Sur le coup, cela m’avait semblé être une très bonne idée. Maintenant, en y réfléchissant bien, peut-être que j’ai fait une erreur. Qu’est-ce qui va se passer s’il refuse ? Pire encore, qu’il souhaite démentir ce que j’ai dis et ce, devant toute la tribu ? Non seulement Set va savoir que j’ai menti, mais sans doute qu’il va analyser et comprendre qu’il est le père. Que je l’ai mené en bateau et il pourrait exiger avoir mon enfant à sa naissance. Cela est déjà arrivé, une maman incapable de pouvoir élever son enfant à cause de ses facultés mentales et c’est le père qui en a hérité. Mais je ne suis pas comme elle, je n’ai pas abusé des plantes à fumer et j’ai encore tout mon esprit. Je suis simplement une femme blessée. Avec un cœur brisé. On peut comprendre ça ? Je suis sûre d’avoir toutes les Indiennes de mon côté et sûrement Kâchinâ… Peut-être que je devrais aller en informer notre Chef pour assurer mes arrières ? Pourquoi est-ce que je pense ainsi ? Je fais référence à Set, ce n’est pas un homme mauvais, bien au contraire. Il ne fera jamais ça, il est trop bon. Je m’arrête, observant de loin l’habitation avec un pli entre les sourcils. Pourquoi est-ce que j’ai si peur ? Pas de l’homme, plutôt de ce qu’il va dire et faire après. S’il refuse, je suis vraiment dans la panade. Il y a bien la solution de quitter mon clan, ma tribu pour avoir une vie dans la cité ou ailleurs. Mais je tiens trop à mes racines et origines pour ça. Et qu’elle est mon crime ? Cacher la paternité d’un homme ? Dois-je pour autant me faire fuyarde ? Non ! « Lila ! » Je me retourne vers Mackh, un sourire sur les lèvres. Il vient me faire une étreinte avant de baisser les yeux sur mon ventre beaucoup plus visible qu’avant. Plusieurs mois déjà, j’approche doucement de la fin de cette grossesse et pourtant, j’aimerai que ça dure des années. Cet enfant est à l’abri, en mon sein, l’extérieur ne lui apportera que des ennuis. « Tu vas voir Akecheta ?! » Je remue de la tête et nous conversons quelques instants, puis je l’abandonne pour aller me présenter devant chez Liwanu. J’inspire, soupire avant de rouler des yeux. Il me connait, pourquoi j’angoisse ainsi ? Au pire, il se contentera de râler, bougonner et de me demander d’aller réparer ça.
Je le trouve en train de sculpter un morceau de bois. J’étire un sourire, mirant son profil un instant avant de me racler la gorge pour signaler ma présence. « Liwanu ! » Je fais un mouvement de main pour qu’il ne se dérange pas et je m’assois près de lui. Je fais comme chez moi, passant une main sur mon ventre avec un soupir. « Il faut que je te parle. » Je grimace légèrement en croisant son regard. Certainement qu’il a dû sentir à mon intonation que ce n’était pas quelques paroles anodines. La dernière fois, j’étais en larme - à cause de Set - mais cette fois-ci, c’est plus sérieux. Je soupire, passant une main dans mes boucles : « Bon tu sais que Set ne veut pas de moi, enfin qu’il… » Je grimace. « Je ne vais pas revenir dessus, mais j’ai peut-être trouvé une solution pour être certaine qu’il est indifférent à moi. Je me suis dit que je pourrais tester cette jalousie qu’il a souvent et… enfin, avec cet enfant. » Je rougis légèrement, ce n’est pas facile à dire, vraiment pas. « Je ne vais pas tourner autour du pot. J’ai dit à Set que tu étais le père de mon enfant et que… on allait s’unir tous les deux. » Et voilà. Il y a d’autres manières pour annoncer les choses, certes, mais quand Set est dans la conversation, je n’aime pas laisser des blancs et traîner. « Je sais, je t’en demande beaucoup. Mais j’aimerai vraiment que tu joues le jeu, s’il te plait Liwanu. C’est important, j’ai besoin de savoir si j’étais juste un corps pour lui ou si derrière cette jalousie, se cachent des sentiments. » Je lève des épaules : « De toute façon, certains pensaient déjà que nous avions une histoire intime ensemble, comme je viens souvent ici alors ça ne surprendra personne… » Je n’ai pas affronté son regard encore, je ne sais même pas qu’elle expression il a, alors, je lève les yeux en faisant une moue suppliante, juste au cas où.
