Pourquoi avais-je emmené Rosasharn jusqu’ici ? Je n’en avais pas la moindre idée, cela m’était venu à l’esprit quand je repensais à ce que m’avait dit la jeune femme… elle voulait connaitre chaque coin de l’île, et surtout mes préférés. Ce pommier était de loin, le lieu qui me tenait le plus à cœur. Mais, je réalisais qu’en venant ici – il y avait trop de souvenir. Les émotions me submergeaient, et la présence de Rosa n’arrangeait rien. J’étais fou d’elle, comme si la foudre m’avait frappé en plein cœur, le jour où je l’ai rencontré… mais rien de cela n’était réciproque, du moins c’est ce que ma raison tentait de me faire croire. Je ne sais pas si elle se comportait ainsi avec tout le monde, mais ses gestes étaient si tendre, si affectueux envers moi. Quel homme pourrait résister à tant de compassion et de douceur ?
Lorsque je lui avouais être tombé amoureux d’une femme, elle semblait heureuse pour moi. Seulement, cette femme c’était elle… et ça, je ne pouvais pas lui avouer car elle était fiancée à un autre homme. Je n’étais pas un briseur de couple, pourtant, si Rosasharn me choisissait, je serais le plus heureux des hommes. Nous étions face à face, mon regard cherchait le sien, et à la fois, le fuyait. Je luttais intérieurement pour rester à ma place, et ne pas faire le faux pas qui détruirait notre « amitié ». Je décidais qu’il était temps de rentrer, avant que je craque et que je le regrette. Je lui tournais le dos, et commença à marcher en direction de nos chevaux. La tête baissée, je tentais de me convaincre que je faisais le bon choix… qu’il valait mieux fuir. Puis le souvenir d’Adélaïde me revient en mémoire, je ne m’étais pas battu pour elle… j’aurais du revenir et lui dire que je l’aimais. Les mots de Rosasharn résonnaient en moi, l’écho de sa voix qui me disait que j’avais le droit à l’amour, que je devais foncer. Je m’arrêtais subitement puis fit volte-face. La jolie blonde n’était pas si loin de moi, je m’approchais d’elle, et sans dire un mot, je l’embrassais. Je m’attendais à ce qu’elle me repousse, qu’elle me gifle – même si elle ne semblait pas violente – mais non. Ses mains se posèrent sur mes joues, elles s’enflammèrent à ce contact… mais ses lèvres quittèrent brutalement les miennes. Je m’attendais à ce qu’elle me fasse des reproches, mais au lieu de cela, elle se laissa aller contre mon torse. Instinctivement, mes bras l’entourèrent comme pour la protéger… ou plutôt la retenir… j’avais tellement peur qu’elle parte en courant. Rosasharn releva les yeux vers les miens, elle pleurait. Mon cœur se serra, ô grand jamais, je n’ai voulu qu’elle souffre par ma faute. Elle tenta de parler, même sans faire une phrase complète, je sais ce qu’elle voulait dire. « Tout est de ma faute, je n’aurais pas dû. Je n’ai jamais voulu vous blesser Rosasharn. J’ai été stupide d’agir ainsi, je sais que vous aimez un autre homme. » Ma main toujours poser dans le creux de son dos, de l’autre, j’effaçais les perles lacrymales qui roulaient sur ces joues. Elle reprit la parole pour me questionner, j’étais surpris par la nature de sa question. « Rosa, je suis tombé sous votre charme à la seconde où je vous ai rencontré. Vous étiez ce rayon de soleil dans la nuit noire. Il n’a suffit qu’un regard, un sourire, pour que mon cœur s’enflamme. Je n’ai pas besoin de vous connaitre pour savoir que vous êtes une femme douce et aimante. » Ma main caressa sa joue, sans que mes yeux sombres ne quittent les siens. « Je n’aurais pas dû revenir vers vous, mais vous étiez l’unique objet de mes pensées, j’avais besoin de vous revoir. J’ai été égoïste… mais je ne regrette rien. Je suis sûr de mes sentiments pour vous, et je conçois que c’est une histoire impossible. » Je lâchais son regard quelques instants, pour regarder cet anneau qu’elle portait à son doigt. Je me reculais légèrement pour attraper sa main, et la regarder de nouveau. « Rosasharn, soyez sincère avec moi… S’il n’y avait pas votre fiancé, aurais-je eu ma chance ? » J’avais besoin de connaitre sa pensée, si elle n’avait aucune sentiment pour moi… pourquoi ne m’avait-elle pas repoussé ?
