I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Tankred & Anne
On pouvait mesurer le stade de piraterie d’une personne par sa capacité à cracher un certain nombre d’insulte en très peu de temps. En cas d’énervement particulièrement, Anne savait faire preuve d’imagination et à ce moment là toute sa colère se déversait sur un homme qui n’était même pas présent. Elle était sortie de ses gonds à la minute où elle s’était rendue compte qu’une partie de leur dernier butin avait disparu de la salle des coffres. Son visage s’était décomposé en trouvant le verrou éventré, et alors il n’y avait plus qu’à pousser la porte du doigt pour voir le trésor exposé. Bien sûr qu’elle savait le responsable, elle était d’autant plus en colère qu’il s’agissait d’un homme qui n’était pas resté longtemps sur le navire. La pirate donna un violent coup de pied dans un meuble, brisant l’un de ses tiroirs tandis qu’elle remontait d’un pas lourd sur le pont. La barre, Silver avait vite fait de ressentir les tensions qui l’entouraient, on les avait notifié de la salle qui avait été forcée et Anne avait été vérifier.
« Alors ? » « Aye, ce fils de chien s’est servi quand on était à port. » « Tu sais qui c’est ? »
Anne sorti l’un de ses couteaux et le planta violemment dans le bois de la barrière surplombant le gaillard arrière. Le bois était déjà écorché de ses nombreuses colères, ses frustrations et parfois tout simplement l’envie de meurtre. Elle soupira, laissant la lame profondément enfoncée dans la lésion et soupira lourdement.
« C’est Iorlas. Ce batard ne perd rien pour attendre je vais aller sur terre et le saigner. »
Ils étaient partis une demi-heure auparavant, le vent étant favorable, ils avaient déjà bien avancé et cela frustrait Silver de devoir faire demi-tour. Anne ordonna d’abaisser quelques voiles pour entreprendre de retourner à Blindman’s Bluff, ce qui étonna certains marins. Elle envoya chier ceux qui lui posaient des questions, observant la terre à l’horizon se faire de plus en plus proche telle une lionne en cage. Avec un peu de chance il ne s’était pas trop éloigné mais il avait l’air bien plus malin qu’il ne l’avait laissé paraitre, ce serait comme retrouver une aiguille dans le foin. Toutefois c’était mal connaitre Bonny Blood, qui ne comptait pas lâcher le morceau une fois qu’elle aurait planté ses crocs dans sa chair. Anne serrait les mâchoires, ses ongles plantés dans le bois du navire, elle quitta son coin d’observation pour superviser les manœuvres d’amarrage. Elle fit affaler tous les voiles, jeter l’ancre et une fois près de la terre elle laissa ses matelots s’occuper d’attacher les cordages du navire.
Aussitôt elle ne prit pas le temps de saluer Silver qui connaissant sa colère n’en attendait pas moins d’elle. La jeune femme s’était enfoncée dans le port, se faufilant entre les silhouettes en n’hésitant pas à les bousculer. Elle trouva le maitre du port, l’attrapa par son veston pour qu’il soit bien attentif.
« Toi là ! J’t’ai vu discuter avec un type tout à l’heure, un grand brun, les yeux bleu et une cicatrice sur la joue, que t’a-t-il dit ? »
Secoué, pétrifié sous le regard meurtrier d’Anne, il ne fut en mesure que de lui indiquer la direction dans laquelle il était parti. Mais puisqu’elle ne désirait pas se fier aux conseils d’un seul fou furieux, elle demanda à d’autres personnes sur le chemin qui lui confirmait cela. Ca lui sauvait le cul à ce vieillard, c’était déjà ça. Anne continua donc son chemin, pistant la moindre trace de ce vaurien comme un rapace. Elle ne décolérait pas, bien au contraire, plus elle tardait à le trouver plus elle manquait de maitrise. Anne se maudissait d’avoir accepté ce jeunot qui prétendait vouloir se convertir à la piraterie alors qu’il n’était qu’un voleur. Quel comble pour un pirate de se faire voler, d’autant plus qu’Anne se rejetait la faute d’avoir accepté qu’il vienne et sans trouver cela étrange qu’il finisse par s’en aller au bout d’une semaine de services. Ho ; il s’était montré particulièrement motivé à dépouiller quelques cargos et partir en exploration de trésors et pour le coup elle comprenait pourquoi.
Enfin ses pas empreints de colère la mena sur un chemin à la sortie de la ville et qui menait hors de Blindman’s Bluff. Alors elle mesura l’étendue de la catastrophe, et le mal qu’elle aurait à le retrouver en l’espace de quelques jours alors qu’elle aurait voulu régler cette affaire en quelques heures voire quelques minutes, ou même quelques secondes. Bien sûr c’était trop facile. Anne retira son chapeau, l’envoyant valser dans un coin avant de passer ses doigts entre ses mèches cuivrées, massant son cuir chevelu tout en essayant de garder son calme. C’était une horrible sensation que de sentir la situation lui couler entre les doigts. Mais à grand problème les grands moyens, la pirate déglutit et entreprit de prendre ce même chemin là. Il y avait trop de traces au sol, il avait eu l’intelligence de commencer par une route commerçante pour qu’on ne puisse pas le pister facilement.
Une journée durant elle le poursuivit, trouvant quelques indices de son passage, recueillant les témoignages. Elle s’était battue avec eux hommes qui réclamaient ses faveurs en échange des informations, alors Anne arriva au village voisin avec l’arcade défoncée et le visage en sang grossièrement essuyé. Elle en avait noyé un dans une grosse flaque d’eau, l’autre gisait avec une branche dans le cul et la gorge ouverte aux charognards. Il pleuvait, l’orage mêlait l’eau et le sang sur ses vêtements et lorsqu’elle entra dans une taverne aussi sombre que l’extérieur le soir arrivé, le patron lui demanda de ne pas entrer ou de soigner son apparence au risque de faire fuir certains clients.
« Mais c’est mon sang idiot tu vois pas qu’chui défigurée ?! » Lui hurla t-elle au visage.
Elle essuya un peu plus son visage et entra de force dans la taverne en réclamant du rhum puis alla se poser dans un coin en soupirant. Elle ne pouvait pas avancer plus loin avec ce temps là, et avait fait halte dans ce petit village pour la nuit. Dans la taverne il n’y avait pas grand monde de non respectable, surtout des ouvriers, des artisans, quelques bandits déguisés, et elle qui avait attiré les regards. Elle s’en foutait, de toute manière à l’aube elle ne serait déjà plus là et ils l’auraient tout aussi vite oubliée. La jeune femme porta la bouteille de rhum à ses lèvres, se désaltérant d’alcool à grandes gorgées. Alors une fois complètement posée son attention se dispersait et fut particulièrement attirée par la conversation de la table voisine.