Cette nuit perpétuelle commençait à faire perdre la tête à pas mal de gens. Moi y compris, même si extérieurement ça me rendait simplement plus bougon et grognon que d’habitude. Ça ne m’empêchait pas d’être là pour ceux qui auraient besoin de mon aide au sein du camp. Pour les enfants, s’ils voulaient se divertir un peu en toute sécurité ; ou Kâchinâ, si elle voulait quelques conseils ou simplement être avec quelqu’un qui la soutienne dans son rôle. Allez savoir. En attendant, je m’occupais de dépecer les animaux que les autres chasseurs avaient ramenés de leur dernière chasse, pour traiter plus tard des peaux. Enfin, je disais plus tard, mais au final, je l’ai fait dans la foulée, une fois qu’ils avaient repris les carcasses pour utiliser ce que l’on pouvait encore utiliser. Après avoir fini de nettoyer les peaux et les avoir tendues pour qu’elles sèchent, je retournais dans mon tipi, dans l’intention de rester un peu tranquille. Je n’étais pas un paria, loin de là, mais il est vrai que depuis la mort de ma femme, j’avais l’air encore moins aimable qu’avant, ce qui en déroute beaucoup. Pas tous, il est vrai. Les exemples criant étaient les enfants, et Ma’Lila. Il faut dire pour la dernière, qu’elle m’avait vu au plus mal, cinq ans plus tôt et était pourtant restée, compatissante plus qu’effrayée…
Tiens, quand on parle du loup…ou de la louve plutôt. J’entends quelqu’un se racler la gorge et je relève brusquement la tête de mon petit bout de bois que je gravais, pour la voir. J’allais me lever pour l’accueillir mais son signe de main m’incite à rester là où je suis alors je le fais. Pour l’instant, je n’ai lâché ni mon couteau, ni mon bout de bois. Je l’observe et quand elle me dit devoir me parler je comprends tout de suite que c’est à propos du bébé. Comment je le devine ? Elle caresse son ventre. Elle le fait uniquement lorsqu’elle pense ou parle de son enfant à naître. Ou bien à Set, ou les deux. Mais tout étant irrémédiablement lié, il n’est pas difficile de savoir le sujet. Je pose alors ce que j’ai dans les mains plus loin et me tourne plus amplement vers elle, l’air de dire « je t’écoutes ». Parce que même en sachant le sujet général de la discussion, je n’en sais pas plus et je suis intrigué. Si elle considère qu’il faut m’en parler c’est que c’est d’une certaine importance, alors je l’écoute.
Quand elle en arrive à m’expliquer sa petite combine, j’en reste figé de surprise. Je ne l’avais pas vu venir celle-là…Qu’encore elle fasse comme s’il y avait quelque chose entre nous, je pouvais l’envisager ; elle soulignait très bien le fait que d’autres dans la tribu supposaient cette même hypothèse donc…Mais de là à me faire passer pour le père du bébé. Il me fallut une bonne minute pour que mon cerveau enregistre ce qu’elle venait de me dire et ne se reconnecte avec la situation présente, à savoir : qu’elle voulait avoir une réponse de ma part. Je me secoue un peu pour reprendre contenance et repose mon regard plus clairement sur elle…Pour tomber sur sa petite moue suppliante. Je lâche un soupir. Cette gamine me connaît beaucoup trop bien pour que je puisse dire autre chose que oui. Cependant, je n’allais pas le lui dire aussi vite. Oh non.
"Et si jamais il n’a effectivement pas de sentiments pour toi ? Que comptes-tu faire ?"