Tout était chamboulé, plus rien n’avait de sens. Rosasharn tentait de se résonner, pourtant rien n’y faisait, elle ne trouvait aucune logique à ce qu’elle venait de faire, à ce qu’il venait de se passer. Magnus s’était jeté sur elle et l’avait embrassé et Rosa, au lieu de le repousser comme elle aurait dû le faire, avait profité de chaque instant de ce baiser. Après s’être laissé aller dans ses bras, la paysanne se sentait maintenant honteuse. Honteuse d’avoir aimé un tel moment avec un homme autre que son fiancé. Que pouvait-il bien lui arriver ? Rosasharn voyait pourtant déjà son avenir tout tracé : se marier avec Edward, vivre heureux jusqu’à la fin de ses jours dans sa ferme et s’en occuper tout le reste de sa vie. Voilà que maintenant, quand elle pensait à son futur, le visage de l’homme avec qui elle partageait sa vie était trouble. Il ressemblait à Magnus, mais la seconde qui suivait, c’était celui d’Edward. Quel tour la vie était-elle en train de lui jouer ?
« Tout est de ma faute, je n’aurais pas dû. Je n’ai jamais voulu vous blesser Rosasharn. J’ai été stupide d’agir ainsi, je sais que vous aimez un autre homme. » Levant les yeux vers celui qui l’enlaçait, Rosasharn ne comprenait pas. Mais elle était encore incapable de parler et la seule chose qu’elle pue faire, était de lui faire non de la tête. Non parce qu’il avait tort ou non parce qu’elle n’aimait pas un autre homme ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle réussit tout de même à lui demander pourquoi il était si fou amoureux d’elle. À aucun moment, elle n’avait eu l’impression de lui donner de fausses idées, et si c’était le cas, elle en était désolée. « Rosa, je suis tombé sous votre charme à la seconde où je vous ai rencontré. Vous étiez ce rayon de soleil dans la nuit noire. Il n’a suffi qu’un regard, un sourire, pour que mon cœur s’enflamme. Je n’ai pas besoin de vous connaitre pour savoir que vous êtes une femme douce et aimante. Je n’aurais pas dû revenir vers vous, mais vous étiez l’unique objet de mes pensées, j’avais besoin de vous revoir. J’ai été égoïste… mais je ne regrette rien. Je suis sûr de mes sentiments pour vous, et je conçois que c’est une histoire impossible. » C’était si dur de le voir triste. Rosasharn s’en voulait qu’il vive une nouvelle fois une histoire d’amour difficile mais elle ne savait pas quoi dire, quoi faire pour lui redonner foi en la vie, foi en l’amour. La petite blonde remarqua que le regard du pirate n’était plus sur elle, mais sur l’anneau qu’elle portait à son annulaire. Son réflexe fut alors de le faire tourner autour de son doigt avec son autre main jusqu’à ce que Magnus l’arrête. « Rosasharn, soyez sincère avec moi… S’il n’y avait pas votre fiancé, aurais-je eu ma chance ? »
Cette question, Rosasharn se l’était déjà posé sans parvenir à trouver une réponse. Elle aime sincèrement son fiancé, elle éprouve pour lui un sentiment fort et pur. Auparavant, elle se réjouissait à l’idée de l’épouser, mais elle ne savait plus si elle le désirait vraiment, depuis sa rencontre avec le pirate. Relevant ses yeux vers l’homme devant elle, Rosasharn cherchait ses mots. « Je... Il est possible... C’est juste que... » Elle prit au final une grande respiration pour enfin réussir à dire ce qu’elle pensait sans être submergée par toute cette émotion. « Oui. Je vous ai apprécié dès notre première rencontre. Depuis, j’ai souvent pensé à vous. J’avais peur qu’il vous arrive quelque chose quand vous étiez en mer et ne pensait qu’à une chose, jour et nuit, au moment où je vous retrouverai. Je crois que jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas vraiment compris ce qu’il m’arrivait… » Rosasharn lui faisait une véritable déclaration d’amour, mais à sa manière. Pourtant, elle se sentait terriblement mal. Un mal qui la rongeait de l’intérieur, qui lui demandait de choisir entre deux hommes. « Mais… Je ne peux pas partir et laisser Edward, je l’aime aussi, on est fiancé et… » La jeune fermière s’était éloignée du pirate et faisait maintenant les quatre cents pas en pensant à haute voix. Sa confusion était telle, que même pour elle, ce qu’elle pouvait dire était insensé. « Et je dois l’épouser. Mais s’il n’était pas fait pour moi . Si j’étais destinée à autre chose . Si vous ? Ou lui ? Mon Dieu que m’arrive-t-il ? » Rosasharn s’effondra de nouveau face à ce mal qui grossissait chaque seconde dans son cœur. L’amour était en train de la tuer.