« Ouais j’l’ai vu il a un gros sac d’or il a tout revendu sa marchandise le gars ! » « D’où croyez vous qu’il tient son butin ? » « Chai pas, parait il que y’avait plein de babioles, a mon avis c’est pas un vrai marchand il avait l’air de ne plus vouloir s’encombrer, il a même vendu sa charrette et il est r’parti à cheval. » « Avec cette quantité d’or ça m’étonne pas qu’il ait pas voulu rester mais avec ce temps là il a pas pu aller bien loin. » « Ouais, un type m’a demandé tout à l’heure depuis combien de temps il était parti, il s’est fait des ennemis, si vous voulez mon avis, ça va mal finir cette histoire !! »
Un bruit de porte attira l’attention du groupe, Anne avait disparu, déjà en train de courir par la pluie en direction du prochain village. S’il y avait vraiment quelqu’un d’autre à ses trousses, elle devait absolument le rattraper pour éviter que leur or ne tombe entre les mains d’un autre pirate. Elle continua le chemin malgré l’obscurité, regrettant d’avoir balancé son chapeau et essuyait régulièrement son visage trempé. « Il n’avait pas pu aller bien loin » or la pluie s’était déclarée une heure plus tôt, donc elle était tout proche. C’était parfaitement inconscient ce qu’elle faisait, parce que la vue était moindre et sa torche avait vite fait de s’éteindre par les trombes d’eau. Mais Anne remarqua une vive lumière à l’entrée d’une grotte quelques mètres plus loin. Elle aurait été bien cachée si Anne ne s’était pas arrêtée. Alors elle n’hésita pas, il s’agissait peut être du voleur, ou du pirate qui lui courrait après. Quoi qu’il en soit, ça allait finir dans le sang.
Anne se dirigea vers cette grotte à pas feutrés, la main sur sa garde, elle sorti un couteau et vint plaquer son dos à l’entrée de la grotte. Elle ne savait pas encore comment procéder, mais elle avait l’avantage de l’effet de surprise et de l’étroitesse de la grotte qui le forcerait à la confrontation. Anne inspira doucement et s’introduisit dans la grotte en saccageant le feu de camp pour obscurcir l’endroit et se faire un autre avantage. Elle attrapa l’homme en ayant repéré où il était par sa silhouette encapuchonnée et le plaqua face contre un mur, logeant sa lame au niveau du dos sous les côtes menaçant de le planter.
« C’est toi qui cherche mon butin ? J’vais te dire une bonne chose, cet or ne t’appartient pas ! »
Si je compare ma vie sur le Queen’s et celle sur le Poséidon, il n’y a rien en commun. Pas même les hommes. C’est étrange. Mais pas déplaisant, même si ça manque de violence. Sur le Queen’s, je n’étais pas à l’abri d’une tentative de meurtre envers ma personne. Là, puisque je possède ma cabine suffisamment luxueuse –puisque je suis second-, je suis immunisé. J’ai l’impression de découvrir une autre facette de la piraterie, mais quoi qu’il en soit, je ne vais pas m’en plaindre puisque je suis mieux payé, mieux logé et mieux loti en grade. J’aurais dû accepter cette proposition il y a longtemps, j’ai été stupide. Maintenant, j’y suis et j’y reste. Ça ne fait pas très longtemps que je suis Second, aussi je fais quelques erreurs qui ne sont pas au goût de mon Capitaine, qui me trouve trop impulsif, violent et j’en passe. Il oublie certainement ma nature de Vikings, mon goût du sang et ce besoin de cogner plutôt que parlementer. Quoi qu’il en soit, pour lui faire plaisir, j’ai voulu me montrer charitable avec un jeune garçon qui voulait devenir mousse sur le Poséidon. Son visage de fouine et son petit regard hypocrite, personnellement, je l’aurais envoyé six pieds sous terre, mais… comme je devais montrer une meilleure image à Delendar, je l’ai accepté sur le galion. Une catastrophe ambulante ce môme, incapable de faire deux pas sans casser quelque chose. Et le pont n’a jamais été aussi dégueulasse en quelques jours, à croire qu’il n’est même pas capable de rincer son linge correctement. Au moins, j’ai pu m’en vanter auprès du Capitaine que mon instinct me trompe rarement et que si j’avais laissé parler ma nature, nous ne l’aurions pas recruté. De un, il n’aurait pas dégueulassé le pont ; de deux, il ne nous aurait pas dépouillé d’une partie du trésor que le Capitaine devait répartir en part égale une fois le matériel vendu. Pas si con l’oiseau, se faire passer pour un incapable et en profiter, pour voler les richesses. J’aime son esprit ! Je n’aurais, certes, pas dû me vanter d’avoir eu plus d’esprit que mon Capitaine puisque me voilà à la poursuite de ce gaillard avec l’obligation de revenir avec le trésor, sans quoi, je vais devoir payer avec mes propres réserves l’équipage. Je ne vous cache pas la motivation que je possède à le retrouver, cet oiseau de malheur.
De ce que j’ai appris, il s’est fait engagé sur un nouveau bâtiment, mais j’ignore lequel. Je plains le Capitaine qui va se faire dépouiller, parce que je suis certain que c’est sa façon de procéder à l’avorton. D’un côté, je souhaite que ce soit Crochet histoire de lui donner une bonne leçon, mais, d’un autre côté, je doute qu’il ressorte vivant de son larcin. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai peur, parce que je ne suis pas un pleutre, mais, Crochet est un homme dont je me méfie plus que tout. Déjà, il ne m’appréciait pas lorsque j’étais sur Queen’s, c’est d’ailleurs dû à ce grand amour que je ne suis pas venu sur le Jolly Roger quand il a brûlé l’ancien bateau de Teach. Je reste donc à la cité de l’Aveugle plusieurs jours durant, profitant des commerces, rendant visite à mon jeune ami le bavard, Erim. Le temps est long, quand on attend un évènement en particulier. J’attends à la taverne ou à l’auberge, je passe souvent devant l’Excès d’Arum sans me laisser tenter. Payer aussi cher pour se faire une femme, non merci. Mais… d’un autre côté, si elles sont aussi chères, c’est que ça doit valoir le coup ? Genre, elles baisent plus que bien et pas seulement… il doit y avoir d’autres services en plus. J’hésite, beaucoup. Puis, un de mes contacts vient me prévenir qu’un gamin est parti clandestinement d’un navire en pleine nuit, celui du Walrus qui devait prendre la mer le lendemain. Ça doit être mon oisillon ! Je le remercie avec une pièce et je viens le suivre discrètement au départ, mon but n’est pas de lui sauter à la gorge. Ce garçonnet m’intrigue. Certes, je compte bien récupérer mes biens et vu les gros sacs qui remplissent sa charrette, profiter du trésor des autres aussi. Ce petit morveux a dû sentir ma présence, puisque le voilà qui accélère soudain et je suis contraint de courir, mais entre les arbres et sur une terre meuble, je suis moins rapide… sans oublier que face à un cheval – même tirant une charrette - , je suis un petit joueur. L’ordure ! Je suis bon traqueur, ce n’est qu’une question de temps pour le retrouver. Je fais halte dans une auberge pour boire et manger, je converse avec le tenancier et les autres personnes présentent dans le coin. J’apprends que mon loustic a vendu sa marchandise à un homme venu ici, c’était leur rendez-vous. Il est reparti avec son cheval peu avant moi. Je paye puis repars à sa recherche.
