été une source d'inspiration pour moi, pouvoir leur apprends pleins de choses est une opportunité incroyable. Voir leur regard innocent changer au fil du temps en un regard instruit et conscient est une sensation exceptionnelle pour une maitresse comme moi. Je finis par rentrer à l'école, saluant quelques élèves.
La journée est passée à une vitesse incroyable, mes élèves ont été exemplaires aujourd'hui, la plupart avaient fait leurs devoir et étudié leur leçons. Le soleil est bien apparent, il doit être aux alentours du milieu d'après-midi. Je range rapidement la salle de classe, alignant les chaises et les tables, nettoyant le tableau et rangeant mes affaires personnelles. Je laisse échapper un léger soupir lorsque tout est rangé et lorsque je m'apprête à quitter l'école. En temps normal je reste après les cours, jusqu'à ce que le soleil se couché pour préparer mes cours. Mais, j'ai de l'avance et je n'ai pas besoin de préparer quoique ce soit ou bien de corriger des copies. Je suis à jour et c'est plutôt rare dans ce métier. Je sors donc de l'école et décide de faire un petit détour vers le port. J'aime beaucoup cette partie de la cité. C'est l'endroit où il y a le plus d'activité et on peu y croiser n'importe qui. Je marche doucement vers la destination souhaitée. Je profite du vent, des voix des habitants, des bruits des charrettes et de l'odeur des épices. Mon esprit est reposé et mes sens aiguisés. Lorsque soudainement un visage familier apparaît devant mes yeux. Je cesse de marcher et observe la dîtes personne. Égéon, l'homme qui a fait chavirer mon cœur, l'homme qui a apporté du bonheur et de la magie dans ma vie monotone. Je l'ai aimé et j'aurais aimé continuer à l'aimer. Mais il en a décidé autrement. L'homme triton en a décidé autrement, il a choisit ses devoirs princier plutôt que d'aimer une humaine. Cette rupture m'a fortement atteinte et j'ai eu du mal à m'en remettre, aujourd'hui encore. Voilà plusieurs mois que je ne l'ai pas revu, je ne m'attendais très certainement pas à le revoir. Mais, le destin en a décidé autrement. C'est peut-être l'occasion de découvrir la vérité et d'éclairer mes soupçons sur Égéon, car son histoire de prince des océans je n'y ai pas cru une seconde. D'un pas décidé je me dirige vers lui, le regard droit et une expression faciale neutre. Puis, une fois à sa hauteur je dis soudainement ; "Bonjour Égéon, quelle agréable surprise de se croiser ici." Bien-sûr mon ton est ironique, c'est totalement voulu.
« Il faut toujours se repentir de nos erreurs passées »
Il y a peu, j'ai fait un petit tour en ville, dans Blindman's Bluff si je me souvient bien. Et même si j'ai eu quelques mésaventures, l'ambiance et l'effervescence qui régnaient m'ont quelque peu enivrés. Heureusement qu'Ephyra était là parce que sinon je pense que je ne m'en serait pas aussi bien sortit et je n'aurais jamais pu revenir. C'est très motivé et avec une forte envie de retrouvé cette sensation de trop plein émotionnel que je m'y redirige alors aujourd'hui. Le fait est que le jour est revenu, certes il revient quand il commence à se faire plus frais, mais cela ne me dérange pas tant que ça, je pourrais encore profiter de mes bains de soleil pendant un moment. Je me suis trouvé quelques habits plus discrets, plus communs que les guenilles que je portais d'ordinaires. Bon ok, je les ai volés, mais après tout, je n'allais pas demandé à mon père de me prêter des habits, parce qu'il n'en a pas de comme ça, il ne sort quasiment jamais de l'eau. J'ai changé le lieu de ma cachette aussi, pour éviter de devoir attendre d'avoir séché une fois hors de l'eau, je les ai mis bien dissimulé non loin de la plage. Le tissus est assez agréable à porter, mais toute une journée, je ne sais pas si cela ne me gênerait pas à la longue pour bouger, je suis bien trop habitué à la quasi nudité ordinaire de mon peuple.