Ce que je ressens au fond de moi, est bien plus fort que tout ce que j’ai pu vivre avant. J’avais ce besoin d’être près d’elle à chaque instant, de voir son sourire, de plonger mes yeux dans les siens… et à présent, j’ai gouté à ses lèvres, je voudrais l’embrasser, encore et encore. Mais je n’en ai pas le droit, pourquoi faut-il que ma vie se résume à un ensemble d’échec ? Pourquoi faut-il que je sois sous le charme d’une femme fiancée… et qui plus est - aussi attirante soit-elle – douce et attentionné. J’ai ce besoin cruel d’affection en moi, et elle a su réchauffer ce cœur meurtri à la seconde où nous nous sommes rencontrés. Ce premier soir, où tout à changer pour moi, où elle a fait naître un espoir au fond de moi… celui de ne plus être seul. Mais il y avait ce détail, celui où elle avait déjà quelqu’un dans sa vie, dont elle était amoureuse qui plus est… enfin ce détail me chagrinait de plus en plus, au final. Aimait-elle sincèrement son fiancé ? Il m’a semblé comprendre qu’elle a apprécié ce baiser… avant de s’écarter de moi, c’est certain… mais son regard, ses gestes trahissent le fait qu’elle n’est pas insensible. Rosasharn avait beau regretter son geste, son corps prouvait le contraire… le fait qu’elle se blottisse contre moi. Je lui répondais avec le cœur, mes paroles étaient sincères. Je n’ai pas choisi de tomber amoureux d’elle, cela m’est tombé dessus ; et même si j’en souffre, je ne le regrette pas. Le regard sur l’anneau qu’elle porte à l’annulaire, elle joue avec jusqu'à ce que je prenne sa main et lui demande si une histoire aurait pu être possible entre nous… si il n’était pas là.
Rosasharn releva la tête et plongea son regard dans le mien. Elle commença sa phrase, mais s’arrêta. Sans le dire à haute voix, je terminai sa phrase dans ma tête « c’est juste que c’est impossible… » Mais elle prit une inspiration, et continua. Je l’écoutais avec attention, sans la quitter du regard un seul instant. Mon cœur s’emballa à sa déclaration, je ne devrais pas me réjouir d’avoir semé le trouble dans son esprit… mais rien que l’idée qu’elle puisse penser à moi alors que j’étais loin d’elle, me rendait heureux. Je restais muet, la laissant se mettre à nu devant moi, me dire le fond de sa pensée. Je sais que pour elle, c’était difficile d’avouer qu’elle ressentait quelque chose pour moi, alors qu’elle avait quelqu’un dans sa vie, et qu’elle n’avait pas envisagé un autre futur que celui qu’elle avait jusqu’à aujourd’hui. Elle s’éloigna de moi, je la laissais prendre ses distances… je ne voulais en aucun cas m’interposer dans son duel intérieur. « Rosasharn, je ne vous demande pas de faire un choix, loin de moi l’idée de briser votre couple. » Je marquais une pause, laissant mon regard se balader autour de nous… me rappelant le lieu où nous sommes. « Si vous souhaitez que je prenne des distances avec vous, je le ferez. Je ne veux que votre bonheur, et non, voir ces larmes sur vos joues. » Je fis un pas vers elle, sans pour autant briser la distance qu’elle avait mise entre nous. « Je pense que vous avez besoin de faire le point sur vos sentiments. Les miens sont sincères, je peux vous le jurez. » C’était tellement difficile pour moi de la voir pleurer, sans oser la prendre dans mes bras, mais je pense en avoir déjà trop fait… Alors, je me redressais, ravala ma salive et ajouta ces derniers mots. « Un seul mot de votre part, et je prendrais mes distances. Mais je vous en supplie, laisser parler votre cœur… et ne laisser pas les gens vous dire ce qui est bon pour vous, ou non.» Peut être avait-elle peur des commérages, ou que les gens lui tournent le dos, si elle choisissait une autre vie, que celle qu’elle avait choisi.
6e énigme : Embarquons à présent sur la mer tourmentée en compagnie d'une magnifique sirène et d'une enfant perdue. Entre choc des cultures et curiosité de tous les âges, vous découvrirez la 7e pièce du puzzle.