L’avantage pour moi, c’est qu’il pleut comme vache qui pisse. De ce fait, il n’osera pas avancer plus avec un cheval craintif, surtout si Thor se met à gronder. Je m’arrête donc dans une petite caverne sur mon chemin, je ne vais pas choper un rhume juste pour cette énergumène. J’allume un bon feu, je sors ma flasque de rhum pour me réchauffer et je soupire, somnolent avec le bruit de la pluie qui tombe. Je repense à cette jolie blonde avec un sourire, me sentant peu à peu embarquer vers le sommeil. Ce n’est que lorsque mon torse heurte le roc frais de ma caverne et qu’une lame se glisse dans mon dos que j’ouvre les yeux, fronçant des sourcils : « C’est toi qui cherche mon butin ? J’vais te dire une bonne chose, cet or ne t’appartient pas ! » Tiens ! C’est nouveau ça. Je sers les poings, ma joue appuyant contre le rocher et je peste dans ma barbe : « C’mon butin ! Si t’crois que j’vais t’laisser mon or femelle, t’peux toujours crever ! » La poigne disparaît soudainement et je me retourne d’un seul homme, les paumes autour de sa gorge, prêt à l’étouffer ou lui briser la nuque. « T’vas comprendre femelle, pourquoi on n’m’attaque pas dans l’dos ! » Le vent qui fouette la cime des arbres, cachant la clarté de la lune, mais dans ses mouvements, parfois les arbres se tordent suffisamment pour laisser l’astre illuminer parfois la zone. Si bien que dans un rayon, j’aperçois une tignasse auburn et je fronce des sourcils. Je la relâche, reculant d’un pas. Cette voix m’était familière, mais trop surpris par son attaque, je n’ai pas eu l’esprit d’y mettre un nom. « Bonny ?! » Elle confirme et je m’esclaffe : « Par toutes les putains, m’dis pas que toi aussi, tu t’fais baiser par c’gamin, voleur de trésor pirate ?! »
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Tankred & Anne
Elle le tenait, sans ménagement, prête à lui enfoncer sa lame dans le flanc pour le faire pisser le sang et en tartiner les parois de la caverne. D’instinct elle aurait déjà dû le tuer, car Anne n’était pas fan de discussions de base et encore mois de menaces échangées puisque les faits étaient là : il n’avait pas à se trouver sur ce chemin et il n’y avait pas besoin d’aller chercher plus loin. D’ailleurs elle ne fut pas surprise d’entendre une réponse où il clamait que l’or que détenait l’homme était le sien. Mais alors qu’elle avait souhaité en finir après cette déclaration, elle fut perturbée par le timbre de la voix de l’homme qui lui paraissait étrangement familier et cela la retenait de lui porter le coup fatal.
Il avait alors suffit d’un instant pour que l’Irlandaise relâche sa poigne sans que cela soit réellement volontaire et que les rôles s’inversent. La jeune femme senti cette forte poigne à son cou lui compressant la carotide alors qu’elle était restée pétrifiée dans sa réflexion sur son identité. La pression des doigts sur sa peau l’étranglait sans qu’elle ne parvienne à s’en dégager et commencèrent à la faire désagréablement suffoquer. Anne était plus préoccupée par le fait qu’il lui semblait avoir reconnu cette voix et tenter de lui retirer ses mains plutôt que quelques une solution au niveau de sa ceinture pour le neutraliser que ce soit par lui donner un coup bien placer ou lui voler une de ses armes pour répliquer. Elle avait laissé tomber sa lame et n’aurait pas le temps de faire quoi que ce soit qu’il aurait vite fait de lui arracher la carotide. Elle se senti très rapidement étouffer et puis tout d’un coup, plus rien, il la relâcha et alors elle entendit son nom résonner dans la caverne. Reconnaissant à voix, Anne s’empressa de sortir de la poudre à canon pour en jeter dans le feu et raviver les flammes. Eclairant leurs deux visages, les doutes se confirmèrent aussi vite : c’était Tankred. Elle se sentit soudainement soulagée d’avoir à faire à lui alors que deux secondes plus tôt elle avait eu envie de tuer cet homme et qu’en plus, des deux il aurait sans aucun doute été vainqueur. Mais elle fut d’autant plus surprise de savoir qu’ils avaient eu le même problème avec ce voleur de butin. Décidément ce gaillard était beaucoup plus malin qu’elle n’aurait pu le penser et savoir qu’il avait déjà fait ce coup là sur un autre navire raviva son envie de lui sortir les boyaux du ventre pour le pendre avec.
« Quoi ?! Toi aussi ?! » Fit elle complètement abasourdie.
Anne glissa sa main sur son front, ayant l’impression que la situation la dépassait totalement et tentait de garder son sang froid. Elle avait à présent qu’une envie, c’était de se remettre en chasse et lui faire le plus de mal possible après avoir récupéré le butin qui lui revenait. La météo compliquait les choses d’autant plus qu’il faisait nuit, c’était frustrant, agaçant, elle se sentait comme un fauve en cage qui devait attendre qu’on lui ouvre.
« J’vais lui faire la peau !! Dès qu’la pluie cesse on ira le saigner ce salopard !» Fit-elle en serrant les dents.
Puisqu’ils en étaient là et qu’ils s’entendaient bien, autant continuer la chasse à deux. Dans tous les cas, ils allaient devoir départager ce qui revenait au Walrus et ce qui revenait au…Anne fronça les sourcils, n’était il pas charpentier ? Que foutait-il à la poursuite de ce voleur ? Elle savait pour barbe noire, se pourrait il qu’il en ait profité pour former son équipage ? Le Walrus était parti longtemps en mer, ainsi ils n’avaient pas eu vent des dernières nouvelles chez les pirates et comment l’équipage que Queen Anne’s Revenge s’était départagé. Quoi qu’il en soit la mort de ce fou furieux l’avait bien réjouie et désormais elle se demandait ce qu’il en était pour lui qui ne l’avait pas non plus porté dans son cœur. Anne était curieuse de savoir ce qu’il en était, il s’était sans doute passé bien des choses, dans tous les cas il n’était plus charpentier, elle aurait pu en mettre sa main à couper. Alors elle espérait avoir de bonnes nouvelles, ce serait au moins ça qui pourrait la calmer présentement. Anne retira son chapeau, le laissa près du feu pour qu’il sèche avant de se retourner vers Tankred.