Remarquez que je n’ai pas dit non. Honnêtement, ça me changerait de la routine habituelle et si je peux faire rentrer un peu de plomb dans la tête de Quachegan tout en aidant Ma’Lila, je n’allais pas m’en passer. Cependant, Lila avait tendance à être très spontanée sans forcément à réfléchir jusqu’au bout des choses. Car il fallait considérer plusieurs angles. Celui que je viens de citer et…
"Ou le cas contraire ; s’il éprouve quelque chose pour toi mais ne se sent prêt à assumer une paternité ou même simplement une relation ? Ou qu’il refuse cette union en prétextant t’aimer ?" finissant par un soupire, je pose une main sur son épaule, présent, rassurant "Ma’Lila…Il faut que tu sois sûre de toi. Car il ne s’agit pas seulement de toi dans cette histoire. Il s’agit aussi de ton enfant. Je ne m’inquiète pas pour moi, peu son ceux qui oseraient se moquer de mon cas" un sourire féroce s’installe sur mon visage à l’idée que quelqu’un ne se moque de moi ; il comprendrait sa douleur "Mais je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose à toi ou ton enfant."
Je me considérais plus comme un père avec elle qu’un ami ou un frère. Je souhaitais la protéger et même si je ne le disais pas en cet instant je savais que quoi qu’elle choisisse, je serais là, à ses côtés et je ferais en sorte que tout aille bien pour elle et son enfant. Quand bien même dû-je me battre contre les miens pour cela.
Aucune colère, pas de crise en vue. A priori, il semble bien prendre la nouvelle. Liwanu est… comment dire… assez imprévisible et du coup, même si j’aime beaucoup cet homme, je craignais un peu sa réaction. "Et si jamais il n’a effectivement pas de sentiments pour toi ? Que comptes-tu faire ?" Je grimace. Je n’y ai pas réfléchi, mais je ne veux pas faire passer Liwanu comme un monstre si je viens à dire qu’il abandonne sa paternité, ni faire croire à une « rupture » de notre fausse union. Donc, je pense que si Set ne possède aucun sentiment pour moi, je dirais la vérité. Je dirais que j’ai menti, simplement pour savoir s’il m’aimait ou pas. Je dirais que Liwanu n’est pas le père, mais par orgueil et aussi, je pense, par souffrance, je ne lui dirai pas qu’il l’est. Ça non ! "Ou le cas contraire ; s’il éprouve quelque chose pour toi, mais ne se sent prêt à assumer une paternité ou même simplement une relation ? Ou qu’il refuse cette union en prétextant t’aimer ?" Comment une simple idée peut-elle se transformer en torture mentale ? J’ai été stupide, j’ai agi sans réfléchir et voilà qu’il me révèle toutes les possibilités. Mes mirettes glissent vers sa main qu’il pose sur mon épaule avec une énième grimace : "Ma’Lila…Il faut que tu sois sûre de toi. Car il ne s’agit pas seulement de toi dans cette histoire. Il s’agit aussi de ton enfant. Je ne m’inquiète pas pour moi, peu son ceux qui oseraient se moquer de mon cas" Je remue de la tête, parfaitement consciente que je ne suis pas toute seule. Il y a cette petite chose qui grandit en mon sein et qui subira tôt ou tard, les répercussions de mes actes. "Mais je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose à toi ou ton enfant." Mes lèvres s’étirent lorsque je remonte mes yeux vers les siens. « Je suis perdue Liwanu… » Je soupire avant de me loger contre son torse, mes bras autour de sa nuque dans une étreinte que je force parce que j’en ai besoin.