Je sais que je me suis dit qu'aujourd'hui est le jour de toutes les initiatives, de toutes les bêtises, que j'allais oser aller en ville et seul, mais je me suis aussi dit que pour une première fois, on allait faire dans la douceur alors je me suis dirigé vers le port, la proximité de l'eau me réconfortant quelque peu. Je ne m'attendais clairement pas à voir autant de monde un après-midi au port. Je sais que les pécheurs partent tôt le matin en mer pour attraper du poisson avant que la ville ne s'éveille et ne vienne le leur acheter, alors à une heure si avancée de l'après-midi, je pensais que cela serait calme, qu'il n'y aurait plus aucun pécheur en train de vendre ses prises. Mais hélas, c'est tout autre, la foule est plutôt dense, pas autant que l'autre jour sur le marché, mais elle est assez conséquente pour que je puisse mettre mon entrainement à l'épreuve. Voyons voir si j'arrive à présent à progresser et à me faufiler comme le faisait mon amie pleine de fougue. Comme je constate que je m'en sort plutôt bien, j'esquisse un sourire, je suis plutôt fier de moi, oui je sais c'est pas grand chose, mais pour moi qui ne suis définitivement pas très à l'aise sur des jambes, c'est une énorme victoire. Si mon père me voyais, il aurait surement un arrêt cardiaque, ou alors il se mettrait dans une colère noire avec son visage tout rouge comme quand il se retient de respirer tellement il est en colère (en vrai je suis sur que dans ces moments là il aimerais exploser et crier tout son saoul mais il est roi alors il peut pas).
Petit à petit je prends mes aises, je suis tellement dans le truc que je me surprend même à regarder ce qui se trouve sur les étals. Il n'y a pas que tu poisson, contrairement à ce que je pensais. A vrai dire c'est un peu comme un petit marché il y a de tout, des épisses, et même des bijoux. Tout doit directement venir des cales des bateaux amarrés plus loin, la première étape de leur long chemin de vente. Plus le temps passe et plus je me sens comme un coq en pâte, finalement c'est pas si difficile de faire l'humain, je ne sais pas vraiment de quoi j'avais peur, je dois vraiment être un gros trouillard au fond, je suis pathétique. Et puis tout à coup quelqu'un vient se planté en face de moi. Il ne me faut pas longtemps pour reconnaître cette petite voie cristalline, cette façon de se bouger, ce petit nez retroussé quand elle est mécontente. Je baisse légèrement la tête et je vois que je n'ai pas rêvé, c'est bien Aaliyah, la femme dont j'étais amoureux et dont mon cœur essaye de se remettre, mais par dessus tout, la femme que j'ai quitté pour privilégier mon devoir de pince. Je sens bien l'ironie dans sa voie, non en effet ce n'est pas une agréable surprise, j'aurais préféré m'en passer, le moment était si beau. Non pas que je ne veuille pas la voir, mais on va dire que je faisais un peu tout pour l'éviter parce que je ne voulais pas que ce moment arrive, ce moment où il nous faudrait parler de ce qui s'est passé. " Aaliyah ... Ça faisait longtemps ... " Et c'est tout ce que tu trouve à dire ? Crétin va ! Bien sur que ça fait longtemps, ça fait trois mois que tu l'évite scrupuleusement à chaque fois que tu fou le nez hors de l'eau. " Tu ... Hum, tu vas bien ? Je veux dire, tu viens souvent par ici ? Tu viens faire tes courses ? " Plus pitoyable je crois qu'on fait pas, ma belle assurance de tout à l'heure s'est logée au fond des chaussures que j'ai volé avec le reste de ma tenue. Elle m'a toujours fait perdre mes moyens alors on va dire qu'une fois n'est pas coutume ...