« Quoi ?! Toi aussi ?! » Simplement hochement de tête. Ouais, moi aussi je me suis fait couillonner par ce crétin qui va le regretter. Avoir la tigresse rousse à ses trousses, je le plains ce gamin. Mais m’avoir moi aussi, derrière son cul, ô il va le regretter ce sale voleur. « J’vais lui faire la peau !! Dès qu’la pluie cesse on ira le saigner ce salopard ! » « Ouais ! Il va l’regretter ! » Je passe une main sur mon visage. Ce n’est pas le meilleur démarrage en tant que second, partir à la poursuite d’un gamin. Quand je reviendrai avec notre butin, Delendar sera content et arrêtera peut-être de vouloir faire de moi, un autre homme. « Tu raques pour qui maint’nant ? » J’étire un sourire. C’est vrai qu’elle ne le sait pas. J’étais Maître Charpentier sur le Queen’s, j’ai été aussi sans équipage pendant quelques semaines puis… une proposition alléchante m’a fait devenir Second sur le plus grand bateau pirate des environs. « Ohoh ! C’vrai qu’tu sais pas ! Avec l’mort de Barbe Noire, j’suis resté sans bateau p’dant des s’maines ! Hors d’question d’bosser avec Crochet ! » Je me pose sur le sol près du feu, histoire de sécher un peu avec toute la flotte qui tombe. « D’coup, j’ai r’çu une proposition du Poséidon. L’capitaine Delendar m’a proposé d’venir second de son galion… alors t’as d’vant toi… Un homme au rang plus élevé ! » J’étire un sourire, fier de ce nouveau poste. Ô que oui, je vais me vanter pendant un petit moment. « J’suis com’ toi maint’nant ! L’Capitaine m’trouve sans manière et il essaye d’m’éduquer… D’ailleurs, c’gamin qu’on poursuit… c’est une longue histoire… J’te racont’rai ça autour d’un verre une fois qu’on aura buté c’merdeux ! » J’me lève en frappant mes cuisses pour aller à l’entrée de la caverne.
« Pluie ou pas… va falloir s’bouger Bonny, sinon, il est bien capable d’s’embarquer dans un navir’ pour une autre île, t’sais… C’gamin est si con qu’ça ! » Je ramasse son chapeau pour lui jeter. Soit le gamin s’est abrité, soit il a continué à avancer malgré le mauvais temps. Si c’est la première option, on va le retrouver dans les environs, mais… si c’est la seconde, alors on a du retard. Je ne tiens pas à devoir payer avec mon propre or les hommes du Poséidon. « Si j’retrouve pas mon or, j’vais d’voir payé les hommes d’Poséidon avec mes réserves… J’y tiens pas ! » Je m’esclaffe avant de sortir sous l’eau qui tombe abondamment. Mouillé pour mouillé, de toute manière… « Allez ! Ça va m’rappeler cette nuit où on a zigouillé ton époux ! D’ailleurs… rassure-moi… tu t’es pas d’nouveau marié à un abruti du genre ? » Je rigole, je doute que la belle se soit de nouveau enchaînée à un homme. Ou alors, quelqu’un à sa hauteur. Un homme violent, un vrai barbare qui ne cherchera pas à la rabaisser. Je lui donne un coup d’épaule en marchant à son côté : « Racont’ moi comment il a réussi à vous dépouiller ! »
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Tankred & Anne
C’était une bonne nouvelle, une très bonne nouvelle même que lui apportait Tankred. Elle qui avait toujours voulu le voir autrement qu’un maitre charpentier, le savoir second était une bonne chose puisqu’il allait enfin pouvoir montrer de quoi il était capable. D’autant plus qu’il était sur un navire avec un capitaine qui avait déjà beaucoup de charisme. Ces deux là allaient sans aucun doute donner du fil à retordre à Crochet et ce n’était pas plus mal - Elle et Silver allaient les soutenir pour sûr. Anne étira un large sourire, réellement contente.
« J’pensais pas qu’c’était possible de t’éduquer ! Le taquina t-elle On manqu’ra pas d’fêter ça en tout cas ! »
Fêter oui, mais le moment n’était pas venu, Tankred avait raison, il leur fallait se mettre en route parce que la pluie ne semblait pas vouloir cesser de tomber et que cela allait augmenter leurs chances de perdre la trace de l’espèce d’enfoiré qui avait éventré ses coffres. Anne se leva et emboita le pas vers la sortie de la grotte derrière son camarade
« Aye, mais j’repars pas tant qu’j’ai pas la main d’ssus. » Lui avoua t-elle afin de le rassurer de son côté car elle allait le traquer comme si sa vie en dépendait.
Ils reviendraient à leurs navires respectifs avec la somme exacte qui avait été dérobée si ce n’est plus, c’était pour Anne de la seule façon que cette histoire pouvait se terminer. La pirate remit alors son chapeau après l’avoir brièvement secoué de l’eau imbibée dans le tissu comme si cela changeait quelque chose. Oui, la pluie tombait toujours, la nuit était toujours aussi noire, seules leurs torches éclairaient le chemin. C’était plus sympa d’avoir de la compagnie, surtout si c’était un guerrier comme Tankred : elle serait loin d’avoir l’impression d’avoir un boulet qui la suit comme c’était parfois le cas et cette histoire serait ainsi bien plus vite réglée. Effectivement, puisqu’il le soulignait, ces deux sauvages de sortis, cela lui rappelait également la fois où ils avaient tué son mari. Anne étouffa un rire en y repensant car cela avait été une bonne surprise de tomber sur lui alors qu’cette île de malheur lui donnait le cafard – un jour de plus et elle se serait tiré un balle. Alors de ce côté-là, il pouvait être assuré qu’elle n’avait pas déjà remis la bague au doigt. Bien qu’elle soit une personne assez loyale et exclusive, elle n’avait pas trouvé assez brute et sympa pour accepter d’avoir de nouveau la bague au doigt - De toute façon ce n’était pas à l’ordre du jour.
« haha bien sûr qu’non, j’préfère m’amuser tu vois ! » Fit-elle avec un large sourire espiègle sans manquer de sous entendus sur la manière dont elle s’amusait
Sa liberté retrouvée, en ayant gouté au célibat il lui semblait ne pas vouloir s’en défaire. Elle n’avait eu beaucoup d’amants jusque là mais les nuits qu’elle passait avec ces hommes là étaient bien plus intenses et lui donnaient bien plus de satisfaction qu’avec James qui s’était souvent contenté de la laisser faire son affaire à sa guise comme un devoir conjugal a chaque fois qu'elle lui mettait la main au paquet en disant qu'elle avait besoin de baiser. Ce n’était pas une croqueuses d’hommes à proprement parler mais quand l’occasion se présentait elle ne reculait plus. Elle avait alors l’impression de s’être restreinte pendant tout ce temps, que James Bonny avait réussi à annihiler la bête en elle que ce soit au pieu ou dans son comportement en général. Anne se sentait d’autant plus épanouie désormais et elle se promettait que plus jamais personne ne viendrait à la foutre en cage de cette manière.
Le sujet était revenu sur ce type qu’ils poursuivaient, puisqu’il lui demandait, Anne lui révéla ce qu’il s’était passé pour qu’elle se retrouve là.