« Je pense que s’il ne ressent rien pour moi, alors je dirais la vérité. Enfin, presque toute la vérité. C’est égoïste, mais s’il ne veut pas de moi, alors il ne mérite pas cet enfant. Je lui dirais toute la vérité, excepté sa paternité. Et… s’il m’aime, mais qu’il n’assume pas, alors ce sera exactement la même chose. Je ne veux pas être une victime dans cette histoire et me faire du mal inutilement. Mon enfant vivra très bien, avec ou sans père. » Je n’ai jamais été une fille faible mentalement – physiquement, c’est une autre histoire – et je ne vais pas commencer aujourd’hui. Je me moque bien de tous les cancans qui suivront, des doigts qui se pointeront dans ma direction. J’aime un homme qui soit ne m’aime pas, soit est incapable de vivre ce que j’ai envie de partager. Je m’écarte de Liwanu pour mirer son visage, ses yeux sombres avant d’étirer un sourire. « Quoi qu’il se passe, je ferai en sorte que tu ne souffres pas de cette histoire. C’est moi qui t’embarque dans mes bêtises, alors, tu ne subiras pas tout ça. Je rétablirai vite la vérité, je te le promets. Alors… » De nouveau cette petite moue suppliante : « Acceptes-tu de jouer ce rôle ? »
A ses grimaces, je comprends qu’elle n’a pas réfléchit complètement à ce que ce mensonge et cette mascarade impliquait. Elle est encore bien jeune et impulsive, c’est aussi ce qui fait son charme, je dois bien l’admettre. Cette vie et cette passion pour ce qu’elle fait, cette fierté de ce qu’elle est sans compromis, qu’on la juge en bien ou en mal, du moment qu’elle peut vivre sa vie, cet amour et cette compassion sans borne…Tout cela fait notre Ma’Lila qui elle est et pour rien au monde je ne souhaiterais qu’elle change. Si elle venait à se transformer du tout au tout, je pense que la tribu y perdrait au change, sincèrement.
Je ne m’attendais pas à cette étreinte, mais je ne la repousse pas. Je passe au contraire un bras dans son dos, ma main allant passer sur sa nuque de façon rassurante. Elle a peur et ça se comprend. Avoir un enfant, que l’on soit marié ou non, seule ou non, est toujours une épreuve pour une femme. Une que beaucoup attendent avec une grande impatience, mais qui fait toujours un peu peur, aussi informée soit-on (comme l’est la jeune femme auprès de moi, elle est guérisseuse après tout). De toute façon, pourquoi je la repousserais ? Elle est celle qui m’a aidé à aller mieux après le décès de ma femme, celle qui m’a écoutée sans broncher et qui m’a donné de précieux conseils, croyez-le ou non. Il est temps que je lui rende la pareille. Je ne vois pas l’aider comme le remboursement d’une dette cependant. Je me suis attaché à cette gamine et je ne veux que son bonheur, c’est tout.
Le silence s’étire entre nous pendant un instant, mais il n’est pas lourd. C’est un silence nécessaire, le temps qu’elle ou moi ne trouvions quoi dire par la suite. C’est elle qui, finalement, reprend la parole. Elle tente de me donner des réponses et je l’admire pour cela. Tout comme j’admire sa détermination à élever cet enfant seule si Quachegan ne se réveillait pas ou était trop couard pour aider la femme qui porte son enfant. Puis elle finit et le resserre brièvement mon étreinte sur elle.
"Ne t’en fais pas pour moi, Ma’Lila, j’ai déjà une réputation bien formée d’ours mal léché. Ils ne pourront rien me dire de pire que ce qu’ils font déjà."
Ce qui était vrai, après tout. J’étais respecté pour mes savoir-faire et le fait que je sois loin d’être idiot en termes de stratégie, mais depuis que Kâchinâ était devenue chef de la tribu et que je la soutenais, beaucoup ne m’appréciaient pas des masses à cet égard. Certains me pensaient opportuniste et que je cherchais à me rapprocher d’elle en vue de devenir chef plus tard. Quelle sottise ! Conspirer pour prendre la place du chef est bon pour ceux qui ont encore toute une vie devant eux, moi, je suis presque à la moitié de la mienne, je n’ai plus l’âge pour ces sornettes. Mais je me fiche bien de ce que disent les autres. Je sais ce que je suis, qui je suis et ce ne sont pas des racontars mal dans leur peau qui me feront regretter qui je suis.
"Je vais t’aider. Tu en doutais ?" j’affiche un sourire amusé "Si ça peut mettre un peu de plomb dans la cervelle de Quachegan, je ne vais pas dire non. Mais dans tous les cas, qu’il ressente quelque chose pour toi ou non, tu sais que je serais toujours là. Si jamais il advient que tu doives élever cet enfant seule, tu sais que je t’aiderais aussi, quoi qu’il arrive ?" Je la serre une dernière fois contre moi et me lève, allant chercher de l’eau pour la lui tendre "Tiens, ça te fera du bien."