❝ Des retrouvailles déplaisantes…+ ❞ft ÉgéonJe n'arrive pas à croire qu'il se trouve là, devant moi. Complètement serein. Mais, que fait-il sur le port ? Je n'aurais jamais pensé le revoir un jour, bon ça devait bien arriver un jour. Mais, il me semblait que son statut de prince lui prenait beaucoup de temps dans la vie de tous les jours. La raison pour laquelle il m'a quitté. Je n'y ai pas cru une seule seconde et le voir ici devant moi me confirme ce que je pensais. Il y a quelque chose qu'il ne m'a pas dit ou bien qu'il n'a pas voulu admettre. Je me tiens droite devant lui, une main posée sur la hanche et un poing serré. J'ai du mal à cacher ma rage. Mes paroles sont piquantes mais, d'un côté je veux véritablement savoir ce qu'il fait ici. Après avoir parlé, Égéon me réponds comme si tout était normal, à croire que rien ne s'était passé entre nous. J'hausse un sourcil lorsqu'il dit ; "Ça faisait longtemps …" Longtemps ? Trois mois se sont écoulés et je ne l'ai pas revu une seule fois. J'ail l'impression d'entendre une mauvaise blague. On dirait qu'il est bien plus mal à l'aise qu'il ne paraît. J'espère qu'il se sent mal, comme je l'ai été après notre séparation. J'écoute ses paroles, me demandant si je viens souvent dans le coin pour y faire mes courses. Je laisse échapper un soupir, prenant une grande inspiration je dis ; "Et bien j'étais sur le chemin du retour, j'habite à deux rues d'ici. Et toi, tu es venu faire tes courses ?" La situation est vraiment risible, toute personne étant à côté de nous pourrait sentir la tension entre nous deux. Je reste tout de même sérieuse. Même si là tout de suite, j'ai envie de lâcher ma sacoche et gifler Égéon, sans raison particulière. Juste parce que j'ai envie d'extérioriser ma haine mais, aussi parce qu'il le mériterait au fond. Et dire qu'il y a deux minutes j'étais des plus calmes et reposées. Ces sentiments refoulés ont refait surface d'un seul coup. C'est bien la première fois que je ressens autant de chose pour quelqu'un. Il a fallût que je tombe amoureuse non pas d'un humain mais, d'un triton. Comme si le destin me facilitait les choses. Il faut croire que les Tritons et humains ne peuvent s'aimer. Mais, pourquoi est-ce que je ressens toujours la même chose pour lui ? Pourquoi est-ce que j'ai une boule au ventre face à lui ? J'aimerais au moins pouvoir me débarrasser de ces sentiments, pour pouvoir passer à autre chose. Mais cela m'est impossible et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Mon regard passe sur le visage d'Égéon, à la recherche du moindre détails, du moindre changement. Ce visage m'a manqué, ce regard et ce sourire. Il y a quelque chose chez lui qui m’apaisait énormément, il me suffisait de le regarder pour tout de suite me sentir mieux. Ça fait encore son petit effet aujourd'hui, même si la situation est bien différente. Je détourne mon regard rapidement pour sortir de mes pensées, secouant légèrement ma tête je dis ; "Je n'aurais jamais pensé que le port de Blindman's Bluff t'intéressait. Ou peut-être que tu es venu voir quelqu'un ?" Me mêlant de ce qu'il ne me regarde pas. Je suis tout de même curieuse de savoir s'il doit trouver quelqu'un ici ou bien s'il visite tout simplement la cité. La première option me déplairait véritablement. Rien que d'y penser je suis verte de jalousie. J'ajoute par la suite ; "Mais bon, cela ne me regarde pas après tout, tu es libre de faire ce que tu veux !" La moindre de mes paroles est remplie de sous entendu. Si Égéon ne remarque pas que je suis énervée je ne sais pas ce qu'il lui faut. D'un côté je n'ai pas envie de lui exposer ma rage au visage, je préfère envoyer des piques pour qu'il comprenne bien que je lui en veut toujours. Après tout, je ne lui cacherais pas et il le sait très bien. Peut-être finirais-je par dire véritablement ce que j'ai sur le cœur plutôt que d'envoyer des signaux d'ancienne petite-amie revancharde. Mais, pas aujourd'hui. Je ne suis pas d'humeur, peut-être lorsqu'il se sera excusé de ses mois d'absences, je ferais alors preuve d'empathie et me montrerais plus aimable. Je ne pourrais pas lui en vouloir éternellement après tout, ce serait stupide de ma part. Pour le moment c'est encore frais, la rupture est trop récente.Je repousse quelques mèches de cheveux, tout en regardant à nouveau Égéon, attendant patiemment sa réponse.