« J’l’ai croisé dans une taverne quand j’faisais du recrut’ment, ça avait l’air d’être un bon gars. Il a fait un moment avec nous, plutôt efficace comme type d’ailleurs. Et pis on a mouillé au port. Au moment d’repartir l’butin était plus dans la cale, les coffres étaient défoncés et lui avait déserté le navire. »
Anne serra les dents, rien que le fait d‘évoquer cela lui rappelait les pulsions de meurtres qu’elle avait pu ressentir à ce moment là et combien elle avait dû prendre sur elle pour ne pas assassiner le premier venu sous le coup de la colère. Elle en faisait son affaire, en plus d’y aller par devoir, elle n’aimait clairement pas qu’on la prenne pour une imbécile et comptait bien le lui faire savoir.
« Si j’l’avais chopé sur le quai il aurait pas fait long feu mais il a eu l’temps d’se barrer cet enfoiré. » Ajouta t-elle.
La pluie continuait de battre, rendant la vision difficile, toutefois ils semblaient bien avancer. La pirate marchait à côté de Tankred et vint à le bousculer à son tour, étouffant un rire moqueur en ayant cherché à lui faire perdre l’équilibre au moment où il passait à côté d’un gros trou boueux. Elle se demandait ce qui les attendait, car le gamin qu’ils poursuivaient semblait avoir suffisamment de ressources et de protection pour avoir un tel culot. Alors quelques éventualités s’étaient dessinées dans l’esprit d’Anne : et s’il n’était pas seul ?
« C’pas la première fois qu’j’entends parler d’ce genre de fanfaron, ça s’trouve on va trouver un nid. T’vois c’que j’veux dire ? Il a l’air bien organisé et j’pense pas que ce soit l’itinéraire d’une fuite du genre "merde jai les pirates aux trousses" mais un chm'in qu'il fait souvent. J’espère qu’y’aura un gros jackpot si c’est l’cas, en dédommag’ment. T'en penses quoi toi ? T'as r'marqué un truc bizarre sur lui ?»
Puisque Barbe Noire était mort, ça se tirait dans les pattes, certains capitaines en profitaient, d’autres pouvaient jouer leurs atouts autrement pour s’enrichir. Quoi qu’il en soit, Anne avait le pressentiment qu’ils allaient être surpris.
« haha bien sûr qu’non, j’préfère m’amuser tu vois ! » J’étire un sourire. Cela ne m’étonne pas et elle a bien raison. Je n’ai jamais été enchaîné par le mariage, je ne suis tombé amoureux qu’une seule fois sur cette île, une sirène il y a presque huit ans. Mais c’est de l’histoire ancienne, même si je ne l’ai jamais revu, je sais que si elle venait à faire une apparition, mon cœur ne s’emballerait pas comme jadis. Et puis, si je devais donner une définition, je partirais plus sur une amourette que de vrais sentiments puissants. « J’l’ai croisé dans une taverne quand j’faisais du recrut’ment, ça avait l’air d’être un bon gars. Il a fait un moment avec nous, plutôt efficace comme type d’ailleurs. Et pis on a mouillé au port. Au moment d’repartir l’butin était plus dans la cale, les coffres étaient défoncés et lui avait déserté le navire. » Quel petit con ! Mais effectivement, ce gamin n’est pas idiot et il sait comment faire. Je suis certain que ce n’est pas anodin et qu’il doit choisir ses cibles, parce qu’il connait les bateaux. Mais comment ? C’est une question à laquelle il me répondra pendant que je lui sortirais les tripes pour qu’elle prenne l’air. « Si j’l’avais chopé sur le quai il aurait pas fait long feu mais il a eu l’temps d’se barrer cet enfoiré. » Ca, c’est certain ! Bonny la sauvage aux trousses, c’est une mort garantie. Et pas une mort douce ! J’étire un sourire, revoyant la tigresse qu’elle est. C’était de très bons souvenirs d’ailleurs, un moment unique qui a forgé une amitié sincère et loyale entre nous. Elle me pousse et j’évite de justesse un trou, faisant quelques pas sur le côté assez hasardeux avec les bras battants pour éviter de chuter. Le sol est meuble, il glisse en plus avec cette pluie qui tombe ardemment. On a au moins le mérite de continuer malgré le temps qu’il fait. « C’pas la première fois qu’j’entends parler d’ce genre de fanfaron, ça s’trouve on va trouver un nid. T’vois c’que j’veux dire ? Il a l’air bien organisé et j’pense pas que ce soit l’itinéraire d’une fuite du genre "merde jai les pirates aux trousses" mais un chm'in qu'il fait souvent. J’espère qu’y’aura un gros jackpot si c’est l’cas, en dédommag’ment. T'en penses quoi toi ? T'as r'marqué un truc bizarre sur lui ? » Je fronce des sourcils. A vrai dire, je ne m’étais pas posé la question, mais maintenant qu’elle le fait remarquer, ce n’est pas idiot.
« J’en sais fichtre rien ! Mais c’que j’sais, c’est qu’c’t’ordure va l’payer et s’ils sont plusieurs, alors on aura d’quoi satisfaire not’ frustration ! » J’étire un sourire mauvais, frottant ma barbe qui retient de nombreuses gouttelettes de la pluie. « C’pas con n’empêche ! Un nid… c’qui veut dire qu’ils sont nombreux à l’faire, donc plus d’trésors pour nous ! Vaut mieux qu’la pluie continue d’tomber quand on les aura butés, histoire d’nettoyer nos vêtements qui sont imbibés d’sang ! » Une tigresse plus un viking, ô oui, ces pauvres voleurs vont regretter d’avoir choisi les mauvaises cibles. On marche encore un moment, jusqu’à apercevoir au loin une lueur. On dirait une grotte souterraine… Discrètement, on s’approche de la zone. Deux hommes sont à l’intérieur, on dirait qu’ils font le guet. Je me positionne en face de Bonny, histoire qu’on saute tous les deux en même temps sur les hommes. Il ne faut pas qu’ils aient le temps de prévenir. On s’approche, la pluie aidant à dissimuler les bruits qu’on fait dans notre progression. Je fais quelques mouvements avec mes mains pour m’adresser à la rousse. Puis, tout de go, on s’élance sur les deux hommes qui surpris par notre attaque sauvage, ont tout juste le temps d’ouvrir la bouche. Je retire mes haches de son torse, laissant celui-ci tomber sur le sol dans un bruit sourd avant de me tourner vers Anne. « J’crois qu’il va falloir rentrer là-d’dans ! » À l’idée de tomber sur plein d’hommes ainsi qu’un immense trésor, j’en trépigne d’excitation et d’impatience.