Je la laisse tranquille quelques instants, en profitant pour ranger le bout de bois et le couteau que j’avais sorti avant son arrivée.
"Alors, comment procède-t-on ? Je t’écoute."
Je me rassois à ses côté, les jambes en tailleur et mes coudes appuyés sur mes genoux.
« Ne t’en fais pas pour moi, Ma’Lila, j’ai déjà une réputation bien formée d’ours mal léché. Ils ne pourront rien me dire de pire que ce qu’ils font déjà. » Qu’ils disent ce qu’ils veulent, de toute manière, il en faut peu pour que les langues se délient. Si ça se trouve, ils parleront de Liwanu et de moi, à cause de mon enfant sans père. Finalement, nous faisons une belle équipe avec mon père de cœur. Je ferme les yeux dans son étreinte, j’ai eu envie à de si nombreuses reprises qu’un homme me sert ainsi contre lui durant cette grossesse. Mis à part mon père de sang et mon père de cœur, je n’avais personne à qui attribuer ce rôle. Peut-être que je serais la folle du village, la guérisseuse qui vit seule, sans homme. Viendra un jour où je vais être trop vieille pour enfanter, trop vieille pour me marier… alors, ma vie sera détruite à cause de Quachegan. Ô si j’en arrive là, il payera ! « Je vais t’aider. Tu en doutais ? » Je lève mon visage vers le sien, un sourire sur les lèvres. J’en doutais, pas vraiment, mais il aurait pu refuser, c’était son droit. Et je n’aurais pas insisté, parce que c’est un rôle que je lui demande de jouer, pas seulement en coulisse, mais sur le devant de la scène. « Si ça peut mettre un peu de plomb dans la cervelle de Quachegan, je ne vais pas dire non. Mais dans tous les cas, qu’il ressente quelque chose pour toi ou non, tu sais que je serais toujours là. Si jamais il advient que tu doives élever cet enfant seule, tu sais que je t’aiderais aussi, quoi qu’il arrive ? » Je remue de la tête, me blottissant une nouvelle fois contre lui lorsque son étreinte se ressert. Il s’écarte pour me donner de l’eau et je le remercie dans un murmure, buvant une bonne gorgée qui effectivement, me fait un bien fou. Les mois sont longs, surtout lorsqu’on est plus lourde et encombrée comme je le suis. Ma mère m’avait prévenu, qu’au départ je serais heureuse de le porter cet enfant, mais qu’à la fin, je n’aurais qu’une seule halte, qu’il sorte et vite. Je commence déjà à ressentir le revers de l’émerveillement. « Alors, comment procède-t-on ? Je t’écoute. » Je tourne mes yeux clairs vers les siens, un sourire sur le visage.