« Il faut toujours se repentir de nos erreurs passées »
Le malaise peut clairement se lire sur mon visage, je ne sais pas trop comment réagir, je suis en face de la femme que j'ai fait souffrir il y a peu, en face de celle qui possédait mon coeur, de celle que j'essaye désespérément d'oublier. J'aimerais pouvoir me transformer en une toute petite souris pour me faufiler dans une ruelle et me cacher, fuir tout simplement, sans me faire remarquer. Là si je fuis, ça risque de se voir, elle risque d'hausser le ton, la foule va commencer à s'intéresser à notre conversation, et je me retrouverais dans une situation encore plus inconfortable. Il me faudra sûrement prendre la fuite par la mer et j'avoue que je n'aime pas trop nager dans se port, les eaux y sont plus salles que chez moi et en plus je serais une proie trop facile pour les pirates. Non, il me faut calmer le jeu et assumer cette rencontre hasardeuse. Comment j'ai pu oublier qu'elle habite dans le coin, pourtant j'y suis allé à de nombreuses reprises, je suis quand même pas fou, c'est quelque chose que j'aurais savoir pour le restant de mes jours aux vues des sentiments que j'avais pour elle. Je sens bien que sa question sur ma présence est ironique, une ironie toute teintée de mépris. Je l'ai mérité, il faut l'avouer. " Non, je me baladais. " Cette réponse sort de ma bouche sans vraiment le vouloir, je parle bas et je ne sais même pas si elle m'a entendu avec le brouhaha ambiant. Il faut avouer que je suis un peu le cul entre deux coquillages, je ne sais pas sur quel pied danser. Je l'éviter un peu du regard, même si je sens que le sien vient se poser sur moi, le mien se fait plus fuyant.
Son petit nez se fronce alors qu'elle me regarde, énervée. Ces petits détails me manquent le plus, j'avais comme mémorisé la moindre de ses réaction, je ne sais pas comment j'ai fait pour amasser autant d'informations. Je craque pour ses petites mimiques, je suis vraiment faible, mon cœur ne s'est encore clairement pas remis. Pourtant ma conviction est grande, je sais que j'ai fait un choix, le bon choix d'après certains, je dois m'y tenir à présent, hors de question de revenir en arrière. Et voilà qu'elle croit que je suis venu voir quelqu'un, non, les seules fois où je suis venu sur la terre ferme pour voir quelqu'un c'était elle déjà, et puis maintenant que je ne suis plus avec elle, je ne vois pas qui je pourrais bien venir voir. J'espère qu'elle ne croit pas que je suis là pour une conquête féminine, parce que je ne l'ai pas quitté pour mon statut et mon rôle de prince pour aussitôt me remettre avec une humaine et repartir dans le même dilemme. Je ne veux pas qu'elle se méprenne, alors j'essaye de mettre les choses au point. " Non, je suis juste venue voir comment c'est de jour, je suis venu de nuit il y a pas longtemps et ça m'intriguait. Je n'ai rendez-vous avec personne, je ne connais pas grand monde ici. " J'essaye de sourire, même si il doit être un peu timide. J'aimerais que la situation se décoince, que l'on se détende tous les deux, mais j'ai comme l'impression que ce n'est pas pour tout de suite.
Je me demande si je peux faire quelque chose pour l'apaiser, pour qu'elle soit moins en colère, qu'elle commence à me pardonner. Je sais que c'est bien prétentieux de vouloir son pardon aussi vite, je suis seul responsable de cette situation. Mais j'espère qu'un jour nous pourrons parler normalement, comme deux connaissances et non ainsi, comme deux personnes qui ont du mal à être à l'aise l'une avec l'autre. J'aimerais pouvoir être sincère, lui redire que ce n'était pas sa faute, mais je ne sais pas vraiment comment elle va le prendre, j'ai peur de la froisser encore plus et que cela se termine encore dans des cris et des pleurs. " Je voulais te dire que ... Je suis désolé d'être partit un peu comme un voleur la dernière fois que ... Qu'on s'est vu. Je n'aurais pas dus, ce n'était pas correct envers toi. " Je doute que cette allusion à mon comportement lors de notre rupture peut remettre le feu aux poudres, mais je voulais vraiment m'excuser et l'occasion était là. Qui sait, peut-être que je me sentirais plus léger à présent que c'est fait. Je sais que je n'ai pas eu un comportement approprié ce jour là, ma couardise m'a encore poussé à faire des choses tel un lâche. J'aimerais que mes paroles effacent ne serais-ce qu'un peu la rancœur qu'elle peut ressentir envers moi pour ça.