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Tankred & Anne
Anne étira un sourire, entre la colère et la montée d’adrénaline que pouvait représenter a confirmation d’un nid lorsqu’ils arrivèrent à l’entrée d’une grotte creusée par une large rivière. Ils allaient avoir leur quota de combat et finalement le voyage en valait la peine. La pirate observa l’entrée et tout comme son camarade, elle remarqua qu’il y avait deux gardes. Bien sûr, il n’y avait pas besoin d’élaborer un plan, tous deux savaient qu’ils étaient les deux premières cibles à abattre. Leur cible se trouvait à l’intérieur et bien d’autres surprises les attendaient. Il n’y avait pas besoin d’attendre plus longtemps, la jeune femme s’élança à la suite du viking avec rapidité pour atteindre le garde qui lui était réservé. Sa lame finement aiguisée par ses soins se planta dans la gorge de l’homme afin de ne pas lui laisser le temps de hurler son agonie et ne pas courir le risque d’ameuter d’autres hommes. Avec l’élan, elle l’avait fait tomber à la renverse, s’étant jetée sur lui comme un véritable fauve. Un regard sur son visage blafard, il était bel et bien mort sur le coup. En se relevant, elle essuya son visage d’un revers de anche pour retirer les traces de sang qui venaient déjà tâché sa peau.
« Aye, allons-y compagnon. » Déclara la pirate.
Elle emboita le pas à l’intérieur de la grotte où très vte l’obscurité et l’humidité vinrent à installer une ambiance particulière et inquiétante mais qui ne la fit pas broncher. Cette atmosphère tropicale et étouffante lui rappelait de vagues souvenirs dont elle ne parvenait pas à en dessiner les contours. Mais il était courant pour les pirates ou toutes sortes de malfrats de cacher leurs butins dans des grottes. Alors ces gens là, qu’étaient ils ? Des pirates ? Des imposteurs ? Ou juste un groupe d’adolescents en crise existentielle ? Ils allaient enfin finir par le découvrir, évoluant avec discrétion dans la cavité, concentrés sur leur environnement.
Très vite, elle se rendit compte qu’ils avaient déniché une tanière qui ne datait pas d’il y a trois jours, car celle-ci avait été aménagée, certes grossièrement mais trahissait là une organisation calculée. Il y avait des poutres, des coffres, quelques constructions. Anne passa ses mains sur la pierre de la grotte, elle avait été taillée, agrandie et visiblement il y avait encore des travaux comme s’ils s’enrichissaient de jour en jour et qu’ils avaient besoin de plus d’espace….A moins que cela ne cache autre chose et qu’il y ait eu nécessité de faire passer quelque chose…. Une rivière menait leur chemin, amplifiant les senteurs caractéristiques à l’humidité, la mousse, le bois gorgé d’humidité et qui soulignait ces fortes odeurs de rats crevés sur leur chemin. Adressant un regard quelque peu dégouté à Tankred en ayant la nausée qui lui montait à la gorge, Anne entendit un craquement sous ses pieds qui l’obligea à stopper soudainement son avancée. Des os humains sur la rive, d’un inconscient qui avait sans doute voulu se baigner. L’eau devait être profonde et infestée de crocodiles, ce qui les dissuaderait sans doute d’aller s’y baigner. D’un mouvement de pied elle se débarrassa de la cage thoracique et découvrit une corde épaisse, pareille à celles que l’on utilisait pour les gros bâtiments.
Plus loin il y avait une barque, Anne fronça les sourcils.
« C’est pas une corde pour amarrer une barque ça…. » Murmura t-elle
Anne leva le nez vers le plafond et remarqua que la cavité était assez haute pour y laisser passer un navire. Alors cela dépassait tout ce dont à quoi elle avait pu s’attendre. Il n’y avait pas une minute à perdre. Anne accéléra le pas et s’arrêta soudainement lorsqu’ils débouchèrent sur ce qui devait être la voute principale. Se cachant derrière de grosses caisses en bois, ils découvrirent alors un brick amarré et les matelots visiblement en train de le charger de gros caissons.
« On arrive à temps….Visiblement l’départ est imminent » Fit remarquer Anne.
On pouvait clairement comprendre qu’il y avait des pièces clinquantes et trébuchantes dans ces caissons que les brigands semblaient importer d’un endroit en particulier. Ils n’étaient sans doute pas très nombreux, et surtout pour manœuvrer un brick – qui était surement volé lui aussi. Quoi qu’il en soit ils n’étaient pas suffisamment pour inquiéter Anne sur la manière dont allait tout se dérouler et accompagnée de Tankred ça allait être assez facile : D’emblée ces deux prédateurs entrés dans leur tanière ils étaient tous foutus.
« Tu crois qu’y’a quoi là bas ? » Demanda t-elle à Tankred en montrant du doigt ce couloir d’où ils venaient un à un.
Évoluer dans le noir, c’est comme qui dirait devenu une habitude avec cette nuit permanente qui nous poursuit depuis des semaines maintenant. J’ignore si un jour, nous reverrons l’astre de Sol, mais quoi qu’il en soit, on s’adapte plus facilement dans les ténèbres de cette voute rocheuse que d’ordinaire. Notre progression est lente, on fait attention de ne surtout pas faire un bruit qui alerterait les autres sur notre arrivée. Je tiens à éradiquer cette sale race de voleur sans laisser aucun survivant. L’odeur n’est franchement pas agréable, mais il va sans dire qu’en vivant à One-Eyed Willy, on finit par s’y habituer rapidement. Et ce n’est pas comme si, après plusieurs mois de navigation, le pont inférieur n’avait pas les mêmes effluves si ce n’est pire. Une tripotée d’hommes en mer, sans moyen de se laver si ce n’est rapidement – et encore, pour ceux qui le veulent – mêlé à l’odeur du tabac, de l’alcool, des vomis, des rats en décomposition et autres merveilles. Non, à côté, cette cave sent la rose. Lorsqu’on arrive à une petite rivière qui traverse la caverne, je me tourne vers Bonny quand elle parle de code et de barque. Effectivement, cette corde et le nœud semblent être plus utiles à un plus gros bateau qu’une barque. Sans attendre, je suis la tigresse pour me dissimuler derrière de grosses caisses. « On arrive à temps….Visiblement l’départ est imminent » Je remue de la tête, mais ils rêvent s’ils pensent repartir avec toute cette richesse ! Il y a dedans le butin du Poséidon et celui du Walrus. Si on partage tout ce qu’il trimballe à part égal, pour sûr que Delendar va être content. Mais… rien ne dit que je vais tout ramener, je peux aussi ramener que la part du navire et garder le reste pour moi. Je déciderais de ça plus tard, en attendant, j’observe minutieusement les voleurs qui apportent des trésors pour remplir le brick. « Tu crois qu’y’a quoi là bas ? » Je lève des épaules en mirant l’endroit par lequel ils sortent tous un par un. « P’t’être qu’c’est là qu’ils mettent tout l’trésor qu’ils volent ?! En tout cas… c’que j’remarque, c’est qu’ils ne s’connaissent pas ! » Effectivement, pas plus tard qu’à l’instant, j’avais vu deux hommes se bousculer. Je ne suis pas un maître dans la lecture sur les lèvres, mais… d’après ce que j’ai compris, je pense avoir raison. « On peut s’faire passer pour des voleurs com’ eux et voir c’qui y’a dans c’trou ! On les enferme d’dans et on r’part avec l’bateau ? » Plan facile dans les dires, à voir combien ils sont et ce qui nous attend de l’autre côté. Mais j’ai jamais été un pleutre !