Rosasharn avait été sincère, ou du moins avait tenté d’exprimer ses sentiments le plus clairement possible, mais c’était très compliqué. Ce pirate qui avait fait irruption dans sa vie occupait toutes ses pensées et maintenant qu’elle osait se l’avouer, elle ne savait plus que faire. « Rosasharn, je ne vous demande pas de faire un choix, loin de moi l’idée de briser votre couple. » Les yeux humides de la jeune femme se levèrent vers le brun lorsqu’il prononça ses mots. Certes, il ne lui avait pas demandé de faire un choix, pourtant, elle se devait de le faire. Vis-à-vis d’Edward, de Magnus, mais aussi pour elle. Rosasharn savait qu’après ce qu’il venait de se passer, elle allait devoir choisir. Choisir sa vie, son futur, sa destinée. Il lui semblait pourtant tout tracé il y a encore quelques heures, mais à présent, plus rien n’était clair dans l’esprit de la jeune femme. Elle avait la sensation de s’enfermer dans un piège qu’elle avait elle-même posé, en acceptant de se promener avec Magnus sachant ce qu’elle ressentait… Se livrer à lui aurait dû la libérer, pourtant ses barreaux de prisons ne cessaient de se rapprocher.
« Si vous souhaitez que je prenne des distances avec vous, je le ferai. Je ne veux que votre bonheur, et non, voir ces larmes sur vos joues. » Rosasharn essuya sur-le-champ les larmes qui coulaient le long de ses joues suite aux mots du pirate. Elle ne souhaitait pas qu’il s’éloigne, non, son cœur souhaitait que plus jamais il ne la quitte, mais sa raison, quant à elle, ordonnait à la jeune femme de fuir, de retrouver son fiancé et d'oublier toute cette mascarade. Magnus disait vouloir le bonheur de la fermière, pourtant, c’était lui qui la mettait dans une position si délicate. Petit à petit, Rosasharn sentait alors de la colère s’installer dans son esprit. De la colère envers elle, puisqu’elle avait fait espérer un homme et penser à tromper le sien. « Je pense que vous avez besoin de faire le point sur vos sentiments. Les miens sont sincères, je peux vous le jurez. » Magnus avait raison. Rosasharn avait besoin de voir plus clair, de savoir ce qu’elle allait faire, alors sans doute un peu trop brusquement, elle lâcha. « Je dois y réfléchir oui. » « Un seul mot de votre part, et je prendrais mes distances. Mais je vous en supplie, laisser parler votre cœur… et ne laisser pas les gens vous dire ce qui est bon pour vous, ou non.» Les sourcils froncés, elle avait levé la tête en direction du pirate. « Je n’ai que faire ce que me diront les gens, ce n’est pas ça le problème. Ce qui est dur, c’est de savoir que vous êtes sincère… Vos sentiments me vont droit au cœur et j’aimerais avoir les mêmes pour vous, seulement… Je ne peux pas… » Baissant les yeux, Rosasharn regrettait déjà les mots qu’elle allait dire. « Je ne sais pas si j’ai réellement envie de tout abandonner pour partir avec vous… Je ne sais plus... »
Le regard fuyant, Rosasharn n’osait plus plonger ses yeux dans ceux sombres du pirate. « Veuillez m’excuser, je ferais mieux d’y aller… » Rosasharn retourna en direction de la ferme, là où ils avaient laissé les cheveux sans se retourner, sans dire un mot. Elle remonta en selle, mais avant de partir, elle adressa tout de même une dernière parole à l’homme qui venait de tout chambouler dans son cœur. « J’ai tout de même passé un bon moment. » Avoua-t-elle avec un sourire en direction du pirate. « Mais je vous en supplie, oubliez ce qui s’est passé sous cet arbre, oubliez ce que je vous ai dit... » Ces mots étaient très difficiles à dire pour la jeune femme, mais sans doute encore plus à entendre pour le pirate. « Vous méritez d’être heureux, d’avoir une femme qui vous aime de tout son être, je suis certaine que vous la rencontrerez un jour ! » Sans faire plus de cérémonies, elle lança son cheval au galop. Terrifiée et complètement perdue à cause de ses sentiments, Rosasharn prit le chemin de sa ferme, se demandant si elle avait fait le bon choix.
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Pourquoi avais-je emmené Rosasharn jusqu’ici ? Je n’en avais pas la moindre idée, cela m’était venu à l’esprit quand je repensais à ce que m’avait dit la jeune femme… elle voulait connaitre chaque coin de l’île, et surtout mes préférés. Ce pommier était de loin, le lieu qui me tenait le plus à cœur. Mais, je réalisais qu’en venant ici – il y avait trop de souvenir. Les émotions me submergeaient, et la présence de Rosa n’arrangeait rien. J’étais fou d’elle, comme si la foudre m’avait frappé en plein cœur, le jour où je l’ai rencontré… mais rien de cela n’était réciproque, du moins c’est ce que ma raison tentait de me faire croire. Je ne sais pas si elle se comportait ainsi avec tout le monde, mais ses gestes étaient si tendre, si affectueux envers moi. Quel homme pourrait résister à tant de compassion et de douceur ? 