« À vrai dire, je n’ai que peu pensé à la mise en pratique de mon mensonge. Je pense que, pour parfaire à ce que j’ai dit, nous devrions jouer le jeu. Tu es le père de mon enfant et mon futur époux, alors… quand il y a du monde, on devra faire comme si… » Je fronce légèrement des sourcils. « Si tu t’inquiètes de ce que mes parents vont penser en te voyant m’étreindre ou.. M’embrasser si besoin, je les ai déjà avertis. Comme tu les connais, mon père a levé les yeux au ciel et ma mère m’a soutenu. » J’étire un sourire. L’idée que je cache la paternité d’un homme n’est pas très acceptable pour mon père, mais il réagit en Homme. Pas en père. Ma mère elle, aurait fait pareil et je pense qu’elle a longuement parlé avec mon père après mon départ. Elle a dû lui faire comprendre pourquoi j’agissais ainsi et pourquoi ça semblait la meilleure solution pour moi. Peut-être comprendra-t-il mon choix un jour ? En attendant, lui aussi m’a promis d’être présent pour m’aider avec l’enfant à venir. « Set a toujours été jaloux avec les autres garçons, même quand ça n’était que des amis. Je ne sais pas si cette jalousie cache quelque chose ou s’il est ainsi parce que nous sommes proches depuis si longtemps. Il est protecteur avec ses sœurs, peut-être l’est-il avec moi aussi ? Donc, s’il nous voit tous les deux, vu sa réaction quand il l’a appris… Je pense qu’il viendra te parler, peut-être même te défier ? Je ne pense pas qu’on en arrivera jusque-là, mais s’il veut te défier, n’est-ce pas une preuve de ses sentiments ? C’est ce que fait un Indien qui veut obtenir une femme, il défie son adversaire… » Je ne tiens pas à ce que l’un ou l’autre se tue dans un duel, ni ne se blesse. Je me prends la tête en soupirant : « Je fais une grosse erreur, n’est-ce pas ? Je sens que cette histoire va mal finir. Peut-être que ça serait plus simple de déserter la tribu ? Quitte à briser mon cœur d’abandonner mes racines, mais ça éviterait des tensions, des problèmes entre les familles. Mon père s’en mêlera si ça tourne mal, donc forcément, le père de Set aussi. Je vois d’ici les problèmes arriver… »
Qu'elle n'ait pas réfléchi à la mise en oeuvre de son idée ne m'étonne pas. Ma'Lila est une fille intelligente, mais qui agit aussi beaucoup par impulsion et sans toujours réfléchir aux conséquences de ses actions. Elle est encore jeune cependant, beaucoup de jeunes de notre tribu sont doué d'une impulsivité flagrante qui se calme avec l'âge. Personnellement, j'ai plus de 40 printemps et j'ai encore des réactions pas forcément réfléchies. Sans compter que la grossesse lui demande beaucoup, physiquement et mentalement, alors ça ne m'étonne pas. Cependant, elle essaie, encore et toujours, et c'est pour cette détermination que j'ai toujours admiré chez elle. Je retiens un sourire amusé en la voyant cherché des réponses et me contente de hocher la tête quand elle me parle de la réaction de ses parents. Je me doute que son père n'est pas heureux avec ce stratagème, fier Unami qu'il est, mais il aime bien trop sa famille pour s'y opposer vraiment. Je pense que le fait qu'elle me cite moi comme son paternaire prétendu les rassure aussi. Les rumeurs iront bon trains, mais ils savent que jamais je ne ferais de mal à Ma'Lila.
Je continue à l'écouter, sagement, et rapidement, mon envie de rire s'efface, laissant place à une idée horrifiante, celle qu'elle pourrait quitter la tribu définitivement en cas d'échec de son plan. Il n'en n'était pas question. Quelle ait ou non un mari, Ma'Lila était une membre de la tribu, une importante qui plus est, puisqu'elle en est la guérisseuse principale. Bien sûr, si elle décidait vraiment de partir, sa mère reprendrait le flambeau. Mais il n'était pas question que la jeune guérisseuse ne parte à cause de cet idiot fini de Quachegan. Je me rappeoche un peu d'elle sur le lit et prend ses mains dans les miennes, le visage serieux et les sourcils froncés.
"Il en est hors de question Ma'Lila. À moins que la chef ne t'exile, ce dont je doute fort, tu n'as pas à quitter la tribu! Surtout pas à cause de Quachegan. Je sais que perdre un amour fait mal, crois-moi je le sais." Ils avaient tous vu ma propre descente en enfer "Mais s'il ne voit pas le cadeau que tu lui fais ni n'est assez dégourdi pour assumer ce qu'il pourrait ressentir pour toi, alors tant pis pour lui. Tu n'as pas à être celle à blâmer" cela pouvait paraître étrange comme avis pour un homme, surtout chez nous. Mais Ma'Lila était une personne importante pour moi et je refusais qu'elle envisage de quitter la tribu à cause de cet idiot. Je poussais un soupir, avant de reprendre la parole "S'il vient me défier, il risque d'avoir une drôle de surprise. Promis je ferais en sorte de ne pas l'abîmer..." un léger sourire dangereux prend place sur mon visage "De trop. Mais tu as raison, c'est une preuve, mais si par la suite il trouve une excuse, il sortira encore de cette histoire avec toi laissée sur le côté."