Sans attendre, je retire mon pendentif de mon cou, collier dérobé puis offert par la belle Lyra Spencer. Je sais qu’il vaut une fortune pour l’avoir déjà fait expertiser. Je descends, me dévoilant aux yeux des voleurs et lorsqu’un me pointe du doigt en me demandant ce que je fais là, je montre mon pendentif : « J’l’avais perdu sur l’chemin ! » Rapidement, je les rejoins et je prie intérieurement pour ne pas croiser le petit voleur qui pourra nous vendre aisément, s’il se souvient de ma tête. « Bon bouge-toi et ramène c’qui manque ! » D’un mouvement de tête, je m’enfonce dans le tunnel assez étroit. Je suis contraint de baisser légèrement la tête, progressant en me demandant comment je fais si y’en a un qui arrive en sens inverse ? Lorsque je me retourne, je vois la tigresse qui a dû réussir à me suivre. Soit elle les a butés, soit elle a trouvé un subterfuge. Encore quelques pas puis nous voilà dans une salle moins grande que la précédente, quasiment vide. « Ils ont presqu’ tout rassemblé sur l’navire ! » Je me retourne vers Anne : « Soit on les enferme ici, j’vois pas d’autres issus… Soit on les bute tous ! Qu’est-ce que tu préfères ? » L’idée de les enfermer de les laisser crever un à un ou de se bouffer entre eux est assez plaisante. C’est barbare, c’est cruel, mais c’est bon… Sinon, ça serait les buter un par un seulement, c’est le risque que certains dégainent des mousquets et moi, je suis aux haches.
I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
Tankred & Anne
La remarque de Tankred sur ces voleurs vint mettre la puce à l’oreille de la pirate qui se mit alors à les observer avec plus d’attention. Effectivement leur organisation semblait faite de malfrats piochés au hasard ou alors elle était encore trop récente. C’était un point à retenir. La jeune femme écouta la proposition de Tankred avec attention sur leur manière d’agir et écarquilla les yeux. Manœuvrer un brick à deux était pas chose facile, mais sans doute faisable, après tout la route jusqu’à la baie ne demanderait pas de gros changements d’inclinaisons de voiles puisque le vent soufflant dans les terres n’était pas aussi violent qu’en mer. C’était une idée complètement folle mais qui valait le coup d’essayer, alors elle approuva la proposition d’un signe de tête avant de déclarer :
« Par tous les dieux Tankred, t’es aussi fou qu’un lièvre de Mars ! Mais c’est jouable, on va faire comme ça »
Si le vent ne serait pas un souci, le fleuve était sans aucun doute très sinueux jusqu’à la baie et puisqu’elle était grande spécialiste en navigation elle préférait laisser à Tankred le poste de capitaine le temps de ramener le bâtiment au port pendant les nombreux kilomètres. Mais le moment n’était pas encore venu de réfléchir à qui prendrait la barre ou qui s’occuperait d’affaler la grand’ voile. Puisqu’ils étaient d’accord sur la suite, il leur fallait donc sortir de leur cachette et se faire passer pour des voleurs. Anne laissa Tankred sortir en premier le temps de dissimuler le fait qu’elle soit une femme au risque d’attirer les mauvais regards. Elle attacha ses cheveux roux, les dissimulant sous son chapeau, elle recouvrit son nez d’un morceau de tissu qu’elle noua à sa nuque et retira la ceinture qui centrait sa longue veste à la taille dans des gestes trahissant l’habitude. Durant de longues années elle avait œuvré en piraterie en se faisant passer pour Adam Bonny, le petit frère de James et depuis qu’elle s’était révélée, elle ne pensait pas un jour devoir se travestir de nouveau pour ne pas attirer les soupçons. Ce n’était pas un réel problème, c’était vite réglé et la jeune femme attendit que Tankred passe les voleurs. Il était sorti de nulle part, les voleurs observèrent le viking s’éloigner avec des regards inquisiteurs, Anne profita de leur inattention pour se précipiter vers eux et planter ses deux sabres dans leurs dos. Le bruit de la chair se déchirant sous ses lames ne fit pas d’écho, Anne s’empressa donc de les jeter à l’eau pour cacher les preuves et rejoignit Tankred. Elle marchait derrière lui, emboitant le pas dans ce couloir qui menait à une salle d’où ils devaient récupérer les trésors. Ils croisèrent d’autres voleurs qui grâce aux dieux ne leur prêtèrent pas attention. Son cœur cognait dans sa poitrine, l’adrénaline déjà faisait son effet sur ses pulsions meurtrières qu’elle tentait de calmer. La jeune femme veillait à adopter une démarche plus nonchalante, plus masculine.
Arrivant dans cette salle, découvrant qu’ils avaient déjà presque tout vidé, ils comprirent tous deux qu’il leur fallait agir vite. Tankred proposa donc un plan d’attaque qui leur fallait détailler pour être certains que tout se passe bien. Quand au fait de tous les butter ou les enfermer, ces deux perspectives là lui plaisaient car les imaginer s’entretuer pour se dévorer les bras et les cuisses comme des bêtes enragés était amusant. Ainsi ils auraient payé le prix de leur malice. Mais il fallait surtout penser pratique, elle n’avait pas eu le temps de les compter mais à s’en mettre la main à couper ils devaient être une trentaine à déambuler dans les couloirs, dans la grotte et sur le navire. Malgré qu’ils soient en nombre inférieur, ils avaient certains avantages dont il fallait user avec intelligence pour qu’ils ne se fassent pas tuer. Il n’y avait en aucun cas de droit à l’erreur pour l’un ou l’autre, même une blessure pouvait tout faire foirer. Anne essayait de réfléchir assez vite, se souvenant d’abord de ce qu’il avait dit plus tôt concernant l’attitude de ces voleurs et vint très vite à trouver une idée : puisqu’ils ne se connaissaient pas tous, ils allaient devoir jouer là-dessus.
« Faudrait qu’on sème la pagaille et leur faire croire qu’on est pas qu’deux mais qu’certains d’entre eux sont avec nous ou qu’il y ait des traitres parmi eux. »
Un petit peu de comédie et de tricherie était toujours ce qui pimentait le jeu, d’autant plus que le butin qui les attendait semblait bien plus conséquent que ce qu’ils étaient venus chercher : A priori il y avait les fonds de cale de leurs deux navires mais il devait y avoir ceux d’autres navires. La victoire n’en serait donc que plus sympathique.