Je n'aimais pas être le pessimiste dans une situation comme celle-ci, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser à cette éventualité. Pour essayer de radoucir l'atmosphère, je pris le parti de lui raco ter quelque chose que peu de gens savent aujourd'hui.
"Tu sais, quand le père ne veut pas donner la main de sa fille à un homme de la tribu, il est possible de le combattre, celui qui verse le premier sang a gagné. Eh bien Kaliska a usé de cette règle...en la détournant un peu. Elle m'a dit 《tu te battras contre moi pour ma main. Si je gagne, tu me laisse tranquille. Si je perds, je considérerai ta proposition》moins traditionnel je ne sais pas si on peut faire..."
"Il en est hors de question Ma'Lila. À moins que la chef ne t'exile, ce dont je doute fort, tu n'as pas à quitter la tribu! Surtout pas à cause de Quachegan. Je sais que perdre un amour fait mal, crois-moi je le sais." Je soupire. Lui mieux que quiconque peut me comprendre et encore, ce n’est pas la mort qui me sépare de Set, simplement nos sentiments. "Mais s'il ne voit pas le cadeau que tu lui fais ni n'est assez dégourdi pour assumer ce qu'il pourrait ressentir pour toi, alors tant pis pour lui. Tu n'as pas à être celle à blâmer" Je remue de la tête. On ne finit toujours pas guérir de l’amour, cela prend du temps. Et puis, cet enfant m’aidera à faire mon deuil de Quachegan. "S'il vient me défier, il risque d'avoir une drôle de surprise. Promis je ferais en sorte de ne pas l'abîmer..." Je souris légèrement en baissant le visage. "De trop. Mais tu as raison, c'est une preuve, mais si par la suite il trouve une excuse, il sortira encore de cette histoire avec toi laissée sur le côté." Je redresse le visage : « Je sais Liwanu. Je sais. Mais je ne ferais plus un pas dans sa direction. S’il te défie et s’il me veut, alors il devra venir en rampant jusqu’à moi pour que j’accepte de nouveau d’être à lui. Et il est fort probable que je le fasse patienter, que je le fasse un peu souffrir comme il le fait avec moi. Je me vengerai, s’il veut revenir à moi… Et s’il ne revient pas, alors tant pis, comme tu dis. Il ne connaîtra jamais sa chair et moi, je continuerai ma propre vie. » Liwanu me raconte une anecdote concernant son propre mariage et je viens poser une main sur les siennes. « Kaliska était tout sauf… une femme ordinaire. Tu me l’as souvent dit. » Je croise son regard avec un sourire. S’il y a bien une chose dont j’ai été témoin, c’est l’amour fou qu’il possédait pour elle. Je n’étais pas une adulte, mais il y a des choses qu’on peut comprendre à tout âge. Je lâche ses mains pour venir caresser mon ventre rond : « Je te remercie Liwanu. J’étais quasiment persuadée que tu ne m’abandonnerais pas, aussi folle soit mon idée. »
Je me redresse et je viens le prendre dans ses bras. « Je ne vais pas tarder à rentrer, je commence à fatiguer. C’est qu’il devient lourd, ce petit. » Je souris légèrement. « Merci encore de m’aider, tu es vraiment un homme formidable. » Je l’étreins avec force, fermant les yeux un court instant avant de soupirer : « Prêt à commencer notre fausse relation ?! » Je souris en m’éloignant doucement de son habitation. J’imagine déjà les réactions, bien que… ce ne soit pas un crime. De nombreux Indiens prennent des femmes plus jeunes. Le plus choquant, c’est ma condition de femme enceinte avant notre union certes, mais qu’importe. Mes parents m’acceptent, ils ne me repoussent pas et… j’entretiens une bonne relation avec Kââ. Je ne pense pas que ma position dans la tribu soit bancale. Du moins, je l’espère.
Spoiler:
hj : j'ai clôturé de mon côté, j'espère que ça te convient ? Merci pour ce super rp