« Comme ça on les verra quand même s’entretuer si on fait ça vite et bien. » Ajouta t-elle avec un large sourire malsain
C’était un plan qui pouvait fonctionner, toutefois il leur fallait bien plus de ruse pour que tout aille dans leur sens et Anne songeait qu’il leur faudrait jouer sur deux terrains différents afin créer une atmosphère de panique et ainsi, qu’ils ne sachent pas où se trouve le véritable problème. Cela leur serait utile à tous les deux bien qu’ils soient séparés durant un laps de temps.
« Occupe toi d’ceux qui sont sur l’navire, j’vais m’faire un plaisir de rendre visite aux autres et j’te rejoins.» Proposa Anne.
Sur ces mots, Anne laissa Tankred aller vers le navire, lui accordant sa confiance pendant qu’elle empruntait un autre couloir afin d’aller dénicher d’autres voleurs. Elle arriva, menaçante mais toujours sous les traits d’un homme, dégaina son pistolet lorsqu’elle fut près d’un groupe.
« Attention !!! » Hurla t-elle.
Appuyant sur la gâchette, la balle vint se loger dans le front de l’un d’ente eux qui tomba raide mort.
« Ces trois là ils sont avec lui !!! » Fit-elle en désignant trois hommes au hasard.
Sous l’incompréhension, les esprits s’échauffèrent rapidement et tous sortirent leurs armes pour se battre. Le plan commençait bien de son côté, Anne n’avait qu’à passer derrière sans trop se fatiguer puisqu’ils faisaient déjà tout le travail. Elle se contentait de donner des coups de sabre pour se débarrasser des hommes en passant près d’eux. Huit corps étalés sur le sol froid de la grotte, Anne les enjambait avec un sourire satisfait avant de continuer sa route pour trouver d’autres hommes. Elle se mit à courir en croisant deux hommes en train de refermer des caisses.
« Dépêchez vous !! Ils partent avec le trésor !! Ils sont en train de le voler !! » « Quoi ?! »
Anne continua de courir, jusqu’à ce que le couloir mène dans cette vaste salle où était amarré le navire.
« Des traitres !! Tuez-les !!! » Fit elle en pointant du doigt un groupe d’hommes.
Les coups de feu s’échangèrent rapidement, plongeant la grotte dans un concert assourdissant mais qui était utile pour les deux pirates infiltrés pour faire leurs affaires. Anne en tout cas de son côté en profitait pour les tuer un par un tout en esquivant les coups. Les cadavres tombaient, dans l’incompréhension de la situation, elle aidait des pirates pour leur faire croire qu’elle était de leur côté puis ne se gênait pas ensuite pour les tuer. Après cela elle rejoindrait Tankred pour comemncer à faire bouger le navire.
« Faudrait qu’on sème la pagaille et leur faire croire qu’on est pas qu’deux mais qu’certains d’entre eux sont avec nous ou qu’il y ait des traitres parmi eux… Comme ça on les verra quand même s’entretuer si on fait ça vite et bien. » Pas bête. C’est même très ingénieux comme idée. Pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé plus tôt ? Même si l’idée de me battre est alléchante, les laisser s’entretuer risque de nous avantager puisqu’ils sont plus nombreux et ensuite, éliminer les derniers sera un jeu d’enfant. J’étire un sourire après le sien, approuvant ce qu’elle vient de dire d’un mouvement de tête. « Occupe toi d’ceux qui sont sur l’navire, j’vais m’faire un plaisir de rendre visite aux autres et j’te rejoins. » « Bien m’dame ! » Je m’esclaffe tout en l’observant s’éloigner tandis que j’avance vers le navire qu’ils sont en train de charger. À première vue, ils doivent être une dizaine, mais il y en a peut-être aussi dans le pont inférieur. Je vais devoir être fin, ce qui n’est pas l’une de mes plus grandes qualités. En général, je fonce dans le tas sans réfléchir, mais… si j’agis comme ça, il va y avoir une balle perdue. Je grimpe sur le pont, surprenant deux hommes en train de ficeler un canon au bastingage. L’un des deux me reluque, légèrement suspicieux, et j’étire un sourire : « On m’dit qu’y’a b’soin d’bras ici ? » « C’est pas de refus… » Je m’approche, aidant le moins méfiant des deux tandis que l’autre pose une main sur son pistolet. Il doit sentir la menace venir alors, j’en profite qu’il s’éloigne pour murmurer à l’autre : « J’le trouve vach’ment bizarre l’aut’… pas toi ? R’garde, on dirait qu’il va n’tuer quand on aura fini… » Il lève le regard et mire dans la direction du voleur avant de continuer sa besogne tout en approuvant mes propos. Quand on a terminé avec le premier canon, le voleur s’approche et me demande d’où je viens : « D’ici et d’ailleurs, pou’quoi ? Qu’est-ce qu’tu l’veux ? Et qu’est-ce qu’t’a à t’nir ton arme com’ ça ? » Il s’emporte, m’accusant d’être un intrus et il essaye de convertir son acolyte que j’ai déjà travaillé. « Lâche ton flingue Marcel ! »« Non ! C’est un pirate, regarde-le ! Tuons-le ! » « Moi un pirate ? Tu t’es r’gardé ? J’ai même pas d’pistolet moi ! » Il dégaine et me pointe, mais l’autre tire le premier. Je tourne la tête vers lui en le remerciant et il étire un sourire. Des coups de feu résonnent dans la grotte et il fronce des sourcils. « J’crois qu’y’a des taupes ! » Il hoche de la tête, il n’a pas l’air surpris ce qui doit être monnaie courante entre voleurs. « On va s’tirer ! » J’approuve, le contournant avant de le soulever par le cou. Je le désarme avant qu’il ne me tire dessus et il me regarde, les yeux exorbités par son manque de souffle : « On s’tire mais t’viens pas avec nous ! » Ni une ni deux, je le retourne, mon bras autour de sa gorge tandis que d’un mouvement, je lui brise la nuque. Son corps retombe mollement sur le sol, je sors mes haches de mon dos avant de descendre dans le pont inférieur pour m’occuper de ceux qui sont là.
Le visage couvert de sang – ainsi qu’une partie de mes vêtements -, je remonte pour aller préparer le navire à lever l’ancre. Les coups de feu sont nombreux à résonner dans la grotte, j’espère que c’est signe de victoire et qu’Anne reviendra avec les derniers coffres de trésor. Il ne reste plus qu’à lever l’ancre quand je descends sur la rive en attendant la tigresse. Deux hommes arrivent en courant et quand ils arrivent devant moi, ils pointent dans leur dos : « On s’est fait infiltrer ! Vite, on s’barre ! » Je remue de la tête, mes yeux de glace ressortant avec la couche de sang qui recouvre mon visage. Je les mire avec cette lueur de folie qui m’habite parfois… quand Anne déboule, les corps démembrés des voleurs gisent ci et là, devant moi. Je soulève un coffre pour le monter sur le navire : « T’as trouvé l’minus ? » Je soupire face à sa réponse. Il ne doit pas être bien loin. « J’veux pas partir d’ici sans l’avoir buté c’t’enflure ! »